[YAZ 2024] La Pagode de Vent-Noir
#61
Je n'aie pas trop aimé, cette histoire de trek en Chine n'a pas capté mon intérêt. J'ai trouvé cela trop banal, sans mystère ni souffle épique. Sans enjeu non plus, a part rater l'avion au début, mais je suis pas allé au bout alors je suis pas sur edit : (bon finalement au vu des autres commentaires il finit par se passer quelque chose d'important).

Le système des affinités entre les personnages est une bonne idée, mais cela n'a pas suffi a rattraper le reste selon moi.

J'en suis désolé, mais c'est trop proche du quotidien pour moi, puis je suis pas "voyageur" dans l'âme, alors ce thème ne m'a pas touché.

edit : Bon je met entre parenthese ce que j'ai dit , je continue pour en savoir plus sur la fin, même si je me suis un peu spoiler tout seul. Mon avis était peut être un peu hatif.
Répondre
#62
Bon j'ai continué et finalement je comprend mieux maintenant. J'aurai du penser que ce n'était pas un banal trek ou tout se passerai normalement, sinon l'auteur n'aurait pas écrit une avh pour ça. Fitz , je n'aurai pas du douter de toi , surtout que j'appréciais ton travail sur d'autres oeuvres.

En fait contrairement à ce que je pensais , cette avh est très intéressante et ce long voyage sert à préparer le final qui est mémorable. Enfin je résumerai tout ça dans une future critique.
Pour l'heure j'ai obtenu la fin 2 et je vais essayer d'avoir les autres.
Répondre
#63
Je répondrai à vos commentaires dès que je serai revenu. Wor, merci pour ta persévérance. Si tu as obtenu la fin 2 en premier, la 1 est à présent très facultative.
Répondre
#64
Bon voilà mon avis définitif sur cette AVH:

Une aventure un peu spéciale puisque l'on joue un groupe de 6 personnages, dans un cadre moderne réaliste pour un trek à travers la Chine.
Le début peut paraitre laborieux, en tout cas proche du quotidien, pas vraiment propice à l'évasion.

La seconde partie, le trek lui même à travers une jungle chinoise met vraiment l'accent sur les relations humaines et non sur l'intrigue ou en fait il ne se passe pas grand chose. Chaque personnage a un score d'affinité avec la plupart des autres , et c'est très bien fait, ces scores évoluent selon nos actions. Cette partie m'avait déçu au début mais elle est en fait très profonde.

Cette partie prépare aussi à la fin ou un évènement dramatique se produit, et ce final est vraiment le point fort de l'aventure. Tout ce qui s'est passé précédemment peut influer sur la fin, ainsi que la perspicacité du lecteur pour dénouer tout cela.

Au final , cette avh qui ne m'a pas plus au début à cause du manque d'enjeux et d'évènement important dans le seconde partie (le trek avant le final) est en fait très bonne, tout se tient, tout a une logique, les relations humaines décrites sonnent juste et c'est bien écrit. Une belle réussite !
Répondre
#65
Je n'ai pas réussi à accrocher à cette AVH. J'ai eu du mal à changer régulièrement de personnage, à faire des choix pour un puis un deuxième puis à nouveau le premier... Cela m'a empêché de vraiment de me mettre dans leur peau. Ceci dit, je comprends que la fin impose plus ou moins ce genre de style.
Je trouve aussi que 6 personnages, c'est beaucoup.

En terme de jouabilité, je n'ai pas accroché au fait qu'il y ait 6 variables (relations, mois, heures, argent, provision, consomption) qu'on utilise assez peu. Ou plus précisément qu'on ne les utilise que pendant une partie courte de l'histoire (je pense aux mois, heures mais surtout à l'argent qui finalement n'est pas très utile).

Enfin, mais c'est plus une erreur involontaire, il reste beaucoup de relations MaëvAntoine/Jinxinginxing, notamment aux paragraphes 6, 253 et au moins deux autres que je n'ai pas notés.

Enfin, je comprends qu'on puisse apprécier car c'est bien écrit, mais ce n'était pas vraiment pour moi.
Répondre
#66
Arf ! C’est beau.

"La Pagode de Vent-Noir" est une œuvre qui dépasse les frontières du livre-jeu traditionnel pour atteindre une profondeur rare, presque méditative. Ce que je trouve admirable avec Manuro, c’est sa capacité à insuffler au genre interactif un véritable souffle poétique. C’est, par essence, risqué, fragile, délicat comme une aile de papillon, vacillant tel un équilibriste suspendu sur son fil au-dessus du vide.

