05/09/2012, 16:20
Que d'AVH alléchantes en devenir !
J'aime bien le côté vieux baroudeur d'Haregany, le fait qu'il n'ait pas l'air d'apprécier de se voir vieillir peu à peu lui donne d'emblée un certain cachet psychologique intéressant. Est-ce que toute l'AVH sera racontée à la troisième personne ?
Ah sinon, c'est probablement une erreur d'inattention mais tu devrais remplacer le "s'y faufile dessous" par "se faufile dessous", sinon ça sonne bizarrement.
Pour ma part, je vous livre l'introduction de la suite de L'écume, comme elle est assez massive, j'ai fait le choix de la découper en deux parties.
Pour le contexte : A la fin du premier épisode le lien permettant le passage entre la Terre et un monde type med-fan a été rompu, le héros renvoyé dans son monde et la Terre rendue à son état d'origine.
1
Il vous fallut longtemps afin de pouvoir commencer à vous reconstruire suite à la destruction de la faille. Votre esprit, seul témoin d'une destruction qui n'eut jamais lieu aux yeux de vos semblables, était bien plus ébranlé que vous ne l'auriez pensé. Votre mental endurci par des années de servitude n'était pas prêt à admettre qu'il n'y avait désormais plus d'ennemi à combattre ou de guerre à livrer. Tout comme lorsque la lumière du jour brûle les yeux trop longtemps habitués aux ténèbres, retrouver une Terre métamorphosée, nettoyée de tout enfer, fut pour vous comme une douleur cuisante.
Vaille que vaille vous êtes-vous ainsi efforcé de surmonter votre affliction en perspective de mener une vie normale dans ce nouvel Eden. Une vie insupportablement normale à celui qui dont le cœur rempli de solitude, ne croise aucun reflet parmi ceux qu'il rencontre.
Bien sûr, bien qu'il n'eut pas été concevable de partager avec qui que ce soit votre fantastique aventure, l'espoir d'un jour, dans un avenir probable, franchir à nouveau le gouffre insondable vous séparant de Falywin, ne vous quitta jamais.
Un soir, il y a de cela cinq ans, lors d'une virée nocturne, vous vous êtes fait attaquer par une créature n'ayant d'humain que l'apparence. Un vampire qui faillit bien vous arracher la gorge. Dès lors, votre vie s'en est trouvée transfigurée. Si une telle créature avait pu y survivre, alors peut-être restait-il dans ce monde un passage vers l'autre dimension ? Vous avez mis tout en œuvre pour le découvrir. Epluchant chaque livre, fouillant chaque journal, vous faisant l'écho de chaque rumeur relayant ce type de phénomène. Porté par l'espoir engoncé dans vos chairs de mettre la main sur la moindre fissure, la plus petite trace, ou n'importe quoi qui aurait subsisté de la faille, n'importe quoi susceptible de retourner dans l'autre monde.
Selon toute vraisemblance, soit cette créature préexistaient déjà sur Terre, c'est-à-dire avec ou sans faille dimensionnelle, soit -et c'est votre hypothèse- la nature ayant horreur du vide, ne pouvait décemment supprimer toute une page de l'histoire d'une dimension sans que l'autre ne s'en trouve nullement affectée. Face à ce dilemme, l'univers dût donc consentir à épargner une fraction des forces magiques ayant filtrées au travers de la faille durant plus de deux siècles. C'est du moins votre espoir.
Malgré cela vos recherches s'averèrent aussi vaines que laborieuses. La moitié de votre temps se découpait le nez plongé dans des ouvrages empreints de vielles superstitions et de poussière, quand l'autre se partageait à côtoyer tous les candidats possibles pour l'asile du pays.
Puis vint une énième rumeur que vous suivites sans conviction aucune, mais qui cette fois fut fondée. Un zombi se terrant dans une mine désaffectée. Un monstre cannibale dévorant ses victimes, origine de plusieurs disparitions inexpliquées dans la contrée. Les mois passèrent, puis les années. Parfois parmi la multitude de pistes que vous traquiez, surgissait un monstre bien réel, une manifestation avérée, une horreur inconcevable. La chose semblait même croître et s'accélerer avec le temps, comme de la lumière au bout d'un tunnel vous permettant de garder le cap malgré les déceptions, mais rien de plus. Les monstres n'étant pas des plus coopératifs quant à fournir la moindre explication sur à leur présence ici. Si tant est que ceux que vous avez rencontré fussent capable d'eux-mêmes le comprendre.
