Bonjour,
L'introduction donne envie de lire la suite, l'ambiance est remarquablement posée, et le style est très soigné... peut-être même trop soigné.
Je trouve qu'il y a trop d'adjectifs (ou assimilés), ce qui nuit à la fluidité.
Évidemment ce n'est qu'un avis personnel, mais je pense que du coup il est très facile d'améliorer le texte et d'en faire quelque chose de vraiment très très bon (il est a priori plus facile de supprimer que de trouver de nouvelles idées, et des idées il y a en déjà beaucoup).
À mon humble avis, je pense que le seul défaut est d'avoir voulu trop en faire dans la sophistication du style. Sauf que le côté percutant de certaines idées maîtresses et de métaphores très bien amenées se perd face à la concurrence de qualificatifs redondants et pas toujours nécessaires.
Par exemple :
* une gorgone n'a pas besoin d'être échappée d'Homère.
* un froid qui mord les chairs est forcément féroce, et dans la métaphore du fouet on comprend sans avoir besoin de le préciser que ce dernier est acéré
* un écho est a priori sonore. Même s'il s'agit de sous-entendre "très sonore", ce n'est pas utile de le préciser puisqu'il brise déjà le silence. On a donc déjà en tête quelque chose de bruyant.
* se plaisaient à avaler l'imprudent voyageur... j'aurais mis "se plaisaient à avaler les voyageurs qui se hasardaient hors des chemins". C'est à mon avis plus fort, car un voyageur n'a plus besoin d'être imprudent pour être avalé, ce qui renforce le sentiment de danger.
* La pâleur du ciel délavé : c'est un peu redondant. "Le ciel délavé se confondait..." est plus fluide, et il vaut mieux dire "se confondre avec" que "se confondre à"
* "des champs abandonnés par les hommes" : "par les hommes" n'est pas utile. Par qui d'autres pourraient-ils être abandonnés ?
* sans frontières, ni limites... : j'aurais mis la virgule après limites
* des coteaux qu'on destinait : une fois n'est pas coutûme, j'aurais alourdi en écrivant "que l'on"
"Ici, les vies s'épuisaient aux champs et dans les bois, à gagner la pitance qui permettait à peine de se lamenter sur son sort à la veillée, devant une écuelle de soupe plus claire que de l'eau. Pourtant le curé promettait l'absolution au terme d'années d'indigence."
-> Là vraiment il n'y a rien à dire, je trouve ces deux phrases absolument magnifiques, d'autant qu'elles introduisent le premier personnage identifié (le curé).
"L'espoir n'avait pas sa place à la campagne" : j'aurais mis "Nul autre espoir", puisque qu'il y a celui promis par le curé après la mort.
Le paragraphe suivant est à nouveau excellent.
"un sommeil lourd sans rêve frissonnant...", j'aurais mis : "un sommeil lourd et sans rêve, frissonnant...", mais il peut aussi s'agir d'une volonté de donner un rythme différent à la phrase
"autant que des désirs refoulés" : c'est bizarre, à la fois je trouve cette phrase très belle, à la fois je la trouve bancale. J'aurais dit peut-être "autant que celui des...". Ou alors, plus simple : "La nuit devenait le royaume du silence et des désirs refoulés." On peut aussi imaginer que ce n'est pas le royaume des désirs refoulés, mais le silence des désirs refoulés : "La nuit devenait le royaume du silence, le silence des désirs refoulés".
"Un chanoine de l'Abbaye de Montbenoit, efflanqué comme un échassier, vous avait prévenu le matin même, tandis que les chevaux piaffaient, de l'écume plein les naseaux, leurs sabots martelant les pavés déchaussés de la cour."
-> toute la deuxième moitié de phrase la rallonge trop
Du coup, j'aurais mis "Vos chevaux piaffaient..." juste avant la phrase qui introduit l'abbé. En plus, cela colle avec les deux phrases précédentes (avec la bise et les silhouettes austères)
Mais ici, "Un chanoine de l'Abbaye de Montbenoit, efflanqué comme un échassier, vous avait prévenu le matin même :" est peut-être suffisant.
J'aime beaucoup la transition avec le langage parlé du chanoine. Juste : Mr c'est pour Mister, pour monsieur c'est M. (ou pour Monseigneur c'est Mgr).
"d'un matin délavé" : comme on sait déjà que tout est plus ou moins pâle, "du matin" devrait suffir, d'autant que "délavé" est déjà utilisé.
"L'Abbé en personne accompagné du prieur étaient venus" : je ne suis pas sûr à 100%, mais je crois que le sujet est toujours l'abbé, et que donc il faut rester au singulier. J'aime beaucoup la deuxième partie de phrase ("ombres grises...")
Pour passer au pluriel dans la dernière phrase, il fadrait alors préciser : "Dans le signe de croix qu'ils vous adressèrent tous deux"
(ne pas oublier le 's' à 'ils'). Si le prieur n'est qu'un faire-valoir, "qu'il vous adressa" est bien aussi, car c'est l'abbé seul qui agit en faisant le fameux signe de croix.
Le nombre de remarques pourraient faire penser que je n'ai pas accroché... bien au contraire, et je suis assez admiratif devant la richesse de cette introduction (je n'aurais pas pris autant de temps si cela ne m'intéressait pas). Je trouve même qu'il y a un potentiel énorme, et qu'en plus il sera plus simple d'écrire la suite sans chercher tous les adjectifs d'un champ lexical donné.
