Le premier paragraphe
@Flam: effectivement c'est drôle ! Ca fait un petit bout de temps que ce format me trotte dans la tête.
@ledahu: si tu as eu l'impression d'être chez les flics, c'est que je me suis pas trop mal débrouillé alors Smile
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Supraconnexion : le titre est très intriguant aussi, c'est fait très SF, donc je me demande bien quelle tournure va prendre cette histoire.
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A la suite de mon post pour trouver des auteurs sur le thème "baston", j'en fais un moi-même puisque ... Smile
Et vous propose donc le 1er paragraphe à votre critique avisée et bienveillante
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Un peu au nord d'Athènes, -378 av. J.-C. à l'automne. Vous êtes Euthalia, une servante esclave de 36 ans dans les cuisines de l'Académie créée par Platon.
 
De l’orge académique
 
La matinée est plutôt fraîche pour un automne Athénien. Quand à l’aube vous êtes arrivée en faisant votre petit détour rituel au sanctuaire d’Athéna, vous avez même eu la chaire de poule en vous relevant de votre rapide prière, comme si la déesse elle-même vous avait soupiré un air glacé. 

Vous n’avez manqué aucun jour d’honneur à la déesse de la sagesse, depuis votre premier jour ici, il y a 24 ans. Vous vous souvenez même de ce premier jour comme si c’était hier. Vous aviez 12 ans, vous faisiez partie d’un groupe de 6 esclaves dédiés aux tâches cuisinières. Le groupe avait été composé par le marchand dans le cadre d’une commande spéciale : l’ouverture de l’Académie de Platon.  Vous étiez accompagnée de votre mère et de 4 autres personnes. Vous n’auriez pas dû être dans ce groupe, vous étiez trop jeune. Mais votre mère était l’une des meilleures cuisinières d’Athènes et votre présence était non négociable. Le maître était venu en personne vérifier la qualité de cette sélection. Vous vous rappelez parfaitement du soir où il est venu tous vous jauger d’un regard, ses larges épaules, sa carrure impressionnante, athlétique.

Vous vous souvenez aussi de vos premiers pas dans l’enceinte de l’Académie, et cette révélation en voyant l’autel d’Athéna. Vous saviez qu’en tant que femme, vous n’auriez jamais l’occasion d’apprendre de la sagesse du maître par sa parole. Les femmes étaient interdites aux banquets et aux cours. Mais si vous deviez renoncer à la sagesse par la raison, c’était une providence de pouvoir la suivre par des prières quotidiennes. C’est du moins ce que vous aviez pensé, alors qu’on vous menait aux cuisines et vos logements.

Votre mère est décédée il y 3 ans déjà. A présent, il ne reste que vous de ce groupe qui assure, depuis son ouverture, éloges et réputation aux banquets de l’Académie, l’excellence.
 
 
Voilà il n’en reste plus qu’une à faire.
Vous venez de finir la 3eme marmite de gruo d’orge, cette bouillie  de grains brièvement moulus pour en éclater l’écorce.  C’est la base de presque tous les plats ici. Il paraît que les Romains surnomment les Grecs « les mangeurs d’orge ». « Qu’ils viennent donc se faire empaler en Grèce par les lances de nos hoplites … » ruminez-vous dans vos pensées en empoignant à bras le corps la marmite.

Vous bloquez votre souffle, et dans cette petite pièce faiblement éclairée d’une ouverture haute, vous transportez la marmite sur une autre table de bois, à côté des 2 autres déjà faites. En la posant, un peu trop vite par le poids, vous sentez une petite douleur vive à la hanche qui s’estompe rapidement.  
Vous remarquez qu’il devrait y avoir au moins 4 amphores d’eau préparées par Petra pour vous permettre d’enchainer directement sur la suite de la recette. Une marmite pour une amphore. Vous n’en comptez que 2…

Petra va bien finir par arriver. Vous vous concentrez sur la 4ème et dernière marmite [RDV…]

Ca vous agace un peu. Vous sortez voir où est Petra. [RDV…]

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Petits détails :

- L'association "servante esclave" me paraît peu adéquate. Je pense qu'esclave tout court est suffisant.
- Au début du second paragraphe, le mot "jour" est répété 3 fois en deux phrases.
- Je ne pense pas que les grecs utilisaient une amphore pour l'eau. L'amphore transportait principalement du vin, de l'huile, des sauces... Pour être précis, c'est l'hydrie, un vase à trois poignées, qui transportait l'eau qu'on allait chercher au puits. Si tu veux éviter le terme hydrie, tu peux parler de vase, tout simplement.

