[m-yaz 2022] La Nuit des Moissonneurs
#31
J'ai oublié d'ajouter ceci : un lecteur a parlé de l'ambiance de Loup Solitaire ; pour ma part, c'est à celle du JdR Warhammer que j'ai pensé.
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#32
Oui Warhammer ! L'arrivée à l'auberge et l'ambiance m'avaient fait penser au premier scénario de Repose sans Paix : Nuit de Sang.
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#33
Roh, c'est trop d'honneur ! Redface Ce jeu de rôle a été mon point d'entrée dans une vision d'Europe médiévale tordue qui aurait convié Bosch, Leone, Lovecraft et Cronenberg à refaire les portraits...
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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#34
Une mini-AVH remarquable et qui tient le haut du panier. Quand je lis qu'elle fut « torchée à la truelle en trois semaines », je n'ose imaginer l'excellence qu'elle eut atteinte dans des conditions d'écritures réputées normales. Une candidate sérieuse pour le podium, me semble-t-il, même s'il me reste encore 4 propositions à lire.

~*~

J'aime particulièrement la clarté de la présentation : une belle police d'écriture, sobre, un alignement de bon aloi, des passages en gras et en italique, mais pas trop, la pagination. Je m'interroge sur la pertinence, à l'heure de la PAO, des coupures de mots en fin de ligne, mais disons que cela donne une petite touche personnelle pas désagréable.

Le style est très bon. Je n'ai pas vraiment de remarques d'ordre général à faire. Les erreurs d'orthographe mentionnées au fil des commentaires sont parfaitement normales ; nous en faisons tous. Cela vient simplement appuyer la nécessité systématique de se faire relire. Il y a quelques répétitions, comme le mot bâtiment au paragraphe 7, mais c'est anecdotique.

Histoire de pinailler, j'ai trouvé quelques tournures de phrase un peu lourdes, comme au paragraphe 16 : « Vous ne distinguez pas le visage de ce dernier qui l’a tourné vers le cheval ». C'est grammaticalement correct, mais syntaxiquement limite, le pronom devant généralement reprendre le dernier élément nommé de la phrase qu'il peut remplacer. Ici nous avons deux antécédents  « ce dernier » et « le visage » qui ont la même valeur et sont donc tous les deux remplaçables par « le ». Le sens nous indique évidemment que ce ne peut être que visage. Mais pendant un court instant, certaines personnes remplaceront, par effet de contiguïté, le dernier élément direct, « dernier », ce qui va entraîner une ambiguïté de lecture qu'il vaut mieux essayer d'éviter.
Autre exemple au paragraphes 7 : « Vous êtes arrivé à un carrefour où deux routes convergent avec la vôtre ; Gründorf se trouve dans la direction de celle de gauche, vers le nord. Entre elles, se dressent un bâtiment à un étage [...] ». C'est correct, il n'y a pas de problème. Mais l'antécédent « routes » est assez loin et « elles » s'identifie d'abord comme un animé féminin, avant de désigner un inanimé, mais lequel ? « Celle de gauche ; la direction ; la vôtre ; deux routes » ? Rappelons que nous lisons dans notre tête à voix haute et que le mot perd parfois certaines de ses caractéristiques écrites. Comme [ɛl] ne s'entend pas immédiatement au pluriel, c'est la suite de la phrase qui nous montre une dissonance entre phonétique et syntaxe. J'ai donc arrêté ma lecture deux secondes pour retrouver l'antécédent. Un « Entre ces dernières » l'auraient peut-être évité. Maintenant, il peut aussi s'agir d'un ressenti personnel.

Toujours avec le style, au paragraphe 26, l'amorce : « De l’arrière-boutique, mais si soudainement que ce semble être de nulle part, apparaît [...] » est très lourd et surtout contredit la soudaineté puisque l'action met du temps à se révéler. Une formulation plus vive, plus enlevée, aurait peut-être mieux convenu. « Soudainement, surgissant de l'arrière boutique, comme apparu de nulle part... » Mais là, on touche au style personnel, à l'intention de l'auteur. C'est donc très discutable.

