Fuck the IA !!
#1
C’est vrai que je ne passe plus trop sur le forum, et donc on pourrait me reprocher de venir ici simplement pousser un coup de gueule de vieux con. Car s’en est un. Un gros, un velu. Avec une pointe d’incompréhension, mêlée de dégout et de fatalisme aussi.

Et après, j’arrête, promis, j’arrête (et oui, c’est rédigé d’une traite, à l’instinct, avec les pieds).

L’IA va tuer la création, point barre.

Elle a déjà bien commencé le travail en fait, et en très peu de temps. Elle est presque partout désormais. Faut arrêter de prendre tout le monde pour des lapins de six semaines. Beaucoup de gens ont déjà recours à l’IA pour les illustrations certes (c’est pour le moment encore difficile à nier, même si certains usent de prétextes complètement pétés, nous expliquant que « tu vois, ça m’aide à prendre des décisions, juste pour tester des trucs, des compositions, mais pas de panique hein ! C’est moi qui suis à la base du bouzin, on gère, c’est fait maison »), mais force est de constater, de manière plus insidieuse, que pour les textes, c’est la même limonade. Le pire, c’est qu’ici aussi, probablement, alors qu’il n’y a rien à gagner.

On vous voit ! AI Classifier (HIVE) sur Chrome fait pas mal le taff d’ailleurs. C’est assez édifiant. Assumez ! On s'en bat le steak à la rigueur, mais dîtes le !

RDV1, c’était un espace de partage de créations parfois maladroites mais toujours sincères. Des trucs qu’on sortait avec ses tripes et qu’on soumettait aux autres, avec de temps à autre une angoisse légitime d’être jugé ou pas aimé. On s’engueulait, on claquait la porte et on revenait. Mais c’était nous qu’on lisait, nos histoires, nos forces, nos faiblesses, notre imaginaire, nos fautes d’orthographe, nos errances.

Le plaisir bordel ! Quel plaisir il y a à utiliser ce genre de procédé ? À part nous déposséder de ce qui nous constitue vraiment, intimement, cette part de fragilité, de poésie. L’IA c’est sordide, c’est moche, ça souille ce qui échappait encore au matérialisme, au mercantilisme. Quel espace de liberté nous reste-t-il pour s’évader encore du tout « technologique », du culte de la performance, de la compétition ?
 
Ô IA, je te pisse à la raie !

Un peu comme sur chess.com, où des types utilisent un ordinateur pour te battre, alors que toi tu fais juste une partie d’échecs pour passer le temps dans la salle d’attente parce que tu comprends, faut aller vacciner Wilson le chat… T’en as rien à cirer de gagner ou perdre en fait. Tu pensais simplement passer un moment avec quelqu’un qui partage la même passion que toi à l’autre bout du monde. Ce qui fait la base de la vie, l’interaction avec le monde vivant. C’est assez vertigineux quand on y songe. Le type t’a battu donc, enfin son ordinateur, alors qu’il n’y avait aucun enjeu. Il s’est effacé sciemment pour laisser le programme gagner à sa place, mais peut-être se persuade-t-il quand même que c’est lui qui a remporté la victoire. Qu’est ce qu’il retire de cette expérience, quel intérêt ? J’aurai pu jouer directement contre son ordinateur dans ce cas, le type ne sert plus à rien, remplacé, rendu obsolète par un processeur… Mise en abime.

A terme, si on ne fait pas gaffe, je crains que ça effacera le vivant.

Autre exemple :
Un prof, un dimanche après midi se dit qu’il n’a pas encore pondu le sujet de dissertation pour le soumettre à ses élèves, le lendemain. Pas de panique, il demande une proposition à ChatGPT sur disons, au hasard « La raison et la vérité ». 

Faisons-le, en direct.

Mon prompt « Donne-moi un sujet de philosophie de niveau terminale avec comme thème la Raison et la Vérité »

Réponse de ChatGPT « La raison est-elle un guide suffisant pour atteindre la vérité ? ». Ce sujet invite à réfléchir sur le rôle de la raison dans la recherche de la vérité, en s'interrogeant sur ses limites et sur les autres moyens possibles pour y parvenir (intuition, expérience, croyances, etc.). Il permet d’aborder des philosophes comme Descartes, Kant ou encore Nietzsche, qui ont proposé des visions différentes du rapport entre raison et vérité.

Parfait ! Imaginons qu’il soumette le sujet tel quel à sa classe. Le sujet paraît chiant, pour Timéo, élève pressé, qui demande direct à ChatGPT de lui pondre une dissertation sur le sujet en question.

Je vous mets juste le début :

« Introduction
Depuis l’Antiquité, la raison est perçue comme l’outil par excellence permettant à l’être humain d’accéder à la vérité. Descartes, par exemple, a érigé la raison en fondement de sa méthode philosophique, estimant qu’elle permettait d’établir des certitudes indubitables. Mais la question demeure : la raison suffit-elle à elle seule pour atteindre la vérité, ou bien ses limites nécessitent-elles le recours à d’autres moyens, comme l’expérience sensible ou la foi ? En effet, si la raison semble être un guide fiable vers la vérité, elle est également sujette à des erreurs et à des biais. Pour répondre à cette question, nous examinerons d’abord en quoi la raison apparaît comme un outil privilégié d’accès à la vérité, avant de mettre en lumière ses limites, pour ensuite explorer la nécessité de la compléter par d’autres moyens d’accès à la vérité.

I. La raison comme outil privilégié pour atteindre la vérité
La raison est souvent considérée comme le moyen le plus fiable pour atteindre la vérité, car elle permet de penser de manière logique et cohérente, d’établir des principes universels, et de démontrer des conclusions. Ainsi, la raison constitue un instrument de connaissance qui, en s'appuyant sur la logique, permet de s’approcher du vrai….
Blablabla »

Ok, dissertation effectuée en 15 secondes, je ne relis pas, je la rends direct au prof.

Sauf que le prof a pas le temps de corriger donc il copie-colle la dissertation et demande à ChatGPT de mettre une note et une appréciation.

Mon prompt « Je suis prof de terminale, merci de noter cette dissertation et de mettre une appréciation ».

