11/03/2017, 12:09
Les Contrées de l’horreur, treize tours avant l’apocalypse.
Shanghai. Des événements étranges étaient survenus ces derniers temps dans la millénaire cité chinoise, le moindre d’entre eux n’étant pas l’extraordinaire portail qui vomissait des entrailles d’on ne savait quelle angoissante dimension ses bêtes monstrueuses.
Marie était aux prises avec l’une d’entre elles : un loup-garou tout droit sorti des contes que lui racontait sa grand-mère dans son enfance. La frontière rassurante qui sépare la réalité des cauchemars semblait devenir de plus en poreuse… Par bonheur, elle pouvait compter sur sa voix légendaire — et, comme le savaient quelques rares initiés, ensorcelleuse… au sens propre du terme —, et, surtout, elle brandissait à deux mains une dague ayant fait couler le sang au cours d’innombrables rituels — encore un héritage de sa Circé de grand-mère —, et c’est cette lame qu’elle pointait, d’un air menaçant qu’on lui avait rarement vu, vers le lycanthrope.
« Eh, Akachi, tu me donnes un coup de main ? Je l’ai blessé, il est à bout, tu n’as plus qu’à l’achever ! »
La chamane cessa de soupirer après le curieux étudiant qui la suivait partout (et qui, il faut bien le dire, tenait plus du boulet que de l’étudiant) pour se tourner vers Marie.
« Ouais… mais non. Je vais plutôt aller faire du tourisme là-dedans », répondit-elle en désignant le grand portail du doigt. « Si ça se trouve, ils ont même des tables de poker !
— Quoi ?! Mais il est à bout, et il est dangereux, on ne peut pas le laisser s’enfuir ! »
(La vision, que Marie, sans savoir comment, devina qu’elle était prophétique, de leur ami Charlie « J’irai jusqu’au bout » B. en train de hurler sous les crocs du loup-garou traversa son esprit à ce moment précis.)
« Eh ! tu trouves que j’ai l’air d’une combattante ? » s’indigna la chamane.
« Parce qu’une chanteuse, ça passe sa vie sur les rings, peut-être ?! »
Dédaignant répondre, Akachi fila droit dans le portail, qui l’engloutit. Le loup-garou, lui, profita de ce répit inespéré pour s’enfuir se tapir dans un quelconque endroit sombre connu de lui seul pour y lécher ses plaies et ruminer sa vengeance.
Bon, se dit Marie, d’accord, elle est partie le fermer, mais elle va certainement revenir…
Mais si le portail s’évapora bel et bien, replongeant soudainement le quartier dans un silence hébété et morose, nulle trace, en revanche, d’Akachi… Le cœur de Marie se serra : aurait-elle sacrifié sa vie dans le processus ?
« Bonjour, madame, un télégramme pour vous. »
La chanteuse sursauta. Se retournant, elle vit l’employé qui venait de lui adresser la parole lui tendre une feuille de papier pliée en quatre, qu’elle saisit aussitôt et s’empressa de lire :
« Coucou ! Je trouvais Shanghai ennuyeuse, alors je me suis dit que j’allais plutôt sortir du côté de Rome. C’est une ville rigolote, j’y ai croisé une bigote avec un couteau de boucher qui passe son temps à se faire arrêter par les flics, LOL. Bonne chance avec le loup-garou ! Bisous, A.O. »
Les jours et les semaines qui suivirent achevèrent de convaincre Marie que le karma existait.
Shanghai. Des événements étranges étaient survenus ces derniers temps dans la millénaire cité chinoise, le moindre d’entre eux n’étant pas l’extraordinaire portail qui vomissait des entrailles d’on ne savait quelle angoissante dimension ses bêtes monstrueuses.
Marie était aux prises avec l’une d’entre elles : un loup-garou tout droit sorti des contes que lui racontait sa grand-mère dans son enfance. La frontière rassurante qui sépare la réalité des cauchemars semblait devenir de plus en poreuse… Par bonheur, elle pouvait compter sur sa voix légendaire — et, comme le savaient quelques rares initiés, ensorcelleuse… au sens propre du terme —, et, surtout, elle brandissait à deux mains une dague ayant fait couler le sang au cours d’innombrables rituels — encore un héritage de sa Circé de grand-mère —, et c’est cette lame qu’elle pointait, d’un air menaçant qu’on lui avait rarement vu, vers le lycanthrope.
« Eh, Akachi, tu me donnes un coup de main ? Je l’ai blessé, il est à bout, tu n’as plus qu’à l’achever ! »
La chamane cessa de soupirer après le curieux étudiant qui la suivait partout (et qui, il faut bien le dire, tenait plus du boulet que de l’étudiant) pour se tourner vers Marie.
« Ouais… mais non. Je vais plutôt aller faire du tourisme là-dedans », répondit-elle en désignant le grand portail du doigt. « Si ça se trouve, ils ont même des tables de poker !
— Quoi ?! Mais il est à bout, et il est dangereux, on ne peut pas le laisser s’enfuir ! »
(La vision, que Marie, sans savoir comment, devina qu’elle était prophétique, de leur ami Charlie « J’irai jusqu’au bout » B. en train de hurler sous les crocs du loup-garou traversa son esprit à ce moment précis.)
« Eh ! tu trouves que j’ai l’air d’une combattante ? » s’indigna la chamane.
« Parce qu’une chanteuse, ça passe sa vie sur les rings, peut-être ?! »
Dédaignant répondre, Akachi fila droit dans le portail, qui l’engloutit. Le loup-garou, lui, profita de ce répit inespéré pour s’enfuir se tapir dans un quelconque endroit sombre connu de lui seul pour y lécher ses plaies et ruminer sa vengeance.
Bon, se dit Marie, d’accord, elle est partie le fermer, mais elle va certainement revenir…
Mais si le portail s’évapora bel et bien, replongeant soudainement le quartier dans un silence hébété et morose, nulle trace, en revanche, d’Akachi… Le cœur de Marie se serra : aurait-elle sacrifié sa vie dans le processus ?
« Bonjour, madame, un télégramme pour vous. »
La chanteuse sursauta. Se retournant, elle vit l’employé qui venait de lui adresser la parole lui tendre une feuille de papier pliée en quatre, qu’elle saisit aussitôt et s’empressa de lire :
« Coucou ! Je trouvais Shanghai ennuyeuse, alors je me suis dit que j’allais plutôt sortir du côté de Rome. C’est une ville rigolote, j’y ai croisé une bigote avec un couteau de boucher qui passe son temps à se faire arrêter par les flics, LOL. Bonne chance avec le loup-garou ! Bisous, A.O. »
Les jours et les semaines qui suivirent achevèrent de convaincre Marie que le karma existait.