J’avais ressenti cette sensibilité profonde et touchante, à l’époque, dès les premières lignes des Sabres d’Asguenn. Mais ici, plus encore qu’ailleurs, Fitz (c’est pratique d’avoir plusieurs pseudos pour éviter les répétitions) transcende l’aspect purement ludique pour offrir une expérience marquée par une incroyable humanité.

La pagode, si j’ai bien compris, n’est pas seulement une quête dans un cadre exotique : c’est une invitation au voyage, autant intérieur qu’extérieur. Les interactions entre les personnages, avec leurs failles, leurs doutes, et leurs élans sincères, confèrent une richesse au récit qui emplit l'histoire d’une forte charge émotionnelle. Ces échanges, souvent empreints de pudeur et de non-dits, que j’ai trouvé extrêmement crédibles et réalistes, ouvrent une fenêtre sur des âmes tourmentées, complexes, pathétiques (au sens tragique) parfois, mais profondément humaines. Pas de héros infaillibles à incarner, mais des individus fragiles qui se débattent avec leurs émotions et leurs doutes. Qui nous ressemblent. C’est cette contemplation des êtres, poussée ici à son paroxysme, qui marque le lecteur et le transporte, pour peu qu’on se laisse embarquer, bien au-delà des mécaniques du jeu.
Car oui, le revers de la médaille, c’est que cette attention portée aux relations et à l’introspection des personnages se fait parfois au détriment du jeu en lui-même. Les mécaniques, bien qu’efficaces, se mettent en retrait face à cette ambition narrative. Je comprends donc les feedbacks de certains joueurs qui ressentent une certaine distance avec le genre de littérature dont on fait ici la promotion ! 

Mais pour ma part, j’ai été totalement emporté par cette empathie qui se dégage de l’histoire. Loin de la pure stratégie ou de l’action, ce récit propose de ralentir, de contempler et de réfléchir.

Je ne sais pas si c’est notre période tourmentée, incertaine qui fait ça, mais je vois (et je me trompe sûrement) une certaine filiation entre Iacchos, L’Esprit de la Ruche et La Pagode. Dans des univers différents, avec des styles et des intentions propres, ces œuvres semblent poser des questions similaires sur la nature humaine et l’angoisse existentielle. Chacune, à sa manière, explore les failles de nos sociétés : Iacchos par sa mythologie dystopique (et ses dilemmes archétypaux) qui mêle contrôle technologique et critique de l’individu face à la masse ; L’Esprit de la Ruche, dystopie là encore, mais davantage oppressante, où le collectif étouffe l’identité individuelle (un peu à la 1984, forcément où La Ruche fait figure de Big Brother, mais de manière plus insidieuse en terme de domination, j’y reviendrais) ; et La Pagode de Vent-Noir, qui, dans un cadre plus contemplatif, interroge les liens humains et les répercussions des choix dans une quête intérieure.

À moins, bien sûr, que je ne parte en vrille et que je bâtisse des ponts scabreux !

Mais je trouve que ces AVH, bien que distinctes, partagent une ambition qui dépasse le simple cadre interactif. Elles interrogent, sous des prismes singuliers, des questions universelles : Qu’est-ce qui fait de nous des humains ? Comment résister à l’aliénation ? Comment trouver un sens face à l’angoisse de l’existence ? Peut-être est-ce un reflet inconscient de notre époque, mais elles semblent converger dans une critique sociale qui, malgré la noirceur (pafois) des univers qu’elles décrivent, nous pousse à chercher un espoir, une lumière.

Le cadre de la Pagode de Vent-Noir et ses paysages presque irréels participent à cette atmosphère. Ce n’est pas qu’un décor. On est dans davantage dans le symbole, une métaphore d’un voyage plus grand, qui cherche à nous transcender, à nous révéler lors d’une quête qui dépasse les frontières de la raison. L’auteur excelle à tisser un fil d’or entre les mondes visibles et invisibles, entre le tangible des lieux et l’intangible des âmes / des passions. Il nous rappelle que l’humanité réside avant tout dans notre capacité à nous connecter aux autres, à comprendre et à partager leurs souffrances.

La pagode comme l’incarnation de la lutte contre l’enfermement intérieur où comment se libérer de nous-même, de nos erreurs, de nos illusions !

Cette œuvre est une invitation à méditer et en cela c’est un « Banger » (mouhahaha). Sur le sens de nos choix, sur notre rapport aux autres et au monde, et sur cette capacité si humaine à chercher de la lumière même dans les ombres les plus épaisses.