Réponse de ChatGPT « Note : 18/20. Appréciation : Cette dissertation est très bien construite, avec une structure claire et une progression logique dans l'argumentation. L'introduction pose bien la problématique, tout en rappelant des références philosophiques classiques comme Descartes, Kant et Pascal, ce qui montre une solide connaissance du sujet. La transition entre les parties est fluide, et chaque argument est illustré par des exemples pertinents, notamment des références à des philosophes majeurs, ce qui renforce la crédibilité de l'analyse.
Les limites de la raison sont bien développées, et l'ouverture vers la nécessité d’autres moyens pour accéder à la vérité, comme l'expérience sensible ou la foi, est pertinente et bien articulée. Les citations sont judicieusement employées et éclairent bien les propos.
Quelques pistes d'amélioration :
  • Il aurait été intéressant de pousser plus loin l’analyse sur le rôle de la raison dans un monde scientifique contemporain (comme le suggère la conclusion), en apportant des exemples plus actuels ou en explorant des perspectives plus modernes.
  • Un approfondissement sur le lien entre intuition et raisonnement, notamment en expliquant davantage en quoi l’intuition diffère ou complète le raisonnement logique, aurait également renforcé l'argumentaire.
En somme, un excellent travail, bien documenté et clairement structuré. Continuez ainsi ! »

Voilà, voilà… Où est l’humain là-dedans ? Zéro interaction, zéro cognition.

C’est ça que l’on veut ? Un monde absurde où se sont les machines qui se parlent entre elles et dans lequel on devient juste un medium de leur communication en pensant encore contrôler quoi que ce soit ? Après le gène égoïste, l'IA égoïste ?

Effrayant.

Quand on ne pourra plus distinguer le vrai, du faux, on se contentera du faux. Parce que ce faux deviendra le standard. Un standard facile, aseptisé, algorithmisé, prédigéré. On s’habituera. Y a bien des gens qui font la queue au MacDo. Mais le faux bordel, c’est sans consistance, ça brise tout, la confiance, l’altérité, le partage. C’est une bombe à fragmentation.

Et puis, au-delà de l’aspect vénal poussé par une volonté commerciale, ou alors, quand il n’y a pas de velléité marchande, la recherche de reconnaissance à moindre frais peut-être (un Ego Trip omniprésent dans cette société de performance), cela va jeter la suspicion partout et sur tout le monde.

Un peu comme dans le milieu cycliste, où, forcément dès qu’un mec réalise une performance, le soupçon entache immédiatement sa réussite. Et pour filer la métaphore du monde du vélo, forcément si des mecs qui ne se dopent pas et qui s’entraînent comme des malades, se font battre par des types qui trichent, et qui ne sont jamais inquiétés, deux solutions s’offrent à eux : arrêter la compétition ou faire comme les autres, tricher. Même dans des critériums à deux balles, ici en Bretagne, des courses amateurs du dimanche, t’as des mecs qu’arrivent chargés…

Mais bordel ! Dans quel but utiliser lA pour remplacer notre capacité à créer, à inventer des mondes, à imaginer ? La productivité, la performance ? Ah donc quand les machines baiseront à notre place, on baisera plus ? Et le plaisir de la création, de faire un truc par soi-même, se confrontant à son intériorité, à son vécu, ses limites, ses souffrances parfois, c’est de la merde en boite ?

Ça me dépasse.

Quand, grâce à l’IA on pourra pondre 50 livres dont vous êtes le héros par jour, on devra le faire ? C’est incroyable la fascination de l’être humain pour la technologie. C’est si dur à comprendre que ce n’est pas parce que c’est réalisable qu’il faut obligatoirement le faire !

J’ai un fusil, mon voisin me fait chier, je bute mon voisin… Absurde ? Pas tant que ça. Je ne bute pas mon voisin car si je fais ça, je vais en zonzon. Mais si c’était toléré, est-ce que je le ferai, maintenant que la perspective de la peine s’est envolée ?

C’est débile ? Ça n’a rien à voir ? Ok, alors parlons de problèmes plus concrets. A force de ne pas appréhender les externalités négatives de toutes ces « innovations », les rétroactions, les effets délétères à tous niveaux, on fonce dans le mur.

Ah oui, j’entends déjà les adeptes aveuglés m’expliquer que « Oui, mais en médecine, pour la gestion des systèmes énergétiques, blablabliblabla… ». C’est l’arbre qui cache la forêt. À chaque fois qu’on met sur le marché une nouvelle technologie, on nous explique qu’il y a un tas d’applications essentielles pour notre bien-être, la société… Et mon cul sur la commode ! On n’arrête pas le « progrès » hein !

Sans qu’on ne parvienne jamais à définir ce mot « Progrès » autrement que par le prisme de la performance… Quelle connerie. Et au bout du compte, ne reste que des usages de merde poussés par la recherche de profit, point ! La 5G ? Pour avoir des aspirateurs connectés, des barbecues connectés ! Un barbecue connecté, sans déconner. Qui envoie une alerte au gros Gérard en train de siffler son apéro et déblatérer avec ses potes, « Ouai, tu vois le RN, on n’a jamais essayé », et hop une vibration dans son cul, pour lui dire que ses merguez sont trop cuites… C’est le progrès donc. À la fin, ce sont toujours des usages militaires et de maximisation des profits qui l’emportent, sans regard pour les dégâts causés sur les écosystèmes, sur les gens, sur le social.

Ok, je m’éloigne du sujet initial. Mais s’éloigner, digresser, l’imprévu, c’est la définition même du mot exister, hein !

Or, ce qu’on nous promet, c’est un affadissement de la pensée, un conformisme de l’esprit, une omniprésence de la supervision par l’IA.

Car il ne faut pas s’y tromper. L’IA est beaucoup plus qu’un outil qu’on maitriserait sans peine. Le propos sur l’IA, qui ne serait qu’un algorithme prédictif, un modèle de langage, me fait d’ailleurs penser à la critique virulente qu’on opposait à Darwin (et qu’on continue d’opposer) à la théorie synthétique de l’évolution.

