13/02/2025, 22:42
Je m'étais dit qu'en laissant passer un peu de temps et en refaisant une longue partie je serais plus à même de faire un commentaire bien structuré.
Ha ha !
Je suis désolé, Outremer, je pense que ça va partir dans tous les sens ^^
Avant toute chose, comme pour La Pagode de Vent-Noir, je suis impressionné par l'ambition démesurée du projet.
Là encore, je parle non seulement du concept (un texte où beaucoup de choix sont des cheminements littéraires et où une forme inflexible de linéarité conduit à la construction d'une histoire complexe et rigoureusement romanesque), mais aussi du fond (la réflexion sur le destin de l'humanité et la manière dont celle-ci l'appréhende) et de la forme (la construction spiralée par étapes "alphabétiques", reposant sur le système des différentes périodes chronologiques, rendues possibles par l'égarement de l'héroïne et surtout par les pouvoirs divins de l'un et des autres).
Pour résumer mon avis (et tuer le suspense, désolé) : les moyens déployés et le résultat ont été à la hauteur de l'ambition.
J'ai relu il y a peu Chrysalide et Ora est labora et je trouve évidemment quelques correspondances entre les œuvres (éléments divins et antiques, infiltration et opulence, pour les plus évidents).
L'écriture est magnifique, à la fois élégante, musicale et précise. Vraiment un régal...
Au-delà de cette constance dans la qualité du style ou de la construction de l'univers, il faut préciser que les nombreux et importants dialogues ici sont vraiment réussis du point de vue de leur écriture.
Au niveau des bémols, j'ai eu beaucoup de mal à atteindre le code Abraxas, ce qui m'a fait longtemps tourner en rond boucle. Ce n'est pas forcément un mal, car cela m'a permis d'explorer les différentes options de dialogue, les cheminements et leur poésie propre, mais à un moment j'ai senti un léger découragement. D'autant que les choix cruciaux ne sont pas forcément faciles à trancher (je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils se cachent au milieu des choix "littéraires", car on comprend l'importance de certains passages, mais il serait exagéré de dire qu'ils sont évidents). La "poursuite" de Calixta m'a paru être un peu aléatoire par exemple (même si je crois que j'ai fini par comprendre le "raisonnement" à suivre), et les choix dans la discussion avec Roland Marzat loin d'être limpides.
Globalement, je crois que j'aurais préféré une aventure un tout petit peu plus courte. Mais c'est peut-être dû à mon parcours heurté.
J'ai également eu un peu de mal à m'incarner totalement dans le personnage de Lise, bien qu'à la fin les choix s'avèrent particulièrement intéressants et judicieux. J'ai eu quelques difficultés notamment avec toutes les parties où on interprète littéralement son rôle de mère (les sentiments purement "maternels" me sont sans doute étrangers, même si j'ai des enfants, et la manière abrupte dont on accouche, si je puis dire, n'aide pas à leur développement). Après tout, le personnage est un peu perdu aussi, mais je me suis surpris à chercher consciemment le jeu derrière le texte, ce qui signifiait que je décrochais un peu de l'immersion littéraire. Je suppose que cette question "meta" est l'un des principaux obstacles intrinsèques à la réalisation d'une AVH de l'ampleur d'un roman. Or je trouve que le reste du texte s'en tire magnifiquement de ce point de vue (le début et la fin, notamment), donc ma réserve est probablement due à la particularité de ces passages (lorsqu'on comprend que les choix de dialogue ont une importance ludique et qu'on s'obstine à échouer... ou quand on parle d'amour maternel à Hermeline et Calixta).
Désolé, encore une fois, je manque peut-être de recul (et sur mes derniers ressentis et sur la structure) et m'interroge tout haut.
J'ai absolument adoré tout le reste : le décor (à la fois somptueux et décadent - ou glacial - chez Haudricourt, et d'une tristesse crédible en ville), l'univers (ce futur où nous sommes déjà), les personnages (très étranges mais marquants), les rebondissements (magistralement enchaînés), les dénouements (grandiose, tragique, à la démesure !).
La structure de l'aventure m'a semblé parfaite.
Iacchos est une aventure hors-normes, exceptionnelle, qui nous plonge avec virtuosité dans un univers à la fois magique, réaliste et apocalyptique à la recherche de réponses aux questions que l'auteur nous pose et qui résonnent longtemps après avoir fini l'histoire.
Le jeu, l'écriture, le scénario sont au diapason. Rien n'y est facile, tout en vaut la peine.
PS :
Björk a déclaré récemment dans une interview : "l'Apocalypse a déjà eu lieu. Nous vivons dans ses vestiges."
Et : "La technologie arrive, qu'on le veuille ou non. Notre rôle en tant qu'artistes est de définir l'humanité qui s'y trouve."
Quant à moi, j'ajouterais : "et d'aider l'humanité à s'y définir."
