16/02/2023, 12:49
Lancelot se demande si c'est la vieillesse qui commence à poindre. Il ne se rappelle pas que son palpitant ait battu aussi fort à l'énoncé d'un verdict. Lui qui espérait avoir atteint la sagesse ou une forme de plénitude, il a les jambes aussi flageolantes qu'un jouvenceau.
Il faut bien admettre que le temps passe. Seize printemps ont disparu depuis qu'il a intégré la quête du Graal. Au fond de lui, il n'y croit plus depuis des lustres. Si elle a jamais existé, cette relique sacrée n'existe plus. Jamais la religion embrassée par l'ordre des chevaliers ne retrouvera l'âge d'or d'antan. Les moeurs et les aspirations évoluent. Les gens croient en d'autres lumières. L'art de la guerre n'a plus grand chose à voir lui non plus. Les arbalètes remplacent peu à peu l'escrime et la joute. On parle même de nouvelles armes animées par une poudre magique et capable d'abattre des forteresses entières...
Et pourtant, il n'a pas le sentiment d'avoir consacré sa vie à une cause vide de sens puisque elle lui a permis de rencontrer et côtoyer ses frères d'armes. Des guerriers qui respectent le code ancestral : honneur, miséricorde et ténacité. Des valeurs qui prennent toujours plus de sens à mesure qu'elles glissent vers la désuétude. Avec le temps, les souvenirs qui lui restent de cette épopée s'attachent particulièrement à ces personnes. Les péripéties qu'il a lui-même vécues ou qu'il s'est vu narrées ont tendance à s'estomper de sa mémoire. Au contraire, les moments qui y restent gravés sont ces instants de partage : une longue partie de jeu théâtral en compagnie de Dame Caïthness, une soirée à Tintagel dans le logis de Vik le Preux où était réunie la fine fleur de ses pairs, la visite d'un estaminet et d'une gargote dans le sud de la Gaule lors d'une grande joute annuelle pour partager le pain et le vin aux côtés de sire Jehan, sire Dragonhydre et du chevalier au Loup, la réception en famille du chevalier à la Seiche en voyage depuis la lointaine Lugdunum ou encore, la visite de courtoisie chez le chevalier charitable dans son manoir de Basse-Bretagne... Jamais il n'aurait pensé que ces tranches de vie brûleraient avec tant de force dans son coeur. (il existe bien sûr d'autres épisodes moins glorieux comme cette nuit au bivouac aux côtés de l'enlumineur Linflas, les aléas de l'aventure)
***
Un jour, Skarn a écrit quelque chose du genre "Dans le cadre d'un concours, le consensus ne sert à rien, il faut savoir trancher. Voilà pourquoi je vote toujours en 4-3-2-1."
Cela m'avait marqué et j'ai régulièrement essayé de moi-même m'y astreindre. Parfois je l'ai fait. Mais le plus souvent j'y échoue, tant c'est un crève-coeur de ne pas récompenser toutes les AVH qui m'ont plu. Pour cette année non plus je n'ai pas réussi. Mon plus gros dilemme fut entre les AVH de Gwalchmei et celle de Skarn. J'ai eu beau balancer, je n'ai pas su comment les départager, à qui j'allais attribuer les 4 fameux points. Résultat des courses, j'ai lâchement biaisé en leur donnant 3 points à chacune et en ai profité pour donner un point à une autre. Si j'avais pris une décision forte, ça aurait tout changé. Mon AVH a récupéré l'or en partie grâce à mon manque de courage.
Cela me rappelle aussi les fois où un grain de poussière favorable m'avait séparé d'Outremer. C'est ce qu'on appelle avoir une bonne étoile.
La coïncidence sur le titre est énorme en effet. Heureusement pour moi que je n'ai pas appelé la mienne le Vecteur XX2!
J'ai l'impression de le rabâcher à chaque édition, mais ça fait très plaisir de voir des briscards participer au concours et de talentueux nouveaux y faire leurs premières armes. Si les vieux désertaient, ce serait le signe d'une désaffection certaine pour notre genre littéraire de niche. Et si le sang neuf n'arrivait plus, il n'y aurait plus qu'à se dire "à quoi bon?"
Donc un grand merci à tous les participants, pour les beaux moments de jeu et de lecture que vous m'avez donnés.
