Le premier paragraphe
L'atmosphère est très sympathique, mais l'introduction pourrait peut-être dire quelques mots sur notre propre équipage (ne serait-ce que leur nombre).
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Merci Outremer.
Pour l'instant, c'est un premier jet, à améliorer par la suite. Après, je veux faire simple, ce ne sera pas un D'écume et de sang bis sur la banquise avec gestion du navire et de l'équipage, tout ça. Comme dans Le labyrinthe de la Mort, on pourra rencontrer les autres concurrents à plusieurs étapes de la Course. Je pars sur une AVH plus courte (350 paragraphes) et pas trop complexe.

Pour l'univers, ça se passe donc tout au nord du monde qui inclut Shamanka, l'archipel des Tékéles et Shamayan. Auro, un des concurrents, est d'ailleurs un personnage déjà croisé dans Alshaya. Je pars sur une atmosphère assez païenne et barbare, entre Vikings et steppes russes.
A suivre donc.
Anywhere out of the world
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J’aime beaucoup cette introduction. Comme toujours, tu as cette faculté de poser en peu de lignes un univers et une situation grâce à ton style évocateur et un vocabulaire riche et bien choisi, et à projeter très rapidement le lecteur dans l’action. On reconnaît bien ton style coloré et le type d’univers et de personnages « héroïques » que tu affectionnes, avec cette belle brochette de concurrents hauts en couleur... que j’ai hâte de pouvoir affronter.
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Merci !
Cette idée de course entre "nefs à patins" me trottait dans la tête depuis un moment.
Au départ, je pensais à des nefs des sables, glissant sur les dunes d'un univers désertique. Mais ça faisait longtemps aussi que j'avais envie de me frotter aux steppes enneigées, aux aurores boréales et aux glaciers bordés de profondes et vastes forêts...

Alors, je me suis repassé le Dracula de Coppola, j'ai écouté Antarctica de Vangelis, j'ai ressorti mes fonds d'écran de Skyrim et surtout cette illustration de Larry Elmore :

pinterest.com

Pas de dragon prévu pour l'instant mais cette illustration, une de mes préférées de cet artiste, illustre bien la fameuse Course.
Anywhere out of the world
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Du coup pour Olaf le marchand, lequel des trois t'a le plus inspiré?

[Image: 400px-SR-creature-King_Olaf_One-Eye.jpg?...=1&p=0&a=0]

[Image: FF9Poomchukker.jpg?u=https%3A%2F%2F2.bp....=1&p=0&a=0]

[Image: 58323644626466a941940e07ab061f1c--warm-h...=1&p=0&a=0]

LOL
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Oh putain, j'avais pas pensé à la Reine des Neiges...

Alors que vous avancez en silence vers la mystérieuse forteresse aux tours de cristal et de givre, un chant étrange se fait entendre, résonnant sur la steppe, se mêlant au murmure du vent parmi les pins : " Libéréeeeeee... Délivréeeeeeee "

Uhhhhhhhhh Uhhhhhhhhh Pale Pale
Anywhere out of the world
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Disons que le contexte nordique me semble proche de Skyrim et que le prénom semble inspiré de celui du roi Olaf, que sa description physique me fait plutôt penser à Pompatarte, et que les étendues glacées m'ont forcément fait penser au dernier Olaf!

Au passage, je refais un peu de pub pour Enderal, mod gratuit de Skyrim, aussi bien sinon mieux que le jeu d'origine!

J'ai noté que tu as mis 2 fois "enfin" dans la liste des vaisseaux (façon Iliade!).
On peut dire "regarder de haut", mais je ne suis pas sûr que l'on puisse dire "regard plein de hauteur."
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Je ne me suis pas trop penché sur Enderal, par contre, j'ai vraiment aimé The forgotten city, une réussite !
Un petit coup de coeur également pour Moonpath to Elsweyr, basique mais sympa.
Anywhere out of the world
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Hâte de lire ça aussi, une course c'est une bonne idée, ça s'annonce pleins de rebondissements. Mais l'image de cet affreux bonhomme de neige est maintenant gravée dans ma mémoire...
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Tous ces projets ne doivent pas me faire oublier mon œuvre principale, la saga des Fils du Soleil, qui approche de son terme.
Voici donc l'introduction et le premier paragraphe de ce qui en sera le dernier tome, Du sang sur le sable (Tanit, mourir et renaître) :

