En tout bien tout honneur, notre stratégie avait de quoi déconcerter le plus filou des collabos : Tous les matins, Auguste traversait la rue séparant la planque de notre tour radio clandestine, tandis que Bernard et Constantin convainquaient la bourgeoisie de donner aux pauvres (beaucoup trop de cocos dans cette résistance), et que Dominique allait au café. Pour siroter un verre de tord-boyaux du levant au ponant. Parce que Dominique est un tel boulet qu'on préférait qu'il fasse rien à ce qu'il fasse chopper.
Je suis sûr que ses conversations avec le gérant étaient très intéressantes :
« Alors tu vois Marcel, y'a deux types de nazis. Le bon nazi, et le mauvais nazi.
Le mauvais nazi, bon, il déteste tout le monde, il trouve que le gouvernement va pas assez loin dans l'extermination des races inférieures, il a dénoncé sa femme, a appelé tous ses enfants avec des prénoms en H, il s'habille en noir avec des têtes de mort et il aime lacérer et cramer les gens dont la tête lui revient pas la nuit.
À côté de ça, t'as le petit gars qui s'est inscrit dans la milice juste pour échapper au STO et rester près de sa vieille maman malade, qui aime les animaux, a toujours un mot gentil pour les voisins, et dont la conscience le démange dans le noir de son lit.
Lui, c'est aussi un mauvais nazi. Parce que ce que ressent au fond de son petit cœur le mec qui te livre à la Gestapo, tu t'en fiches un peu comme de l'an 40.
À côté de ça, t'as le bon nazi.
C'est un nazi mort. »
Je suis sûr que ses conversations avec le gérant étaient très intéressantes :
« Alors tu vois Marcel, y'a deux types de nazis. Le bon nazi, et le mauvais nazi.
Le mauvais nazi, bon, il déteste tout le monde, il trouve que le gouvernement va pas assez loin dans l'extermination des races inférieures, il a dénoncé sa femme, a appelé tous ses enfants avec des prénoms en H, il s'habille en noir avec des têtes de mort et il aime lacérer et cramer les gens dont la tête lui revient pas la nuit.
À côté de ça, t'as le petit gars qui s'est inscrit dans la milice juste pour échapper au STO et rester près de sa vieille maman malade, qui aime les animaux, a toujours un mot gentil pour les voisins, et dont la conscience le démange dans le noir de son lit.
Lui, c'est aussi un mauvais nazi. Parce que ce que ressent au fond de son petit cœur le mec qui te livre à la Gestapo, tu t'en fiches un peu comme de l'an 40.
À côté de ça, t'as le bon nazi.
C'est un nazi mort. »