Le microsoucis du paragraphe 8 : « d’une brusque poussée des bras et du tronc, vous achevez de vous hisser sur la brèche, puis vous aidez des débris pour prendre de la hauteur en grimaçant ». Je pense ici que Flam, comme toi Loi-Kymar, avez raison. La règle grammaticale est respectée. Rien à dire. Pourtant, lu rapidement, cette construction syntaxique génère une microrupture narrative, avant de réinterpréter le sens en revenant en arrière et en lisant plus lentement. Une fois encore, le soucis, c'est la fluidité de la lecture. Il ne doit y avoir pour le lecteur aucun heurt, contresens, ambiguïté, au sein du récit, ce qui a toujours pour effet de l'en sortir. Lorsqu'il y a une énumération de verbes, c'est-à-dire à base d'action ou d'état, je suggère toujours de conserver la préposition lorsqu'elle est présente en début d'énumération (ou éventuellement le pronom relatif). Cette répétition est minime, ne gêne pas réellement le lecteur et surtout lui permet de bien conserver le sens de la phrase, sans rupture ou erreur de grammaire (certains verbes pouvant accepter plusieurs prépositions, le sens reconstruit par le lecteur peut alors être différent de celui supposé par l'auteur). Ainsi, ici : « d’une brusque poussée des bras et du tronc, vous achevez de vous hisser sur la brèche, puis de vous aidez des débris pour prendre de la hauteur en grimaçant. »

Pour finir, comme souvent, je relève des soucis avec la virgule et le « et ». Ce n'est en aucun cas une faute, un « et » pouvant tout à fait suivre une virgule ; mais dans des cas précis. Plutôt que de réécrire un article bien fait, je vous propose d'aller lire Le « et » et la virgule : « Je t’aime, moi non plus », sur le blog Un monde sans fautes. Vous y trouverez la plupart des cas de figure.
Et donc, au paragraphe 39 : « Malgré son premier coup d’autant plus impressionnant qu’il vous a pris par surprise, l’homme ne semble pas un expert dans le maniement du poi­gnard, et son dérangement mental ne l’aide pas. Vous vous jetez sur lui pour tenter d’immobiliser son bras, et c’est la lutte. » La première virgule en gras est à supprimer. Mais pas la deuxième qui a un effet conclusif évident. Cette double occurrence (virgule, et) revient à de nombreuses reprises.

~*~

La nuit des moissonneurs est une histoire à l'ambiance très forte, épaisse, angoissante. Déjà, comme l'a dit VS, la sonorité des patronymes à consonance germanique est une bonne initiative. Cela génère automatiquement tout un réseau d'images qui évite de longues descriptions, qui permet de planter un décor et qui m'évoque la froide forêt allemande, der Schwartzwald, et son cortège de légendes. Et puis, comme l'a souligné Fitz, la tension qui apparaît dès que l'on entre dans l'auberge est remarquablement retransmise. J'étais oppressé. Tellement que j'ai dû interrompre ma lecture une minute avant de la reprendre. Je n'ose imaginer la puissance de cette séquence dans une AVH de taille normale.

Les rares personnages parviennent à inscrire leur tempérament au fur et à mesure de l'avancée du récit et j'ai vraiment bien aimé ces quelques caractères habilement croqués : fou, naïf, retors, brutal, impitoyable. Notre héros en fait naturellement parti, peu importe ce que nous ressentons : il exploite l'idiot, fuit ou se tait lorsque c'est nécessaire, peu avoir un honneur à géométrie variable. Seul bémol, éventuellement, avec spoileur donc attention. À la toute fin, si on est, et empoisonné, et sans suffisamment d'argent, on baisse la tête, résigné, et on part. Quitte à mourir alors que l'apothicaire avait de quoi nous sauver, je lui aurais planté mon couteau dans la gorge, histoire de faire bonne mesure (dans un monde implacable comme celui-là). Ou marchandé et eu une dette supplémentaire à rembourser.