- En garde… Combattez !
Aussitôt, l'acier heurte l'acier dans le crissement du métal et des projections d'étincelles. On n'entend plus que le halètement des combattants, le bruissement de leurs pieds nus, au sein de la vaste tente surchauffée où tous les chefs se sont assemblés. Ils sont tous là, assis en tailleur sur tapis et coussins, le regard attentif, la longue pipe d'ambre aux lèvres, le profil fier sous leur coiffe de coton, les colliers de perles et de turquoises au cou. Ils sont là, groupés autour de Bayid, seigneur des Cinq Clans, assis sur son siège marqueté d'or. Ils vous observent avec attention tandis que vous pressez Esmalia, la faisant progressivement reculer, évitant ses attaques pourtant vives comme l'éclair. Bientôt, la jeune combattante lâche son arme et roule au sol avant de s'immobiliser, la pointe de votre lame sur sa gorge frémissante, tel le faon pris au piège. Aussitôt, les applaudissements crépitent, tous se lèvent puis s'écartent quand Bayid quitte son siège, frappant dans ses mains tatouées, ses yeux emplis d'admiration. Le Seigneur des Sables vous ouvre les bras, vous serrant contre lui avec affection :
- Bravo ma fille ! Quel combat ! Rares sont ceux qui ont vaincu Esmalia jusqu'ici.
Votre adversaire s'est relevée, s'incline avec respect, la main sur le cœur, tandis que vous lui rendez son sourire. Votre père ne cache pas son contentement :
- Tu me remplis de fierté ma chérie. Et Kassim aurait été tellement fier de toi aussi.
Une ombre passe dans vos yeux et vous hochez la tête avec un sourire triste. Les applaudissements reprennent, certains dégainent leur sabre et le brandissent haut, clamant votre nom. Chez votre peuple, les femmes sont libres, égales des hommes. Et la satisfaction que vous lisez dans les yeux paternels tandis que les autres se retirent vous comble. Cependant, une crainte semble hanter les yeux fardés de votre géniteur et, lorsque vous lui en faites la remarque, il ne cache pas son inquiétude :
- Je crains des jours difficiles ma fille. Le clan des Bektis est toujours aussi agressif et rebelle… Leur chef, Barka, l'est encore plus depuis que je lui ai refusé ta main. Ce chien pensait ainsi sceller une alliance entre nos peuples. Bah, me prend-t-il pour un chien pour vendre ma fille comme une esclave ? Kassim était ton choix et je l'ai respecté. Mais je crains un coup d'éclat, un coup de tête de Barka. La folie lui brûle la cervelle, en vérité.
- Nous sommes forts et les avons toujours repoussés, Père.
Le Seigneur des Sables hoche la tête mais conserve un air soucieux :
- Ils sont aussi bornés qu'une mule. Cet été de feu qui s'achève leur a été difficile, leurs points d'eau se sont taris, leurs montures souffrent… Ils lorgnent avec envie sur notre oasis et nos points d'eau, ce pourrait être pour eux une question de survie désormais.
Un silence passe, troublé par le jappement d'un chacal au loin. Une nuit froide et bleue, emplie d'étoiles, s'est étendue sur les dunes. Votre père vous semble soudain fatigué, les traits creusés à la lumière dansante des lampes. Puis il secoue la tête et vous serre contre lui à nouveau en souriant, faisant cliqueter ses colliers d'hématites et d'agates :
- Pardonne à ton père ma chérie : je te retiens là avec mes soucis alors que tu as mieux à faire. Regagne vite ta tente, ta vieille nourrice doit se ronger les sangs à t'y attendre. Fais de beaux rêves ma fleur des sables.
Après avoir embrassé votre père, vous vous inclinez devant lui, portant la main à votre cœur, avant de quitter sa tente pour rejoindre la vôtre.
Et maintenant, rendez-vous au 1.


