[m-yaz 2025] La fin de l'histoire

[grattepapier]

"La simplicité est la sophistication suprême", disait je crois Leonardo da Vinci. C'est ce qui me vient à l'esprit pour parler de "La fin de l'histoire". Super titre d'ailleurs, très hégélien, et qui prend tout son sens dans les derniers paragraphes. 

Complétement conquis par cette AVH de Kraken, un huit-clos dans un vaisseau spatial avec une demi-douzaine de personnages bien typés, et des règles minimalistes, mais une AVH qui grâce à sa "simplicité sophistiquée" vous amène très loin (au sens propre comme au sens figuré).

 Simplicité du style (mais il n'y a rien de plus dur de faire "simple et juste" - c'est parfait non pas quand vous ne pouvez plus rien rajouter mais quand vous ne pouvez plus rien enlever) et simplicité des mécaniques de jeu, mais au service d'une histoire forte. Simplicité ne veut pas dire simplisme.

Beaucoup de choses ont déjà été dites dans les précédents retours ci-dessus, donc j'aurais peur de les répéter, mais j'ai tout aimé dans cette AVH : le futur pas si invraisemblable et lointain que ça (où la Chine domine des USA tombés dans la religion), l'intrigue (qui présente des similarités avec celle du film "Sunshine" de Danny Boyle où un équipage international effectue un voyage sans retour vers le soleil dans le but d'essayer de le rallumer en y plaçant une charge nucléaire - si tu ne l'as pas vu je te le recommande), la galerie de personnages y compris celui qu'on incarne et qui gagne en humanité à mesure qu'il découvre sa vulnérabilité voire sa finitude, les règles épurées au maximum (au point de ne plus avoir besoin de doter la Jonque Stellaire de PV : malin !), la progression dramatique alors que les jours qui défilent, le coup de tonnerre de la révélation finale, et deux fins très belles, alternant entre nihilisme et espérance.

Cette AVH est vraiment bourrée de bonnes idées (comme le fait qu'un ennemi puisse en cacher un autre). J'ai apprécié notamment le côté "social" de l'AVH, où les alliés d'hier deviennent les ennemis de demain, et la dimension "philosophique" qui ne cesse de prendre de l'ampleur alors que l'intrigue se déroule. Autre point appréciable, commun à toutes tes AVH : il n'y a pas de manichéisme et de jugement de valeurs : les faits sont présentés et c'est au lecteur d'en tirer la conclusion et la morale qu'il souhaite.

Un gros coup de coeur pour moi, donc. Chapeau bas, Kraken !

Parcours : 4 tentatives avant d'atteindre le 50 (la 3e fois j'étais à 2 paragraphes de l'Epilogue, mais j'avais eu la mauvaise idée de détruire un certain appareil.) Trouvé facilement le 1er coupable grâce à l'objet qui le trahissait.

Quelques remarques en vrac, histoire de pinailler :
- concernant les personnages, j'aurais suggéré des noms moins anglo-saxons pour le brésilien et l'européenne
- au paragraphe 9, dans la relation entre le capitaine et le docteur, on aurait pu envisager que les valeurs de respect des anciens ("grand-frère") très prégnante dans la culture chinoise transparaissent davantage plutôt qu'un "Votre ton est sec mais respectueux, comme toujours lorsque vous vous adressez à quelqu’un qui n’est pas votre subordonné." Le médecin pourrait même être une espèce de figure paternelle...
- plutôt que de parler de "bras décharné" ('au 28 et 31), on aurait pu effectivement parler de "bras dénudé" ou "bras écorché", mais pourquoi ne pas plutôt insister sur la nature non-humaine de l'adversaire : bras métallique, bras d'acier, bras en titane, bras robotique ?