17/06/2007, 04:30
Après La Voie du Tigre et Dragon d'Or en leur temps, j'ouvre ce nouveau topic consacré à une série que j'ai relue intégralement récemment : Chroniques Crétoises.
Sans doute la série la plus adulte des LDVELH Folio. Attiré par la mythologie grecque depuis tout petit, j'avais néanmoins eu du mal à pleinement apprécier cette série autrefois, car il faut savoir s'y immerger. La mythologie grecque est ici présentée sous son aspect le plus violent et sombre, sans doute le plus proche de ce qu'elle était historiquement. Il en ressort une ambiance particulière, intéressante, ne manquant pas de saveur et de personnalité, mais pouvant rebuter. La gestion de l'Honneur et de la Honte, par exemple, suppose une certaine connaissance des moeurs de cette époque. Pas évident pour un jeune lecteur.
Les illustrations concourent amplement à cette atmosphère, de façon analogue à celles de John Blanche pour Sorcellerie. Elles créent un univers.
Les règles du jeu sont elles aussi originales. Assez différentes de ce qu'on voit habituellement. Mais pas inintéressantes, et surtout très en phase avec l'ambiance et le background. Un combat, par exemple, se finit par la mort, par la fuite, par la reddition ou par la résurrection made by Zeus.
Une règle assez difficile à appréhender, c'est celle de l'Oracle. Elle permet, aux paragraphes dont le numéro est en italique, de "consulter l'Oracle", c'est-à-dire grosso modo se dire "les choix de fin de ce paragraphe ne me semblent pas bons, le héros que je suis aurait agi autrement". L'idée est intéressante et ouvre des possibilités assez prenantes, j'ai trouvé. Souci : il faut vraiment réussir à entrer dans la logique des auteurs pour l'apprécier. Quand j'étais gamin, je trouvais cet Oracle complètement raté et donc gonflant. Là, lors de ma relecture, j'ai souvent dû me casser la tête pour essayer de comprendre ce que les auteurs avaient voulu dire. Et, à force d'acharnement, les raccords entre paragraphes m'ont paru moins incongrus.
Côté histoire, chaque livre part mal, vu que les intros sont minimalistes au possible. Heureusement qu'il y a les 4èmes de couverture, sinon on saurait à peine ce qu'on fout là.
Hormis ce défaut que je trouve énorme, c'est très agréable à lire et résolument adulte. La violence est assez glauque. Le contexte culturel suppose une connaissance préalable, ou bien des prédispositions pour l'anthropologie. Quant au sexe, si on prend Aphrodite comme déesse protectrice, ça y va carrément. Mais aucun de ces aspects ne tombe jamais dans le raccolage. C'est toujours décrit avec finesse.
1) La Vengeance d'Althéos : La série commence par un excellent ouvrage. La quête est d'apparence classique : on doit parcourir le pays et affronter des épreuves en chemin jusqu'à la ville d'Athènes. Il y a plusieurs chemins différents pour y arriver, et donc pas mal de situations à vivre (620§ en tout, quand même). J'ai pris du plaisir à lire, l'originalité de concept et de ton m'a séduit. Les personnages rencontrés ont de la personnalité.
A noter, et c'est surtout vrai pour ce 1er tome, que la série fonctionne comme Sorcellerie : on peut acquérir dans ce livre beaucoup d'indices pour faciliter la quête du tome suivant, et en débloquer des parties cachées.
2) Le Labyrinthe du Roi Minos : Objectivement, je pense que ce livre baisse en qualité par rapport au 1er. La faute à des bugs de conception et un final dans le labyrinthe sans doute en deça des espérances de beaucoup de lecteurs. Et pourtant, c'est mon livre préféré de la série.
Il se démarque par une originalité et une maturité intéressantes. L'aventure consiste essentiellement à vivre à la cour du Roi Minos (c'est d'ailleurs le titre en VO), à évoluer avec les personnages, à composer avec les vélléités des différentes factions, à se mêler ou pas des intrigues. Il n'y a quasiment aucun combat. Les relations entre personnages, sur lesquelles repose donc tout le bouquin, sont bien travaillées. Si on arrive, une nouvelle fois, à s'immerger dans le contexte culturel et à s'habituer à des dialogues parfois à l'emporte-pièce, on prend un plaisir fou ; j'en venais quasiment à m'imaginer vraiment être Althéos et accomplir ces actions. Qui a dit identification ?
