03/12/2022, 19:36
Tous ces projets ne doivent pas me faire oublier mon œuvre principale, la saga des Fils du Soleil, qui approche de son terme.
Voici donc l'introduction et le premier paragraphe de ce qui en sera le dernier tome, Du sang sur le sable (Tanit, mourir et renaître) :
- En garde… Combattez !
Aussitôt, l'acier heurte l'acier dans le crissement du métal et des projections d'étincelles. On n'entend plus que le halètement des combattants, le bruissement de leurs pieds nus, au sein de la vaste tente surchauffée où tous les chefs se sont assemblés. Ils sont tous là, assis en tailleur sur tapis et coussins, le regard attentif, la longue pipe d'ambre aux lèvres, le profil fier sous leur coiffe de coton, les colliers de perles et de turquoises au cou. Ils sont là, groupés autour de Bayid, seigneur des Cinq Clans, assis sur son siège marqueté d'or. Ils vous observent avec attention tandis que vous pressez Esmalia, la faisant progressivement reculer, évitant ses attaques pourtant vives comme l'éclair. Bientôt, la jeune combattante lâche son arme et roule au sol avant de s'immobiliser, la pointe de votre lame sur sa gorge frémissante, tel le faon pris au piège. Aussitôt, les applaudissements crépitent, tous se lèvent puis s'écartent quand Bayid quitte son siège, frappant dans ses mains tatouées, ses yeux emplis d'admiration. Le Seigneur des Sables vous ouvre les bras, vous serrant contre lui avec affection :
- Bravo ma fille ! Quel combat ! Rares sont ceux qui ont vaincu Esmalia jusqu'ici.
Votre adversaire s'est relevée, s'incline avec respect, la main sur le cœur, tandis que vous lui rendez son sourire. Votre père ne cache pas son contentement :
- Tu me remplis de fierté ma chérie. Et Kassim aurait été tellement fier de toi aussi.
Une ombre passe dans vos yeux et vous hochez la tête avec un sourire triste. Les applaudissements reprennent, certains dégainent leur sabre et le brandissent haut, clamant votre nom. Chez votre peuple, les femmes sont libres, égales des hommes. Et la satisfaction que vous lisez dans les yeux paternels tandis que les autres se retirent vous comble. Cependant, une crainte semble hanter les yeux fardés de votre géniteur et, lorsque vous lui en faites la remarque, il ne cache pas son inquiétude :
- Je crains des jours difficiles ma fille. Le clan des Bektis est toujours aussi agressif et rebelle… Leur chef, Barka, l'est encore plus depuis que je lui ai refusé ta main. Ce chien pensait ainsi sceller une alliance entre nos peuples. Bah, me prend-t-il pour un chien pour vendre ma fille comme une esclave ? Kassim était ton choix et je l'ai respecté. Mais je crains un coup d'éclat, un coup de tête de Barka. La folie lui brûle la cervelle, en vérité.
- Nous sommes forts et les avons toujours repoussés, Père.
Le Seigneur des Sables hoche la tête mais conserve un air soucieux :
- Ils sont aussi bornés qu'une mule. Cet été de feu qui s'achève leur a été difficile, leurs points d'eau se sont taris, leurs montures souffrent… Ils lorgnent avec envie sur notre oasis et nos points d'eau, ce pourrait être pour eux une question de survie désormais.
Un silence passe, troublé par le jappement d'un chacal au loin. Une nuit froide et bleue, emplie d'étoiles, s'est étendue sur les dunes. Votre père vous semble soudain fatigué, les traits creusés à la lumière dansante des lampes. Puis il secoue la tête et vous serre contre lui à nouveau en souriant, faisant cliqueter ses colliers d'hématites et d'agates :
- Pardonne à ton père ma chérie : je te retiens là avec mes soucis alors que tu as mieux à faire. Regagne vite ta tente, ta vieille nourrice doit se ronger les sangs à t'y attendre. Fais de beaux rêves ma fleur des sables.
Après avoir embrassé votre père, vous vous inclinez devant lui, portant la main à votre cœur, avant de quitter sa tente pour rejoindre la vôtre.
Et maintenant, rendez-vous au 1.
Voici donc l'introduction et le premier paragraphe de ce qui en sera le dernier tome, Du sang sur le sable (Tanit, mourir et renaître) :
- En garde… Combattez !