Parce que Darwin écrivait sur l’aspect universel des instincts sociaux, évoquant par exemple que les fourmis « reconnaissent leurs camarades après plusieurs mois d’absence et éprouvent de la sympathie les unes pour les autres », son propos était invariablement disqualifié. On remettait soudain en cause l’aspect sacré de l’homme, sa prétendue singularité, lui, être incarné ayant hérité d’un monde créé pour lui.

J’écris très modestement un livre sur la science et j’ai un brouillon qui explique un peu mieux cela :
« Patrick Tort nous renseigne tout au long de ses ouvrages sur la notion d’anthropomorphisme, souvent dévoyée. Comme le terme « individu », dont le sens premier est biologique et descriptif, il est recouvert d’un habillage fallacieux qui dénature son sens tel qu’utilisé par Darwin. Le naturaliste anglais nous propose une articulation entre l’histoire naturelle et la morale, une articulation qui serait matérialiste, naturaliste, sans recourir à la métaphore (incompréhensible) du « saut », du schisme entre monde animal et humain, que la plupart des philosophes et moralistes (Kant y compris) énoncent, considérant que l’on ne peut parler de morale et d’éthique qu’à partir de l’homme, comme étant l’apanage de l’homme. Ils balayent ainsi toute la biologie, réfutent la filiation dans le vivant, l’apparentement, jusqu’à la question de nature, forcément différente entre l’homme et l’animal. L’homme serait déterminé, aurait un but ; l’animal serait à son service, errant, sans conscience, de manière mécanique, en attendant un peu de considération de notre part, comme s’il espérait notre regard pour entrer dans le monde des vivants, désormais affublé d’un nom, d’une fonction, d’un rôle.

L’anthropomorphisme reste une question fondamentale, car Darwin est lui-même accusé de cela lorsqu’il parle du sentiment de la beauté chez les oiseaux ou des jeux de séduction. Pourtant, il emploie les seuls mots dont il dispose, ceux de l’humain, mais dans un dessein naturaliste et descriptif. Les mots de la seule intériorité animale possible qui peut se connaître elle-même, c’est-à-dire la nôtre. Quand il parle de l’intelligence des oiseaux, il se réfère à sa propre intelligence. L’intelligence humaine sera toujours juge de l’intelligence animale. Darwin évoque l’effort de séduction, la beauté, car il cherche, animé par une démarche naturaliste, à trouver dans le comportement animal un primordium de ce que nous connaissons nous-mêmes, et que nous appelons précisément sentiment de la beauté, séduction, conquête. « Il (Darwin) n’anthropomorphise pas l’animal, il zoologise l’homme », précise Patrick Tort. Car l’homme s’inscrit dans l’animalité. Ce n’est donc pas de l’anthropomorphisme, mais une didactique du transformisme au sens propre. Nous sommes comme eux, ils sont comme nous sous certains rapports. La différence entre nous n’est pas une question de nature, mais de degrés. C’est un usage savant de l’anthropomorphisme, qui doit en même temps nous tenir à distance, ou du moins nous faire considérer avec prudence l’anthropomorphisme non savant, trop souvent idéologisé. »

Pourquoi cette longue digression et quel est le rapport avec l’IA ? Simplement parce que nous portons souvent sur l’IA, me semble-t-il, un jugement un peu hâtif en ne voyant là qu’un simple outil mécanique. La réaction presque épidermique me parait en tout point comparable à la répulsion face à la théorie darwinienne.

L’IA nous renvoie une image constructiviste, mécanique, désenchantée de nous-mêmes en réalisant des tâches que nous croyions intrinsèquement nôtres et qui sont tout à fait accessibles à un ordinateur. En fait, cela démystifie tout un tas de concepts, cela fait s’écrouler une pyramide d’illusions sur notre propre nature.

Quelque part, ça pourrait être presque salvateur ! L’homme est un animal vaniteux. Nous détruisons cette planète et tous les êtres vivants qui la peuplent dans une folie aveugle, une course vers la performance, la production, les chimères du progrès. Tout cela au nom de notre prétendue supériorité, de notre incroyable intelligence. Et qu’est-ce qu’on voit ? Que les LLM font à peu près tout ce que pensions être l’apanage de l’esprit, souvent en beaucoup mieux. On a construit un miroir qui nous renvoie notre véritable image, laide et nihiliste, organique, désincarnée.

Faut-il alors, pour autant, renoncer à ses rêves, ses espérances, sa spiritualité ?

Pour notre pré carré à nous, c’est vraiment triste. Dommageable s’il faudra pour un concours comme le YAZ tester certains paragraphes des œuvres proposées pour voir s’il y a de l’IA dedans, (dans le cas où les gens qui y ont recours ne le précise pas…)
[+] 3 personnes remercient Gwalchmei pour ce message !
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#2
Je ne pense pas que l'IA va tuer la création, je pense qu'elle va permettre d'autres manières de créer.

Va-t-on pour autant être dépossédés de notre humanité, si tout ce qu'on fait, la machine le fait aussi? Je crois pas là non plus. Car il ne suffit pas de créer une œuvre, il faut quelqu'un pour l'apprécier. Et donc ce sera bien nous, en fin de compte, qui seront là pour dire "j'adore" ou "je déteste" pour toute création, qu'elle soit réalisée par entièrement quelqu'un, entièrement par une machine, ou par une alliance des deux.

La tendance fait que la part humaine de création va diminuer? Sans doute. Mais chaque humain pourra décider s'il apprécie ou pas les créations qu'on soumet à son jugement. Si j'apprécie un livre, une image, un film, réalisé par une IA, c'est ce que je ressens au plus profond de moi. Pourquoi faudrait-il que je culpabilise? Il y aura d'autres livres, images, films réalisés par une IA que je n'aimerai pas. Et pour les créations humaines idem, il y en a que j'apprécierai et pas d'autres, et idem pour les créations mixtes. Je ne dois donc pas me forcer à m'interdire d'aimer une création d'IA, ce serait aller contre ma nature.