Je veux remercier plus particulièrement Flam, grattepapier, urizen, fifre, gynogege et Salla. Lire, voter et même critiquer sans être soi-même directement impliqué dans le concours, alors qu'il y avait 15 grosses AVH à découvrir, c'est quelque chose qui force le respect et qui, tout simplement, fait perdurer le concours Yaztromo.
Il faut bien admettre que le temps passe. Seize printemps ont disparu depuis qu'il a intégré la quête du Graal. Au fond de lui, il n'y croit plus depuis des lustres. Si elle a jamais existé, cette relique sacrée n'existe plus. Jamais la religion embrassée par l'ordre des chevaliers ne retrouvera l'âge d'or d'antan. Les moeurs et les aspirations évoluent. Les gens croient en d'autres lumières. L'art de la guerre n'a plus grand chose à voir lui non plus. Les arbalètes remplacent peu à peu l'escrime et la joute. On parle même de nouvelles armes animées par une poudre magique et capable d'abattre des forteresses entières...
Et pourtant, il n'a pas le sentiment d'avoir consacré sa vie à une cause vide de sens puisque elle lui a permis de rencontrer et côtoyer ses frères d'armes. Des guerriers qui respectent le code ancestral : honneur, miséricorde et ténacité. Des valeurs qui prennent toujours plus de sens à mesure qu'elles glissent vers la désuétude. Avec le temps, les souvenirs qui lui restent de cette épopée s'attachent particulièrement à ces personnes. Les péripéties qu'il a lui-même vécues ou qu'il s'est vu narrées ont tendance à s'estomper de sa mémoire. Au contraire, les moments qui y restent gravés sont ces instants de partage : une longue partie de jeu théâtral en compagnie de Dame Caïthness, une soirée à Tintagel dans le logis de Vik le Preux où était réunie la fine fleur de ses pairs, la visite d'un estaminet et d'une gargote dans le sud de la Gaule lors d'une grande joute annuelle pour partager le pain et le vin aux côtés de sire Jehan, sire Dragonhydre et du chevalier au Loup, la réception en famille du chevalier à la Seiche en voyage depuis la lointaine Lugdunum ou encore, la visite de courtoisie chez le chevalier charitable dans son manoir de Basse-Bretagne... Jamais il n'aurait pensé que ces tranches de vie brûleraient avec tant de force dans son coeur. (il existe bien sûr d'autres épisodes moins glorieux comme cette nuit au bivouac aux côtés de l'enlumineur Linflas, les aléas de l'aventure)
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Un jour, Skarn a écrit quelque chose du genre "Dans le cadre d'un concours, le consensus ne sert à rien, il faut savoir trancher. Voilà pourquoi je vote toujours en 4-3-2-1."
Cela m'avait marqué et j'ai régulièrement essayé de moi-même m'y astreindre. Parfois je l'ai fait. Mais le plus souvent j'y échoue, tant c'est un crève-coeur de ne pas récompenser toutes les AVH qui m'ont plu. Pour cette année non plus je n'ai pas réussi. Mon plus gros dilemme fut entre les AVH de Gwalchmei et celle de Skarn. J'ai eu beau balancer, je n'ai pas su comment les départager, à qui j'allais attribuer les 4 fameux points. Résultat des courses, j'ai lâchement biaisé en leur donnant 3 points à chacune et en ai profité pour donner un point à une autre. Si j'avais pris une décision forte, ça aurait tout changé. Mon AVH a récupéré l'or en partie grâce à mon manque de courage.
Cela me rappelle aussi les fois où un grain de poussière favorable m'avait séparé d'Outremer. C'est ce qu'on appelle avoir une bonne étoile.
La coïncidence sur le titre est énorme en effet. Heureusement pour moi que je n'ai pas appelé la mienne le Vecteur XX2!
J'ai l'impression de le rabâcher à chaque édition, mais ça fait très plaisir de voir des briscards participer au concours et de talentueux nouveaux y faire leurs premières armes. Si les vieux désertaient, ce serait le signe d'une désaffection certaine pour notre genre littéraire de niche. Et si le sang neuf n'arrivait plus, il n'y aurait plus qu'à se dire "à quoi bon?"
Donc un grand merci à tous les participants, pour les beaux moments de jeu et de lecture que vous m'avez donnés.
Je veux remercier plus particulièrement Flam, grattepapier, urizen, fifre, gynogege et Salla. Lire, voter et même critiquer sans être soi-même directement impliqué dans le concours, alors qu'il y avait 15 grosses AVH à découvrir, c'est quelque chose qui force le respect et qui, tout simplement, fait perdurer le concours Yaztromo.