Une vraie AVH concept, à la dimension et à l'ambition difficilement comparable, triplée d'une originalité à toute épreuve.
Déjà, l'héroïne que l'on interprète est haute en couleurs. Une jeune femme rebelle, gothique et très indépendante. Elle ne cesse de rejeter l'héritage familial, paternel en particulier, trop étouffant pour elle. Quant à sa morale, elle est axée sur la quête incessante de la liberté et le plus éloigné possible de l'influence judéo-chrétienne. Le fait que, lors de son parachutage au XVIIème siècle dans la bonne ville de Nantes, elle prenne comme 2ème option sans trop sourciller de se prostituer pour subvenir à ses besoins m'a fait écarquiller les yeux!
Mais comme ses pensées intimes sont brillamment décrites et qu'elle est malgré son tempérament direct d'une intelligence et d'une sensibilité propres à la remise en question personnelle, elle m'est devenue très rapidement attachante. Et me concernant, c'est une prouesse car malheureusement, en tant que lecteur, j'ai un plus de difficulté à me glisser dans la peau d'une femme que dans celle d'un homme. Ici aucun problème. L'écriture est vive et profonde à la fois. Elle va au coeur des choses et des pensées, souvent brutalement. Dès le début, la description sexuelle avec le démon a un côté provocateur et affranchi de toutes barrières. C'est impudique, barbare et obscène, ça secoue le lecteur d'AVH jusque dans ses tripes... Puis une touche de sensibilité qui ne dure que quelques mots vient donner de la vraisemblance à la scène. Un éclair de beauté et de raffinement après la débauche de violence verbale. En clair, il se dégage une maturité sur le fond en opposition avec le style familier, voire vulgaire parfois de la narration. J'ai trouvé ce mélange savoureux.
L'histoire et le contexte sont déstabilisants et diablement intrigants. On joue une fille de notre époque, qui se réveille dans une pièce en ne sachant pas comment elle est arrivée ici (on parle de Labyrinthe à plus d'un titre dans cette AVH!). En explorant les lieux, elle va découvrir des pièces évoquant la sorcellerie et le Moyen-Age. Puis, selon les directions prises, elle va basculer dans le futur sur une planète où cohabitent mal humains et aliens, chez les indigènes des Caraïbes du XVIIème ou même avec les pirates français de la même époque. Malgré ces situations et ces époques dangereuses, les scènes d'action sont fort rares, voire inexistantes. Les choix à faire sont ceux de la vie réelle : des décisions importantes pour infléchir notre vie ou des petites réparties dans un dialogue qui peuvent avoir de grandes conséquences. Si l'on excepte les choix directionnels du tout début, un peu fatigants à la longue, il s'agit d'une aventure exclusivement sociale. Notre rapport aux autres. Ce qu'on attend d'eux, ce qu'on attend de nous-même. La sensation de liberté est incroyable et s'explique par le nombre vertigineux de paragraphes. Il n'existe pas une voie mais une multitude de chemins. Et chacun est détaillé avec richesse sans que d'autres soient dédaignés. Il fallait une sacrée volonté pour réaliser un tel travail.
Mais le plus fou est que ce gigantesque arbre des possibles présente finalement une construction réfléchie. Il s'agit bien d'un dédale dans lequel on peut progresser à l'aide de "clés", les seules règles du jeu de cette aventure. Quand nous avons vécu quelque chose d'important, susceptible de nous faire évoluer, on gagne la possibilité de se rendre plus tard à une section cachée. Dans les faits, l'aventure est tellement vaste que je n'ai réussi qu'une fois en pas mal d'essais à utiliser une clé...
J'ai été très impressionné par le résultat. Malgré le scénario presque abracadabrant, le ton est hyper réaliste. Le langage aussi, cru et brut de décoffrage. Très moderne. C'est très efficace pour la fluidité et l'immersion. Je regrette juste que les envolées verbales soient assez souvent émaillées de fautes de français qui ne sont pas que des distorsions du vocabulaire convenu. Mais comment ne pas pardonner ça quand on pense au travail de relecture nécessaire pour un tel titan...
Surtout que lorsqu'on s'échappe un peu de la colère intérieure de l'héroïne qui semble marquer chacune de ses actions, on a droit à des passages magnifiques. C'est vraiment bien écrit. Et aussi bigrement documenté (les peuples Caraïbes, le contexte historique des pirates) ou issu d'une imagination fertile (l'aventure S-F).
Pourtant, ce que je retiendrai le plus, c'est la maturité déjà évoquée plus haut. Il s'agit en fait d'un récit initiatique, qui montre avec justesse combien l'être peut changer, évoluer, sortir de son inné pour développer ses acquis. Il y a une dimension philosophique encore plus marquante que les tribulations, pourtant très intéressantes, au sein des communautés que l'on peut croiser.
Pour ma part, j'ai obtenu après de nombreux échecs la fin de l'ange. Très belle et qui me va bien pour mon héroïne. On devine qu'il existe plein d'autres conclusions tout aussi originales et satisfaisantes, mais je n'ai pas le courage de les chercher tout de suite.
C'est peut-être un rare bémol personnel, le manque de véritable challenge. Cette liberté totale présente une face brillante et éblouissante. Mais le revers de la médaille pour ma part est qu'une fois une fin victorieuse obtenue, je n'ai plus la même motivation à aller chercher les autres. Alors que ça n'aurait pas été le cas si j'étais tombé sur d'autres échecs ou des semi-échecs, ou des victoires mitigées, en sachant qu'il existait l'équivalent d'un paragraphe 400.
Mais bon, ce n'est que très personnel, nombreux sont ceux à adorer les fins multiples. Et ça vient du fait que l'aventure est malgré tout difficile, très longue... et aussi que j'ai plein d'autres LDVELH à lire qui m'attendent!
