Une aventure ambitieuse et réussie qui repose sur deux thèmes forts. L'un très connu, mais toujours aussi efficace : la quête d'identité en fil directeur. En toile de fond, celui de l'anticipation côté sombre.
J'ai fait huit tentatives en recommençant à chaque fois au début, ce qui est forcément le signe que ça m'a plu. Je n'en attendais pas moins après ce que tu nous avais déjà proposé dans le Mini-Yaz, Véro. Perso, j'apprécie que ça t'ait donné envie de passer à la "grosse" AVH. J'ai besoin de temps pour m'immerger et apprécier la substance d'un récit.
L'écriture est plaisante. Je l'ai trouvée plus nerveuse, plus concise que dans mon souvenir avec les mini-AVH, mais ça colle bien avec la société stressee et superficielle qui est douloureusement dépeinte. Les personnages font réel, les dialogues sonnent juste, les intériorisations du héros sont crédibles. Aucun problème donc pour l'immersion.
Le scénario propose son lot de surprises entre les digressions vidéo-ludiques (ça m'a beaucoup fait penser au Problème à Trois Corps, tu as lu?) et les nombreux chemins de traverse inattendus. L'objectif à atteindre se révèle peu à peu, attrapant le lecteur pour le serrer fort dans sa poigne. On a envie d'en savoir toujours plus! Entre ses douleurs physiologiques, ses troubles de mémoire et ses bouffées d'angoisse, le héros est également humain et attachant.
Et surtout, il y a ce tableau de la France du proche futur, qui n'est qu'une version redoutée et démultipliée de la période Covid et de ses mesures sécuritaires, sans oublier la dérive autoritaire et totalitaire des pouvoirs publics. Lois liberticides, pensée unique, délation et contrôle des masses au programme : pas vraiment de quoi se régaler.
Quant au jeu, il repose sur l'aspect labyrinthique avec des codes indispensables à avoir et un beau nombre de PFA - parfois brutaux - à éviter. La liberté d'action est grande même si on revient toujours aux noeuds indispensables. Chaque situation s'étoile en une multitude de chemins différents. D'un côté c'est super pour les relectures avec toujours des choses nouvelles à tenter et découvrir. De l'autre, ça rend la victoire difficile. De nombreuses voies sont des leurres tandis que les bonnes ne se trouvent qu'après une succession de choix pertinents... mais pas toujours évidents à deviner. Un peu comme un Nils Jacket, en light quand même. Mais ça a un côté addictif avec une vraie sensation de progrès à chaque tentative.
Mon principal regret sur cette aventure serait une forme de frustration sur plusieurs étages. Frustration parfois dans les choix proposés. J'ai eu à certains moments l'envie de faire autre chose que dans les possibilités données. Le pire étant avec Léa. Première fois au ciné : OK pour la repousser d'office, c'est vrai qu'elle est rapide la bougresse. Deuxième fois par contre, j'aurais préféré quoi qu'il en coûte lui donner satisfaction de manière "simple" plutôt que d'aller me tripoter aux toilettes à côté d'elle!
Bon je mets cet exemple précis pour le fun, mais ça m'a un peu soufflé de ne pas avoir le choix qui me paraissait le plus évident. OK, j'ai imaginé que notre perso avait une mentalité "clean" un peu particulière, mais comme on nous donnait plus de latitude sur sa psychologie avant, ça m'a vraiment décontenancé. Ce n'est qu'avec le temps et les relectures que j'ai compris après coup pourquoi ce non-choix.
Frustration aussi par la ou les bonnes fins. Le scénario donne une impression d'ampleur. Une société décrite en profondeur, des personnages autour de nous avec qui on a beaucoup d'interactions, des mots de code difficiles à acquérir, le sentiment qu'on nous cache beaucoup de choses. J'avais l'agréable sensation de me trouver au croisement de Matrix et Total Recall, et d'imaginer que j'avais un rôle central à jouer, qu'il était capital à plus d'un titre que je m'affranchisse et que je découvre la vérité. J'allais jusqu'à penser que
, je développais un sentiment de paranoïa. Le jeu aussi laisse augurer quelque chose de massif avec ces quatre feuilles de personnages, cette longue échelle de temps, ces cases sport qui semblent si importantes. Et au final, quand on arrive à la "victoire", je me suis retrouvé avec beaucoup d'interrogations sans réponses. Par sur des points précis, mais un sentiment de frustration diffus du genre "tout ça pour ça". Un final un peu abrupt peut-être ou trop évasif à mon goût. Ce qui n'enlève rien à la beauté émouvante de la meilleure fin.