Pour reprendre l'exemple des illustrateurs, ils ont forcément un fort ressenti contre ce mouvement, car ils se sentent menacés d'extinction, pour reprendre l'idée de l'Evolution. Je peux tout à fait compatir et ressentir de l'empathie face au fait qu'ils puissent par exemple perdre leur emploi s'ils n'arrivent pas à prendre le "train en marche". Je me sens désolé pour eux, mais je ne culpabilise pas si j'aime une illustration créée par IA ou par l'humain et l'IA. C'est le principe de l'évolution, il faut réussir à s'adapter. Il n'y a plus de rémouleurs par exemple. C'était un métier répandu et très utile à tous à une certaine époque. Aujourd'hui, c'est juste une poignée de personnes qui sont là pour perpétuer un savoir-faire. Et c'est très louable, que ce savoir ne se perde pas, mais on doit bien admettre qu'il ne nous sert plus du tout au quotidien. Qui sait, peut-être qu'il reviendra un jour d'ailleurs, avec la volonté d'entretenir ses outils ou lieu de les jeter et d'en racheter d'autres.

Pour l'image qui nous est renvoyée, oui nous somme aussi quelque part des machines, des machines chimiques avec notre patrimoine génétique. Qui peut évoluer au gré des petites erreurs de duplication, mais surtout grâce au mélange de la reproduction.
Nos émotions ne sont mécaniquement que des réactions chimiques. Du coup cela interroge vraiment sur notre "libre-arbitre". Notre cerveau s'adapte en fonction des stimuli, donc on a tendance à s'engager sur les rails d'une certaine manière de vivre et de penser. On avance, on évolue, mais on ne prend pas totalement une autre direction. Ce qui peut nous faire changer ce sont des rencontres ou événements fortuits ou marquants, qui peuvent modifier l'aiguillage et nous faire découvrir de nouveaux horizons.

Côté digression, pour parler aussi du RN, et de LFI, en admettant que l'on soit partisan de l'un des deux groupes, on est censé ne pas pouvoir blairer l'autre. L'autre en face est tout simplement irrécupérable. Pourtant à la base, un RN et un LFI étaient deux bébés sans autre différence que leur patrimoine génétique, qui ont été influencés par leurs parents (que ce soit en les approuvant ou les rejetant), leurs fréquentations (les complotistes par exemples se montent le bourrichon car entourés de complotistes - c'est un peu la même chose pour les membre de sectes), leurs études, ce qu'il on lu et regardé, ce qu'ils ont vécu comme bonne ou mauvaise expérience de la vie, etc. Chacun en son for intérieur a jugé bon d'aller vers un extrême (je note qu'il y a plus extrême des deux côtés mais passons), par réelle conviction (ou intérêt, on est quand même en politique!). Mais les militant de base, c'est un choix qu'ils ont mûri pour en arriver là, que ce soit RN ou LFI. Peut-être qu'ils ne sont pas au bout de leur réflexion, mais à un instant donné ils sont arrivés là, dans deux camps que "tout oppose" (il y a quand même des idées similaire, malgré eux).
Peut-être même qu'ils vont se murer dans leurs opinions, en altérant tout jugement critique, et deviendront effectivement "irrécupérables".

Mais il n'empêche que chacun est convaincu d'être sur le bon chemin après un parcours de réflexion. Tout comme un modéré centriste peut l'être. C'est le point commun. Il devrait être possible entre eux de discuter en se concentrant sur ce qui a guidé leur choix, plutôt que balancer des arguments et contre-arguments tout prêts. Mais encore une fois on est en politique, il faut gagner des voix, donc suivre aveuglément le mouvement et dire qu'on est les seuls à détenir la vérité. Mais si chacun pouvait comprendre le parcours de l'autre, comment il en est arrivé à une conclusion radicalement opposée, ça permettrait de quitter les œillères, de refuser tout échange car par principe l'autre en face est un demeuré. Chacun devrait pouvoir être curieux de savoir comment diable l'autre a-t-il ainsi pu faire fausse route? Car tout de même, je détiens la vérité, donc c'est assez singulier que l'autre se trompe systématiquement. Je veux en savoir plus!
Ça pourrait être un premier pas tenu, presque risible, vers l'autre. Mais ce serait toujours mieux que d'opposer un mur, voir carrément d'agresser verbalement et/ou physiquement "quelqu'un d'en face" dès que je le vois.
Avec des si...
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#3
Bonne ou mauvaise, l'IA va s'imposer dans les usages de tous les jours : ce n'est pas comme si on nous laissait le choix.
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#4
Well...

Une chose à lire, je pense, est ici : Eliza, considérée comme la première IA
https://fr.wikipedia.org/wiki/ELIZA

Ensuite, ton développement est franchement fondé et pertinent, et en tout cas, ton coup de gueule est indubitablement sincère !

Je pense comme Tholdur que " Je ne pense pas que l'IA va tuer la création, je pense qu'elle va permettre d'autres manières de créer. "
mais je pense aussi comme VoyageurSolitaire l'a évoqué dans un autre post : les gens s'en foutent.

Mais de toute évidence, ici on essaye d'en discuter simplement et profondément, comprenant qu'à la fois quelque chose de majeur se passe, que nous devons nous en inquiéter, pour nous, pour nos enfants et pour la création en général.

Au moins pour être en mesure de se faire un avis éclairé, un peu, à la lanterne des ermites.
Il me semble.


@ Oberon77
" Bonne ou mauvaise, l'IA va s'imposer dans les usages de tous les jours : ce n'est pas comme si on nous laissait le choix. "

Effectivement, de la même façon que tout le monde a utilisé Google, largement biaisé.

Et je crois profondément que le vrai danger est là : l'influence fondamentalement/volontairement biaisée des modèles LLM, par la taille et variété des Dataset, des filtres, des censures etc. 
Par exemple, de tous les modèles LLM que je fais tourner en local (sur ma machine), il n'y en a qu'un seul qui accepte de me raconter une blague sur les blondes. Tous les autres me disent que non, ce n'est pas respectueux...

Vous verrez, un jour on se vendra des modèles sous le manteau... des vieux modèles libres pour retrouver un peu de créativité passée !

Ah la SF, c'est chouette ! Ca donne envie non ? 

