21/06/2020, 07:53
Comme annoncé dans Avancement des projets, voici l'introduction et le premier paragraphe de ma version de Au pays des dragons :
- Nous y voici mon ami.
Vous haussant sur votre selle, vous apercevez au loin, se découpant à travers la masse des pins, les contours de brique, les tours fortifiées et les toits en pagode du poste-frontière de Kesong. Sous un ciel gris et bas, de grands étendards de soie safran claquent dans le vent froid qui balaie les collines. Avec un sourire, vous hochez la tête vers votre guide, frileusement enveloppé dans son pourpoint matelassé, sa toque de feutre bordée de fourrure enfoncée sur le crâne. Derrière vous, la caravane s'est arrêtée et ses membres discutent avec animation et excitation, se désignant les murs crénelés au loin. Il vous aura donc fallu deux mois pour atteindre la frontière du mystérieux "Pays des dragons" depuis l'Inde où vous avez vécu vos dernières aventures. C'est maintenant que se poursuit véritablement votre quête : à partir de ce poste-frontière, il vous faudra gagner Kaifeng, la capitale du nord, pour y trouver Huan-Li, le sage, l'érudit, qui saura vous indiquer la route vers Shangri-La. Après tant de périples, après avoir traversé même les siècles, vous avez enfin l'impression d'approcher de votre but ultime. Un ordre bref de votre guide vous ramène à la réalité et vous entamez la montée vers la forteresse, les pierres grises et les éclats d'ardoise roulant sous les sabots de votre cheval, la longue file de chameaux chargés de ballots colorés suivant d'une démarche chaloupée. A vos côtés, le profil buriné au bec d'aigle d'Arkam se découpe sur les troncs droits des arbres. Vous avez fini par vous lier d'amitié avec ce caravanier audacieux qui, deux fois l'an, fait le voyage depuis Peshawa pour échanger joyaux, mousselines, poivre et ivoire contre thé, jade, soieries et porcelaines. C'est même lui qui vous a enseigné les rudiments de la langue parlée en ces contrées, pendant les longues heures de bivouac, à la lueur des étoiles, sous le ciel glacial et le vent mordant des hauts plateaux et des montagnes. C'est lui également qui, maintenant, apaise la méfiance et l'incrédulité des hommes en faction devant votre teint, vos cheveux blonds et votre barbe, vos yeux clairs non bridés, votre physionomie si étrangère. L'officier aux yeux en amande vous dévisage avec méfiance sous son casque à plumail, avant de s'écarter pour vous laisser passer. Bientôt, les épais panneaux s'écartent en grinçant et votre caravane entre lentement dans Kesong.
Et maintenant, rendez-vous au 1.
Avoir visité l'Egypte antique, les mines du roi Salomon et les ruelles de Babylone ne vous a pas suffisamment comblé pour que vous soyez blasé en débarquant ici... Surpris, étonné, vous regardez de tous côtés, assailli et dérouté par tant de couleurs, d'odeurs, de parfums, de curiosités... A lui seul, ce poste-frontière vous paraît plus ordonné et urbanisé que Paris ou Aix La Chapelle, avec ses rues pavées, tracées à angle droit, ses bâtiment élevés aux toits de tuiles recourbés. Etourdi par les sonorités d'une langue encore peu familière, vous réalisez très vite que vous suscitez un égal étonnement chez ceux que vous croisez, ces derniers n'ayant sans doute jamais vu un homme venu d'Europe. Parvenus au grand caravansérail bordé de mandariniers et d'abricotiers, vous vous laissez tomber de selle avec une grimace, vous massant les reins. Arkam bavarde un moment avec un vieil homme assis en tailleur, drapé d'une ample robe vert amande, la longue barbe blanche, près d'un tripode de bronze laissant échapper de lourdes volutes d'encens, puis revient vers vous.
- C'est ici que nous nous quittons Prêtre Jehan. Mes affaires me réclament et tu as les tiennes à régler également. Puisse le feu sacré de Zoroastre t'éclairer et écarter les pièges de ton chemin.
Vous remerciez chaleureusement Arkam, vous inclinant et portant comme lui la main à votre coeur. Cet audacieux négociant né sur les plateaux brûlants d'Asie Centrale aura été pour vous un véritable ange gardien depuis que vous l'avez rencontré au marché de Peshawa. Alors que l'on décharge ballots et couffins, vous regardez autour de vous, encore perdu : le ciel s'assombrit, des nuages noirs s'amoncellent au loin et la pluie menace. Au-dessus des toits en pagode, un cerf-volant flotte dans le ciel noir. Vous faites quelques pas hésitants, vous écartant pour laisser passer un porteur d'eau, manquant aussitôt heurter une charrette de sacs de riz, sous les invectives de son conducteur... Le plus urgent avant de trouver le moyen de rejoindre Kaifeng est de vous assurer un abri pour la nuit : un gong résonne, annonçant l'heure du Chien, le couvre-feu ne va pas tarder. Autour de la grande place se trouvent trois hostelleries. Sur le seuil de la première, deux hommes jouent à un jeu inconnu devant un damier dans le plus grand silence. De la seconde vous parvient le brouhaha de conversations animées depuis une terrasse à balustres vermillon. La troisième enfin semble bien silencieuse et tranquille derrière ses persiennes closes. Seule une jeune femme est occupée sur le seuil à allumer une lanterne de papier.
Si vous vous dirigez vers la première auberge, rendez-vous au 26.
Si vous optez pour la seconde, rendez-vous au 52.