Enfin, frustration générée par la difficulté. Beaucoup de PFA peu évidents à éviter et un côté presque One-true-Path font que les échecs sont parfois difficiles à avaler. J'ai triché sur mon 8ème essai pour trouver la meilleur fin (même avec tes indications).
Au final, reste quand même le sentiment d'avoir vécu une aventure unique en son genre et palpitante. Malgré le tableau très sombre dans lequel on évolue, pas mal de scènes très bien senties m'ont fait sourire (la technique du poirier de Léa), glacé le sang (un PFA à Grenoble), fait réfléchir (la "boucle" du quotidien) ou attristé (nos rapports et réflexions sur ces pseudo-animaux). J'ai adoré le choix médecin ou urgences car avant même de le lire, j'avais presque deviné mot pour mot ce que me réservait celui du médecin.
Mais au-delà de toutes les qualités de cette AVH, ce qui m'a le plus impressionné est la dose de courage qu'elle renferme. C'est un cri de révolte teinté de désespoir. Un message d'alarme sous couvert d'une fiction. Et il ne faut pas avoir froid aux yeux pour aborder ces thèmes de manière si frontale.
Nous sommes dans une époque où Internet et les autres médias véhiculent des courants de pensées binaires et partisans, renforcés par une terminologie nouvelle et caricaturale.
S'il est gilet jaune, alors son QI ne bat pas des records et il a une tendance à l'alcoolisme.
Si elle ne veut pas se faire vacciner, alors c'est une ANTIVAX qui vote extrême droite.
Si j'aime aller au taf en vélo, alors je suis un bobo écolo qui n'aime pas ce qui est bon dans la vie.
Si tu accuses le gouvernement de lancer des décrets pour son intérêt au détriment du bien commun, alors tu es COMPLOTISTE.
Ce qui est décrit dans cette AVH m'a soufflé par son audace. Même si ce n'est que de la fiction, cela ne risque pas de plaire à tout le monde. Et pourtant tu l'as fait comme ça. C'est sévèrement burné comme dirait l'autre. Donc tout sauf un hasard si cela vient d'une auteure.
J'ai fait huit tentatives en recommençant à chaque fois au début, ce qui est forcément le signe que ça m'a plu. Je n'en attendais pas moins après ce que tu nous avais déjà proposé dans le Mini-Yaz, Véro. Perso, j'apprécie que ça t'ait donné envie de passer à la "grosse" AVH. J'ai besoin de temps pour m'immerger et apprécier la substance d'un récit.
L'écriture est plaisante. Je l'ai trouvée plus nerveuse, plus concise que dans mon souvenir avec les mini-AVH, mais ça colle bien avec la société stressee et superficielle qui est douloureusement dépeinte. Les personnages font réel, les dialogues sonnent juste, les intériorisations du héros sont crédibles. Aucun problème donc pour l'immersion.
Le scénario propose son lot de surprises entre les digressions vidéo-ludiques (ça m'a beaucoup fait penser au Problème à Trois Corps, tu as lu?) et les nombreux chemins de traverse inattendus. L'objectif à atteindre se révèle peu à peu, attrapant le lecteur pour le serrer fort dans sa poigne. On a envie d'en savoir toujours plus! Entre ses douleurs physiologiques, ses troubles de mémoire et ses bouffées d'angoisse, le héros est également humain et attachant.
Et surtout, il y a ce tableau de la France du proche futur, qui n'est qu'une version redoutée et démultipliée de la période Covid et de ses mesures sécuritaires, sans oublier la dérive autoritaire et totalitaire des pouvoirs publics. Lois liberticides, pensée unique, délation et contrôle des masses au programme : pas vraiment de quoi se régaler.
Quant au jeu, il repose sur l'aspect labyrinthique avec des codes indispensables à avoir et un beau nombre de PFA - parfois brutaux - à éviter. La liberté d'action est grande même si on revient toujours aux noeuds indispensables. Chaque situation s'étoile en une multitude de chemins différents. D'un côté c'est super pour les relectures avec toujours des choses nouvelles à tenter et découvrir. De l'autre, ça rend la victoire difficile. De nombreuses voies sont des leurres tandis que les bonnes ne se trouvent qu'après une succession de choix pertinents... mais pas toujours évidents à deviner. Un peu comme un Nils Jacket, en light quand même. Mais ça a un côté addictif avec une vraie sensation de progrès à chaque tentative.