En fin de compte, vous avez fini par vous faire une petite réputation de tueur de monstre dans certains cercles. Et si ces manifestations surnaturelles étaient bien trop rares pour secouer la rationnalité de vos contemporains, certains étaient prêts à payer les yeux de la tête pour s'en débarasser. C'est ainsi que vous avez eu l'idée de vous faire payer vos services. Suite à un contrat particulièrement juteux, vous avez loué un local en ville, acheté du matériel et engagé une secrétaire.
Trois semaines maintenant que vous n'avez pas eu l'ombre du plus petit contrat. A force de ne rien faire vous avez l'impression de prendre racine, de vous enfoncer peu à peu dans les sables mouvants d'une existence statique et morte. Vous passez votre tête par le velux de votre appartement et contemplez l'horizon s'étendant par delà la ville. Conférant en imagination à cet horizon clair et l'impide d'autres contrées inexplorées ou aventures se jouant des caprices de cette vie morne que vous cherchez à fuir. Si seulement…
Soudain le grésillement du téléphone vous extirpe de votre molle rêverie. Vous redescendez dans votre séjour avec l'espoir d'une bonne nouvelle.
-Allo boss ! S'écrit la voix enthousiaste de votre secrétaire au bout de l'appareil, bonne nouvelle ! J'ai un nouveau contrat pour vous ! Et pas un petit.
-Enfin ! Soupirez-vous d'aise, je suis tout ouie vicky.
-Notre client est un riche propriétaire agricole, il s'appelle Vallving, il a eu vent de votre petite spécialité par des relations, mais n'a pas voulu trop m'en dire au téléphone, il vous attend demain soir chez lui.
-Il n'a rien dit sur la nature de son problème ?
-Il a surtout parlé d'un gros chèque avec plein de zéros au bout, je vous ai déjà dit qu'on était en retard sur le loyer ?
-Bien, de toute façon ça sera toujours mieux que de rester ici à lambiner sur place. Et il habite où ce cher monsieur ?
-Dans le nord-est, un petit village paumé dans le fin fond du Jura, vous allez en avoir pour quatre ou cinq heures de voyage en TGV, j'ai pris la peine de vous acheter les billets pour demain matin 8h00.
Vous laissez échapper un rire de contentement.
-Vicky, vous êtes formidable !
Rendez-vous au 37
37
Le lendemain matin, vous embarquez sur le quai du train sous un soleil de plomb. Ayant pris soin d'emporter avec vous -habilement dissimulée dans la doublure de votre sac de voyage- la parfaite panoplie du parfait chasseur de démons : un pieu pour les vampires, de l'eau bénite, un pistolet pourvu de différents types de chargeurs, des concoctions aux herbes et différents livres sur l'esotérisme. Sans oublier bien sûr votre épée en argent, soigneusement camouflée dans un étui de guitare.
Durant le voyage, vous avez tout loisir d'admirer le paysage en réfléchissant à votre mission future. De ce que vous avez pu constater sur Falywin, les monstres, s'ils diffèrent des êtres humains sur bien des aspects, ne sont pas nécéssairement tous malveillants, et bien que leur emploi par les démons les prédisposaient à de sinistres besognes, il n'est pas impossible que vous finissiez par débusquer une créature capable de vous livrer de précieuses informations. Si tant est que vous ne tombiez pas encore sur une bande de péquenots s'effrayant pour une meute de chiens errants.
Plusieurs heures passent, et vous atteignez enfin la gare de Dijon vers midi. D'ici, vous ferez le reste du trajet dans une voiture louée tout spécialement pour l'occasion. Après un frugale repas pris à la gare, que vous digérez lors d'un trajet aussi monotone que la pluie sur l'autoroute, vous quittez la nationnale pour vous engager sur des petites routes et chemins escarpés. Le soleil décline doucement dans le ciel et les heures défilent lentement sur le cadran de votre montre. Les villages et bourgs rencontrés se suivent et se ressemblent sans qu'aucun panneau n'indique le nom de votre destination. Le temps poursuit son implacable route et vous faites de même.
La nuit tombe. Particulièrement opaque dans ces régions si reculées. D'après votre GPS, vous n'êtes plus qu'à peine à dix kilomètres de Persac. Quand, quittant la grand-route au détour d'un chemin, vous finissez par l'apercevoir.
