28/08/2024, 21:14
Voilà, pour faire suite un peu à ce que je disais dans le thread sur la motivation, j'essaie de m'y remettre avec la rentrée. Je compte essayer d'avancer sur un des trucs que j'avais déjà commencé. Je copie ici les 3 premiers paragraphes. Le héro est un sans-abris, atteint de paralysie-cérébrale en plus, qui va se retrouver un milieu d'histoire de meurtres en série. Il y aura beaucoup de choix, donc j'y vais pour des sections assez courtes. C'est pas tout à fait mon style habituel, et surtout c'est plein de jargon québécois (ça se déroule à Montréal), donc ma grande crainte est qu'il y ait des petits bouts parfois incompréhensibles.
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1
14 février 2025
En sortant du refuge Saint-Paul, je décide de remonter vers le centre-ville. Le vieux port un jour de semaine, c'est pas vraiment un bon spot pour solliciter des petits dons... Avec un peu de chance je vais retrouver Naomi. Aujourd'hui l'air est si froid qu'il crépite comme un sac de chips. Au coin de la rue Dominique, je tombe sur Céline et Gisèle, en bas résille pis en cuir, avec leurs gros décolletés où le vent plonge pour se réchauffer un peu.
― Hé mon beau Jean-Charles, ça te tente pas à matin une p'tite vite dans la ruelle ?
― Céline, tu sais ben que j'ai jamais eu besoin de payer pour ça !
― C'est sûr... c'est économique se crosser tout seul, relance Gisèle.
Céline s'esclaffe de son rire brûlé de vieille fumeuse.
― T'as l'air ben pressé, ajoute Gisèle.
― J'ai besoin d'argent. Faudrait pas que je rate l'heure du lunch, c'est la plus payante.
JC reste pour discuter un peu au 2.
JC continue vers le centre-ville au 3.
2
Gisèle doit avoir trente ans, Céline a quasiment l'âge d'être ma mère. J'exagère un peu, mais cette vie l'a pas mal maganée. En tout cas, les filles sont drôles pis ont toujours plein d'histoires à raconter, alors j'aime ça jaser avec elles.
― T'es sûr que tu veux pas notre spécial à quatre mains ? demande Céline en faisant un gros clin d’œil à Gisèle. Faut ben se faire plaisir à la Saint-Valentin...
― En plus, ils nous changent de spot demain. On s'en va sur la rue Sanguinet, tu risques de nous voir moins souvent...
― Criss, coupe Céline. C'est le gros Dagenais.
Le proxénète débouche de la ruelle et m'apostrophe.
― Je t'ai déjà dit de plus traîner ici l'handicapé. Tu fais fuir la clientèle avec tes guenilles qui puent !
― C'est pas plutôt ta tronche d’abruti ?
J'aurais dû me la fermer. Dagenais m'écrase son poing dans la face. Je tombe par en arrière, ma tête cogne les pavés glacés. J'entends en sourdine Céline et Gisèle qui engueulent le gros Dagenais tandis qu'il les traînent un peu plus loin. Je me relève péniblement, la joue en feu, et j'en profite pour m'éclipser.
Notez le mot-clé Sanguinet.
La santé de JC diminue de 1 point.
Rendez-vous au 3.
3
Montréal l'hiver, c'est un vrai champ de mines. Le centre-ville est plein de cônes, de grillages, de chantiers en jachère. De détours comme des spaghettis emmêlés, avec des cratères qui s'ouvrent par en-dessous, pareil que si la terre gelée en avait assez pis foutait le camp à la Martinique. Malgré tout, j'arrive sur la Sainte-Catherine en un seul morceau. Naomi est là, assise sur le banc près de la fontaine du parc minuscule qui mérite même pas de nom, mais traversé par une allée assez passante. Naomi, son vrai nom c'est Uapikun. Fleur.
― Kuei ! Kwe ! mon loup, je savais pas si tu passerais.
― Toujours là pour toi.
― JC, écoute ça : louanichba lapinicho libouniche nioniba libounichpa.
― Tu sais ben que je comprends pas l'innu.
Noami ricane.
― C'est ta langue épais ! La pie niche haut, l'oie niche bas, l'hibou niche ni haut ni bas, l'hibou niche pas.
― Haha pas pire pantoute, je la ferai dans mon numéro de stand-up...
Noami se tortille les doigts, elle a l'air inquiète.
― JC... j'ai un peu peur pour toi you know ? C'est bizarre ce qui se passe. Hier après-midi, le gars écrasé par l'autobus dans le coin où se tient la gang à Squeegee. Le jour d'avant, c'était Julie. Trois seringues dans le bras gauche, étendue au milieu de la rue Berger. Je l'ai jamais vue consommer. Pis toi... on dirait qu'il y a un wendigo qui te souffle dans le cou.
― C'est quoi un wendigo ?