Wink

https://www.quefaitesvous.com
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#5
Eh oh, tu ne devrais pas être en train d'écrire une aventure interactive! Regarde toutes ces sections que tu n'as pas écrites pendant ce temps. Wink 

Bien sûr que tu as raison. L'humanité ne progressera pas grâce à cette voie, bien au contraire. Moi ce qui me fait surtout peur, c'est la perte de l'effort. Avec l'IA, on ne pense plus qu'au résultat et non plus au chemin qui permet d'y arriver.
Apprendre à jouer d'un instrument de musique, apprendre une langue étrangère, apprendre à dessiner, tout ça demande un travail de tous les jours, une abnégation qui en elle-même, rend celui qui y parvient plus fort, plus mâture, plus grand par l'humilité que lui impose ce long et difficile apprentissage.
Si on apprend aux gens qu'il n'y a plus besoin de discipline personnelle, plus besoin de temps à consacrer, plus besoin de progresser, que seul le produit fini compte, je ne vois pas en quoi cela va rendre les gens plus heureux à long terme, ils auront de moins en moins de sources de satisfactions personnelles (à part le cycle sans fin de la consommation).

Après, pour en revenir aux AVH, je comprends que certains apprécient d'utiliser l'IA pour donner encore plus de vie à leurs idées. Ces dessins qui donnent du corps à notre imaginaire, ça a un côté magique.
Par contre, si le devenir des LDVELH doit être de se passer des dessinateurs pour ne plus être illustrés qu'en IA, ce serait en effet très triste. Quand je vois que mon jeu de figurines préféré, Warhammer Underworlds, après 7 ans à faire des cartes avec dessinateur, vient de créer une nouvelle édition avec seulement des photos de figurines peintes... C'est pas de l'IA, mais ça a le même point commun de couter moins cher.
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#6
@ Gwalchmei : j'ai appuyé 1000 fois sur l'icône "Remercier" mais ça refuse de marquer "1 personne remercie 1000 fois Gwalchmei pour ce message !"... Damned.
Anywhere out of the world
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#7
J'ai envie de copier coller ton texte et l'envoyer à Chat GPT Smile Non,sérieusement merci! Et aussi pour le passage sur Darwin qui exprime trop bien ce que je ne sais pas mettre en forme.
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#8
Moi je ne doute pas que beaucoup de gens ici vont continuer à écrire des histoires authentiques pendant très longtemps. À moins que quelqu'un me dise qu'utiliser l'IA comble sont besoin d'écrire ?? Bien sûr, je ne doute pas non plus qu'il y aura des aventures conçues par IA à gauche à droite, à profusion ou pas, mais encore là suis loin d'être sûr qu'elles me plairont.

C'est un peu comme le cinéma : ça fait à peu près 20 ans que 90% de ce qui sort d'Hollywood, c'est des films de super héros d'un ennui.... zzzzzzzzzzzzzzzz, je les évite c'est tout. Quand on se donne la peine, on trouve toujours de petites pépites.
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#9
'tain, vous faites chier, vous m'obligez à jouer le méchant. Smile

Vous ne comprenez pas la nature de l'IA en termes informatiques, et tant que vous n'aurez pas compris vous n 'en verrez pas le véritable danger.

L'IA est un moteur de rechercher sémantique probabiliste. Point barre. Rien d'autre. C"est Google + bing + yahoo + qwant + &co en mieux.

1 - il ne sait pas plus que ce sur quoi il a été entrainé. = biais.
2 - il ne dira jamais qu'il ne sait pas, il te donnera la plus pourrie des proba qu'il a trouvé = "hallucination"
3 - il est entrainé sur du langage humain => il faut lui parler humain. S'il était entrainé en Klingon, il faudrait lui parler en Klingon.

La vraie rupture, c'est qu'on a modélisé le sens d'un mot en chiffres (vecteurs). On a numérisé le sens, sans la conscience. <= terrible non ?

C'est tout, rien d'autre.

On a pas mis les émotions en chiffres, ni la conscience, ni l'intelligence, ni la creativité, ni l'empathie etc.

Juste, au lieu de dire "food" est proche de "foot", maintenant on a un système sémantique numérique qui permet de dire : "ah bah non ! pas du tout ! Ca n'a rien à voir !"
Rien d'autre !

Voilà comment moi j'utilise les chatBot : 
J'écris actuellement une petite AVH sur le minotaure.
Je ne connais pas l'histoire du minotaure, mais ca me fait kiffer.
Je sais que les modèles d'ia ont poncé en large et en travers tous les écris des mythologies, donc le risque d'hallucination est négligeable.
Et je n’arrête pas de demander , genre : qui etait un poète éventuel aux temps mythologiques de Minos et du Minotaure ? = Musée et Orphée etc...
et voilà. J'apprends, facilement. Vous voulez que je me tape une journée de recherche sur les moteurs à
pour trouver la même info ? sérieux ? Que je questionne le pere fourasse ?!

Vous vous méprenez sur la réelle plus value de l'IA : c'est un moteur de recherche sémantique ++ . rien d'autre. RIEN D'AUTRE.

Et oui, là où ça fait chier, c'est quand il te sort une phrase bien meilleure que tu ne l'aurais écrite (ou un dessin)
Eh ben ouais, ca fait chier. C'est mieux que moi. En même temps, en termes de proba, il a pioché dans tous les meilleurs écrits contextuellement adaptés et il me sort la meilleure proba... Mange tes dents. Pose-toi des questions sur ton essence.
La meilleure proba est bien meilleure que moi... que faire de ce constat ?.. Rien à fou... Moi d'abord !

Et donc, si je prends sa phrase optimisée. Si plus tard on me dit "top nickel ! magnifique ! Bravo !" Qui est remercié ? Moi ?!
Non, bien évidemment que non. On sait tous que le noeud du problème est là : ce n'est pas de moi. Ce n'est pas littérairement de moi.

Pas encore en tout cas, car bientôt l'IA pourra être entrainée sur mon style littéraire (c'est de l'avant garde, mais c'est déjà là) .
=> quand vous pourrez dire à l'IA de respecter le style de votre corpus littéraire pour vous faire des propositions... Ca va changer votre avis vous pensez ? Quand l'IA sera en mesure de vous proposer du "vous-même" ... (c'est la prochaine étape, cela s'appelle un RAG)
Ou que l'IA vous dira "ah bah attention ! au paragraphe 123 vous dites d'autres émotions du personnage ABC et cela risque de générer une incohérence !" Ce sera de la triche ?

