(15/06/2012, 21:21)legrimoire a écrit : S'il y a des aventures de création française et qui sont de bonne qualité (et surtout pas disponibles gratuitement en ligne!), il ne faut pas hésiter à nous les proposer. On ne sait jamais.Il y a des réflexions intéressantes mais j'ai souligné cette partie: une rengaine qui revient souvent, me semble basée sur des a priori et revient à se priver de plusieurs mécanismes de marché.
L'objet livre est un produit complémentaire - au sens commercial du terme - du fichier gratuit, à valeur ajoutée (ou perçu comme tel):
Si l'avh est de qualité, la distribution libre du fichier en augmente les ventes papier.
Si l'avh est mauvaise, en avoir un avant-goût gratuit est dissuasif, mais c'est du suicide pour une petite maison d'édition de miser sur du mauvais de toutes façons.
Avez-vous des études sérieuses prouvant que la mise en ligne gratuite d'un livre diminue plus les ventes qu'elles ne l'augmentent?
Quant à l'initiative en elle-même du Grimoire de rééditer de vieilles licences, mon jugement superficiel est le suivant:
- c'est bien de s’intéresser à ce marché, cela le développe et sensibilise le public
- le travail de maquette (couverture, mise à jour du contenu, illustrations, corrections) et d'étude du public sont insatisfaisants, proches du sabordage.
- la stratégie de ne pas innover mène inexorablement au tarissement de l'intérêt pour la licence. C'est un mécanisme psychologique universel. Une grande maison d'édition peut se permettre de réchauffer du froid en compensant avec des opérations publicitaires annexes, tuant la poule aux œufs d'or à petit feu seulement. Pour la petite édition c'est du suicide à court terme.
- en jettant un coup d'oeil au site de vente: tout ce qui pourrait enflammer l'imagination est minimalisé: l'affiche «joyeux imaginaire» est une page blanche, les couvertures font du 20x20, 80x80 ou 129x129 pixels, trop petit! Par contre l'accent est mis sur les prix et le système de vente (on a même une grosse image de cartes bancaires!). Ce n'est peut-être pas la bonne passion à transmettre au consommateur... on dirait qu'un étudiant marketting s'est appliqué à reproduire une logique de grande distribution, anonyme et méprisante, à une micro-niche. Cela donnera quelques gouttes au premier pressage et c'est tout.
Je ne connais pas l'équipe du Grimoire, mais j'ai l'impression qu'elle connaît mal les qualités et potentiels du ldveh, ou qu'elle est mal conseillée sur certaines étapes cruciales. Un manque de sagacité que pourrait corriger un rapprochement avec des communautés ayant pris le temps de développer une intelligence du phénomène.
Après je conçois tout à fait que le monde de l'édition papier soit une jungle impitoyable et indéchiffrable et les ldveh une petite niche ne permettant pas une grande ampleur de risques. Je pense malgré tout que c'est un terreau fertile qui mérite d'être ensemencé plutôt que ratissé.
Je vous souhaite malgré tout bonne chance et bon courage, et peut-être un peu plus d'auto-critique.