Pour cela, et pour bien d'autres choses, merci Outremer !
Ha ha !
Je suis désolé, Outremer, je pense que ça va partir dans tous les sens ^^
Avant toute chose, comme pour La Pagode de Vent-Noir, je suis impressionné par l'ambition démesurée du projet.
Là encore, je parle non seulement du concept (un texte où beaucoup de choix sont des cheminements littéraires et où une forme inflexible de linéarité conduit à la construction d'une histoire complexe et rigoureusement romanesque), mais aussi du fond (la réflexion sur le destin de l'humanité et la manière dont celle-ci l'appréhende) et de la forme (la construction spiralée par étapes "alphabétiques", reposant sur le système des différentes périodes chronologiques, rendues possibles par l'égarement de l'héroïne et surtout par les pouvoirs divins de l'un et des autres).
Pour résumer mon avis (et tuer le suspense, désolé) : les moyens déployés et le résultat ont été à la hauteur de l'ambition.
J'ai relu il y a peu Chrysalide et Ora est labora et je trouve évidemment quelques correspondances entre les œuvres (éléments divins et antiques, infiltration et opulence, pour les plus évidents).
L'écriture est magnifique, à la fois élégante, musicale et précise. Vraiment un régal...
Au-delà de cette constance dans la qualité du style ou de la construction de l'univers, il faut préciser que les nombreux et importants dialogues ici sont vraiment réussis du point de vue de leur écriture.
Au niveau des bémols, j'ai eu beaucoup de mal à atteindre le code Abraxas, ce qui m'a fait longtemps tourner en rond boucle. Ce n'est pas forcément un mal, car cela m'a permis d'explorer les différentes options de dialogue, les cheminements et leur poésie propre, mais à un moment j'ai senti un léger découragement. D'autant que les choix cruciaux ne sont pas forcément faciles à trancher (je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils se cachent au milieu des choix "littéraires", car on comprend l'importance de certains passages, mais il serait exagéré de dire qu'ils sont évidents). La "poursuite" de Calixta m'a paru être un peu aléatoire par exemple (même si je crois que j'ai fini par comprendre le "raisonnement" à suivre), et les choix dans la discussion avec Roland Marzat loin d'être limpides.
Globalement, je crois que j'aurais préféré une aventure un tout petit peu plus courte. Mais c'est peut-être dû à mon parcours heurté.
J'ai également eu un peu de mal à m'incarner totalement dans le personnage de Lise, bien qu'à la fin les choix s'avèrent particulièrement intéressants et judicieux. J'ai eu quelques difficultés notamment avec toutes les parties où on interprète littéralement son rôle de mère (les sentiments purement "maternels" me sont sans doute étrangers, même si j'ai des enfants, et la manière abrupte dont on accouche, si je puis dire, n'aide pas à leur développement). Après tout, le personnage est un peu perdu aussi, mais je me suis surpris à chercher consciemment le jeu derrière le texte, ce qui signifiait que je décrochais un peu de l'immersion littéraire. Je suppose que cette question "meta" est l'un des principaux obstacles intrinsèques à la réalisation d'une AVH de l'ampleur d'un roman. Or je trouve que le reste du texte s'en tire magnifiquement de ce point de vue (le début et la fin, notamment), donc ma réserve est probablement due à la particularité de ces passages (lorsqu'on comprend que les choix de dialogue ont une importance ludique et qu'on s'obstine à échouer... ou quand on parle d'amour maternel à Hermeline et Calixta).
Désolé, encore une fois, je manque peut-être de recul (et sur mes derniers ressentis et sur la structure) et m'interroge tout haut.
J'ai absolument adoré tout le reste : le décor (à la fois somptueux et décadent - ou glacial - chez Haudricourt, et d'une tristesse crédible en ville), l'univers (ce futur où nous sommes déjà), les personnages (très étranges mais marquants), les rebondissements (magistralement enchaînés), les dénouements (grandiose, tragique, à la démesure !).
La structure de l'aventure m'a semblé parfaite.
Iacchos est une aventure hors-normes, exceptionnelle, qui nous plonge avec virtuosité dans un univers à la fois magique, réaliste et apocalyptique à la recherche de réponses aux questions que l'auteur nous pose et qui résonnent longtemps après avoir fini l'histoire.
Le jeu, l'écriture, le scénario sont au diapason. Rien n'y est facile, tout en vaut la peine.
PS :
Björk a déclaré récemment dans une interview : "l'Apocalypse a déjà eu lieu. Nous vivons dans ses vestiges."
Et : "La technologie arrive, qu'on le veuille ou non. Notre rôle en tant qu'artistes est de définir l'humanité qui s'y trouve."
Quant à moi, j'ajouterais : "et d'aider l'humanité à s'y définir."
Pour cela, et pour bien d'autres choses, merci Outremer !