C’est plus qu’un jeu : c’est un poème, une rêverie qui laisse une empreinte durable, une fois la lecture terminée.

Mon sac à dos est bouclé. Ne reste plus qu’à trouver ma Pagode à moi !
Répondre
#67
@Wor : Grattepapier avait raison en qualifiant cette AVH d'exigeante. D'une manière générale, je n'aime pas quand un auteur/réalisateur/artiste accomplit quelque chose sans se préoccuper d'aider son public à comprendre le but de son oeuvre. Que tu aies failli passer à côté confirme que La Pagode risque d'égarer du monde en chemin. Si tu en éprouves au final de la satisfaction, alors j'en suis très heureux.

@Wame : Comme pour tous les nouveaux venus, merci à toi de t'impliquer dans le Yaz. C'est une longue aventure si tu es allée au bout. Désolé donc que tu y aies perdu du temps.
Normalement, la dernière version de début décembre ne comporte plus les bugs de copier-coller.

@Gwalchmei : Ton retour fait chaud au coeur. Mais comme souvente fois, je n'ai pas l'impression de mériter autant de louanges sur certains aspects!
Le terme de contemplatif ne m'était pas venu à l'esprit en l'écrivant. C'est à la fois une qualité et un reproche récurrents faits au cinéma asiatique traditionnel, on reste donc dans la thématique.
L'essentiel est que tu aies eu le sentiment de voyager. Je ne voulais pas partir seul, mais emmener des lecteurs avec moi, pour leur faire vivre un peu de ce que j'ai découvert à titre personnel. Si le récit a déclenché en toi toutes ces sensations, c'est que tu as en effet pris ta part à l'expédition et survécu à ses vicissitudes, comme le septième aventurier si j'ose dire.
Répondre
#68
Ce n'est pas le pdf sur litteraction ? Si oui, il y a toujours des coquilles (notamment paragraphe 6). Sinon je veux bien le lien pour la dernière version.
Répondre
#69
(31/12/2024, 15:04)Wame a écrit : Ce n'est pas le pdf sur litteraction ? Si oui, il y a toujours des coquilles (notamment paragraphe 6). Sinon je veux bien le lien pour la dernière version.

Zut, je n'avais pas enregistré le chargement du fichier. C'est corrigé :

https://litteraction.fr/livre-jeu/la-pagode-de-vent-noir
Répondre
#70
Je viens de terminer la Pagode de Vent-Noir, et j'ai bien apprécié ma lecture - même si j'ai trouvé le développement pour les préparatifs et la première partie du voyage un peu longuet, avec néanmoins de bonnes idées et des passages très sympa (j'ai bien aimé la course pour arriver à temps à l'aéroport, par exemple, où je suis arrivé sur le fil du rasoir... ouf !). Heureusement, le passage de point de vue d'un perso à l'autre à grandement contribué à maintenir mon intérêt (on se sent clairement dans la tête de chacun) - ça, et les descriptions formidables des lieux, qui font qu'on voyage vraiment en esprit au fur et à mesure de la lecture. L'écriture est immersive et recherchée, ce qui ne gâche rien. 
Il m'a néanmoins manqué d'un minimum d'action lors de ces passages : j'aime bien quand les choses bougent un peu plus pour intensifier le côté "jeu" (mais je suis peut-être plus habitué à ce genre de livres-jeux, tout simplement). Et je n'ai pas eu l'impression de changer tant que ça les relations entre les différents protagonistes sur ma feuille de route - peut-être n'ai-je pas découvert ici la plupart des paragraphes qui le permettaient ? 
En revanche, une fois la forêt vierge atteint, là c'est du tout bon ! Ces pièges naturels de toutes sortes, la tension qui monte peu à peu, l'aventure, cette légende autour de la pagode... Les choix à réaliser sont toujours intéressants, et les descriptions, une fois de plus, sont vraiment excellentes ! Et je ne m'attendais pas du tout à la fin, qui m'a pas mal chamboulé (j'ai d'abord atteint la moins bonne, puis j'ai regardé les autres pour bien tout comprendre...). 
Bref, malgré un départ un peu trop long, j'ai finalement passé un super bon moment de lecture et d'aventure à la recherche de cette fameuse pagode  Big Grin
Répondre
#71
Merci Anthony pour ce retour de lecture.
Comme beaucoup ici, tu t'es presque ennuyé lors de la première partie de l'histoire. Mais toi aussi, tu es allé jusqu'au bout malgré cela et je t'en remercie. 
Je suis bien heureux que la fin t'ait plu.
Répondre
#72
Cette AVH est très bien écrite c'est un fait indéniable par contre beaucoup trop "ordinaire" dans son thème. Trop vie de tout les jours pour que vraiment je trouve ça prennant...