Un point fort du livre est aussi la grande diversité des situations. Il y a des tonnes de façons de le finir. Le défaut de cette non linéarité extrême, c'est que le livre se finit assez vite par rapport à ses deux congénères. Et que, à force de multiplier les situations, les auteurs les ont mal géré, et des méchants bugs apparaissent : le texte suppose qu'on sait des choses ou qu'on a rencontré des gens alors que ce n'est pas le cas. C'est dommage.
A noter, pour Sombrecoeur qui, à en croire sa revue sur le site de Jeveutout, n'apprécie par la vie à la cour, que le livre offre l'incroyable possibilité de le finir sans passer une seule seconde à la cour du roi, et sans même rencontrer une seule fois Minos !! Pour cela, il vous faudra avoir rencontré la bonne personne dans le tome précédent. Autant dire que le livre peut ainsi se termeiner très très rapidement. Il faut cependant avoir emmagasiné pas mal de points d'Honneur dans le tome 1 pour espérer triompher du minotaure à la loyale.
Pour ma part, la façon que j'ai préféré de terminer le bouquin, c'est l'histoire d'amour avec Thaisia, lorsqu'elle vous avoue la raison de son surnom... C'est émouvant.
3) L'Odyssée d'Althéos : Le gros point Noir de la série. Ce livre est une grosse daube. Il n'a ni queue ni tête. Il a l'originalité de débuter par un PFA (il fallait oser). Mais après ça, ça part complètement en live, et on s'aperçoit vite que les auteurs (les méconnus Butterfield, Honigmann et Parker) n'ont aucun scénario. Une vague histoire de rédemption, assez téléphonée suivant les paragraphes par où l'on passe.
C'est long, c'est ch..., on n'attend qu'une chose : que ça se termine. La difficulté est la plus élevée de la série, avec notamment une utilisation intensive de l'Oracle, mais ça ne rend nullement le challenge plus passionant, vu qu'il se résume grosso modo à survivre jusqu'au paragraphe suivant, sans vraie finalité.
Quant à la fin du livre, c'est du niveau d'un Démons du Manmarch : ultra frustrant. Et comme on s'est fait ch... des heures pour en arriver là, on se dit : "Tout ça pour ça...?"
En conclusion, je dirai que ce n'est pas ma série préférée, mais que j'ai pris beaucoup de plaisir à la relire (du moins les 2 premiers tomes). Elle apporte du dépaysement et une profondeur trop rare dans les LDVELH, bien que pas accessible de façon évidente.
Sans doute la série la plus adulte des LDVELH Folio. Attiré par la mythologie grecque depuis tout petit, j'avais néanmoins eu du mal à pleinement apprécier cette série autrefois, car il faut savoir s'y immerger. La mythologie grecque est ici présentée sous son aspect le plus violent et sombre, sans doute le plus proche de ce qu'elle était historiquement. Il en ressort une ambiance particulière, intéressante, ne manquant pas de saveur et de personnalité, mais pouvant rebuter. La gestion de l'Honneur et de la Honte, par exemple, suppose une certaine connaissance des moeurs de cette époque. Pas évident pour un jeune lecteur.
Les illustrations concourent amplement à cette atmosphère, de façon analogue à celles de John Blanche pour Sorcellerie. Elles créent un univers.
Les règles du jeu sont elles aussi originales. Assez différentes de ce qu'on voit habituellement. Mais pas inintéressantes, et surtout très en phase avec l'ambiance et le background. Un combat, par exemple, se finit par la mort, par la fuite, par la reddition ou par la résurrection made by Zeus.
Une règle assez difficile à appréhender, c'est celle de l'Oracle. Elle permet, aux paragraphes dont le numéro est en italique, de "consulter l'Oracle", c'est-à-dire grosso modo se dire "les choix de fin de ce paragraphe ne me semblent pas bons, le héros que je suis aurait agi autrement". L'idée est intéressante et ouvre des possibilités assez prenantes, j'ai trouvé. Souci : il faut vraiment réussir à entrer dans la logique des auteurs pour l'apprécier. Quand j'étais gamin, je trouvais cet Oracle complètement raté et donc gonflant. Là, lors de ma relecture, j'ai souvent dû me casser la tête pour essayer de comprendre ce que les auteurs avaient voulu dire. Et, à force d'acharnement, les raccords entre paragraphes m'ont paru moins incongrus.
Côté histoire, chaque livre part mal, vu que les intros sont minimalistes au possible. Heureusement qu'il y a les 4èmes de couverture, sinon on saurait à peine ce qu'on fout là.