Sinon, étant passionné par la Grèce et la Rome antiques, je ne peux qu'apprécier ce début d'histoire.
Bonne continuation !
Anywhere out of the world
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J’aime bien. Le cadre comme la protagoniste sont originales. Un premier paragraphe accrocheur, qui donne envie d’en découvrir davantage.

Attention aux répétitions, en effet. « Groupe », par exemple, qui revient également trois fois en trop peu de phrases. Un bon dictionnaire de synonymes, et on n’en parle plus.

Petite faute repérée au tout début : « Chaire de poule. » À moins que ce ne soit un jeu de mots que je n’ai pas compris sur le sens originel du mot chaire
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Autre petit truc : j'éviterais d'inclure des nombres dans le texte, par exemple j'écrirais "deux autres" et non "2 autres". Ou simplement "des autres", parfois le décompte exact n'est pas nécessaire.
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On n'écrit pas "3eme" mais "3e". Idem pour "4ème"
D'ailleurs, ce serait encore mieux de mettre "troisième" et "quatrième", ou même pour la fin "Vous vous concentrez sur la dernière marmite". Comme le dit Flam, pas besoin d'insister sur le nombre à moins qu'il ne s'agisse d'un élément important (que la dernière soit la 4e et pas la 20e ou la 1253e).
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Ok, je note tous vos précieux conseils .

Le résultat de cette scénette rapidement j'espère Smile

Merci beaucoup !

https://www.quefaitesvous.com
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Tiens je me décide à mettre aussi un de mes paragraphes pour me fouetter, pour l'instant une AVH en pause. C'est un univers avec un peu de fantastique, probablement une uchronie aussi. Pour l'instant le titre est Yōkai.

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Osaka, vers 1898

L'air chaud et humide s'étend comme du miel sur la ville. De gros nuages cendrés se sont immobilisés, incertains, comme s'ils attendaient l'événement prodigieux qui signalera la tourmente à déclencher. Sur le pont Ebisubashi, des flâneurs déambulent, discutent, retiennent leur souffle. Soudain, une main de porcelaine se glisse hors des rideaux de soie ; les porteurs déposent le palanquin orné de grues blanches sur un paysage de jade et d'or. Comme à l'habitude, vous escortez Itsuko, lorsque l'envie lui prend de se balader au crépuscule. La fille du daïmio descend de sa litière pour profiter de la faible brise et observer la rivière yodo-gawa, tandis que le sapientissime Shinju demeure prostré dans la pénombre des pans colorés. L'enchanteur personnel d'Itsuko est un homme mystérieux, rébarbatif, auquel il vaut mieux ne pas chercher d'ennuis. Il accompagne sa maîtresse comme l'ombrelle d'une journée ensoleillée.

Vous admirez discrètement le visage parfait d'Itsuko, son teint de craie, ses cheveux de jais relevés en chignon et piqués d'épingles raffinées, ses habits de brocart azur, rehaussés de perles roses. Son regard se porte sur le cours d'eau où des chalands à vapeur dérivent mollement et croisent des péniches vétustes. De nouvelles constructions bordent le canal ; ce sont des tours de béton et d'acier qui s'étiolent, crachent des fumées charbonneuses, assiègent les temples bouddhistes aux magnifiques toitures en pignons.
— Tetsu, que penses-tu de ces manufactures qui poussent comme des champignons ?
— Dame Asuku, je crois que le progrès est un mal nécessaire, ne serait-ce que faire contrepoids aux puissances étrangères.
— S'il en avait le pouvoir, mon père les ferait bombarder par d'antiques catapultes ; c'est un homme attaché aux traditions...
— Et quel est votre avis sur la question, si je puis me permettre ?
— Mon avis n'a aucune importance, tranche Itsuko, avant d'ordonner le retour au palais.



Nous en sommes à mi-chemin lorsque des coups de feu déchirent le silence étouffant, et qu'une ligne de corail repousse les rouleaux noirs qui mâchurent l'horizon. Soudain, un garde Konoda surgit ventre à terre d'une avenue latérale.
— On attaque le palais ! ... beugle-t-il entre deux inspirations.
— Il n'y a pas un instant à perdre. Trouvez des chevaux, et conduisez dame Asuku en sécurité à Toyono.
Itsuko proteste, mais l'enchanteur Shinju se range à mon avis, et je m'élance vers la résidence du clan Konoda.