Je ne l'ai pas fini mais suis restée bloquée dans les rues de chine car je ne comprenais pas la langue et n'avez pas les bons mot-clef.. Après 2 PFA consécutives pour essayer de retrouver l'hôtel j'ai décidé d'arrêter là ma lecture. J'aime lire pour m'évader pas pour avoir des problèmes du quotidien comme courir après un avion ou me perdre dans des rues étrangères..
Répondre
#73
Il m'a fallu un peu de temps après avoir fini La Pagode de Vent-Noir pour rédiger un retour structuré et complet. Le même phénomène me retient pour l'instant d'écrire sur Iacchos. Et je pense que c'est dû à l'extrême originalité de ces deux AVH. Originalité qui ne se limite pas à ce qui saute aux yeux (la période, les thèmes, l'histoire), mais aussi à une approche extrêmement linéaire et littéraire de l'écriture interactive. C'est une approche qui me séduit beaucoup mais dont je mesure de plus en plus les difficultés.
La Pagode de Vent-Noir n'est certes pas une AVH facile : elle rompt beaucoup de codes, prend beaucoup de libertés, cherche à tracer son chemin bien à elle en emportant dans son sillage un cortège d'émotions et de découvertes qu'il faut être prêt à saisir, patiemment.

*

Ce que j'ai appris par le passé, notamment en réfléchissant à la manière dont Cyclades était construit (à l'intérieur de chaque île), c'est combien Fitz aime jouer avec le lecteur. Le pousser à commettre des imprudences, avec douceur, subtilité. Le faire douter. Et en dépit de son nombre beaucoup plus limité de mécanismes purement ludiques, La Pagode de Vent-Noir est bien un jeu, à plusieurs niveaux.
Les choix sont intéressants, mystérieux, même les plus insignifiants nous semblent cruciaux tant il est difficile de saisir où l'on va réellement. Et pour ce qui est de la compréhension globale de l'histoire, notre imagination et notre réflexion sont sans cesse sollicitées, ce qui donne beaucoup de poids et de sens, je trouve, aux révélations finales.

Le jeu est difficile, injuste même (tant on ne sait pas grand-chose, le plus souvent) mais la bienveillance du démiurge se manifeste à travers un grand nombre de détails. 

Certains visent à simplifier l'expérience au maximum pour permettre l'immersion. La feuille d'aventure, par exemple, constitue un modèle de simplicité et d'efficacité. Chaque élément (provisions, monnaie, consomption, indicateurs temporels, et mots-codes bien sûr) a un usage simple et bien déterminé qui ne nécessite que peu de calculs. L'ergonomie est au service des choix du joueur et de leurs conséquences.

De la même manière, mais de façon plus originale et entremêlée, l'évolution des relations entre les personnages permet de suivre avec beaucoup d'économie l'escalade des choix dans la cohésion de notre petit groupe. Pour moi, ces valeurs, au-delà de leur importance ludique cruciale à des moments clés, contribuent encore fortement à l'immersion. Car on interprète finalement non pas un personnage individuel, mais bien un groupe. Un groupe aux multiples visages (plus ou moins secrets, plus ou moins mystérieux) dont l'évolution au fil de l'aventure ressemble beaucoup à la progression d'un héros, plus ou moins malade, plus ou moins armé pour affronter les épreuves et le dénouement. 
Je pense que c'est pour cette raison qu'on n'éprouve absolument aucune difficulté à passer d'un point de vue à l'autre (cette fluidité m'a beaucoup surpris, surtout après la mini-AVH Jardin d'hiver de Ledahu où au contraire les personnages tranchaient les uns avec les autres et coupaient le récit en des points de vue distincts voire contradictoires ou opposés - ce qui était parfaitement volontaire et assumé par l'auteur).

Il faut absolument que je parle ici d'un de mes jeux vidéos préférés : Until Dawn. On y retrouve au moins deux éléments absolument géniaux et qui contribuent fortement à l'impact de La Pagode de Vent-Noir : la multiplicité des points de vue, les interactions et l'évolution des personnages. Mais ce n'est pas tout !

Montrer le contenu


*
Mais revenons à ce que nous fait vivre la Pagode de Vent-Noir. Que reste-t-il de ce voyage, après quelques semaines ?