Déjà, l'héroïne que l'on interprète est haute en couleurs. Une jeune femme rebelle, gothique et très indépendante. Elle ne cesse de rejeter l'héritage familial, paternel en particulier, trop étouffant pour elle. Quant à sa morale, elle est axée sur la quête incessante de la liberté et le plus éloigné possible de l'influence judéo-chrétienne. Le fait que, lors de son parachutage au XVIIème siècle dans la bonne ville de Nantes, elle prenne comme 2ème option sans trop sourciller de se prostituer pour subvenir à ses besoins m'a fait écarquiller les yeux!
Mais comme ses pensées intimes sont brillamment décrites et qu'elle est malgré son tempérament direct d'une intelligence et d'une sensibilité propres à la remise en question personnelle, elle m'est devenue très rapidement attachante. Et me concernant, c'est une prouesse car malheureusement, en tant que lecteur, j'ai un plus de difficulté à me glisser dans la peau d'une femme que dans celle d'un homme. Ici aucun problème. L'écriture est vive et profonde à la fois. Elle va au coeur des choses et des pensées, souvent brutalement. Dès le début, la description sexuelle avec le démon a un côté provocateur et affranchi de toutes barrières. C'est impudique, barbare et obscène, ça secoue le lecteur d'AVH jusque dans ses tripes... Puis une touche de sensibilité qui ne dure que quelques mots vient donner de la vraisemblance à la scène. Un éclair de beauté et de raffinement après la débauche de violence verbale. En clair, il se dégage une maturité sur le fond en opposition avec le style familier, voire vulgaire parfois de la narration. J'ai trouvé ce mélange savoureux.
L'histoire et le contexte sont déstabilisants et diablement intrigants. On joue une fille de notre époque, qui se réveille dans une pièce en ne sachant pas comment elle est arrivée ici (on parle de Labyrinthe à plus d'un titre dans cette AVH!). En explorant les lieux, elle va découvrir des pièces évoquant la sorcellerie et le Moyen-Age. Puis, selon les directions prises, elle va basculer dans le futur sur une planète où cohabitent mal humains et aliens, chez les indigènes des Caraïbes du XVIIème ou même avec les pirates français de la même époque. Malgré ces situations et ces époques dangereuses, les scènes d'action sont fort rares, voire inexistantes. Les choix à faire sont ceux de la vie réelle : des décisions importantes pour infléchir notre vie ou des petites réparties dans un dialogue qui peuvent avoir de grandes conséquences. Si l'on excepte les choix directionnels du tout début, un peu fatigants à la longue, il s'agit d'une aventure exclusivement sociale. Notre rapport aux autres. Ce qu'on attend d'eux, ce qu'on attend de nous-même. La sensation de liberté est incroyable et s'explique par le nombre vertigineux de paragraphes. Il n'existe pas une voie mais une multitude de chemins. Et chacun est détaillé avec richesse sans que d'autres soient dédaignés. Il fallait une sacrée volonté pour réaliser un tel travail.
Mais le plus fou est que ce gigantesque arbre des possibles présente finalement une construction réfléchie. Il s'agit bien d'un dédale dans lequel on peut progresser à l'aide de "clés", les seules règles du jeu de cette aventure. Quand nous avons vécu quelque chose d'important, susceptible de nous faire évoluer, on gagne la possibilité de se rendre plus tard à une section cachée. Dans les faits, l'aventure est tellement vaste que je n'ai réussi qu'une fois en pas mal d'essais à utiliser une clé...
J'ai été très impressionné par le résultat. Malgré le scénario presque abracadabrant, le ton est hyper réaliste. Le langage aussi, cru et brut de décoffrage. Très moderne. C'est très efficace pour la fluidité et l'immersion. Je regrette juste que les envolées verbales soient assez souvent émaillées de fautes de français qui ne sont pas que des distorsions du vocabulaire convenu. Mais comment ne pas pardonner ça quand on pense au travail de relecture nécessaire pour un tel titan...
Surtout que lorsqu'on s'échappe un peu de la colère intérieure de l'héroïne qui semble marquer chacune de ses actions, on a droit à des passages magnifiques. C'est vraiment bien écrit. Et aussi bigrement documenté (les peuples Caraïbes, le contexte historique des pirates) ou issu d'une imagination fertile (l'aventure S-F).
Pourtant, ce que je retiendrai le plus, c'est la maturité déjà évoquée plus haut. Il s'agit en fait d'un récit initiatique, qui montre avec justesse combien l'être peut changer, évoluer, sortir de son inné pour développer ses acquis. Il y a une dimension philosophique encore plus marquante que les tribulations, pourtant très intéressantes, au sein des communautés que l'on peut croiser.
Pour ma part, j'ai obtenu après de nombreux échecs la fin de l'ange. Très belle et qui me va bien pour mon héroïne. On devine qu'il existe plein d'autres conclusions tout aussi originales et satisfaisantes, mais je n'ai pas le courage de les chercher tout de suite.
C'est peut-être un rare bémol personnel, le manque de véritable challenge. Cette liberté totale présente une face brillante et éblouissante. Mais le revers de la médaille pour ma part est qu'une fois une fin victorieuse obtenue, je n'ai plus la même motivation à aller chercher les autres. Alors que ça n'aurait pas été le cas si j'étais tombé sur d'autres échecs ou des semi-échecs, ou des victoires mitigées, en sachant qu'il existait l'équivalent d'un paragraphe 400.
Mais bon, ce n'est que très personnel, nombreux sont ceux à adorer les fins multiples. Et ça vient du fait que l'aventure est malgré tout difficile, très longue... et aussi que j'ai plein d'autres LDVELH à lire qui m'attendent!