L'introduction donne envie de lire la suite, l'ambiance est remarquablement posée, et le style est très soigné... peut-être même trop soigné.
Je trouve qu'il y a trop d'adjectifs (ou assimilés), ce qui nuit à la fluidité.
Évidemment ce n'est qu'un avis personnel, mais je pense que du coup il est très facile d'améliorer le texte et d'en faire quelque chose de vraiment très très bon (il est a priori plus facile de supprimer que de trouver de nouvelles idées, et des idées il y a en déjà beaucoup).
À mon humble avis, je pense que le seul défaut est d'avoir voulu trop en faire dans la sophistication du style. Sauf que le côté percutant de certaines idées maîtresses et de métaphores très bien amenées se perd face à la concurrence de qualificatifs redondants et pas toujours nécessaires.
Par exemple :
* une gorgone n'a pas besoin d'être échappée d'Homère.
* un froid qui mord les chairs est forcément féroce, et dans la métaphore du fouet on comprend sans avoir besoin de le préciser que ce dernier est acéré
* un écho est a priori sonore. Même s'il s'agit de sous-entendre "très sonore", ce n'est pas utile de le préciser puisqu'il brise déjà le silence. On a donc déjà en tête quelque chose de bruyant.
* se plaisaient à avaler l'imprudent voyageur... j'aurais mis "se plaisaient à avaler les voyageurs qui se hasardaient hors des chemins". C'est à mon avis plus fort, car un voyageur n'a plus besoin d'être imprudent pour être avalé, ce qui renforce le sentiment de danger.
* La pâleur du ciel délavé : c'est un peu redondant. "Le ciel délavé se confondait..." est plus fluide, et il vaut mieux dire "se confondre avec" que "se confondre à"
* "des champs abandonnés par les hommes" : "par les hommes" n'est pas utile. Par qui d'autres pourraient-ils être abandonnés ?
* sans frontières, ni limites... : j'aurais mis la virgule après limites
* des coteaux qu'on destinait : une fois n'est pas coutûme, j'aurais alourdi en écrivant "que l'on"
"Ici, les vies s'épuisaient aux champs et dans les bois, à gagner la pitance qui permettait à peine de se lamenter sur son sort à la veillée, devant une écuelle de soupe plus claire que de l'eau. Pourtant le curé promettait l'absolution au terme d'années d'indigence."
-> Là vraiment il n'y a rien à dire, je trouve ces deux phrases absolument magnifiques, d'autant qu'elles introduisent le premier personnage identifié (le curé).
"L'espoir n'avait pas sa place à la campagne" : j'aurais mis "Nul autre espoir", puisque qu'il y a celui promis par le curé après la mort.
Le paragraphe suivant est à nouveau excellent.
"un sommeil lourd sans rêve frissonnant...", j'aurais mis : "un sommeil lourd et sans rêve, frissonnant...", mais il peut aussi s'agir d'une volonté de donner un rythme différent à la phrase
"autant que des désirs refoulés" : c'est bizarre, à la fois je trouve cette phrase très belle, à la fois je la trouve bancale. J'aurais dit peut-être "autant que celui des...". Ou alors, plus simple : "La nuit devenait le royaume du silence et des désirs refoulés." On peut aussi imaginer que ce n'est pas le royaume des désirs refoulés, mais le silence des désirs refoulés : "La nuit devenait le royaume du silence, le silence des désirs refoulés".
"Un chanoine de l'Abbaye de Montbenoit, efflanqué comme un échassier, vous avait prévenu le matin même, tandis que les chevaux piaffaient, de l'écume plein les naseaux, leurs sabots martelant les pavés déchaussés de la cour."
-> toute la deuxième moitié de phrase la rallonge trop
Du coup, j'aurais mis "Vos chevaux piaffaient..." juste avant la phrase qui introduit l'abbé. En plus, cela colle avec les deux phrases précédentes (avec la bise et les silhouettes austères)
Mais ici, "Un chanoine de l'Abbaye de Montbenoit, efflanqué comme un échassier, vous avait prévenu le matin même :" est peut-être suffisant.
J'aime beaucoup la transition avec le langage parlé du chanoine. Juste : Mr c'est pour Mister, pour monsieur c'est M. (ou pour Monseigneur c'est Mgr).
"d'un matin délavé" : comme on sait déjà que tout est plus ou moins pâle, "du matin" devrait suffir, d'autant que "délavé" est déjà utilisé.
"L'Abbé en personne accompagné du prieur étaient venus" : je ne suis pas sûr à 100%, mais je crois que le sujet est toujours l'abbé, et que donc il faut rester au singulier. J'aime beaucoup la deuxième partie de phrase ("ombres grises...")
Pour passer au pluriel dans la dernière phrase, il fadrait alors préciser : "Dans le signe de croix qu'ils vous adressèrent tous deux"
(ne pas oublier le 's' à 'ils'). Si le prieur n'est qu'un faire-valoir, "qu'il vous adressa" est bien aussi, car c'est l'abbé seul qui agit en faisant le fameux signe de croix.
Le nombre de remarques pourraient faire penser que je n'ai pas accroché... bien au contraire, et je suis assez admiratif devant la richesse de cette introduction (je n'aurais pas pris autant de temps si cela ne m'intéressait pas). Je trouve même qu'il y a un potentiel énorme, et qu'en plus il sera plus simple d'écrire la suite sans chercher tous les adjectifs d'un champ lexical donné.
Fan de Garcimore