Les pavillons en flammes se tordent comme des vers sous la chaleur écrasante du soleil ; dans les bassins les grenouilles de bronze crachent des jets d'obsidienne liquide. Vous vous précipitez au palais, vous enjambez les corps et traversez les cloisons déchirées. Les hommes du daïmio ont été massacrés : certains sont tombés sous les balles, d'autres gisent dans des positions grotesques, pareils à des pantins désarticulés. Vous entrez dans la grande salle dorée : c'est un capharnaüm de morts, de tables de santal fracassées, de porcelaines brisées. Les prostituées déguisées en geishas maculent de lotus rouges les riches tapis tissés de blanc et d'or, tandis que le seigneur Asuku semble tétanisé, agité de soubresauts, vautré parmi ses concubines. Votre regard se porte sur Tenji : une lame l'a cloué au magnifique relief gravé dans le bois de cyprès, représentation de l'épopée de Susanoo et du serpent géant à huit têtes. Tenji murmure votre nom et pointe une ombre qui se glisse discrètement hors de la salle.
Si vous vous portez au secours du daïmio, rendez-vous au 2 ; si préférez venir en aide à votre ami Tenji, rendez-vous au 4 ; si vous souhaitez poursuivre l’intrus, rendez-vous au 3.
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J'aime énormément !
Très évocateur, avec de belles images. Immersif aussi. Rien que la première phrase donne le ton, l'atmosphère de cette chaleur poisseuse, étouffante, qui colle à la peau.

Quelques remarques ?

- La seconde phrase me plaît beaucoup par son imagerie mais elle me paraît quand-même assez lourde.
- Pour la troisième, je comprends mal pourquoi les promeneurs retiennent leur souffle... Ils ont du mal à respirer à cause de l'atmosphère trop lourde, c'est ça ? "le souffle court" serait peut-être plus approprié.
- Le terme "balader" me paraît inapproprié pour une jeune femme de la noblesse, je partirais plus sur "se promener".
- Pareil pour "le teint de craie". Je choisirais une autre image comme "pâleur/teint d'ivoire".
- Les tours qui s'étiolent, je ne suis pas sûr aussi. S'étioler, c'est se faner, se flétrir, dépérir... Je ne vois pas trop le rapport avec ces constructions.
- Enfin, les cloisons déchirées. On parle ici bien sûr des cloisons en papier. Mais justement, je pense que ce serait mieux de rajouter qu'elles sont en papier. Quelqu'un qui n'est pas familier de l'univers japonais pourrait ne pas comprendre que des cloisons (c'est à dire des murs) se déchirent. Il faudrait préciser " à travers les cloisons de papier déchirées".

Mais franchement, j'aime, ça donne envie !
Bonne continuation !
Anywhere out of the world
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Super merci pour les pistes. Je vais appliquer tes commentaires. Pour la 3e phrase c'est plutot qu'ils anticipent qu'un évènement grave va se produire, plutôt que le souffle court. J'imagine que "balader" a une connotation familière, voir négative en France ? Je ne crois pas qu'on ait cette subtilité au Québec dans l'usage de ce mot.
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Tout pareil que Voyageur,

Pour m'a part, je trouve qu'il manque des indications d'intonations au premier dialogue.

De plus, je trouve que pour un 1er paragraphe, il manque des "définitions" pour permettre au lecteur de comprendre les protagonistes et de nouveaux mots .
Ex:
- un garde Konoda => un des gardes du clan Konoda, celui en charge de ....
- en sécurité à Toyono => en sécurité dans le domaine de ? , dans le village de ?, dans le quartier de ? ... Toyono
- daïmio ? c'est une fonction ? un rang ?

Sympa de commencer par un dilemme morale entre sauver l'ami ou faire le job ! Smile

https://www.quefaitesvous.com
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Oui, je dirais que "balader" est plutôt familier et là, on parle dans un registre soutenu d'une jeune femme de la noblesse, belle, raffinée. C'est pourquoi je pense que "se promener" serait mieux.

Je n'avais pas compris pour les passants qui retiennent leur souffle. Tu pourrais peut-être tourner ça autrement, par exemple : "des flâneurs déambulent, discutent, semblant attendre... quelque chose..."
Anywhere out of the world
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Pour ce qui est de la politique et du contexte, c'est simplement que c'est avant le 1er paragraphe, j'ai pas tout mis l'intro ici.
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Moi aussi j’aime énormément. C’est très prometteur tant au niveau du style évocateur que de l’aspect documenté et de la façon immersive de dérouler l’histoire. Bravo, Flam ! Hâte de lire la suite ! Je t’encourage à continuer !
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