L'aventure proposée est porteuse, comme le dit Gwalchmei, d'une attente très forte. Et c'est vrai tout au long de l'intrigue, jusqu'à l'arrivée en ville où le soufflé retombe. La faute aux 50 paragraphes, évidemment. Comme l'histoire offre une belle jouabilité, les développements scénaristiques s'étiolent rapidement. On est donc en présence d'une structure qui permet de rendre le peu d'événements rencontrés intenses et palpitants, mais au sein d'une histoire dont la portée narrative s'avère un chouïa faible, engendrant une pointe de déception après ce qui vient d'être lu.

Le message à transmettre est un MacGuffin qui ne me dérange pas, au contraire. Mais il est couplé à un autre message tout aussi mystérieux et dont on ne saura rien. Deux messages énigmatiques, cela commence à faire beaucoup (en terme de renouvellement narratif). J'ai subodoré que celui que recherchait le capitaine était celui porté par l'homme fou. Ce qui d'ailleurs conduit à la seule incohérence scénaristique que j'ai trouvée dans le récit. Il nous est dit au paragraphe 43 que l'on peut conserver le Parchemin. Alors comment se fait-il, lorsque les mercenaires nous fouillent, que ce Parchemin n'apparaisse pas, d'autant plus qu'il semble relié à l'auberge de l'Oie sauvage ? J'ai le sentiment qu'ici, il y a un manque ou un oubli. À moins que quelque chose m'ait échappé.

La mécanique du jeu est bien dosée, entre objets à posséder et qui déterminent subtilement les paragraphes accessibles, et les points de vie qui, au départ, semblent presque trop nombreux. J'ai même cru à un moment qu'il y avait un anti OTP, c'est-à-dire un seul chemin qui nous consumait tout nos points de vie. Mais c'était une mauvaise analyse de ma part, bien sûr, preuve qu'ici encore l'équilibre entre trop et trop peu a été trouvé. Les codes, eux aussi, ne sont pas trop nombreux (5) et ils assurent la ludicité de l'aventure, sa capacité à être rejouée. Je suis mort 4 fois (le loup, l'explosion, Poil, les pv), puis j'ai atteint une des fins possibles, celle avec insuffisamment d'argent, et finalement la bonne fin. Autant dire que je me suis bien amusé.


~*~


Conclusion
Une excellente mini-AVH, à l'ambiance forte, aux personnages bien trempés, nantie d'une écriture soignée et d'une mise en page efficace. Si quelques maladresses syntaxiques et lourdeurs stylistiques viennent parfois ralentir le rythme, le scénario, trop linéaire et trop elliptique, par contre, empêche de s'investir pleinement. Heureusement, la bonne jouabilité de l'ensemble contrebalance cette insuffisance et concourt à une lecture agréable et à un authentique plaisir de jeu.
Goburlicheur de chrastymèles
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#35
Un grand merci, Astre*Solitaire, pour ta lecture attentive, pointue, pointilleuse et encourageante, tes conseils et même tes pistes de réflexion !
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Quant au parchemin trouvé sur le corps...
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Cependant, le fait que tu aies émis une hypothèse au sujet de cet objet valide bien une bonne partie de ta critique sur le scénario : trop d'ellipses, trop de pistes ouvertes sans destination, des éléments d'arrière-plan écrits pour étoffer le récit mais qui le brouillent légèrement.
En revanche, je m'interroge sur ta qualification de "trop linéaire". Parles-tu de l'arborescence ou d'un autre aspect ? Le sujet m'intéresse.

