(24/08/2010, 08:10)Skarn a écrit : Je me suis donc mis en tête d'écrire une aventure où on jouerait quelqu'un plongé contre sa volonté dans de sombres cavernes. Cette fois, on serait vraiment dans l'obscurité la plus complète. Il devrait se débrouiller sans sa vue, seul, dans un environnement hostile.
C'est une idée tout à fait originale, mais qui aurait en effet été très difficile à réaliser (surtout pour une aventure dépassant les 100-150 paragraphes). Il aurait peut-être été utile d'avoir un environnement plus complexe que de simples cavernes, comme des ruines englouties ou quelque chose du genre.
Mon troisième projet abandonné - encore de l'héroic fantasy - avait une histoire nettement plus élaborée que les deux précédents et, sans avoir tracé le plan complet de l'aventure, j'avais tout de même réfléchi à beaucoup d'éléments importants.
L'histoire : le seigneur d'Argelannes a été un très grand aventurier. Pendant sa carrière, avec une poignée de compagnons, il a voyagé jusqu'à un pays lointain (de genre asiatique) où il a sauvé une princesse des griffes d'une redoutable sorcière. Coup de foudre réciproque (avec la princesse, pas la sorcière !), ils se marient et retournent dans le pays d'origine d'Argelannes, qui y obtient un titre de noblesse, des terres et de la fortune à force de bravoure. Le temps passe, le couple a des jumelles, qui atteignent l'âge de huit ans. Et puis, la belle histoire tourne mal : alors que toute la famille séjournaient dans la résidence privée qu'ils possèdent dans une vaste cité marchande, il y a une attaque de nuit foudroyante, les gardes sont massacrés, d'Argelannes et sa femme sont tués et les jumelles sont enlevées par les assaillants.
(A ce stade de mon résumé, je sais ce que vous êtes en train de vous dire, mais vous avez tort : je ne vous aurais pas fait incarner les jumelles.)
Fort heureusement, quatre personnes ont échappé aux mystérieux assaillants et vont désormais tout faire pour retrouver et secourir les deux fillettes. Inspiré en partie par l'Epée de Légende, j'avais envie de mettre en scène une équipe avec des talents complémentaires. J'avais même respecté la parité entre les sexes, puisqu'il y avait deux hommes et deux femmes.
Le premier homme, d'une cinquantaine d'années, était l'un des premiers compagnons d'Argelannes. Soldat expérimenté, il s'est découvert sur le tard un intérêt pour la magie (en mettant la main sur le grimoire de la sorcière précédemment citée). La forme de magie qu'il est parvenu à maîtriser nécessite de verser son propre sang et il est donc forcé de s'entailler la chair (plus ou moins sérieusement) à chaque fois qu'il veut utiliser un sort. Il maîtrise également l'alchimie et dispose au début du jeu d'un poison mortel et d'une potion conférant un bref instant d'invulnérabilité. N'ayant rien pu faire pour aider son seigneur et sa dame,
il est résolu à sauver au moins leurs filles.
Le deuxième homme, plus jeune, fait partie d'un groupe informel et dispersé de trouvères, qui sillonnent les routes pour recueillir histoires et légendes. Comme tous les membres de ce groupe, il possède une mémoire à peu près parfaite et des capacités surhumaines d'apprentissage (ce qui fait notamment de lui un polyglotte accompli). Il était l'hôte du seigneur d'Argelannes pour quelques jours (dans l'intention de recueillir le récit de ses aventures) lorsque l'attaque a eu lieu. Par loyauté envers son hôte défunt, compassion pour les fillettes et intérêt pour l'aventure, il a choisi de se joindre à la mission.