C'est un petit village blotti à l'ombre d'une vallée endormie. Seulement éclairés par le faisceau de vos phares, les maisons semblent vides et abandonnées. Leurs murs de crépis sont lépreux, grisâtres, et usés par le temps. Leurs volés fermés ne laissent entrevoir aucune lumière ou aucune activité humaine, comme des visages de pierre fichés ici depuis des siècles. La civilisation elle-même semblerait avoir épargnée à ces lieux sa laideur habituelle s'il n'y avait ces lignes éléctriques au dessus de votre tête.
Vous éteignez votre GPS et ralentissez votre allure sur le chemin de terre, tous les sens aux aguets. En plus des ténèbres qui enveloppent l'avancée de votre véhicule, un silence sépulcral et anormalement pesant vous entoure. Pas le moindre grésillement de grillon ou hululement de chouette, seul le bruit de vos pneus écrasants le sol distingue l'endroit d'une ville fantôme. D'après Vicky, votre client vit dans une grande ferme encerclée de plusieurs champs aux abords du village, vous ne devriez donc pas avoir de mal à l'identifier. Un cri déchirant éventre tout à coup le silence. C'est un cri animal, un cri de douleur, de bête qu'on égorge. Usé par votre long trajet, vos doigts se promènent nerveusement sur le volant et vous commencez à vous demander ce qui vous a pris de venir dans un lieu si perdu sans même en savoir plus.
Vous sondez chaque nouveaux centimètres découverts par la lumière crue de vos phares quand soudain quelqu'un tape contre votre vitre. Pris au dépourvu vous étouffez un cri de peur, les deux pieds sur la pédale d'arrêt vous pillez littérallement sur place. L'individu vous fait alors un signe et après quelques instants pour reprendre vos esprits, vous baissez votre vitre. C'est un jeune homme brun aux robustes épaules, il porte une chemise sale retroussées jusqu'aux coudes. Sa mine est particulièrement pâle, chose on ne peut plus étrange dans une région si ensoleillée en cette période de l'année.
-Vous êtes le chasseur de démons ? S'empresse-t-il de demander avec un léger accent.
-Oui… on peut dire ça… lâchez-vous dans un souffle.
-Mon père vous attend dans ce cas, vous pouvez vous garer près de la grange là-bas.
Son doigt se dirige sur un point de l'obscurité au bout duquel vous ne voyez rien.
Devant votre air étonné, il poursuit :
-Oui, on n'y voit pas grand chose, je vais vous guider.
Il s'assoit côté voyageur et vous avancez jusqu'à la grange en question. Vous coupez le contact et le suivez vers un grand bâtiment dont seuls les contours sont visibles à cette heure avancée de la nuit.
Vous pénétrez dans un vaste salon encadré de deux grands escaliers montant jusqu'à l'étage. Au dessus d'une cheminée en marbre, plusieurs têtes d'animaux empaillés trônent fièrement sur le mur comme des trophées de chasse. Le sol boisé est presque entièrement recouvert d'un grand tapis aux motifs orientaux. Sur un vieux canapé disposé près de l'âtre, quatre personnes vous attendent. Trois hommes et un enfant d'une dizaine d'années. Tous de la même fratrie si on en juge par leur air familier. Le plus âgé d'entre eux, un homme d'une cinquantaine d'années aux tempes grisonnantes et au nez de boxeur, se lève à votre entrée.
-C'est le chasseur père, annonce l'homme qui vous attendait dehors.
-Quel soulagement de vous voir ici monsieur, s'exclame votre client en vous serrant chaleureusement la main, j'espère que le voyage n'a pas été trop laborieux.
- Je vous en prie, c'est un plaisir de visiter une si belle région, rétorquez-vous par pure courtoisie, effectivement las d'avoir parcouru autant de kilomètres.
-Je vous présente mes quatre fils, Pierre que vous connaissez déjà (il désigne l'homme aux larges épaules), Henri l'ainé, paul et enfin marc le petit dernier. Ma femme va vous préparer un bol de soupe, vous devez être affamé !
Il n'a pas tort rendez-vous au 83
Je suis relativement satisfait de la première partie (quoi que), par contre la seconde me fait un peu tiquer. Certains tournures/phrases me paraissent un peu maladroites voire de trop (genre le "le temps poursuit son implacable route et vous faites de même" qui tombe un peu comme un couperet), du coup j'ai du mal à avoir une vision d'ensemble.