Mon principal regret sur cette aventure serait une forme de frustration sur plusieurs étages. Frustration parfois dans les choix proposés. J'ai eu à certains moments l'envie de faire autre chose que dans les possibilités données. Le pire étant avec Léa. Première fois au ciné : OK pour la repousser d'office, c'est vrai qu'elle est rapide la bougresse. Deuxième fois par contre, j'aurais préféré quoi qu'il en coûte lui donner satisfaction de manière "simple" plutôt que d'aller me tripoter aux toilettes à côté d'elle!
Bon je mets cet exemple précis pour le fun, mais ça m'a un peu soufflé de ne pas avoir le choix qui me paraissait le plus évident. OK, j'ai imaginé que notre perso avait une mentalité "clean" un peu particulière, mais comme on nous donnait plus de latitude sur sa psychologie avant, ça m'a vraiment décontenancé. Ce n'est qu'avec le temps et les relectures que j'ai compris après coup pourquoi ce non-choix.
Frustration aussi par la ou les bonnes fins. Le scénario donne une impression d'ampleur. Une société décrite en profondeur, des personnages autour de nous avec qui on a beaucoup d'interactions, des mots de code difficiles à acquérir, le sentiment qu'on nous cache beaucoup de choses. J'avais l'agréable sensation de me trouver au croisement de Matrix et Total Recall, et d'imaginer que j'avais un rôle central à jouer, qu'il était capital à plus d'un titre que je m'affranchisse et que je découvre la vérité. J'allais jusqu'à penser que
, je développais un sentiment de paranoïa. Le jeu aussi laisse augurer quelque chose de massif avec ces quatre feuilles de personnages, cette longue échelle de temps, ces cases sport qui semblent si importantes. Et au final, quand on arrive à la "victoire", je me suis retrouvé avec beaucoup d'interrogations sans réponses. Par sur des points précis, mais un sentiment de frustration diffus du genre "tout ça pour ça". Un final un peu abrupt peut-être ou trop évasif à mon goût. Ce qui n'enlève rien à la beauté émouvante de la meilleure fin.
Enfin, frustration générée par la difficulté. Beaucoup de PFA peu évidents à éviter et un côté presque One-true-Path font que les échecs sont parfois difficiles à avaler. J'ai triché sur mon 8ème essai pour trouver la meilleur fin (même avec tes indications).
Au final, reste quand même le sentiment d'avoir vécu une aventure unique en son genre et palpitante. Malgré le tableau très sombre dans lequel on évolue, pas mal de scènes très bien senties m'ont fait sourire (la technique du poirier de Léa), glacé le sang (un PFA à Grenoble), fait réfléchir (la "boucle" du quotidien) ou attristé (nos rapports et réflexions sur ces pseudo-animaux). J'ai adoré le choix médecin ou urgences car avant même de le lire, j'avais presque deviné mot pour mot ce que me réservait celui du médecin.
Mais au-delà de toutes les qualités de cette AVH, ce qui m'a le plus impressionné est la dose de courage qu'elle renferme. C'est un cri de révolte teinté de désespoir. Un message d'alarme sous couvert d'une fiction. Et il ne faut pas avoir froid aux yeux pour aborder ces thèmes de manière si frontale.
Nous sommes dans une époque où Internet et les autres médias véhiculent des courants de pensées binaires et partisans, renforcés par une terminologie nouvelle et caricaturale.
S'il est gilet jaune, alors son QI ne bat pas des records et il a une tendance à l'alcoolisme.
Si elle ne veut pas se faire vacciner, alors c'est une ANTIVAX qui vote extrême droite.
Si j'aime aller au taf en vélo, alors je suis un bobo écolo qui n'aime pas ce qui est bon dans la vie.
Si tu accuses le gouvernement de lancer des décrets pour son intérêt au détriment du bien commun, alors tu es COMPLOTISTE.
Ce qui est décrit dans cette AVH m'a soufflé par son audace. Même si ce n'est que de la fiction, cela ne risque pas de plaire à tout le monde. Et pourtant tu l'as fait comme ça. C'est sévèrement burné comme dirait l'autre. Donc tout sauf un hasard si cela vient d'une auteure.