1
De retour chez vous, vous y trouvez Memnet, agitée et inquiète, comme toujours. La brave nourrice qui veille sur vous depuis la mort de votre mère pousse un soupir de soulagement en vous voyant entrer mais vous savez à quoi vous attendre… A peine assise à votre toilette, vous passant un linge frais sur le visage et les épaules, les récriminations pleuvent :
- Avais-tu besoin de défier Esmalia ? Est-ce digne d'une princesse de se battre comme un homme ? Ne peux-tu laisser à l'homme les affaires de l'homme et te conduire en femme ? Qu'Esmalia ait choisi une autre voix, je peux le comprendre, elle n'a plus ni parents, ni frère. Mais toi, ma petite opale, ma turquoise… Et une princesse en plus ! Oh, que dirait ta pauvre mère ?
Vous avez un léger rire tout en coiffant vos longs cheveux avec le grand peigne d'écaille, souriant à votre reflet dans le petit miroir à main. La brave Memnet fût capturée il y a bien longtemps et vendue comme esclave à votre père qui l'offrît à votre mère pour son service. Elle vient d'une tribu traditionnaliste, aux idées bien arrêtées et a, encore aujourd'hui, du mal avec le mode de vie de votre peuple. Vous déposez un baiser sur sa joue en lui souhaitant bonne nuit avant d'aller à l'entrée de votre tente et de contempler le campement. Un ciel améthyste s'étend sur les dunes, immense toile veloutée sur laquelle se découpent au loin les montagnes bleues, à la lueur des étoiles. Ici et là, les feux aux braises rougeoyantes où se chauffent les sentinelles ponctuent la nuit froide. Les notes d'un luth se font entendre par moments, accompagnant la mélopée plaintive d'un esclave. Là-bas, aux limites du camp, veillent d'autres sentinelles, le profil farouche, leurs manteaux blancs gonflés par le vent nocturne, le poignard au côté dans leur fourreau d'argent travaillé, leurs yeux de faucon fixés sur l'horizon. Vers les pistes qui se perdent dans la nuit, là où les dunes deviennent bleu et argent sous la lune… Là où rôdent les loups des sables, au pelage couleur feu… Qu'y a-t-il au-delà de ces chemins ? Quels horizons mystérieux et quelles peuplades inconnues ? Puis c'est le souvenir de Kassim qui revient vous hanter. Déjà un mois depuis sa mort, lors d'un accident de chasse, par une journée de malheur et d'infortune. Kassim… L'ami d'enfance qui vous a appris à vous battre, à monter à cheval, l'ami d'enfance devenu votre fiancé… Il vous semble encore entendre sa voix, murmurant à votre oreille, pendant les nuits où son souvenir vous hante, quand la solitude fait si mal. Avec amertume, vous essuyez vos yeux mouillés. L'excitation du combat vous fourmille encore dans les veines, vous aurez du mal à dormir ce soir. Pourtant, la nuit est avancée et vous vous levez à l'aube demain pour vous rendre au marché aux esclaves, au village de Tibsti. En tant que princesse, c'est à vous qu'incombe l'intendance de la maison de votre père et il est temps de renouveler une partie de vos serviteurs.
Allez-vous donc vous coucher (rendez-vous au 26) ?
Ou préférez-vous aller marcher un peu (rendez-vous au 52) ?
Anywhere out of the world
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Voici non pas le premier paragraphe, mais l'introduction de mon AVH pour le mini-Yaz "Terra Incognita" :

*

Le mouvement des astres est régi par une harmonie exquisement subtile, dont les lois révèlent à l’entendement supérieur comment se projeter à travers la barrière des siècles. En ce moment précis, la voûte céleste vient de retrouver un aspect qu’elle n’a pas possédé depuis plus de mille ans, et cette configuration particulière a contraint le gosier du néant à laisser échapper quelques vestiges de volonté.

Par contraste avec la pureté des cieux, la terre est en proie au chaos le plus répugnant. Les désirs individuels pullulent, les conflits font rage, rien n’est stable, rien ne dure.

Dans l’épais brouillard de cette instabilité, certains éléments brillent cependant comme des flambeaux. Un grand ouvrage ésotérique a affecté par le passé de nombreux êtres et leur a survécu en se transmettant à leurs descendants. Ces derniers sont désormais des points de contact essentiels avec le monde : leurs sens peuvent être partagés et leurs esprits sont ouverts à des influences que d’autres ne percevraient pas même s’ils le souhaitaient.