J'aime bien le côté vieux baroudeur d'Haregany, le fait qu'il n'ait pas l'air d'apprécier de se voir vieillir peu à peu lui donne d'emblée un certain cachet psychologique intéressant. Est-ce que toute l'AVH sera racontée à la troisième personne ?
Ah sinon, c'est probablement une erreur d'inattention mais tu devrais remplacer le "s'y faufile dessous" par "se faufile dessous", sinon ça sonne bizarrement.
Pour ma part, je vous livre l'introduction de la suite de L'écume, comme elle est assez massive, j'ai fait le choix de la découper en deux parties.
Pour le contexte : A la fin du premier épisode le lien permettant le passage entre la Terre et un monde type med-fan a été rompu, le héros renvoyé dans son monde et la Terre rendue à son état d'origine.
1
Il vous fallut longtemps afin de pouvoir commencer à vous reconstruire suite à la destruction de la faille. Votre esprit, seul témoin d'une destruction qui n'eut jamais lieu aux yeux de vos semblables, était bien plus ébranlé que vous ne l'auriez pensé. Votre mental endurci par des années de servitude n'était pas prêt à admettre qu'il n'y avait désormais plus d'ennemi à combattre ou de guerre à livrer. Tout comme lorsque la lumière du jour brûle les yeux trop longtemps habitués aux ténèbres, retrouver une Terre métamorphosée, nettoyée de tout enfer, fut pour vous comme une douleur cuisante.
Vaille que vaille vous êtes-vous ainsi efforcé de surmonter votre affliction en perspective de mener une vie normale dans ce nouvel Eden. Une vie insupportablement normale à celui qui dont le cœur rempli de solitude, ne croise aucun reflet parmi ceux qu'il rencontre.
Bien sûr, bien qu'il n'eut pas été concevable de partager avec qui que ce soit votre fantastique aventure, l'espoir d'un jour, dans un avenir probable, franchir à nouveau le gouffre insondable vous séparant de Falywin, ne vous quitta jamais.
Un soir, il y a de cela cinq ans, lors d'une virée nocturne, vous vous êtes fait attaquer par une créature n'ayant d'humain que l'apparence. Un vampire qui faillit bien vous arracher la gorge. Dès lors, votre vie s'en est trouvée transfigurée. Si une telle créature avait pu y survivre, alors peut-être restait-il dans ce monde un passage vers l'autre dimension ? Vous avez mis tout en œuvre pour le découvrir. Epluchant chaque livre, fouillant chaque journal, vous faisant l'écho de chaque rumeur relayant ce type de phénomène. Porté par l'espoir engoncé dans vos chairs de mettre la main sur la moindre fissure, la plus petite trace, ou n'importe quoi qui aurait subsisté de la faille, n'importe quoi susceptible de retourner dans l'autre monde.
Selon toute vraisemblance, soit cette créature préexistaient déjà sur Terre, c'est-à-dire avec ou sans faille dimensionnelle, soit -et c'est votre hypothèse- la nature ayant horreur du vide, ne pouvait décemment supprimer toute une page de l'histoire d'une dimension sans que l'autre ne s'en trouve nullement affectée. Face à ce dilemme, l'univers dût donc consentir à épargner une fraction des forces magiques ayant filtrées au travers de la faille durant plus de deux siècles. C'est du moins votre espoir.
Malgré cela vos recherches s'averèrent aussi vaines que laborieuses. La moitié de votre temps se découpait le nez plongé dans des ouvrages empreints de vielles superstitions et de poussière, quand l'autre se partageait à côtoyer tous les candidats possibles pour l'asile du pays.
Puis vint une énième rumeur que vous suivites sans conviction aucune, mais qui cette fois fut fondée. Un zombi se terrant dans une mine désaffectée. Un monstre cannibale dévorant ses victimes, origine de plusieurs disparitions inexpliquées dans la contrée. Les mois passèrent, puis les années. Parfois parmi la multitude de pistes que vous traquiez, surgissait un monstre bien réel, une manifestation avérée, une horreur inconcevable. La chose semblait même croître et s'accélerer avec le temps, comme de la lumière au bout d'un tunnel vous permettant de garder le cap malgré les déceptions, mais rien de plus. Les monstres n'étant pas des plus coopératifs quant à fournir la moindre explication sur à leur présence ici. Si tant est que ceux que vous avez rencontré fussent capable d'eux-mêmes le comprendre.