Si je n'avais pas attendu la mi-mai pour me décider à participer au concours, il y a tant de petites chose que j'aurais pu polir dans cette mini-AVH. Par exemple...
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Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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#36
En parallèle avec la version soumise au Mini-Yaz, je viens de mettre en ligne une version corrigée en tenant compte de toutes les excellentes remarques d'Astre*Solitaire concernant l'écriture.
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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#37
L'intro est bien foutue et engageante, et l'idée d'incarner un coursier est sympa. Après j'ai eu du mal à rentrer dans le récit que j'ai trouvé souvent maladroit.
Ce que j'ai remarqué c'est parfois cette manière de raconter toutes les petites contingences triviales (vous entrez dans un champs de fraises, vous vous baissez, vous cueillez une fraise, vous voyez qu'elle est juteuse, vous la mangez, vous crachez les pépins, vous sortez du champ de fraise, le fermier vous poursuit,...) dans leur exact déroulement chronologique. Alors, certes, c'est un peu le principe du ldvelh, mais ça ne fonctionne pas toujours et il en résulte des phrases assez lourdes et maladroites, dont la plupart sont garnies d'explications inutiles, voire futiles qui cassent le récit. Je trouve que la forme mériterait d'être retravaillée pour une narration peut-être plus dynamique.


Un exemple §36 : "Tandis que vous lui narrez votre rencontre avec le loup, elle sort de sa poche une spatule en bois et vous invite à tirer la langue. Surpris, vous vous exécutez et, usant de la spatule pour tenir votre langue au-dehors, la femme se rapproche pour examiner le fond de votre bouche. Cela fait, elle vous relâche, et son diagnostic tombe comme une sentence." tout ça pour dire : "elle vous ausculte."


Un autre exemple au début du §4 : on s'en fiche un peu d'"aviser une grosse pierre" et de la "ramasser". Et il est aussi inutile de dire que le dément pillait le cadavre, car on l'avait bien compris au § précédent (comprendre un fait habilement suggéré est plus efficace que sa description triviale). Et idem pour "votre arme improvisée à l'appui" pourquoi en rajouter une couche ? on sait bien que c'est une arme, et qu'elle est improvisée. Ce genre de paraphrase alourdit le texte. A mon avis, toutes ces petites actions sans intérêt doivent être torchées le plus rapidement possible car ça n'apporte rien ni à l'aventure, ni au récit. quelque chose comme ça : "Vous lui intimez l'ordre de s'éloigner, en brandissant une pierre que vous avez ramassée", je trouve que c'est amplement suffisant.


un autre §43 "Vous n’avez guère le temps d’offrir une sépulture à cet infortuné. Avisant une branche feuillue tombée d’un arbre, vous la traînez jusqu’au cadavre pour l’en recouvrir. Puis, n’ayant plus rien à faire ici, vous quittez le cercle d’arbres pour rejoindre la route forestière et reprendre votre route d’un pas plus pressé qu’auparavant." Là aussi toute la description des actions n'est pas utile.
"vous couvrez le cadavre avec des branchages en guise de sépulture, avant de reprendre votre chemin avec empressement." suffirait. Je trouve globalement que le récit gagnerait à être plus concis en maints endroits.


Cependant, il faut reconnaitre que si cette mécanique a beau être lourde sur des futilités, elle fonctionne en revanche très bien pour la scène de la taverne aux moissonneurs, car elle maintient le suspense. Le bruit du loquet qu'on ouvre, les chuchotements qui s'éteignent et reprennent, les pas trainant, etc. On sent bien le truc monter.


J'ai repéré aussi quelques "effets d'annonce" ( phrases qui annoncent un évènement avant qu'il n'ait lieu, et spoile tout en étant redondant). Exemple §16 "vous découvrez une scène aussi violente qu'énigmatique" à quoi bon dire cela car la scène sera décrite juste après. Du coup ça casse l'effet. C'est comme le mec qui t'annonce qu'il a une blague super-méga-marrante. Après, il faut avouer que ça fait partie de la panoplie du ldvelh tels qu'on les a connus.
"la première chose que vous y remarquez" pareil, pourquoi s'encombrer de cette phrase au lieu d'attaquer directement la description du cheval. Les descriptions induisent automatiquement que le héros les voie.
idem pour "l'instant d'après vous remarquez deux silhouettes." On ne peut évidemment pas échapper à ces formulations dans un ldvelh mais je pense qu'il faut s'atteler à les supprimer autant que possible.
"deux silhouettes humaines masculines" j'ai une question (de peu d'importance, mais...) : pourquoi "humaines" ? pourquoi pas juste "deux silhouettes masculines" ?



