01/03/2017, 22:30
(Modification du message : 01/03/2017, 23:34 par Voyageur Solitaire.)
Je viens de la terminer, l'ayant lu d'une traite. Normal pour un petit bijou de cette qualité.
Je suis parti, il est vrai, avec un a priori très positif : j'adore les déserts, j'ai vécu aux USA où j'ai parcouru à de nombreuses reprises l'Utah, le Nouveau Mexique, l'Arizona... Cette AVH me parlait donc, dès le début et me faisait ouvertement du pied sous la table. Réminiscences... Odeur de l'asphalte, horizon vibrant dans les brumes de chaleur, ciel dévoré de lumière... Sensation de liberté, le goût âpre des cigarettes, la route qui se reflète dans les verres teintés de mes lunettes de soleil... Je ne pouvais pas refuser un tel voyage. En route !
On incarne une femme ? J'aime. En virée avec des copines ? On est bien parti pour un trip à la Thelma et Louise là, non ? Hotel California ? Oui bien sûr, mais un bon The road to hell de Chris Rea m'irait bien aussi. La nuit. Ha, la nuit dans le désert du Grand Ouest américain... Un jour bleu sombre qui succède à un jour bleu pur, le silence, un parfum de terre saturée de chaleur... Un motel. La lueur rouge d'une dernière cigarette qu'on allume, heureux de se dégourdir les jambes après de longues heures de route. La chaleur de la voiture encore perceptible alors que l'on s'assoit négligemment sur le capot, le feu du soleil qui vous chauffe encore le visage... La réception, le silence seulement troublé par le ronronnement de la clim, la pénombre, apaisante...
- VS, t'es chiant ! T'es là pour faire un feedback, pas pour réécrire l'AVH bordel !
- Excusez-moi...
Donc, c'est du très bon. La présentation, inattendue, est une réussite avec ce fond bleu nuit et ces lettres lumineuses comme le néon d'une enseigne. Et très vite, on se retrouve dans un espace hors du temps. Ce motel pourrait bien être le seul endroit qui reste au monde, oasis, dernier refuge, perdu dans une immensité indifférente. Au-delà du parking, c'est l'inconnu, le vide, la nuit. Et c'est alors un véritable scénario d'Anticipation, de Science Fiction. D'introspection surtout. Car ce motel n'est finalement qu'un réactif, un réceptacle ou un catalyseur pour nos angoisses, nos peurs, nos désirs. S'il y a une bête ici, c'est nous. L'endroit n'est qu'un jeu de miroirs qui nous renvoie à nous-même par l'intermédiaire des autres occupants.
C'est d'une originalité incroyable, complètement inattendue.
Au début, je m'attendais vraiment à un Road Movie avec un tueur qui rôderait dans les couloirs envahis par la nuit...
- Hé Lex, t'as entendu ? On dirait qu'il y a quelqu'un dehors... Faudrait peut-être aller voir ?
Et à la fin, on réussirait à rejoindre la bagnole et à s'enfuir, seule ou avec ses deux copines...
Ben non. C'est pas ça. C'est mieux. Faut le lire, vraiment. Et je compte m'y remettre très prochainement après cette trop courte première lecture.
Au niveau bémols, quelques détails. Au début, j'ai choisi de conduire et on parle de "ma part de travail". J'accroche pas vraiment avec cette tournure. Si vraiment on trouve ça chiant, pourquoi ne pas parler de corvée ? "Travail" pour le fait de conduire me surprend un peu. Un peu surpris aussi par la chemise de nuit revêtue par une de nos copines. Dans ce genre de cadre et surtout à notre époque, une chemise de nuit fait un peu daté je trouve... Je partirais plus sur un T-Shirt et un slip (petite culotte en l'occurrence), surtout pour des héroïnes assez jeunes (je les vois comme ça). Quand on rencontre Dean, on s'assoit sur "le trottoir". J'ai du mal à voir un trottoir en plein désert. Par contre, la touche d'humour avec le distributeur qui propose du Coca ET du Pepsi, j'ai adoré. Quel endroit bizarre en effet !
Il y a quand-même un côté dirigiste assez marqué, parfois frustrant. Et quand on a des possibilités, certaines n'amènent à rien : La piscine ? Hors d'usage. Le parking ? Même pas deux coyotes qui se courent derrière. Les autres chambres ? Nada. Du coup, par moments, on a un peu l'impression de visiter un appartement-témoin... Un peu plus d'action, quitte à faire des paragraphes plus longs, aurait été appréciable de même qu'une plus grande liberté peut-être. A notre arrivée, j'ai dû faire trois ou quatre choix qui ne m'ont rien rapporté avant de pouvoir gagner ma chambre. Dommage. On dira que cela permet de mieux décrire l'atmosphère des lieux et il est vrai que, par la suite, ces endroits se révèleront très différents. N'empêche qu'on a quand-même à certains moments l'impression de tourner en rond ou de faire des aller-retours entre les paragraphes, comme une boule de flipper. A ce compte-là, je reste sur mon idée de paragraphes plus longs.
Mais l'ensemble reste incroyable, étonnant, inattendu. Je ne m'attendais pas du tout à ça. On pourrait sans problème en faire un épisode de la série La quatrième dimension. Un grand bravo !