Tout d'abord, on en retient évidemment la découverte de la Chine à travers les yeux des personnages (de l'auteur). 
Les explications délicates, les rencontres parfois naïves, tout respire la fraîcheur et en même temps une connaissance profonde de la réalité du pays. Et bien sûr, un attachement fort (du moins, un amour de son âme, de son peuple et de son histoire, qui ne rend pas moins critique sur les dérives de toutes sortes !) =)

La première partie de l'histoire, en France, est assez surprenante mais repose à mon avis sur une excellente idée : l'une des formes les plus intenses et les plus communes d'aventure que l'on peut vivre aujourd'hui est celle qu'on commence en organisant un voyage, une expédition, des vacances (même les plus simples). Des embouteillages, des imprévus, des oublis, des désastres : qui n'a pas des souvenirs liés à ces problèmes dans la vie de tous les jours ? Exploiter cette situation familière d'une part pour en faire une première série d'épreuves à surmonter et d'autre part pour ancrer le récit dans une réalité qui rend toute la suite encore plus crédible et passionnante, me semble tout à fait judicieux.
Seul bémol : un lecteur habitué à des cadres plus exotiques ou à des enjeux d'une autre importance (comme... sauver le monde ? au hasard !) peut être déçu par la simplicité et la modestie de cette première partie. C'est là que je pense vraiment qu'il faut faire un (petit) effort pour apprécier l'AVH. Pour ma part, j'adore la phase d'exposition dans les histoires fantastiques ou les films "catastrophe" (elle n'est jamais trop longue à mon goût), aussi le démarrage assez lent de l'aventure à proprement parler ne m'a guère gêné. J'ai apprécié pouvoir ainsi me familiariser avec les personnages. La préparation IRL d'un périple exotique me rend peut-être aussi particulièrement client d'une telle situation en ce moment (d'autant que j'ai quelques points communs avec l'héroïne).

La deuxième partie (avant la jungle) ne déçoit pas. Très dépaysante et instructive, elle nous plonge dans les charmes d'un exotisme raffiné, tout en accentuant légèrement l'excitation et le mystère de ce qui va suivre. Une transition agréable (quoiqu'un peu lente peut-être : j'aurais bien vu davantage de détails "inquiétants" ici).
Évidemment, tout cela ne tient que par l'écriture absolument remarquable, capable de donner de l'épaisseur aux scènes les plus banales et toujours soucieuse de l'authenticité du point de vue et de la singularité des personnages, avec une immense délicatesse. Impossible de ne pas le souligner.

La troisième partie, le périple final, s'avère quant à lui bien supérieur à ce qu'on pouvait attendre. Mais je refuse de spoiler (si vous avez lu la critique jusqu'ici, allez lire l'AVH sans tarder : qu'attendez-vous ??)

Les PFA sont peu nombreux et pertinents.

Montrer le contenu

A ce propos, la manière dont l'auteur permet au joueur de recommencer en gardant ou non des codes, ou avec l'aide d'indices, me paraît assez habile.
La difficulté à garder la trace de l'interaction entre les personnages me rappelle des problèmes que j'ai rencontrés lors de la réflexion récente sur une de mes AVH. Les sauvegardes marchent bien quand on peut gérer une succession de codes simples (comme dans Iacchos, avec l'idée des premières lettres) mais dès qu'une grande liberté ou une multiplicité des évolutions des caractéristiques est possible, il est compliqué de garder une trace exacte des progrès du joueur (en version "papier" du moins). Ce qui est le cas ici, et l'auteur propose une solution pragmatique fort acceptable, celle d'ignorer les évolutions des scores "relationnels". Un sacrifice assumé dans le but de permettre une (re)lecture comparable à celle qu'offrirait un livre classique (mais avec une histoire légèrement évolutive, tout simplement).
*

Pour conclure, La Pagode de Vent-Noir est une AVH fascinante parce qu'elle trace un chemin inexploré, à la limite entre roman à plusieurs voix, littérature blanche, surnaturel, enquête mystérieuse, aventure exotique, et propose une expérience très troublante, mâtinée de fantastique.

On referme l'histoire bousculé, suffoqué par les émanations méphitiques de l'âme humaine, par les conséquences de sa noirceur à l'échelle des individus comme à celle des civilisations. Et pourtant, on garde au cœur la noblesse du regard de l'auteur sur le monde et ses personnages, soulignant ainsi les quelques lumières qui survivent au naufrage qui nous emporte : l'amitié, l'amour, la curiosité, l'entraide, des phares nous enjoignant de ne pas abandonner notre espoir et de traiter les autres, la nature et les richesses du monde avec autant de délicatesse et de respect que possible. On en sort finalement avec un vrai sourire et l'envie de partager cette expérience.
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)