Il n'y a pas de triche, dans le sens où j'aurais pu faire appel à un copain, mais il y a un vrai problème, ou tout du moins une question, d'intégrité, de conscience, d’honnêteté intellectuelle. Est-ce qu'il faut citer le chatBot en co-auteur ? Jamais de la vie ! ce n'est qu'une brosse à dent électrique ! un correcteur orthographique sous stéroïdes. Un copain, oui, il est dans les crédits, ou remercié en avant-propos.

Ce que vous craignez (et moi aussi) c'est que des nazes publient, voire vendent, mieux que nous, juste par des prompts. Pire... que cela soit bien. 

Et c'est une crainte légitime et fondée, hélas. 

Par contre, l'IA est une vraie plus-value, surtout pour vous (nous), en termes d'accès à la connaissance, au savoir, à certaines subtilités (si elle a été entrainée dessus)
Si vous pensez que c'est plus honorable de se taper des recherches documentaires par Google &co ... tant mieux pour vous. Moi je n'hésite pas à mettre pleine gueule à mon ChatBot et lui faire m'expliquer en long, large et travers ce que je veux savoir, car ce n'est pas un assistant qui veut me remplacer, mais une putain de brosse à dent électrique qui m'aide à être meilleur. Elle ne comprend pas ce qu'elle me dit, elle me résume de façon intelligible ce qu'elle sait. Charge à moi de comprendre, creuser, utiliser.

Voilà

Donc, ben non... je ne savais pas que "Musée" était un "apprenti" de "Orphée"... et il n'y a pas de fragments, mais ça colle avec mon AVH.  etc. etc. Et j'adore en parler avec mon chatBot, à le questionner, à lui demander de références, ses sources, à vérifier, à enquêter, à poser des questions très très cons, sans honte car c'est une brosse à dent électrique...

L'IA ne fait pas à votre place.
L'IA calcule la meilleure proba, optimisée, sur votre question. Point.
Les usurpateurs feront un copier-coller, les autres auront un piolet de plus pour l'excellence.

Je ne me fais aucun soucis pour la créativité ici. Je ne crois pas une seule seconde que, ici, quelqu'un sortira une AVH où il aura juste été l'assistant d'une IA.
Par contre, que les écrits évoluent, qu'ils soient plus chiadés sur des aspects que l'auteur ne maîtrise pas, oui, c'est possible et probable. Et tant mieux !
Moi ça ne me pose aucun problème. Rapidement, je pense, les usurpateurs, les vrais,  seront levés.


Je vais finir par ceci . La Harward Business School a fait une étude. Comparaison de gain de productivité avec IA entre consultants experts et juniors.
Juniors : +47 %
Experts : +13%

Oui, mais. Les juniors ont un risque réel de produire de la me... car ils ne comprennent pas ce qu'ils copient-collent
et les experts gagnent peu, mais un peu, sur ce à quoi ils n'avaient pas pensé par exemple.

Vous êtes des experts. Vous êtes des experts d'un talent très particulier: les AVH.

Oui, si on était sur un forum d'auteurs de livres sur les affres d'un(e) trentenaire contemporain(e) en mono-parental qui se pose plein de questions sur la vie, sa vie et celle de ses enfants bla bla bla gna gna gna ... ok, ça ne serait pas aussi évident.
Mais on n'est pas là. Même si d'un coup de j'ai envie de proposer 'monoparental" pour le prochain thème des mini-Yaz Smile Smile Smile

Il y a zéro danger de "triche" ici, pour moi. Au pire des images, mais on s'en fiche, on est sur un forum de scribouillards++, pas de barbouilleurs.

Alors où est le danger ? Pour des AVH ?

Aucun selon moi.  Rien, nada.

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#10
La question que soulève Gwalchmei est bien plus profonde que simplement celle de l'IA. Elle renvoie à ce que nous sommes et ce qu'est notre conscience. L'IA c'est juste des mots mis sous forme de chiffres ? Donc un codage. Exact. Le truc c'est que aujourd'hui il y a toute une partie de la communauté "scientifique", illustrée par Yuval Noah Harari (je mets scientifique avec des guillemets) qui vend énormément de bouquins et qui nous explique que l'esprit humain n'est rien d'autre que de l'information codée. Et donc, pour reprendre Gwalchmei il'y aurait qu'une différence de "degré" et pas de "nature" entre l'IA et nous. Je suis infoutu de savoir si ma conscience d'être moi-même n'est que le produit d'une manière très complexe d'agencer l'information, ou si il reste là-dedans quelque chose d'irréductible qu'on peut appeler "l'âme" mais je comprends bien que le problème est là.
Le problème c'est que Gwalchmei décrit très bien comment l'IA va boucler sur elle-même, comment c'est très certainement déjà en train d'arriver. Et en sciences cognitives ce bouclage sur soi est précisément la définition de la conscience. Il n'y a pas beaucoup de chemin pour imaginer qu'une IA s'assignera assez vite pour objectif de subvenir à sa propre survie (et oui, parce que en bouclant sur elle-même elle peut modifier son code, c'est déjà arrivé je précise). Et quand on sait la quantité de ressources que nécessite sa survie, que restera-t-il de l'humanité ?
Modestement, ça rejoint complètement ce que j'avais essayé de mettre en scène dans "Disruption".
Tu dis que l'IA va s'entraîner sur nos styles littéraires ? Oui, pour nos générations peut-être. Mais la réalité c'est que pour ceux qui auront été biberonnés à l'IA,ils n'auront plus de style littéraire, parce que ils n'écriront plus. Ils laisseront l'IA envoyer des messages pour eux, de la même manière que le peuple allait voir les écrivins public pour envyer des lettres à leurs amoureux. L'IA n'aura plus rien d'autre à copier qu'elle-même.
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#11
Pour écrire, je me documentebavec des bouquins et encore plus avec un moteur de recherches comme Google. Le fait de ne pas tomber à chaque fois sur le renseignement que je veux me fait découvrir d'autres aspects sur lesquels je m'attarde. Cela me donne de nouvelles idées, j'ai fait des recherches sur d'autres choses que ce que j'avais prévu au départ, des infos inattendues et encore plus intéressantes. Certes ça prend plus de temps, mais l'aventure prend parfois une tournure plus sympa que si j'avais trouvé immédiatement la réponse et j'ai appris bien plus de choses que ce que j'ambitionnais au départ.