― Un mauvais esprit. Un genre de monstre avec une tête d'animal qui mange de la chair humaine. C'est comme si Sauron te watchait du haut de la Place Ville-Marie.
― Avec la neige qui se met à tomber, y verra pas grand chose ton Sauron.
― On rit pas avec ces affaires-là. Fais ben attention à toi my dear.
Rendez-vous au 4.
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14 février 2025
En sortant du refuge Saint-Paul, je décide de remonter vers le centre-ville. Le vieux port un jour de semaine, c'est pas vraiment un bon spot pour solliciter des petits dons... Avec un peu de chance je vais retrouver Naomi. Aujourd'hui l'air est si froid qu'il crépite comme un sac de chips. Au coin de la rue Dominique, je tombe sur Céline et Gisèle, en bas résille pis en cuir, avec leurs gros décolletés où le vent plonge pour se réchauffer un peu.
― Hé mon beau Jean-Charles, ça te tente pas à matin une p'tite vite dans la ruelle ?
― Céline, tu sais ben que j'ai jamais eu besoin de payer pour ça !
― C'est sûr... c'est économique se crosser tout seul, relance Gisèle.
Céline s'esclaffe de son rire brûlé de vieille fumeuse.
― T'as l'air ben pressé, ajoute Gisèle.
― J'ai besoin d'argent. Faudrait pas que je rate l'heure du lunch, c'est la plus payante.
JC reste pour discuter un peu au 2.
JC continue vers le centre-ville au 3.
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Gisèle doit avoir trente ans, Céline a quasiment l'âge d'être ma mère. J'exagère un peu, mais cette vie l'a pas mal maganée. En tout cas, les filles sont drôles pis ont toujours plein d'histoires à raconter, alors j'aime ça jaser avec elles.
― T'es sûr que tu veux pas notre spécial à quatre mains ? demande Céline en faisant un gros clin d’œil à Gisèle. Faut ben se faire plaisir à la Saint-Valentin...
― En plus, ils nous changent de spot demain. On s'en va sur la rue Sanguinet, tu risques de nous voir moins souvent...
― Criss, coupe Céline. C'est le gros Dagenais.
Le proxénète débouche de la ruelle et m'apostrophe.
― Je t'ai déjà dit de plus traîner ici l'handicapé. Tu fais fuir la clientèle avec tes guenilles qui puent !
― C'est pas plutôt ta tronche d’abruti ?
J'aurais dû me la fermer. Dagenais m'écrase son poing dans la face. Je tombe par en arrière, ma tête cogne les pavés glacés. J'entends en sourdine Céline et Gisèle qui engueulent le gros Dagenais tandis qu'il les traînent un peu plus loin. Je me relève péniblement, la joue en feu, et j'en profite pour m'éclipser.
Notez le mot-clé Sanguinet.
La santé de JC diminue de 1 point.
Rendez-vous au 3.
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Montréal l'hiver, c'est un vrai champ de mines. Le centre-ville est plein de cônes, de grillages, de chantiers en jachère. De détours comme des spaghettis emmêlés, avec des cratères qui s'ouvrent par en-dessous, pareil que si la terre gelée en avait assez pis foutait le camp à la Martinique. Malgré tout, j'arrive sur la Sainte-Catherine en un seul morceau. Naomi est là, assise sur le banc près de la fontaine du parc minuscule qui mérite même pas de nom, mais traversé par une allée assez passante. Naomi, son vrai nom c'est Uapikun. Fleur.
― Kuei ! Kwe ! mon loup, je savais pas si tu passerais.
― Toujours là pour toi.
― JC, écoute ça : louanichba lapinicho libouniche nioniba libounichpa.
― Tu sais ben que je comprends pas l'innu.
Noami ricane.
― C'est ta langue épais ! La pie niche haut, l'oie niche bas, l'hibou niche ni haut ni bas, l'hibou niche pas.
― Haha pas pire pantoute, je la ferai dans mon numéro de stand-up...
Noami se tortille les doigts, elle a l'air inquiète.
― JC... j'ai un peu peur pour toi you know ? C'est bizarre ce qui se passe. Hier après-midi, le gars écrasé par l'autobus dans le coin où se tient la gang à Squeegee. Le jour d'avant, c'était Julie. Trois seringues dans le bras gauche, étendue au milieu de la rue Berger. Je l'ai jamais vue consommer. Pis toi... on dirait qu'il y a un wendigo qui te souffle dans le cou.
― C'est quoi un wendigo ?
― Un mauvais esprit. Un genre de monstre avec une tête d'animal qui mange de la chair humaine. C'est comme si Sauron te watchait du haut de la Place Ville-Marie.
― Avec la neige qui se met à tomber, y verra pas grand chose ton Sauron.
― On rit pas avec ces affaires-là. Fais ben attention à toi my dear.
Rendez-vous au 4.