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Lu sur le site du SNE :
Citation :Le mythe de la gratuité
La dématérialisation de l’écrit est en cours : l’écrit « à cycle court » (la presse) est en première ligne, mais l’écrit « à cycle long » (le livre) est sur le point d’y être confrontée. La numérisation se traduit pour le livre de deux manières : par le scannage de livres papier et par le livre électronique, encore balbutiant, mais qui se développera à brève échéance sur une partie du marché du livre (universitaire, technique, pratique, juridique…) avec l’arrivée de tablettes de lecture de qualité et peu chères.
Sous l’impulsion des internautes, l’idée s’est répandue qu’il fallait rendre gratuit l’accès au savoir et aux contenus culturels : idée faussement généreuse voire dangereuse car elle risque d’entraîner un appauvrissement de la qualité et de la diversité des contenus, dont les éditeurs sont les garants.
On oublie trop souvent que les droits d’auteur, qui font partie des droits de l’Homme hérités du Siècle des Lumières, rémunèrent le travail des auteurs et de leurs éditeurs. La propriété littéraire et artistique doit être protégée. Le piratage (téléchargement non-autorisé de contenus sous droit) fleurit dans la musique et le cinéma, et concerne de plus en plus le domaine du livre. Le livre ne souhaite pas suivre le sort de l’industrie du disque et de la vidéo.
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Personnellement, je suis pour le droit d'auteur (on a le droit d'être récompensé pour sa création), mais avec quelques conditions lourdes de conséquences :
- Tout d'abord, la protection du consommateur. L'excuse du droit d'auteur sert hélas plus que souvent à écraser et ignorer celle du droit d'utilisateur. Il suffit de voir les DRM tous plus abusifs et inacceptables les uns que les autres, blindés de clauses léonines et d'exigences non justifiables. Les deux droits doivent être respectés.
- La limitation de la durée : je ne vois AUCUNE justification aux durées démentielles (70 ans après la mort de l'auteur ?). Peut-être 10 ans après la mort de l'auteur, mais pas plus.
- Je suis pour protéger les droits d'auteur, de par le côté incontestable de l'acte de création. Sur ce point le droit français est très correct. Le droit anglo-saxon en revanche, qui basiquement permet à une entreprise d'acheter tous les droits d'un auteur et d'agir ensuite comme si elle était elle-même un auteur, me révulse et est complètement illégitime à mes yeux.
La violence n'est pas la bonne réponse !
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Suivant la proposition de Delarmgo, je poste ici le MP que je lui ai envoyé hier. Je lui disais que nous devions être nombreux à être choqués par l'expression "aligner du signe" ou quand il dit qu'un auteur ne mise rien.
Je colle ici mon MP :
Sur le forum peu sont habitués à penser en "signes". On écrit à l'ancienne, en "amateur du dimanche matin" (parfois plus quand même !). Et pour ceux qui justement y passent plus de temps, voire énormément de temps, le sacrifice est conséquent (j'avais eu des discussions avec un membre du forum qui se lève lui aussi à 6h pour écrire pendant que tout la petite famille dort encore).
Cette année j'ai dépassé la limite dans les trois domaines que sont la santé, le travail et l'amour (horoscope !!!). Je dors en moyenne 6h par nuit, parfois moins (regarde l'heure de ce MP (rajout : 1h51)). Je suis en permanence fatigué. J'ai des méga trous de mémoire, je suis irascible. Je survole mes corrections de copies, je réutilise mes cours de l'an dernier au lieu de les refaire. (rajout : Une fois mon diplôme d'ingénieur en poche, j'ai choisi de faire prof pour avoir plus de temps à consacrer à l'écriture. Mes parents ont halluciné. Au bout de 8 ans, j'arrive maintenant à me dégager pas mal de temps effectivement. Cela fait deux ans que je fais valoir la loi pour empêcher mon chef d'établissement de me donner des heures sup. Si je suis au plancher (18h+1h obligatoire) c'est par conviction politique mais aussi pour grapiller toujours plus de temps pour l'écriture. Mon chef d'établissement pourrait me donner 3h de plus, cela ferait 12h sup par mois. En refusant cela, je mise de l'argent en quelque sorte. Je touche moins qu'un prof qui débute, et, au mieux, deux fois moins que si j'avais gardé mon statut d'ingé. Après ces 8 ans d'enseignement, mon diplôme ne vaut plus rien. ) Et c'est finalement ma femme qui avec toute sa gentillesse et sa patience subit ce grand n'importe quoi.