§16 (le forcené qui fouille le cadavre) on sent que tu as l'image d'une scène bien définie en tête, mais la décrire avec toutes les précisions triviales qui la caractérisent n'est pas forcément la meilleure manière. Je crois qu'il faut souvent élaguer les choses inutiles. Le fait d'"invectiver le cheval" induit nécessairement qu'il a la tête tournée vers lui.
Continuons à pinailler : "l’auteur des hennissements" j'ai un peu tiqué sur cette formulation, d'autant que ça renforce encore l'effet d'annonce ATTENTION CHEVAL EN APPROCHE !
"un superbe cheval gris, mais à la beauté rendue glaçante par l’égarement qui l’agite. " C'est une belle formulation mais pourquoi ce "mais" ??. "un superbe cheval gris à la beauté rendue glaçante par l’égarement" moi je trouve ça plus joli comme ça. Je ne sais plus exactement où, mais j'ai repéré d'autres "mais" un peu superflus, ici et là, dans le même genre de construction.


Bon j'arrête là de pinailler. Pour finir sur une note positive, j'ai aimé l'aventure qui est très chouette et j'apprécie assez ce genre de petits enjeux comme livrer un colis ou gagner de quoi rembourser une dette. Il y a une bonne ambiance générale et des choix intéressants qui donnent envie d'explorer les différents chemins. Une terminologie de noms propres bien trouvée, et on se demande bien ce qu'est le fameux colis. La particularité de cette aventure, c'est que le personnage subit les évènements qui se liguent contre lui, ce qui le rend plutôt attachant et réaliste. Et ce point de vue est intéressant du vis à vis du jeu et des choix. La scène des moissonneurs est vraiment réussie, bien chargée en ambiance, en expectatives, et en questionnements. On aurait aimé qu'ils eussent un rôle plus développé dans la suite de l'avh.
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#38
Merci beaucoup pour ce commentaire, Fifre. C'est agréable de recevoir plusieurs retours constructifs de perspectives différentes sur ce qu'on a produit pour mieux en cerner les forces et faiblesses.

J'ai en effet cette faiblesse de croire que ce qu'on considère comme "trivial" ne devrait pas nécessairement l'être et que, dans une démarche d'immersion du lecteur, il peut être utile de lui en décrire l'aspect concret. J'ai suivi cette conviction autant que possible dans mes trois AVH, en tâchant de tenir compte du contexte (genre, registre, rythme à instaurer). Mais ici, de toute évidence, il y a eu quelques abus.

Sans garantir de reprendre telles quelles les formulations alternatives que tu proposes, je souscris à tes remarques et tâcherai d'en tenir compte à ma manière dans la version hors concours de l'AVH, en ligne depuis peu sur Littéraction.

J'ajouterai seulement que dans certains cas, ma décomposition de l'action vient du fait que je n'étais pas sûr que le protagoniste puisse résumer ce qui se passe avec les mêmes mots que l'auteur. Dans le cas de l'auscultation par l'apothicaire, par exemple, je ne peux pas affirmer que la pratique de la spatule dans la bouche cadre tout à fait avec un contexte "médiévalisant", c'est pourquoi j'ai décortiqué l'action comme si on la découvrait pour la première fois. Autre exemple...
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Merci encore pour ton attention portée à ce texte !
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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#39
Je n'ai pas le temps de développer, mais je ferai cela ce week-end.