La première femme, d'une vingtaine d'années, est originaire du même pays que la dame d'Argelannes. Elle fait partie d'une secte de ninjas (grosso modo) et n'a que récemment achevé sa formation. Elle est très compétente en matière d'infiltration, d'espionnage et de combat à mains nues. La dame d'Argelannes s'étant adressée à la chef de secte pour avoir une garde du corps pour ses filles, la jeune initiée s'est vue envoyée dans un pays distant pour un rôle à ses yeux très peu glorieux. Après quelques semaines de bouderie, elle s'est sans le vouloir prise d'affection pour les deux fillettes, jusqu'à se considérer comme leur grande soeur. Le soir du drame, un message secret lui est parvenu de la chef de sa secte, lui ordonnant catégoriquement de quitter le service d'Argelannes et de rentrer au bercail. Elle a commencé à obéir, avant de changer d'avis. Le temps qu'elle regagne la demeure, l'attaque avait eu lieu et les fillettes avaient disparu. Elle est prête à absolument tout pour les sauver.
La deuxième femme, un peu plus âgé, est la plus étrange du petit groupe, car elle n'est qu'à moitié humaine. Elle est né dans un pays désertique, de manière mystérieuse, d'un être humain et d'une créature monstrueuse à la puissance presque divine. Pendant tout le début de sa vie, elle a elle-même existé comme une créature monstrueuse, tuant des êtres humains pour le plaisir. Puis elle a rencontré un adepte d'une secte mystique de guérisseurs, qui est parvenu non sans mal à faire ressortir sa nature humaine et à lui faire contrôler ses pulsions destructrices. Par la suite, elle a elle-même rejoint la secte et voyage désormais pour apporter des soins à ceux qui en ont besoin. Son apparence est totalement humaine, mais sa taille dépasse les deux mètres et elle est d'une force extraordinaire. Son entraînement au combat est très limité, mais l'enseignement de la secte lui a fait acquérir certains pouvoirs, notamment de guérison. Une seule fois au cours de l'aventure, elle peut libérer ses pouvoirs monstrueux, ce qui lui permet de remporter aussitôt à peu près n'importe quel combat. Elle était pour une nuit l'hôte de d'Argelannes lorsque l'attaque a eu lieu et a aussitôt choisi de rejoindre la mission de sauvetage.
L'aventure se serait déroulée sur moins de 24 heures, à travers la ville. Les ennemis viennent en fait de deux camps, alliés par pur intérêt. Il y a d'un côté le puissant seigneur de Ferval, qui voulait se débarrasser d'un rival redoutable ; les assaillants font essentiellement partie de sa garde surentraînée. Il y a aussi un cousin de la dame d'Argelannes, qui aimerait bien monter sur le trône de son pays. Lorsqu'elle s'est mariée, la dame d'Argelannes ne figurait sur la liste de successeurs au trône que de manière distante, mais une curieuse vague d'accidents mortels a changé les choses. Le cousin veut se débarrasser des quelques obstacles qui se tiennent encore (sans le savoir) sur sa route. Il commande un petit groupe de soldats et de mages, assaisonné de ninjas embauchés pour l'occasion. Comme il ne fait pas confiance à Ferval, il a exigé que les fillettes lui soient amenées afin qu'elles puissent être mises à mort sous ses yeux.
Il y aurait eu plusieurs fins possibles, mais sans variation très importante (certains des héros auraient pu se sacrifier afin de permettre aux autres de secourir les jumelles).
J'avais prévu essentiellement des combats de groupe, avec un élément tactique. Les personnages auraient dans certaines conditions pu se "mettre en retrait" du combat le temps d'utiliser la magie, une potion ou autre chose du genre. Ils auraient obtenu des bonus en se mettant à plusieurs contre un adversaire (ce qui aurait généralement été nécessaire, les adversaires en question étant du genre redoutable). Quatre ou cinq blessures auraient généralement suffi à tuer quelqu'un (la mort de l'un des héros signifiant l'échec pour le joueur). J'avais prévu diverses règles (notamment sur les armures) dont je ne me souviens plus guère aujourd'hui.
J'ai abandonné ce projet parce que, comme le montre ce résumé plutôt conséquent, il était tout simplement devenu trop lourd. Il m'aurait fallu au minimum 400 paragraphes, d'une longueur moyenne élevée, sans compter les combats à mettre en scène, les divers chemins qui devaient se recouper, les éléments du scénario à faire découvrir, les interactions entre les personnages, les descriptions du cadre urbain, etc. Je me souvenais du temps que j'avais passé sur des AVH de moins de 250 paragraphes et l'ampleur de ce projet-là m'a effrayé.