Aussitôt, l'acier heurte l'acier dans le crissement du métal et des projections d'étincelles. On n'entend plus que le halètement des combattants, le bruissement de leurs pieds nus, au sein de la vaste tente surchauffée où tous les chefs se sont assemblés. Ils sont tous là, assis en tailleur sur tapis et coussins, le regard attentif, la longue pipe d'ambre aux lèvres, le profil fier sous leur coiffe de coton, les colliers de perles et de turquoises au cou. Ils sont là, groupés autour de Bayid, seigneur des Cinq Clans, assis sur son siège marqueté d'or. Ils vous observent avec attention tandis que vous pressez Esmalia, la faisant progressivement reculer, évitant ses attaques pourtant vives comme l'éclair. Bientôt, la jeune combattante lâche son arme et roule au sol avant de s'immobiliser, la pointe de votre lame sur sa gorge frémissante, tel le faon pris au piège. Aussitôt, les applaudissements crépitent, tous se lèvent puis s'écartent quand Bayid quitte son siège, frappant dans ses mains tatouées, ses yeux emplis d'admiration. Le Seigneur des Sables vous ouvre les bras, vous serrant contre lui avec affection :
- Bravo ma fille ! Quel combat ! Rares sont ceux qui ont vaincu Esmalia jusqu'ici.
Votre adversaire s'est relevée, s'incline avec respect, la main sur le cœur, tandis que vous lui rendez son sourire. Votre père ne cache pas son contentement :
- Tu me remplis de fierté ma chérie. Et Kassim aurait été tellement fier de toi aussi.
Une ombre passe dans vos yeux et vous hochez la tête avec un sourire triste. Les applaudissements reprennent, certains dégainent leur sabre et le brandissent haut, clamant votre nom. Chez votre peuple, les femmes sont libres, égales des hommes. Et la satisfaction que vous lisez dans les yeux paternels tandis que les autres se retirent vous comble. Cependant, une crainte semble hanter les yeux fardés de votre géniteur et, lorsque vous lui en faites la remarque, il ne cache pas son inquiétude :
- Je crains des jours difficiles ma fille. Le clan des Bektis est toujours aussi agressif et rebelle… Leur chef, Barka, l'est encore plus depuis que je lui ai refusé ta main. Ce chien pensait ainsi sceller une alliance entre nos peuples. Bah, me prend-t-il pour un chien pour vendre ma fille comme une esclave ? Kassim était ton choix et je l'ai respecté. Mais je crains un coup d'éclat, un coup de tête de Barka. La folie lui brûle la cervelle, en vérité.
- Nous sommes forts et les avons toujours repoussés, Père.
Le Seigneur des Sables hoche la tête mais conserve un air soucieux :
- Ils sont aussi bornés qu'une mule. Cet été de feu qui s'achève leur a été difficile, leurs points d'eau se sont taris, leurs montures souffrent… Ils lorgnent avec envie sur notre oasis et nos points d'eau, ce pourrait être pour eux une question de survie désormais.
Un silence passe, troublé par le jappement d'un chacal au loin. Une nuit froide et bleue, emplie d'étoiles, s'est étendue sur les dunes. Votre père vous semble soudain fatigué, les traits creusés à la lumière dansante des lampes. Puis il secoue la tête et vous serre contre lui à nouveau en souriant, faisant cliqueter ses colliers d'hématites et d'agates :
- Pardonne à ton père ma chérie : je te retiens là avec mes soucis alors que tu as mieux à faire. Regagne vite ta tente, ta vieille nourrice doit se ronger les sangs à t'y attendre. Fais de beaux rêves ma fleur des sables.
Après avoir embrassé votre père, vous vous inclinez devant lui, portant la main à votre cœur, avant de quitter sa tente pour rejoindre la vôtre.
Et maintenant, rendez-vous au 1.
1
De retour chez vous, vous y trouvez Memnet, agitée et inquiète, comme toujours. La brave nourrice qui veille sur vous depuis la mort de votre mère pousse un soupir de soulagement en vous voyant entrer mais vous savez à quoi vous attendre… A peine assise à votre toilette, vous passant un linge frais sur le visage et les épaules, les récriminations pleuvent :
- Avais-tu besoin de défier Esmalia ? Est-ce digne d'une princesse de se battre comme un homme ? Ne peux-tu laisser à l'homme les affaires de l'homme et te conduire en femme ? Qu'Esmalia ait choisi une autre voix, je peux le comprendre, elle n'a plus ni parents, ni frère. Mais toi, ma petite opale, ma turquoise… Et une princesse en plus ! Oh, que dirait ta pauvre mère ?
