Je viens de finir de lire la version que j'avais téléchargé il y a un moment déjà, je ne peux donc jurer que mon retour est 100% à jour par rapport à la dernière version en ligne.
Le sujet de
Froides latitudes a tout pour me séduire, les récits d'expédition polaires étant une de mes passions. Que ce soient les récits de Jules Verne ; le fameux roman
Terror de Dan Simmons ; les essais ou les récits documentés sur des faits vrais : l'épisode méconnu de
L'Eldorado polaire de Martin Frobisher, la tragédie du Polaris dans
Les Naufragés du pôle, celle de l'Endurance dans
Les Rescapés de l'Endurance, et même la curieuse expédition en dirigeable de Norge dans
Les Naufragés du pôle nord ou la traversée sous les glaces de
Sous-marin atomique en avant ! J'avoue n'avoir pas encore lu l'histoire réelle de l'expédition polaire en ballon racontée dans
Le Voyage de l'ingénieur Andrée. Peut-être un jour, en lecture de... plage ! Bref, d'après son titre, cette AVH est a priori taillée pour que je la lise.
L'intro n'est pas sans rappeler les lettres du capitaine Walton à sa soeur au début de
Frankenstein : même enthousiasme presque romantique face à la découverte, tempéré plus tard par les références à des échecs bien réels dans la conquête des passes de l'Arctique... Ah, tiens, ici il s'agira de franchir le détroit de Béring et non le passage du Nord-Ouest, ça change. Une longue liste de l'équipage laisse à penser qu'il faudra s'en sortir avec le plus d'hommes en vie, mais en réalité le seul score sera celui de Provisions. Donc, ce sera une AVH à recherche d'optimum, avec sans doute du
die an retry assez raccord avec le sujet (un mauvais choix = la mort). Ceci dit ces deux techniques d'AVH ne sont pas mes préférées à titre personnel, elles impliquent de relire plusieurs fois pour trouver un micro-détail ou un point de Provisions manquant.
Mon 1er essai a été un échec, comme prévu. La 2ème tentative fut la bonne - de justesse. Ensuite, j'ai fait un diagramme en balayant rapidement le texte pour déterminer un chemin optimum, où on finit avec 11 points de Provisions, sauf erreur de ma part. Remarque : au
12 : les chiens abattus ne constituent pas des denrées en plus ?
Montrer le contenu
Spoiler
1 (carabine) / 43 (+3P) / 34 / 24 (-2P) / 36 (-2P) / 28 (-5P) / 2 / 33 / 45 / 35 / 12 / 21 (-4P) / 29 / 9 / 6 (+1P) / 14 (-3P) / 23 / 16 (+3P) / 47 / 22 / 8 / 10 / 17 (code cannibalisme) / 31 (code twist des lettres) / 7 (ajouter 25) / 32 (retirer 7) / 25 / FIN
Je retrouve toutes les péripéties bien connues du genre, signe d'une documentation précise : les postes de secours lointains, l'ours polaire, les embarcations à tracter comme on peut sur la glace dans l'espoir de trouver la mer, les chenaux dans la glace qui s'ouvrent ou se ferment au plus mauvais moment, l'amputation d'un pied gangrené, la nourriture qui s'épuise, les faibles ressources de la chasse... Les paragraphes sont denses, d'un style appréciable. Parfois il s'agit d'un document inséré dans le texte : lettre, journal de bord, article de presse faisant la nécrologie ou le panégyrique des héros... Une technique sympa.
Le froid n'est pas évoqué à tout bout de champ ou d'icefield, cette absence est une constante dans les récits polaires (à la notable exception de
Terror de Dan Simmons, glaçant au propre et au figuré). Au bout d'un moment les explorateurs "font avec", étant équipés et habitués. Dans ces récits, le froid est alors surtout évoqué par ses conséquences (cécité des glaces, engelures, gangrène) et par le vocabulaire dans les descriptions. Il y a d'ailleurs un lexique arctique au début de cette AVH.
Originalité notable, une grande partie de l'aventure est en mer et non sur la banquise, alors que les récits classiques font souvent comme si, une fois la mer libre atteinte, les marins sont dans leur élément et se débrouillent. En fait ce n'est pas si simple, il y a de nombreux choix cruciaux : embarquer les chiens ou non ? encorder les embarcations ? quelle destination ?
Un double twist final confirme les paroles de l'intro, prémonitoires : « en réponse aux conditions effroyables qu'impose le mondepolaire, l'esprit humain s'aventure sur des territoires, dont, nous les hommes civilisés, ignorons souvent totalement l'existence »... Ici, la folie préférable au désespoir, et les actes ultimes de survie.
Une AVH très évocatoire de son sujet, documentée, bâtie sur une mécanique qui n'est pas ma préférée (
die and retry, recherche d'optimum, typiques de la "niche" de lecture d'AVH des deux forums) avec une écriture très maîtrisée.