Les individus ainsi marqués sont nombreux, mais dispersés et souvent trop lointains pour permettre des interactions utiles. Chez beaucoup d’entre eux, le sang a du reste perdu l’essentiel de sa force au fil des générations. Mieux vaudrait donc se concentrer sur les races qui ont été modifiées dans leur ensemble, dont l’héritage n’a pas pu souffrir de dilution.

Les gobelins, par exemple. Ils vivent dans des terres reculées, mais trois d’entre eux se trouvent rassemblés en ce moment précis dans un endroit peu distant. Leur environnement se précise facilement : des formes et des couleurs apparaissent, bientôt suivies d’une cacophonie de cris, d’appels, de rires, de quolibets et de harangues. Puis vient un mariage complexe d’odeurs : humains, chiens, viande, fruits, vin, bière, cuir, épices, et bien d’autres encore.

Une fête impromptue bat son plein sur la place du marché en périphérie de la ville. Le bourgmestre n’a annoncé la nouvelle que le matin même, mais en-dehors des invalides intransportables et des agonisants sans espoir de rémission, la totalité de la population urbaine s’est rassemblée ici. Les paysans des hameaux voisins, avertis par quelques âmes charitables, n’ont pas tardé à les rejoindre. Même ceux qui avaient des tâches importantes à accomplir aujourd’hui ont trouvé le moyen de s’en dispenser au moins une heure ou deux.

Les commerçants locaux se sont montrés à la hauteur de l’occasion, dressant en un temps record leurs étals sur le sol de terre battue et offrant en grande quantité tous les produits dont l’atmosphère joyeuse pourrait encourager l’achat. C’est à présent le milieu de l’après-midi, il fait un temps splendide, les enfants se sont gavés de friandises, les adultes ont déjà beaucoup bu, le début du spectacle promis se rapproche et presque tout le monde passe un excellent moment.

Une foule nombreuse est assemblée autour de l’estrade rudimentaire sur laquelle se trouvent les causes de ces réjouissances. La dernière fois qu’un gobelin s’est aventuré dans les parages remonte à une quinzaine d’années, et il s’agissait d’une créature malingre et fiévreuse, qui avait été fortement mis à mal par un taureau après avoir tué deux vaches avec un couteau rouillé. De l’avis général, les trois spécimens actuels sont considérablement supérieurs du point de vue de l’apparence. Les gens se pressent pour regarder avec de grands yeux leurs peaux vertes, leurs oreilles effilées et les dents tranchantes qu’ils révèlent de temps à autre. Leurs possessions, exposées à proximité, ne recueillent pas le même intérêt.

En position debout, les gobelins arriveraient à peu près à la taille d’un homme ordinaire, mais les cages minuscules dans lesquelles ils ont été enfermés les contraignent à se tenir accroupis. La curiosité des spectateurs ne va pas jusqu’à les faire trop s’approcher, mais il arrive qu’un adolescent, désireux de recueillir l’admiration de ses pairs, s’enhardisse jusqu’à racler les barreaux métalliques à l’aide d’un bâton ou à jeter une pomme véreuse à l’une des petites créatures.

C’est un peu plus loin que se prépare le clou des festivités. La milice locale, avec le concours de quelques homme de bonne volonté, met la dernière main à la préparation d’un grand bûcher. Le moment venu, les trois cages seront suspendues au-dessus de cet amoncellement de fagots et de paille, à une hauteur suffisante pour que le divertissement ne s’achève pas trop vite lorsque le feu sera allumé.

La plupart des coïncidences sont l’œuvre du hasard, mais certaines ne constituent que la face apparente d’un ensemble complexe d’actions intuitivement calculées. Pour que ces gobelins, qui ne s’étaient jamais vus l’un l’autre auparavant, se fassent capturer le même jour tout près d’une ville bien éloignée de leurs pays d’origine, il a fallu que des rêves insistants les persuadent de venir dans cette région et les plongent en temps voulu dans une transe qui les laisse vulnérables.

Les êtres dont le sang ne véhicule plus qu’une infime trace ésotérique possèdent une sensibilité bien moindre, mais leur comportement peut néanmoins être aiguillé de façon subtile. L’apothicaire local, dont l’étal se trouve proche du cœur de la place, se trouve être le lointain descendant du disciple d’un mage, qui servait lui-même quelqu’un de bien plus puissant. L’individu, alors qu’il expérimentait à l’aveuglette avec diverses substances, a réalisé sans en comprendre le moindre principe une potion d’une puissance exceptionnelle. Un hasard du même genre vient de la lui faire renverser sur le sol.