Hormis ce défaut que je trouve énorme, c'est très agréable à lire et résolument adulte. La violence est assez glauque. Le contexte culturel suppose une connaissance préalable, ou bien des prédispositions pour l'anthropologie. Quant au sexe, si on prend Aphrodite comme déesse protectrice, ça y va carrément. Mais aucun de ces aspects ne tombe jamais dans le raccolage. C'est toujours décrit avec finesse.
1) La Vengeance d'Althéos : La série commence par un excellent ouvrage. La quête est d'apparence classique : on doit parcourir le pays et affronter des épreuves en chemin jusqu'à la ville d'Athènes. Il y a plusieurs chemins différents pour y arriver, et donc pas mal de situations à vivre (620§ en tout, quand même). J'ai pris du plaisir à lire, l'originalité de concept et de ton m'a séduit. Les personnages rencontrés ont de la personnalité.
A noter, et c'est surtout vrai pour ce 1er tome, que la série fonctionne comme Sorcellerie : on peut acquérir dans ce livre beaucoup d'indices pour faciliter la quête du tome suivant, et en débloquer des parties cachées.
2) Le Labyrinthe du Roi Minos : Objectivement, je pense que ce livre baisse en qualité par rapport au 1er. La faute à des bugs de conception et un final dans le labyrinthe sans doute en deça des espérances de beaucoup de lecteurs. Et pourtant, c'est mon livre préféré de la série.
Il se démarque par une originalité et une maturité intéressantes. L'aventure consiste essentiellement à vivre à la cour du Roi Minos (c'est d'ailleurs le titre en VO), à évoluer avec les personnages, à composer avec les vélléités des différentes factions, à se mêler ou pas des intrigues. Il n'y a quasiment aucun combat. Les relations entre personnages, sur lesquelles repose donc tout le bouquin, sont bien travaillées. Si on arrive, une nouvelle fois, à s'immerger dans le contexte culturel et à s'habituer à des dialogues parfois à l'emporte-pièce, on prend un plaisir fou ; j'en venais quasiment à m'imaginer vraiment être Althéos et accomplir ces actions. Qui a dit identification ?
Un point fort du livre est aussi la grande diversité des situations. Il y a des tonnes de façons de le finir. Le défaut de cette non linéarité extrême, c'est que le livre se finit assez vite par rapport à ses deux congénères. Et que, à force de multiplier les situations, les auteurs les ont mal géré, et des méchants bugs apparaissent : le texte suppose qu'on sait des choses ou qu'on a rencontré des gens alors que ce n'est pas le cas. C'est dommage.
A noter, pour Sombrecoeur qui, à en croire sa revue sur le site de Jeveutout, n'apprécie par la vie à la cour, que le livre offre l'incroyable possibilité de le finir sans passer une seule seconde à la cour du roi, et sans même rencontrer une seule fois Minos !! Pour cela, il vous faudra avoir rencontré la bonne personne dans le tome précédent. Autant dire que le livre peut ainsi se termeiner très très rapidement. Il faut cependant avoir emmagasiné pas mal de points d'Honneur dans le tome 1 pour espérer triompher du minotaure à la loyale.
Pour ma part, la façon que j'ai préféré de terminer le bouquin, c'est l'histoire d'amour avec Thaisia, lorsqu'elle vous avoue la raison de son surnom... C'est émouvant.
3) L'Odyssée d'Althéos : Le gros point Noir de la série. Ce livre est une grosse daube. Il n'a ni queue ni tête. Il a l'originalité de débuter par un PFA (il fallait oser). Mais après ça, ça part complètement en live, et on s'aperçoit vite que les auteurs (les méconnus Butterfield, Honigmann et Parker) n'ont aucun scénario. Une vague histoire de rédemption, assez téléphonée suivant les paragraphes par où l'on passe.
C'est long, c'est ch..., on n'attend qu'une chose : que ça se termine. La difficulté est la plus élevée de la série, avec notamment une utilisation intensive de l'Oracle, mais ça ne rend nullement le challenge plus passionant, vu qu'il se résume grosso modo à survivre jusqu'au paragraphe suivant, sans vraie finalité.
Quant à la fin du livre, c'est du niveau d'un Démons du Manmarch : ultra frustrant. Et comme on s'est fait ch... des heures pour en arriver là, on se dit : "Tout ça pour ça...?"
En conclusion, je dirai que ce n'est pas ma série préférée, mais que j'ai pris beaucoup de plaisir à la relire (du moins les 2 premiers tomes). Elle apporte du dépaysement et une profondeur trop rare dans les LDVELH, bien que pas accessible de façon évidente.