Compte-rendu des soirées jeux de plateaux
18 août 1888, Londres - L'OPIUM FAIT CINQ VICTIMES INDIRECTES

C'est apparemment sous l'influence de la drogue que le célèbre détective privé Sherlock Holmes a joué hier à cinq de ses jeunes assistants un tour dont il n'anticipait pas les conséquences. En leur adressant un message laconique qui suggérait que la lecture des pages de notre édition d'hier leur révélerait un complexe mystère de nature criminelle, Mr Holmes n'avait apparemment l'intention que de leur montrer les périls d'une trop grande imagination en les lançant sur une piste qui n'existait pas. "Malgré ses immenses qualités intellectuelles, Sherlock Holmes ne saisit pas toujours l'impact psychologique que peuvent avoir ses moindres remarques sur les autres," nous confie son ami et biographe, le Dr Watson. "Je suis navré que les conséquences aient cette fois été si sérieuses."

Les cinq assistants ont arpenté notre bonne ville de Londres toute la journée, échafaudant au fur et à mesure des rencontres que leur amenait le hasard la théorie d'une manigance criminelle aussi monstrueuse qu'absurde. De nombreux témoins nous ont rapporté les questions de plus en plus incohérentes dont ils harcelaient tous ceux qui avaient le malheur de se trouver sur leur chemin. "J'étais sur le point de sortir pour aller profiter de cette superbe journée ensoleillée," nous raconte le criminologue de Scotland Yard, "lorsqu'ils ont déboulé tous les cinq avec des visages à faire peur. Ils m'ont tenu des propos incohérents au sujet de lions, d'Irlandais et d'un bâteau dans une bouteille. Je me suis éclipsé aussi vite que j'ai pu."

Ereintés physiquement et mentalement, les cinq assistants se sont rendus en fin de journée à la résidence de Sherlock Holmes pour lui demander enfin de clarifier l'affaire. On ignore les propos exacts qui ont été échangé entre eux, mais, une vingtaine de minutes plus tard, Mrs Hudson, la logeuse du détective privé, est sortie dans la rue en appelant au secours. Des policiers qui se trouvaient à proximité sont accourus pour découvrir les cinq assistants, la bave aux lèvres, en train de mettre à sac l'appartement de Mr Holmes. Il a fallu pas moins de huit agents de l'ordre pour maîtriser les forcenés.

Un de nos journalistes est arrivé à temps pour observer le spectacle effrayant des cinq assistants qu'on essayait d'enfermer à l'intérieur d'un fourgon de détention. "Un journal !" s'écriait l'un d'eux alors qu'on lui passait une camisole de force. "Donnez-moi encore rien qu'un journal ! N'importe lequel ! Il doit y avoir un indice dans les petites annonces !" Un autre se mit alors à hurler plus fort encore : "C'est le capitaine qui a fait le coup ! Il a mis du poison exotique dans le verre ! Je veux parler à l'ambassade de Zanzibar !" Un troisième s'était mis à débiter des propos désordonnés au sujet d'un égyptologue lorsque la porte du fourgon se referma enfin sur les cinq malheureux.

Interrogé au sujet de l'affaire, Sherlock Holmes se borna à commenter : "Ne vous en faites pas pour eux, ils seront rétablis d'ici à septembre."
Répondre


Messages dans ce sujet
RE: Boire un bon verre dans un café parisien enfumé... - par Outremer - 14/05/2014, 23:41



Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 30 visiteur(s)