09/02/2012, 21:23
La mienne démarre au crépuscule. 

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« Et donc, j'étais là, prisonnier de ce sort de Pétrification, tandis que les deux Golems de Fer se préparaient à me tailler en pièces... »
« Et alors, grand-père, qu'est-ce que tu as fait ? »
« Ce que la sorcière ne savait pas, Rory, c'est que j'avais justement sur moi l'Amulette de Constance. Ni une ni deux, je me libère du sort. Ces imbéciles de Golems réagissent, mais lentement, bien trop lentement ! Deux coups d'épée, tchak ! tchak ! et ce ne sont plus que deux tas de ferraille inanimés. Seule sur son trône, ses derniers maléfices épuisés, la Rose Noire était à ma merci. »
« Et alors, tu l'as tuée, dis, grand-père ? » demande le petit garçon avec enthousiasme.
« Non, Rory, non ! Je n'en avais pas le droit : ce n'était pas ma mission. Non, je l'ai capturée et conduite devant le prince, et elle a été jugée et condamnée pour tous les horribles crimes qu'elle avait commis. C'est important, la justice, Rory, mais elle ne doit pas être rendue par n'importe qui. »
Le petit garçon fait la moue. Il comprend confusément l'idée qu'essaie de lui inculquer son grand-père, mais à son âge, cela ne vaut pas grand-chose comparé à la perspective d'une bonne histoire qui se termine avec du sang. Enfin, Rory aime bien son grand-père quand même. Il a toujours de chouettes histoires à lui raconter et il ne l'oblige jamais à se coucher tôt. Pas comme maman !
« Rory ! Allez, c'est l'heure d'aller au lit ! Embrasse papy, dépêche-toi ! »
Quand on parle du loup... Le petit garçon passe ses bras potelés autour du cou de son grand-père et lui plante un gros baiser sur la joue avant de rentrer dans la maison, trottinant derrière l'imposante matrone qui lui a donné le jour. Resté seul sous le porche, le vieil homme tire d'une poche de son manteau sa vieille pipe, qu'il allume en regardant le vent agiter les hautes cimes des peupliers dans le lointain, tandis que le soleil couchant teinte le ciel de pourpre et d'or. Il tire quelques bouffées en repensant à son histoire, et à ce qu'il n'a pas raconté à Rory, ni à personne d'autre, jamais. Le bon vieux temps...
« Papa ! Arrête de rêvasser ! Tu devrais te dépêcher de rentrer, la nuit va bientôt tomber. »
Un rictus vient aux lèvres du vieil homme. S'il couchait ici, sa fille l'aurait sans doute déjà mis au lit en même temps que son propre fils. Cela fait deux ou trois ans qu'elle le traite comme une poupée de porcelaine, ce qui l'agace prodigieusement. Peut-être n'a-t-il plus les jambes ou les bras de ses vingt ans, mais tout de même, ce n'est pas cela qui va l'empêcher d'aller livrer lui-même ses pommes de terre au village ! Toutefois, il doit admettre qu'elle a raison sur ce point : il ferait effectivement mieux de rentrer. Rosie doit sûrement l'attendre pour dîner, et même si elle sait qu'il aime passer du temps avec leurs petits-enfants lorsqu'il rentre de livraison, la patience reste l'une des rares qualités qui lui font défaut. Et si le vieil homme a vu mugir les Taureaux de Bravant, s'il a entendu les vagues de l'Océan se briser sur les falaises de Massarmet, il ne craint rien tant que les colères de dame son épouse. Allons, il est grand temps de rentrer à la maison…
L'Âge des Héros
« Et donc, j'étais là, prisonnier de ce sort de Pétrification, tandis que les deux Golems de Fer se préparaient à me tailler en pièces... »
« Et alors, grand-père, qu'est-ce que tu as fait ? »
« Ce que la sorcière ne savait pas, Rory, c'est que j'avais justement sur moi l'Amulette de Constance. Ni une ni deux, je me libère du sort. Ces imbéciles de Golems réagissent, mais lentement, bien trop lentement ! Deux coups d'épée, tchak ! tchak ! et ce ne sont plus que deux tas de ferraille inanimés. Seule sur son trône, ses derniers maléfices épuisés, la Rose Noire était à ma merci. »
« Et alors, tu l'as tuée, dis, grand-père ? » demande le petit garçon avec enthousiasme.
« Non, Rory, non ! Je n'en avais pas le droit : ce n'était pas ma mission. Non, je l'ai capturée et conduite devant le prince, et elle a été jugée et condamnée pour tous les horribles crimes qu'elle avait commis. C'est important, la justice, Rory, mais elle ne doit pas être rendue par n'importe qui. »
Le petit garçon fait la moue. Il comprend confusément l'idée qu'essaie de lui inculquer son grand-père, mais à son âge, cela ne vaut pas grand-chose comparé à la perspective d'une bonne histoire qui se termine avec du sang. Enfin, Rory aime bien son grand-père quand même. Il a toujours de chouettes histoires à lui raconter et il ne l'oblige jamais à se coucher tôt. Pas comme maman !
« Rory ! Allez, c'est l'heure d'aller au lit ! Embrasse papy, dépêche-toi ! »
Quand on parle du loup... Le petit garçon passe ses bras potelés autour du cou de son grand-père et lui plante un gros baiser sur la joue avant de rentrer dans la maison, trottinant derrière l'imposante matrone qui lui a donné le jour. Resté seul sous le porche, le vieil homme tire d'une poche de son manteau sa vieille pipe, qu'il allume en regardant le vent agiter les hautes cimes des peupliers dans le lointain, tandis que le soleil couchant teinte le ciel de pourpre et d'or. Il tire quelques bouffées en repensant à son histoire, et à ce qu'il n'a pas raconté à Rory, ni à personne d'autre, jamais. Le bon vieux temps...
« Papa ! Arrête de rêvasser ! Tu devrais te dépêcher de rentrer, la nuit va bientôt tomber. »
Un rictus vient aux lèvres du vieil homme. S'il couchait ici, sa fille l'aurait sans doute déjà mis au lit en même temps que son propre fils. Cela fait deux ou trois ans qu'elle le traite comme une poupée de porcelaine, ce qui l'agace prodigieusement. Peut-être n'a-t-il plus les jambes ou les bras de ses vingt ans, mais tout de même, ce n'est pas cela qui va l'empêcher d'aller livrer lui-même ses pommes de terre au village ! Toutefois, il doit admettre qu'elle a raison sur ce point : il ferait effectivement mieux de rentrer. Rosie doit sûrement l'attendre pour dîner, et même si elle sait qu'il aime passer du temps avec leurs petits-enfants lorsqu'il rentre de livraison, la patience reste l'une des rares qualités qui lui font défaut. Et si le vieil homme a vu mugir les Taureaux de Bravant, s'il a entendu les vagues de l'Océan se briser sur les falaises de Massarmet, il ne craint rien tant que les colères de dame son épouse. Allons, il est grand temps de rentrer à la maison…