Vous avez un léger rire tout en coiffant vos longs cheveux avec le grand peigne d'écaille, souriant à votre reflet dans le petit miroir à main. La brave Memnet fût capturée il y a bien longtemps et vendue comme esclave à votre père qui l'offrît à votre mère pour son service. Elle vient d'une tribu traditionnaliste, aux idées bien arrêtées et a, encore aujourd'hui, du mal avec le mode de vie de votre peuple. Vous déposez un baiser sur sa joue en lui souhaitant bonne nuit avant d'aller à l'entrée de votre tente et de contempler le campement. Un ciel améthyste s'étend sur les dunes, immense toile veloutée sur laquelle se découpent au loin les montagnes bleues, à la lueur des étoiles. Ici et là, les feux aux braises rougeoyantes où se chauffent les sentinelles ponctuent la nuit froide. Les notes d'un luth se font entendre par moments, accompagnant la mélopée plaintive d'un esclave. Là-bas, aux limites du camp, veillent d'autres sentinelles, le profil farouche, leurs manteaux blancs gonflés par le vent nocturne, le poignard au côté dans leur fourreau d'argent travaillé, leurs yeux de faucon fixés sur l'horizon. Vers les pistes qui se perdent dans la nuit, là où les dunes deviennent bleu et argent sous la lune… Là où rôdent les loups des sables, au pelage couleur feu… Qu'y a-t-il au-delà de ces chemins ? Quels horizons mystérieux et quelles peuplades inconnues ? Puis c'est le souvenir de Kassim qui revient vous hanter. Déjà un mois depuis sa mort, lors d'un accident de chasse, par une journée de malheur et d'infortune. Kassim… L'ami d'enfance qui vous a appris à vous battre, à monter à cheval, l'ami d'enfance devenu votre fiancé… Il vous semble encore entendre sa voix, murmurant à votre oreille, pendant les nuits où son souvenir vous hante, quand la solitude fait si mal. Avec amertume, vous essuyez vos yeux mouillés. L'excitation du combat vous fourmille encore dans les veines, vous aurez du mal à dormir ce soir. Pourtant, la nuit est avancée et vous vous levez à l'aube demain pour vous rendre au marché aux esclaves, au village de Tibsti. En tant que princesse, c'est à vous qu'incombe l'intendance de la maison de votre père et il est temps de renouveler une partie de vos serviteurs.
Allez-vous donc vous coucher (rendez-vous au 26) ?
Ou préférez-vous aller marcher un peu (rendez-vous au 52) ?
- Avais-tu besoin de défier Esmalia ? Est-ce digne d'une princesse de se battre comme un homme ? Ne peux-tu laisser à l'homme les affaires de l'homme et te conduire en femme ? Qu'Esmalia ait choisi une autre voix, je peux le comprendre, elle n'a plus ni parents, ni frère. Mais toi, ma petite opale, ma turquoise… Et une princesse en plus ! Oh, que dirait ta pauvre mère ?
Vous avez un léger rire tout en coiffant vos longs cheveux avec le grand peigne d'écaille, souriant à votre reflet dans le petit miroir à main. La brave Memnet fût capturée il y a bien longtemps et vendue comme esclave à votre père qui l'offrît à votre mère pour son service. Elle vient d'une tribu traditionnaliste, aux idées bien arrêtées et a, encore aujourd'hui, du mal avec le mode de vie de votre peuple. Vous déposez un baiser sur sa joue en lui souhaitant bonne nuit avant d'aller à l'entrée de votre tente et de contempler le campement. Un ciel améthyste s'étend sur les dunes, immense toile veloutée sur laquelle se découpent au loin les montagnes bleues, à la lueur des étoiles. Ici et là, les feux aux braises rougeoyantes où se chauffent les sentinelles ponctuent la nuit froide. Les notes d'un luth se font entendre par moments, accompagnant la mélopée plaintive d'un esclave. Là-bas, aux limites du camp, veillent d'autres sentinelles, le profil farouche, leurs manteaux blancs gonflés par le vent nocturne, le poignard au côté dans leur fourreau d'argent travaillé, leurs yeux de faucon fixés sur l'horizon. Vers les pistes qui se perdent dans la nuit, là où les dunes deviennent bleu et argent sous la lune… Là où rôdent les loups des sables, au pelage couleur feu… Qu'y a-t-il au-delà de ces chemins ? Quels horizons mystérieux et quelles peuplades inconnues ? Puis c'est le souvenir de Kassim qui revient vous hanter. Déjà un mois depuis sa mort, lors d'un accident de chasse, par une journée de malheur et d'infortune. Kassim… L'ami d'enfance qui vous a appris à vous battre, à monter à cheval, l'ami d'enfance devenu votre fiancé… Il vous semble encore entendre sa voix, murmurant à votre oreille, pendant les nuits où son souvenir vous hante, quand la solitude fait si mal. Avec amertume, vous essuyez vos yeux mouillés. L'excitation du combat vous fourmille encore dans les veines, vous aurez du mal à dormir ce soir. Pourtant, la nuit est avancée et vous vous levez à l'aube demain pour vous rendre au marché aux esclaves, au village de Tibsti. En tant que princesse, c'est à vous qu'incombe l'intendance de la maison de votre père et il est temps de renouveler une partie de vos serviteurs.
Allez-vous donc vous coucher (rendez-vous au 26) ?
Ou préférez-vous aller marcher un peu (rendez-vous au 52) ?
Anywhere out of the world