On ne mise aucun argent (rajout : quoique...), c'est vrai, mais on mise peut-être plus car on mise du temps.
Je te dis ça sans vouloir polémiquer, car je sais que tout ça tu as dû le vivre puisque tu as une famille toi aussi, et que tu as même quitté ton travail pour ta passion !!! Et puis tous tes MP (rajout : on communique pas mal par MP) montrent combien tu es attaché à tes auteurs et combien tu reconnais leur travail. C'est juste que cette reconnaissance n'apparaît pas dans ce thread qui - tu l'auras compris - m'a un peu choqué.
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24/11/2013, 20:42
(Modification du message : 24/11/2013, 21:08 par Zyx.)
Merci de partager Shamutanti. Tiens je rebondis un peu sur l'expression "aligner du signe"...
Aaaah, l'évaluation du travail de l'écrivain par le volume! ^ ^ Le poids du livre, la bibliothèque au mètre linéaire, la littérature quantifiée au débitomètre... dès qu'on pose ces critères, on perd de vue l'essentiel.
L'essentiel? Pascal l'a dit:
Citation :L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser: une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser[..].
La poursuite du profit matériel , le dogme marchand qui refuse de distinguer toute valeur intrinsèque à ce qui est vendu - seuls comptent le marketting, les volumes, la célébrité -, passent à côté des possibilités de l'art, les étouffent même.
L'art peut élever, faire comprendre, enrichir notre esprit.
L'industrie règnante du divertissement est une machine, efficace mais bête. Peu lui importe de faire proliférer l'imbécilité, la brutalité et l'impulsivité, elle ne fait pas de choix moral, ne distingue pas le bien du mal, seulement le profit économique matériel immédiat. Elle vend ce qui se fabrique le plus facilement, elle veut du volume.
C'est bien d'étudier ses mécanismes, parce qu'il va falloir évoluer dans ce milieu, mais il faut garder en tête que ces mécanismes n'apportent rien au développement humain.
Le défi de l'édition, tel que je l'entends, c'est tout en se maintenant à flot économiquement, de sortir du marasme culturel dans lequel nous plonge la logique du profit à tout prix; c'est de trouver comment promouvoir l'intelligence, la sensibilité, les sentiments, la dignité humaine. Sinon à quoi bon faire proliférer le signe?
Trêve de philosophie. Alain Damasio qui s'enferme pendant trois ans pour écrire un livre, un livre qui repousse un peu plus les limites de la littérature: on ne peut pas dire qu'il aligne du signe, celui-là! Mais à mes yeux, il vaut à lui tout seul les trois mille best-sellers qui sont sortis pendant ces trois ans, et c'est l'un des seuls à qui j'ai donné de l'argent.
Juste mes deux centimes.
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Du coup je ne résiste pas à l'envie d'ajouter ma réponse au MP !
La voici :
Je suis assez d'accord pour le thread en question, je suis un peu l'avocat du diable, et je sais que ce n'est pas la meilleure posture.
Et pourtant loin de moi l'idée de dénigrer les auteurs, en étant un aussi.
Mais, me plaçant en position d'éditeur, mes messages veulent surtout réveiller certaines personnes qui lancent des idées polémiques sans savoir tout ce qui se cache derrière.
Quand je parle d'aligner du signe je parle des pro, j'ai essayé de le préciser dans le thread. Les "amateurs" (mais non moins talentueux) ne devraient pas être "esclaves" de leur passion, d'où l'intérêt de l'éditeur, pouvoir gérer le reste, laissant les signes (donc l'écriture) à l'auteur.
Pour revenir sur du signe encore du signe c'est une "dictature" que je connais bien, mais que je ne dénigre absolument pas.
C'est juste une pression souvent imposée par l'éditeur qu'il faut prendre en compte, et gérer le mieux possible. Mais il vaut mieux en avoir conscience, c'est le message que je veux faire passer, mal peut être !