Si vous préférez la troisième, rendez-vous au 89.
- Nous y voici mon ami.
Vous haussant sur votre selle, vous apercevez au loin, se découpant à travers la masse des pins, les contours de brique, les tours fortifiées et les toits en pagode du poste-frontière de Kesong. Sous un ciel gris et bas, de grands étendards de soie safran claquent dans le vent froid qui balaie les collines. Avec un sourire, vous hochez la tête vers votre guide, frileusement enveloppé dans son pourpoint matelassé, sa toque de feutre bordée de fourrure enfoncée sur le crâne. Derrière vous, la caravane s'est arrêtée et ses membres discutent avec animation et excitation, se désignant les murs crénelés au loin. Il vous aura donc fallu deux mois pour atteindre la frontière du mystérieux "Pays des dragons" depuis l'Inde où vous avez vécu vos dernières aventures. C'est maintenant que se poursuit véritablement votre quête : à partir de ce poste-frontière, il vous faudra gagner Kaifeng, la capitale du nord, pour y trouver Huan-Li, le sage, l'érudit, qui saura vous indiquer la route vers Shangri-La. Après tant de périples, après avoir traversé même les siècles, vous avez enfin l'impression d'approcher de votre but ultime. Un ordre bref de votre guide vous ramène à la réalité et vous entamez la montée vers la forteresse, les pierres grises et les éclats d'ardoise roulant sous les sabots de votre cheval, la longue file de chameaux chargés de ballots colorés suivant d'une démarche chaloupée. A vos côtés, le profil buriné au bec d'aigle d'Arkam se découpe sur les troncs droits des arbres. Vous avez fini par vous lier d'amitié avec ce caravanier audacieux qui, deux fois l'an, fait le voyage depuis Peshawa pour échanger joyaux, mousselines, poivre et ivoire contre thé, jade, soieries et porcelaines. C'est même lui qui vous a enseigné les rudiments de la langue parlée en ces contrées, pendant les longues heures de bivouac, à la lueur des étoiles, sous le ciel glacial et le vent mordant des hauts plateaux et des montagnes. C'est lui également qui, maintenant, apaise la méfiance et l'incrédulité des hommes en faction devant votre teint, vos cheveux blonds et votre barbe, vos yeux clairs non bridés, votre physionomie si étrangère. L'officier aux yeux en amande vous dévisage avec méfiance sous son casque à plumail, avant de s'écarter pour vous laisser passer. Bientôt, les épais panneaux s'écartent en grinçant et votre caravane entre lentement dans Kesong.
Et maintenant, rendez-vous au 1.
Avoir visité l'Egypte antique, les mines du roi Salomon et les ruelles de Babylone ne vous a pas suffisamment comblé pour que vous soyez blasé en débarquant ici... Surpris, étonné, vous regardez de tous côtés, assailli et dérouté par tant de couleurs, d'odeurs, de parfums, de curiosités... A lui seul, ce poste-frontière vous paraît plus ordonné et urbanisé que Paris ou Aix La Chapelle, avec ses rues pavées, tracées à angle droit, ses bâtiment élevés aux toits de tuiles recourbés. Etourdi par les sonorités d'une langue encore peu familière, vous réalisez très vite que vous suscitez un égal étonnement chez ceux que vous croisez, ces derniers n'ayant sans doute jamais vu un homme venu d'Europe. Parvenus au grand caravansérail bordé de mandariniers et d'abricotiers, vous vous laissez tomber de selle avec une grimace, vous massant les reins. Arkam bavarde un moment avec un vieil homme assis en tailleur, drapé d'une ample robe vert amande, la longue barbe blanche, près d'un tripode de bronze laissant échapper de lourdes volutes d'encens, puis revient vers vous.
- C'est ici que nous nous quittons Prêtre Jehan. Mes affaires me réclament et tu as les tiennes à régler également. Puisse le feu sacré de Zoroastre t'éclairer et écarter les pièges de ton chemin.
Vous remerciez chaleureusement Arkam, vous inclinant et portant comme lui la main à votre coeur. Cet audacieux négociant né sur les plateaux brûlants d'Asie Centrale aura été pour vous un véritable ange gardien depuis que vous l'avez rencontré au marché de Peshawa. Alors que l'on décharge ballots et couffins, vous regardez autour de vous, encore perdu : le ciel s'assombrit, des nuages noirs s'amoncellent au loin et la pluie menace. Au-dessus des toits en pagode, un cerf-volant flotte dans le ciel noir. Vous faites quelques pas hésitants, vous écartant pour laisser passer un porteur d'eau, manquant aussitôt heurter une charrette de sacs de riz, sous les invectives de son conducteur... Le plus urgent avant de trouver le moyen de rejoindre Kaifeng est de vous assurer un abri pour la nuit : un gong résonne, annonçant l'heure du Chien, le couvre-feu ne va pas tarder. Autour de la grande place se trouvent trois hostelleries. Sur le seuil de la première, deux hommes jouent à un jeu inconnu devant un damier dans le plus grand silence. De la seconde vous parvient le brouhaha de conversations animées depuis une terrasse à balustres vermillon. La troisième enfin semble bien silencieuse et tranquille derrière ses persiennes closes. Seule une jeune femme est occupée sur le seuil à allumer une lanterne de papier.
Si vous vous dirigez vers la première auberge, rendez-vous au 26.
Si vous optez pour la seconde, rendez-vous au 52.
Si vous préférez la troisième, rendez-vous au 89.
Anywhere out of the world