En fin de compte, vous avez fini par vous faire une petite réputation de tueur de monstre dans certains cercles. Et si ces manifestations surnaturelles étaient bien trop rares pour secouer la rationnalité de vos contemporains, certains étaient prêts à payer les yeux de la tête pour s'en débarasser. C'est ainsi que vous avez eu l'idée de vous faire payer vos services. Suite à un contrat particulièrement juteux, vous avez loué un local en ville, acheté du matériel et engagé une secrétaire.
Trois semaines maintenant que vous n'avez pas eu l'ombre du plus petit contrat. A force de ne rien faire vous avez l'impression de prendre racine, de vous enfoncer peu à peu dans les sables mouvants d'une existence statique et morte. Vous passez votre tête par le velux de votre appartement et contemplez l'horizon s'étendant par delà la ville. Conférant en imagination à cet horizon clair et l'impide d'autres contrées inexplorées ou aventures se jouant des caprices de cette vie morne que vous cherchez à fuir. Si seulement…
Soudain le grésillement du téléphone vous extirpe de votre molle rêverie. Vous redescendez dans votre séjour avec l'espoir d'une bonne nouvelle.
-Allo boss ! S'écrit la voix enthousiaste de votre secrétaire au bout de l'appareil, bonne nouvelle ! J'ai un nouveau contrat pour vous ! Et pas un petit.
-Enfin ! Soupirez-vous d'aise, je suis tout ouie vicky.
-Notre client est un riche propriétaire agricole, il s'appelle Vallving, il a eu vent de votre petite spécialité par des relations, mais n'a pas voulu trop m'en dire au téléphone, il vous attend demain soir chez lui.
-Il n'a rien dit sur la nature de son problème ?
-Il a surtout parlé d'un gros chèque avec plein de zéros au bout, je vous ai déjà dit qu'on était en retard sur le loyer ?
-Bien, de toute façon ça sera toujours mieux que de rester ici à lambiner sur place. Et il habite où ce cher monsieur ?
-Dans le nord-est, un petit village paumé dans le fin fond du Jura, vous allez en avoir pour quatre ou cinq heures de voyage en TGV, j'ai pris la peine de vous acheter les billets pour demain matin 8h00.
Vous laissez échapper un rire de contentement.
-Vicky, vous êtes formidable !
Rendez-vous au 37
37
Le lendemain matin, vous embarquez sur le quai du train sous un soleil de plomb. Ayant pris soin d'emporter avec vous -habilement dissimulée dans la doublure de votre sac de voyage- la parfaite panoplie du parfait chasseur de démons : un pieu pour les vampires, de l'eau bénite, un pistolet pourvu de différents types de chargeurs, des concoctions aux herbes et différents livres sur l'esotérisme. Sans oublier bien sûr votre épée en argent, soigneusement camouflée dans un étui de guitare.
Durant le voyage, vous avez tout loisir d'admirer le paysage en réfléchissant à votre mission future. De ce que vous avez pu constater sur Falywin, les monstres, s'ils diffèrent des êtres humains sur bien des aspects, ne sont pas nécéssairement tous malveillants, et bien que leur emploi par les démons les prédisposaient à de sinistres besognes, il n'est pas impossible que vous finissiez par débusquer une créature capable de vous livrer de précieuses informations. Si tant est que vous ne tombiez pas encore sur une bande de péquenots s'effrayant pour une meute de chiens errants.
Plusieurs heures passent, et vous atteignez enfin la gare de Dijon vers midi. D'ici, vous ferez le reste du trajet dans une voiture louée tout spécialement pour l'occasion. Après un frugale repas pris à la gare, que vous digérez lors d'un trajet aussi monotone que la pluie sur l'autoroute, vous quittez la nationnale pour vous engager sur des petites routes et chemins escarpés. Le soleil décline doucement dans le ciel et les heures défilent lentement sur le cadran de votre montre. Les villages et bourgs rencontrés se suivent et se ressemblent sans qu'aucun panneau n'indique le nom de votre destination. Le temps poursuit son implacable route et vous faites de même.
La nuit tombe. Particulièrement opaque dans ces régions si reculées. D'après votre GPS, vous n'êtes plus qu'à peine à dix kilomètres de Persac. Quand, quittant la grand-route au détour d'un chemin, vous finissez par l'apercevoir.