Welcome to the Cactus Blue Motel... Such a lovely place... You can check out any time you like but you can never leave...
Je suis parti, il est vrai, avec un a priori très positif : j'adore les déserts, j'ai vécu aux USA où j'ai parcouru à de nombreuses reprises l'Utah, le Nouveau Mexique, l'Arizona... Cette AVH me parlait donc, dès le début et me faisait ouvertement du pied sous la table. Réminiscences... Odeur de l'asphalte, horizon vibrant dans les brumes de chaleur, ciel dévoré de lumière... Sensation de liberté, le goût âpre des cigarettes, la route qui se reflète dans les verres teintés de mes lunettes de soleil... Je ne pouvais pas refuser un tel voyage. En route !
On incarne une femme ? J'aime. En virée avec des copines ? On est bien parti pour un trip à la Thelma et Louise là, non ? Hotel California ? Oui bien sûr, mais un bon The road to hell de Chris Rea m'irait bien aussi. La nuit. Ha, la nuit dans le désert du Grand Ouest américain... Un jour bleu sombre qui succède à un jour bleu pur, le silence, un parfum de terre saturée de chaleur... Un motel. La lueur rouge d'une dernière cigarette qu'on allume, heureux de se dégourdir les jambes après de longues heures de route. La chaleur de la voiture encore perceptible alors que l'on s'assoit négligemment sur le capot, le feu du soleil qui vous chauffe encore le visage... La réception, le silence seulement troublé par le ronronnement de la clim, la pénombre, apaisante...
- VS, t'es chiant ! T'es là pour faire un feedback, pas pour réécrire l'AVH bordel !
- Excusez-moi...
Donc, c'est du très bon. La présentation, inattendue, est une réussite avec ce fond bleu nuit et ces lettres lumineuses comme le néon d'une enseigne. Et très vite, on se retrouve dans un espace hors du temps. Ce motel pourrait bien être le seul endroit qui reste au monde, oasis, dernier refuge, perdu dans une immensité indifférente. Au-delà du parking, c'est l'inconnu, le vide, la nuit. Et c'est alors un véritable scénario d'Anticipation, de Science Fiction. D'introspection surtout. Car ce motel n'est finalement qu'un réactif, un réceptacle ou un catalyseur pour nos angoisses, nos peurs, nos désirs. S'il y a une bête ici, c'est nous. L'endroit n'est qu'un jeu de miroirs qui nous renvoie à nous-même par l'intermédiaire des autres occupants.
C'est d'une originalité incroyable, complètement inattendue.
Au début, je m'attendais vraiment à un Road Movie avec un tueur qui rôderait dans les couloirs envahis par la nuit...
- Hé Lex, t'as entendu ? On dirait qu'il y a quelqu'un dehors... Faudrait peut-être aller voir ?
Et à la fin, on réussirait à rejoindre la bagnole et à s'enfuir, seule ou avec ses deux copines...
Ben non. C'est pas ça. C'est mieux. Faut le lire, vraiment. Et je compte m'y remettre très prochainement après cette trop courte première lecture.
Au niveau bémols, quelques détails. Au début, j'ai choisi de conduire et on parle de "ma part de travail". J'accroche pas vraiment avec cette tournure. Si vraiment on trouve ça chiant, pourquoi ne pas parler de corvée ? "Travail" pour le fait de conduire me surprend un peu. Un peu surpris aussi par la chemise de nuit revêtue par une de nos copines. Dans ce genre de cadre et surtout à notre époque, une chemise de nuit fait un peu daté je trouve... Je partirais plus sur un T-Shirt et un slip (petite culotte en l'occurrence), surtout pour des héroïnes assez jeunes (je les vois comme ça). Quand on rencontre Dean, on s'assoit sur "le trottoir". J'ai du mal à voir un trottoir en plein désert. Par contre, la touche d'humour avec le distributeur qui propose du Coca ET du Pepsi, j'ai adoré. Quel endroit bizarre en effet !
Il y a quand-même un côté dirigiste assez marqué, parfois frustrant. Et quand on a des possibilités, certaines n'amènent à rien : La piscine ? Hors d'usage. Le parking ? Même pas deux coyotes qui se courent derrière. Les autres chambres ? Nada. Du coup, par moments, on a un peu l'impression de visiter un appartement-témoin... Un peu plus d'action, quitte à faire des paragraphes plus longs, aurait été appréciable de même qu'une plus grande liberté peut-être. A notre arrivée, j'ai dû faire trois ou quatre choix qui ne m'ont rien rapporté avant de pouvoir gagner ma chambre. Dommage. On dira que cela permet de mieux décrire l'atmosphère des lieux et il est vrai que, par la suite, ces endroits se révèleront très différents. N'empêche qu'on a quand-même à certains moments l'impression de tourner en rond ou de faire des aller-retours entre les paragraphes, comme une boule de flipper. A ce compte-là, je reste sur mon idée de paragraphes plus longs.
Mais l'ensemble reste incroyable, étonnant, inattendu. Je ne m'attendais pas du tout à ça. On pourrait sans problème en faire un épisode de la série La quatrième dimension. Un grand bravo !
Welcome to the Cactus Blue Motel... Such a lovely place... You can check out any time you like but you can never leave...
Anywhere out of the world