Bien que je respecte ton opinion, je suis en parfait désaccord avec toi, Fifre, et je pense que Loi-Kymar ne doit surtout pas suivre tes recommandations ; ce qui n'engage que moi. Je reviendrai plus en détail ultérieurement sur chacun de tes arguments. Et même si ce qui suit donne cette impression, je ne rejette pas en bloc ce que tu avances, suggères, Fifre. Je pense que c'est plus un problème de conception, d'approche du texte et de la littérature en général.

J'estime que l'on n'écrit pas pour qu'il y ait du rythme, pour ne dire que l'utile – ce que fait une liste de courses –, ou pour rapidement planter un vague décor en carton pâte avant de proposer une ou des alternatives.
On écrit (je parle de littérature) pour coconstruire du sens à partir de représentations sémantiques socioculturelles qui s'organisent autour de la narration de l'auteur. Aller à l'essentiel en réduisant style et prose au minimum, c'est produire des notices pour téléviseur, c'est considérer une belle plume à l'aune de sa capacité à se condenser, histoire de faire entrer un roman de 350 pages dans 250, et c'est donc détruire le sens, l'atmosphère, la réflexion qui se développe au sein des jalons suggérés par l'auteur.

Pour caricaturer, je peux faire encore plus simple et plus efficace que « elle vous ausculte » :
En ville STOP Repérez l'apothicaire STOP Poil STOP Ausculter STOP Si 30 deniers : 17 ; Si pas 30 deniers : 41 STOP.

C'est suffisant pour être compris. J'analyserai la prose de Loi-Kymar pour démontrer pourquoi sa narration de l'examen buccal est supérieure à ce simple « elle vous ausculte ».
On peut également s'amuser à tailler ainsi dans le gras des auteurs classiques, à commencer par Balzac ou par Gautier dont La morte amoureuse n'est que la longue description des paysages et des intérieurs de l'Égypte. Les événements, l'utile quoi !, se racontent en 15 pages.

J'aurais bien d'autres développements et arguments à présenter, mais ce sera dès que j'aurais 5 minutes, ce qui me permettra aussi de nuancer mon propos et de finalement confronter ces visions opposées, mais pas forcément incompatibles, de l'écrit, de la littérature.


P.S. : j'ai rédigé ce petit commentaire à toute allure – ce qui n'est pas forcément très malin de ma part, mais je voulais réagir sur le vif. J'épère donc n'avoir offensé personne, ce dont je serais sincèrement désolé.
Goburlicheur de chrastymèles
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#40
Un équilibre à trouver je pense.
Une écriture "chargée" (gros guillemets) peut devenir un style, une signature pour un auteur. Le roman de la momie de Théophile Gauthier vous balance des descriptions à longueur de pages, jusqu'à trois pages en format poche pour vous décrire la maison ou la toilette d'une riche égyptienne du temps des Pharaons et pourtant, j'adore et l'immersion est réussie. Clark Ashton Smith s'est fait une spécialité des phrases lourdes, chargées, avec des sonorités archaïques, des mots anciens et c'est en parfait accord avec son genre, des mondes crépusculaires, des civilisations opulentes et décadentes, luxurieuses, des atmosphères pompeuses et étouffantes.
A l'opposé, on a un Robert E. Howard qui va à l'essentiel, avec un style vif, dynamique, des phrases courtes mais où chaque mot est bien choisi, a un impact certain, et des histoires prenantes, haletantes (simplistes aussi, soyons francs) qui se lisent en une heure maximum.

Perso, le style de Loi-Kymar me convient, c'est bien écrit, ça renforce l'immersion et j'écris de façon assez semblable bien que ces derniers temps, je fasse plus sobre et plus concis. Chacun verra midi à sa porte donc.
Pour être franc, je préfère quand-même, à choisir, la version longue si je puis dire plutôt qu'une AVH du style : "Vous prenez la route, il fait beau ce matin, le soleil brille, vous ne faites aucune mauvaise rencontre et le soir, vous arrivez à Pont de Pierre ".
Anywhere out of the world
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#41
Merci, les Solitaires, pour vos réactions. Moi aussi, j'ai précédemment répondu un peu vite à Fifre, je dois donc clarifier ma position à la lumière de vos réponses. Pour introduire cela très grossièrement : j'entends toutes vos opinions, et en tiens compte pour affiner ma propre technique.