C'est un petit village blotti à l'ombre d'une vallée endormie. Seulement éclairés par le faisceau de vos phares, les maisons semblent vides et abandonnées. Leurs murs de crépis sont lépreux, grisâtres, et usés par le temps. Leurs volés fermés ne laissent entrevoir aucune lumière ou aucune activité humaine, comme des visages de pierre fichés ici depuis des siècles. La civilisation elle-même semblerait avoir épargnée à ces lieux sa laideur habituelle s'il n'y avait ces lignes éléctriques au dessus de votre tête.
Vous éteignez votre GPS et ralentissez votre allure sur le chemin de terre, tous les sens aux aguets. En plus des ténèbres qui enveloppent l'avancée de votre véhicule, un silence sépulcral et anormalement pesant vous entoure. Pas le moindre grésillement de grillon ou hululement de chouette, seul le bruit de vos pneus écrasants le sol distingue l'endroit d'une ville fantôme. D'après Vicky, votre client vit dans une grande ferme encerclée de plusieurs champs aux abords du village, vous ne devriez donc pas avoir de mal à l'identifier. Un cri déchirant éventre tout à coup le silence. C'est un cri animal, un cri de douleur, de bête qu'on égorge. Usé par votre long trajet, vos doigts se promènent nerveusement sur le volant et vous commencez à vous demander ce qui vous a pris de venir dans un lieu si perdu sans même en savoir plus.
Vous sondez chaque nouveaux centimètres découverts par la lumière crue de vos phares quand soudain quelqu'un tape contre votre vitre. Pris au dépourvu vous étouffez un cri de peur, les deux pieds sur la pédale d'arrêt vous pillez littérallement sur place. L'individu vous fait alors un signe et après quelques instants pour reprendre vos esprits, vous baissez votre vitre. C'est un jeune homme brun aux robustes épaules, il porte une chemise sale retroussées jusqu'aux coudes. Sa mine est particulièrement pâle, chose on ne peut plus étrange dans une région si ensoleillée en cette période de l'année.
-Vous êtes le chasseur de démons ? S'empresse-t-il de demander avec un léger accent.
-Oui… on peut dire ça… lâchez-vous dans un souffle.
-Mon père vous attend dans ce cas, vous pouvez vous garer près de la grange là-bas.
Son doigt se dirige sur un point de l'obscurité au bout duquel vous ne voyez rien.
Devant votre air étonné, il poursuit :
-Oui, on n'y voit pas grand chose, je vais vous guider.
Il s'assoit côté voyageur et vous avancez jusqu'à la grange en question. Vous coupez le contact et le suivez vers un grand bâtiment dont seuls les contours sont visibles à cette heure avancée de la nuit.
Vous pénétrez dans un vaste salon encadré de deux grands escaliers montant jusqu'à l'étage. Au dessus d'une cheminée en marbre, plusieurs têtes d'animaux empaillés trônent fièrement sur le mur comme des trophées de chasse. Le sol boisé est presque entièrement recouvert d'un grand tapis aux motifs orientaux. Sur un vieux canapé disposé près de l'âtre, quatre personnes vous attendent. Trois hommes et un enfant d'une dizaine d'années. Tous de la même fratrie si on en juge par leur air familier. Le plus âgé d'entre eux, un homme d'une cinquantaine d'années aux tempes grisonnantes et au nez de boxeur, se lève à votre entrée.
-C'est le chasseur père, annonce l'homme qui vous attendait dehors.
-Quel soulagement de vous voir ici monsieur, s'exclame votre client en vous serrant chaleureusement la main, j'espère que le voyage n'a pas été trop laborieux.
- Je vous en prie, c'est un plaisir de visiter une si belle région, rétorquez-vous par pure courtoisie, effectivement las d'avoir parcouru autant de kilomètres.
-Je vous présente mes quatre fils, Pierre que vous connaissez déjà (il désigne l'homme aux larges épaules), Henri l'ainé, paul et enfin marc le petit dernier. Ma femme va vous préparer un bol de soupe, vous devez être affamé !
Il n'a pas tort rendez-vous au 83
Je suis relativement satisfait de la première partie (quoi que), par contre la seconde me fait un peu tiquer. Certains tournures/phrases me paraissent un peu maladroites voire de trop (genre le "le temps poursuit son implacable route et vous faites de même" qui tombe un peu comme un couperet), du coup j'ai du mal à avoir une vision d'ensemble.