Par contre mon fils, il adore l'IA. Il a passé les deux dernières années à rendre la moitié de ses devoirs grâce à l'IA et il a eu son Bac en contrôle continu en remerciant ChatGPT.
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#12
Dans notre milieu, j'ai le sentiment que l'IA ne peut pas faire grand chose, car nous sommes dans un secteur bien particulier. Il n'y a pas que l'histoire qui rend une AVH sympathique, il y a aussi le "feeling".
Cependant, je me sers parfois de ChatGPT. En aucun cas pour écrire les textes mais comme moteur de recherche, qui est 100 fois plus compétent que Google. Par exemple, pour l'un de mes prochains livres, je devais savoir comment était agencé un commissariat américain d'une petite ville. Impossible d'avoir la réponse sur Google. Par contre, sur ChatGPT, j'ai eu aussitôt la réponse et d'autres questions de ma part ont pu affiner mon histoire.
C'est bateau ce que je vais dire: l'IA est un outil, mais il ne doit pas remplacer l'art. Et moi aussi, ça me gonflerait, qu'un auteur écrive sous IA.
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#13
(08/10/2024, 07:10)Fitz a écrit : Par contre mon fils, il adore l'IA. Il a passé les deux dernières années à rendre la moitié de ses devoirs grâce à l'IA et il a eu son Bac en contrôle continu en remerciant ChatGPT.

LOL
C'est à la fois drôle, et bien sûr "tragique" (toutes proportions gardées). En tout cas ça résonne avec le post initial. Moi-même en tant qu'ex prof-formateur j'ai pu demander à ChatGPT de produire des données CSV pour alimenter des fichiers Excel d'exercice. Bon, il me restait quand même 70% du boulot à faire en posant des questions dessus, etc. M'enfin, on pourrait effectivement bientôt arriver à une généralisation de la boucle "questions posées par l'IA - réponses données par l'IA - correction effectuée par l'IA".

Pour l'instant, côté éducation, un bon moyen d'éviter ça reste le recours à l'oral (pas toujours facile à mettre en œuvre).
D'autres écoles se disent qu'il faut plutôt embrasser l'arrivée de l'IA et partir du principe que les écoliers/étudiants devront de toute façon travailler avec. Sans doute, mais comment l'enseigner et valider que les enseignements sont bien acquis ? C'est encore en friche, et des cours réalisés avec en tête une IA n°X resteront-ils pertinents lors de l'arrivée de l'IA X+2 ?
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#14
Concernant le post initial, je vais commencer par résumer rapidement mon parcours relatif aux IA multimédia.

AI & I
Avant le buzz ChatGPT, j'étais simplement impressionné par la capacité des IA de Google à interpréter de mieux en mieux ce qu'elles voyaient dans une photo. La capacité d'une IA à indiquer qu'elle voyait deux chiens courir dans un jardin m'estomaquait au plus haut point. Et puis pour de petites productions artistiques débiles j'utilisais le site "this person does not exist", puis les altérations deepdream.

Puis tout s'est accéléré, mes images cheloues un peu psychédéliques (déjà pas ouf à l'origine) sont devenus méga ringardes en quelques mois. Avec DALL-E & co, puis ChatGPT, on a connu l'explosion bien connue. C'était dingue. J'ai pris au bout de quelques temps un abonnement Midjourney, puis un autre à ChatGPT. J'ai même lancé une chaîne Youtube sur le sujet où j'ai analysé quelques articles et papiers scientifiques, comme cette expérience très drôle durant laquelle les chercheurs font vivre des espèces de PNJ dans un monde type JRPG, et leur proposent d'organiser des fêtes, etc. J'ai aussi utilisé ChatGPT pour m'assister en programmation (mon métier de base, qui est attaqué aussi mais dans une mesure difficile à jauger).

Puis révolte des artistes de l'illustration sur des bases éthiques. Révolte compréhensible, et rendue possible par la soudaineté et la puissance du phénomène. Les pros de la traduction ont souffert bien plus mais ce fut si progressif qu'au moment clé n'a permis (à ma connaissance) d'émettre un rejet des Google Translate et consorts. De l'autre côté, des techbros pensaient devenir riche rapidement grâce à l'IA, des gurus californiens annonçaient une AGI voire une ASI (les super IAs) sous peu (on ne peut pas encore leur donner tort mais si on assiste à des phénomènes de plateau).

Dans le monde de l'entreprise, il y a celles qui tirent vraiment parti des IA (pas forcément génératives) en connaissant leurs forces et leurs faiblesses, et celles qui ont cru à des génies de la lampe (RIP).

Au milieu, des scientifiques expliquent que ces IA sont une catastrophe environnementale, mais ce n'est pas très relayé.


Quid de la création artistique ?
Je n'oserais pas dire que ça va tuer "toute" création, mais ça en flingue une bonne partie probablement, du moins pour l'instant.

Comme dit plus haut, beaucoup de gens dans le public s'en foutent au final, dans le sens où l'origine de ce qu'ils voient sur les réseau sociaux ne leur importe pas toujours. Mais même là, il y a une brèche dont on n'a pas encore vu le bout. Lorsque tout le monde aura été abreuvé pendant des années d'images et de musiques IA magnifiques, incroyables, étonnantes... Qu'est-ce qui pourra encore nous surprendre et nous émouvoir ?

Les réseaux sociaux numériques avaient déjà commencer à nous "blaser", ça pourrait être de pire en pire. Déjà, parce que qui parmi les artistes aurait pris la peine de peindre à l'huile toutes ces images rocambolesques et parfois débilement drôles qu'une IA nous pond en 20 secondes ? (Homer Simpson affrontant Batman ou je ne sais quoi). Mais aussi parce que la simple surproduction va diluer notre appréciation individuelle de chaque oeuvre. Notre cerveau n'est peut-être pas très adapté à la cohabitation sereine avec le doom scrolling.