Au même instant vient à passer un chien de taille imposante, utilisé pour la chasse au loup et comptant parmi ses ancêtres un molosse de guerre aussi grand qu’un cheval de trait. Sans réfléchir, l’animal baisse la tête et lappe le liquide répandu. Une force volcanique se répand aussitôt dans chaque parcelle de son être. Il se jette sur les passants les plus proches, les renverse et les mord sauvagement, faisant gicler le sang sur la terre battue. Son maître tente de l’arrêter et il y perd trois doigts.

Les hurlements font courir un vent d’affolement soudain à travers la place. Les miliciens accourent, mais se heurtent au flot de personnes tentant de fuir le plus loin possible de la bête déchaînée. Les trois prisonniers, voyant l’attention générale se détourner d’eux pour la première fois depuis des heures, passent à l’action sans perdre un instant.

Le premier gobelin tire de sa bouche les minces tiges de fer qu’il y avait cachées et crochète en à peine un instant le verrou de sa cage. Parmi les possessions qu’il se hâte de récupérer se trouve une cape ample dans laquelle il s’emmitoufle, rabattant le capuchon sur sa tête de façon à ce que son apparence soit entièrement dissimulée. Puis il se glisse au milieu de la foule paniquée, se déplaçant avec tant de furtivité et d’adresse que les quelques personnes qui ont remarqué son évasion perdent vite sa trace et que personne d’autre ne lui accorde davantage qu’un bref regard. Parvenu en bordure de la place, il escalade agilement les deux étages d’une maison et détale ensuite le long des toits pentus, bondissant par-dessus les allées qui se présentent sur son chemin.

Le deuxième gobelin émet une série de claquements secs avec la langue. Parmi les objets exposés sur l’estrade, l’un d’entre eux – ressemblant à un grand scarabée métallique - s’anime aussitôt et s’approche d’une démarche saccadée. Il est vite saisi et plaqué contre le verrou, que ses mandibules acérées sectionnent d’un mouvement brusque. Une fois libéré, le gobelin range pêle-mêle ses affaires dans une besace à l’exception de deux fioles de verre, dont il déverse le contenu sur le plancher de l’estrade, ce qui fait se répandre dans l’air une épaisse fumée blanchâtre. Il est repéré par quelques gardes au moment où il s’engage dans une étroite ruelle, mais s’empare alors d’une petite sphère, allume une mèche et jete le projectile crépitant vers un échafaudage voisin. L’explosion qui en résulte projette des débris de bois en tout sens, obstruant le passage derrière lui.

Le troisième gobelin n’a pas besoin de faire tant d’efforts, car son évasion est déjà toute préparée. Lors de sa capture, il a remarqué à quelques légers détails que l’un des miliciens appartenait au cercle des vents, une religion obscure dont les croyances sont un mélange de connaissances anciennes et de superstitions. Par une série de mensonges adroits et subtils, il l’a persuadé qu’il avait en sa possession de l’essence de linnorm, un breuvage auquel le culte accorde des propriétés mystiques extraordinaires. Mais ce que le milicien abusé a bu était en réalité un puissant élixir de domination, élaboré par le gobelin à l’aide d’herbes très rares. Sitôt que se produit la diversion, l’homme court jusqu’à la cage pour l’ouvrir, affirmant à quelques témoins interloqués que ce lieu de détention n’est plus assez sûr. Il fourre le gobelin et ses possessions dans un sac, qu’il emmène ensuite jusqu’à l’extérieur de la ville, puis retourne voir ses collègues pour les aiguiller dans une mauvaise direction.

Tous ces efforts ne garantissent pas la sécurité des fugitifs. Les miliciens sont finalement venus à bout du molosse déchaîné, qui continuait de gronder et de mordre le bois des pertuisanes alors même que ses tripes recouvraient le sol en-dessous de lui. La fête a perdu sa joyeuse humeur, mais cela n’a rendu que plus ardent le désir d’assister au supplice tant attendu. Lorsque chacun peut voir que les cages sont vides, une vague de fureur collective fait aussitôt partir dans toutes les directions des hordes d’hommes munis d’armes de fortune. La milice envoie promptement des cavaliers patrouiller les abords de la ville.