J'écris mes AVH en m'efforçant d'établir une certaine immersion entre le lecteur-joueur et les expériences de son personnage. Cela forge quelques caractéristiques de style : détails des actions, verbes des perceptions du protagoniste ("vous remarquez", "vous avisez", etc.), quelques considérations intérieures. Pour reformuler ce que j'ai écrit précédemment : je me méfie un peu du terme "trivial" utilisé pour justifier la négligence de certains détails. Cependant, je n'ai jamais perdu de vue que cette approche contenait sa propre limite : ne pas laisser le phrasé nuire au ressenti de l'action par le lecteur – ressenti qui fait partie de ce que je vise, précisément, et où me renvoient les questions de "rythme", "dynamique"...

Je trouve que cette approche ne me réussit pas si mal jusqu'à maintenant, et je ne compte pas y renoncer. Cependant, en relisant posément La Nuit des Moissonneurs que, rappelons-le, j'ai composé dans une certaine précipitation, je ne peux que constater la présence de lourdeurs, de ces moments où le souci de figurer les scènes au détail près appesantit l'action plus que celle-ci ne l'exige. C'est pourquoi, sans faire aucune concession quant à ma démarche, des réajustements me semblent indéniablement nécessaires.

En marge de ce que j'ai présenté au Mini-Yaz, je vous invite tous trois à aller lire la version récemment ajoutée sur la page Littéraction de l'AVH, et à juger de la façon dont je tâche d'affiner le style sans donner au lecteur l'impression de porter par moments des bottes de plomb. J'y ai révisé l'ensemble du texte.
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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#42
Il y a des moments de toute façon qui nécessitent un style "chargé".
Dans Les tambours de Shamanka, quand le héros se retrouve crucifié à un arbre en plein soleil pendant des heures, je m'attarde sur la description de son ressenti, l'étirement des muscles, la douleur des articulations, la soif, le soleil qui brûle la peau, la fatigue, l'angoisse... Ce n'est pas le genre de situation où on peut se contenter d'écrire : "Vous voilà crucifié en plein soleil et ça fait mal"...
Anywhere out of the world
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#43
une première lecture terminée avec suffisamment d'argent, mais comme j'étais à Poil...
pff, allez, on recommence
une deuxième lecture où le sujet m'a explosé à la figure (ou plutôt à celle des autres, gniark gniark)...
mais bon, plus qu'à tout reprendre
il m'aura fallu quatre tentatives avant d'y arriver enfin !
question points de vie, il me semble que ça passe de toute façon, à l'inverse, question argent, ça tient du presque OTP !
et c'est ce qui assure la rejouabilité, servie aussi par une mise en page propre, un très bon style et une totale absence de fautes
en bref, je me suis amusé et, comme je le dis souvent, c'est le but, merci Loi-Kymar !
Le trolley part, minou !
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#44
J'ai toujours eu un faible pour les aventures "tranche de vie". Par là, je veux dire des aventures où le héros ne va pas changer le monde ni bouleverser complètement sa propre existence (ce qui ne l'empêchera pas nécessairement de faire face à des dangers très sérieux).

Cette aventure possède une très bonne atmosphère, tout à fait réaliste (y compris dans ce que le réalisme a de peu plaisant).

Je l'ai réussie du premier coup. Il y a un nombre de choix raisonnable, mais avec le recul, j'ai l'impression d'avoir été un peu sur des rails pendant le dernier tiers de l'aventure.

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#45
Merci, Outremer !

C'est en effet une limite de l'AVH que j'ai réalisée après coup : la fin du parcours jusqu'à Gründorf, qu'elle soit gagnante ou perdante, est entièrement fonction des codes acquis précédemment.
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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