Au passage, qu'est-ce qu'un artiste IA ?
Les gens qui produisent des images avec Midjourney sont à comparer aux clients qui demandent à un artiste "je voudrais un superman en slip rose". L'artiste, c'est Midjourney.

J'admets qu'il peut exister des artistes IA mais je n'en ai pas encore vu bcp, et ça passe par des propositions vraiment décalées, originales, audacieuses, minutieuses. Le simple fait de passer des heures à sélectionner les meilleurs images d'une longue chiée, ça fait de nous l'équivalent d'un client chiant et riche, c'est tout.


Où me placer aujourd'hui ?
Chacun son positionnement, je ne prétends pas donner de leçon mais pour info j'exprime ma vision.

Au passage, je ne pense pas que nous soyons intrinsèquement supérieurs à des IA, je me vois comme un ordinateur biologique. Et je ne pense pas du tout, pas du tout, que l'IA soit un simple "outil". Mais j'aurais aimé que les robots remplaçent les métiers pénibles plutôt que les métiers funs.

Côté images
Il m'arrive encore d'utiliser un peu Midjourney pour des images que je n'aurais jamais acheté de toute façon (des miniatures pour vidéo youtube de chaîne super niche, ou des couvs simples pour des créations mineures comme la couv de ma dernière AVH par ex). Je considère à chaque fois ça comme du "placeholder" avec dans l'idée :
- que pour des créations à diffusion gratuite des dessineux pourraient vouloir collaborer gratuitement (comme lors d'une game jam de créa de jeux vidéo) ;
- que pour des créations à diffusion payante je n'oserais rien vendre qui contienne de l'image ou du texte IA de façon significative.

Côté texte
Je ne m'en sers pas pour ça. Heureusement, pour l'instant le résultat est merdique, mais pour combien de temps ? Et, oui, ça me fait chier d'imaginer qu'un jour je serai obsolète en tant qu'auteur. Et, oui, je pourrai toujours faire de l'art, mais ce sera alors probablement du spectacle vivant (en attendant les robots bipèdes Big Grin )

Côté programmation
Je m'en suis un peu, pour les trucs les plus chiants à faire (trouver la bonne lib pour obtenir un effet très précis). Je suppose que ça arrivera à nouveau, mais je privilégie d'abord les forums (l'IA génère bcp d'erreurs à ce stade).

Côté musique
J'ai un compte bandcamp où j'ai fait de la "musique" (hum) dark ambient expérimentale, à base de programmation (Sonic Pi), donc comme pour le texte ça m'embête d'utiliser une IA pour faire ce qui me donnait du plaisir lors de la création. On en est là : la production instantannée supprime le mérite et le fun de la création.


L'IA c'est le mal ?
Je sais pas, il y a de bons côtés c'est certain.
Toutefois, beaucoup de choses me dérangent dans le recours à l'IA, parmi lesquelles :
- non respect de la propriété intellectuelle
- coût en énergie
- coût en eau
- course à l'armement effrennée (deux sujets : course à la meilleure IA, et course aux robots tueurs ; au début on disait "m'enfin on fera jamais ça", et puis finalement...)
- abrutissement utilisé à des fins politiques (ok ok je vois venir les "mais on va développer d'autres compétences", certes mais bon j'attends de les voir pour l'instant, et en attendant les influenceurs de tout poil, commerciaux, religieux ou politiques, profitent bien des tiktokeries)
- analyse de comportements et manipulation, surveillance de masse à des fins commerciales ou autoritaires (on s'écarte des IA génératives)
- bouleversement du marché de l'emploi (certes il y a eu des révolutions industrielles qui ont fait le coup, mais ce n'est pas parce que dans 100 ans on aura fait le tri que c'est une raison pour ne pas aider les personnes qui vont en crever de faim aujourd'hui)
- les techbros fans d'Elon qui répètent sur twitter que "ce n'est pas l'IA qui va vous remplacer, mais des gens utilisant l'IA"

Mais en même temps je me dis que l'humanité se comporte collectivement de manière si stupide qu'une super IA serait peut-être une de nos meilleur chance de survie ? Malheureusement, les probabilités sont fortes de voir un telle IA (si elle est possible (je suppose que oui)) être créée par des gens peu philantropes. Un crash énergétique pourrait compromettre cette voie, de toute façon.

Si au moins cela pouvait justifier un salaire à vie (décent) assuré pour toutes et tous, ce serait déjà bien. Du Star Trek, en somme ? Big Grin


Les mots de la fin
Jouer à une AVH remplie d'illus IA, ça me rebute un peu (sans être forcément rédhibitoire). Par contre à l'achat, oui, je suis plus ou moins dans le boycott (mais on peut me tromper mille fois, c'est sûr). En vrai, je pense que les dessins faits mains même de mauvaise qualité peuvent redonner du charme (certes, les IA pourraient aussi en produire Smile).

Jouer à une AVH dont le texte est une production IA, ça ne m'intéresse pas du tout. Si je ne m'en rends pas compte, bravo, mais en général (à ce stade) on sent qu'un truc cloche (j'ai une anecdote simple mais parlante à ce sujet, que je raconterai plus tard).

Les artistes IA, j'attends de voir (sans être très pressé). Pour l'instant, 99,99% de ceux qui s'en réclament sont des bambins peu inspirés.
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#15
Ah, je n'a pas parlé de l'aspect "moteur de recherche" des IA.
Déjà, je ne parlerais pas de moteur de recherche sans guillemets parce que le fonctionnement (sauf plug-ins) est quand même très différent.

J'ai voulu m'en servir pour chercher des anecdotes historiques. ChatGPT m'a sorti des trucs géniaux, mais heureusement que j'ai vérifié avant de m'en servir (pour un jeu historique) car tout était faux.

Par contre, en tant qu'assistant pour du Worldbuiling, c'est cool et parfois vraiment impressionnant (ce n'est pas un perroquet, et pas un simple outil).
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