Le moment est venu. Les gobelins ont fait la preuve de leurs capacités et ils doivent maintenant être conduits à l’endroit approprié. Un grand faucon, obéissant à un instinct ancestral, délaisse le lapin qu’il chassait dans un champ voisin et se met à voler à faible altitude en direction du nord-ouest. Mais encore faut-il que les trois intéressés sachent qu’ils doivent le suivre. Les circonstances ne se prêtent plus aux rêves, aux intuitions vagues et aux manipulations subtils. Il faut un message clair, même si cela nécessite un effort presque inimaginable. Un message qui parvienne directement dans leur esprit. Un message… Un message… Un message, maintenant ou il sera trop tard !

« SUIVEZ L’OISEAU. IL VOUS CONDUIRA EN UN LIEU DE SÛRETÉ OÙ TOUS VOS DÉSIRS POURRONT ÊTRE EXAUCÉS. »
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Yep  difficile de dire mieux !
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De manière générale, je reste surpris par ce que j'appellerais "l'effet catalogue" : une succession d'informations qui défilent comme une suite de diapositives commentées, effet accentué par la mise en page. Mais peut-être est-ce voulu ?
Je ressens aussi un certain décalage entre le début, très grandiose et impressionnant, parlant de lois de l'univers, de passage des siècles, de millénaires et de cosmique et ce qui suit, très basique, très matériel, la description très prosaïque d'une fête de village.

Question écriture :
- J'ai du mal avec " une harmonie exquisément subtile", je partirais plus sur "une harmonie d'une subtilité exquise".
- "un aspect qu'elle n'a pas possédé depuis plus de mille ans", je dirais plutôt "un aspect qui n'a plus été le sien depuis plus de mille ans".
- "invalides intransportables" et "agonisants sans espoir de rémission", je dirais tout simplement "invalides" et "agonisants".
- "la population urbaine" me paraît presque un pléonasme ici puisqu'on parle des gens du village, je dirais simplement "la population" ou même "les habitants".
- Enfin, je tique avec" l'adolescent qui racle les barreaux avec un bâton". Racler, c'est l'équivalent de gratter, ça évoque un mouvement répétitif pour gratter ou enlever quelque chose. Alors que là, si j'ai bien compris, il s'agit plus d'un adolescent qui fait passer un bâton le long des barreaux, comme sur un xylophone, pour exciter ou énerver les prisonniers, non ? 

Bonne continuation !
Anywhere out of the world
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Je trouve au contraire qu'on évite l'effet catalogue grâce à ce zoom de "l'infiniment grand" vers "l'infiniment petit". On a des détails qui viennent s'insérer pour chaque "échelle de zoom". Jusqu'à ce que le décor "local" soit planté et que l'action se mette en marche.

Pour moi racler convient. Il est possible de mettre " passer un bâton le long des barreaux" ou "faire courir un bâton le long des barreaux", mais a quoi bon?

S'il fallait trouver un défaut, pour moi ce serait la facilité scénaristique qui consiste à mettre les possessions des gobelins pile à côté de leur cage. Mais difficile de faire autrement!
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Merci pour vos commentaires. Cet introduction n'est bien sûr qu'un premier jet ; j'y ai apporté quatre ou cinq corrections stylistiques depuis que je l'ai postée ici, et il est très possible que j'en fasse encore.


(01/04/2023, 08:29)Voyageur Solitaire a écrit : - "la population urbaine" me paraît presque un pléonasme ici puisqu'on parle des gens du village, je dirais simplement "la population" ou même "les habitants".

Je précisais "urbaine" pour faire la distinction entre les habitants de la petite ville et les paysans des villages voisins, qui sont mentionnés juste après.


(01/04/2023, 09:48)tholdur a écrit : S'il fallait trouver un défaut, pour moi ce serait la facilité scénaristique qui consiste à mettre les possessions des gobelins pile à côté de leur cage. Mais difficile de faire autrement!

J'aurais sans doute pu leur compliquer un peu plus la vie, mais le but de cette d'évasion est principalement de montrer de façon claire et concise de quoi chacun des trois gobelins est capable. L'introduction me semblait de plus être déjà assez longue comme ça.
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