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(24/11/2013, 20:42)Zyx a écrit : et c'est l'un des seuls à qui j'ai donné de l'argent.
Juste mes deux centimes.
Tu lui as juste donné deux centimes ?
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Voilà! C'est exactement ce qu'il fallait comprendre de ma diatribe! ^ ^
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Zyx : "Le défi de l'édition, tel que je l'entends, c'est tout en se maintenant à flot économiquement, de sortir du marasme culturel dans lequel nous plonge la logique du profit à tout prix; c'est de trouver comment promouvoir l'intelligence, la sensibilité, les sentiments, la dignité humaine. Sinon à quoi bon faire proliférer le signe?"
Je suis bien d'accord avec toi, sinon qu'il faut un peu plus que se maintenir à flot ; connaissant les ouvrages collectifs dans le jdr, et bénévolement pour les auteurs, je sais à quel point l'absence d'argent complique plus les choses qu'elle ne les facilite. Rétribuer les intervenants nous apportera la liberté, et l'assurance de la meilleure qualité possible pour le client.
Je ne suis pas quelqu'un de vénal, mais je sais juste à quelle époque nous vivons. Expliquant peut-être ce côté un peu "business" dans certains de mes posts.
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25/11/2013, 00:03
(Modification du message : 25/11/2013, 00:07 par Syphil.)
En même temps, la bonne nouvelle c'est que tous les espoirs sont permis pour l'avenir.
Les choses bougent énormément actuellement, c'est tout le système qui craque, c'est tout le capitalisme qui agonise, et c'est très bien comme ça parce que plus personne n'en veut !
Hier justement, j'écoutais un mec très intéressant sur lequel je ne m'étendrais pas parce que ça nous éloignerait du sujet, mais qui explique en gros que nous sommes en train de passer de la survie à ce que certains appellent le deuxième chakra : celui de la création.
On quitte le monde pyramidal et animal (féodalité, capitalisme etc) de la survie et du pouvoir sur l'autre pour passer à celui de l'homme qui crée sa propre réalité (et qui ne voudrait pas vivre de ses passions ?)
Le problème c'est que ça nous oblige à complètement reprogrammer notre façon de survivre et penser. Et nous oblige tous, pour un temps et chacun à son niveau, à devoir encore composer avec ces vielles structures devenues dysfonctionnelles (ça ne sert à rien de les combattre de toutes façons, on peut cependant les changer de l'intérieur.)
Je crois moyen à ces histoires de dématérialisation franchement. J'ai l'impression que certains y voient un moyen pour le capitalisme de pouvoir se survivre à lui-même et de se perpétuer sous de nouvelles formes, très différentes, mais tout en restant, sur le fond, toujours la même merde. C'est l'homme qui doit évoluer, pas la technologie
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@Delarmgo: je comprends ton point de vue bien sûr. C'est juste qu'il faut trouver le bon équilibre entre la récompense fiduciaire et la qualité diffusée. Comme je te vois tirer les rennes d'un seul côté avec ta formation, je tire de l'autre. ^ ^
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25/11/2013, 17:05
(Modification du message : 25/11/2013, 17:09 par cdang.)
B'jour,
(23/11/2013, 18:26)Delarmgo a écrit : Citation :Le mythe de la gratuité
idée faussement généreuse voire dangereuse car elle risque d’entraîner un appauvrissement de la qualité et de la diversité des contenus
Un appauvrissement de la qualité oui. De la diversité, non, puisque tout le monde peut publier n'importe quoi sur la toile… La difficulté étant de trier le bon grain de l'ivraie.
(23/11/2013, 18:46)Akka a écrit : - La limitation de la durée : je ne vois AUCUNE justification aux durées démentielles (70 ans après la mort de l'auteur ?). Peut-être 10 ans après la mort de l'auteur, mais pas plus.
Si je transmet un bien immobilier à mes enfants, mes petits enfants pourront en profiter. Après, on peut être contre l'héritage tout court pour réduire les inégalités sociales…
Si l'auteur est réédité ou que son œuvre est adaptée 20 ou 30 ans après, c'est que c'est du solide et donc qu'on l’honore en étant toujours prêt à raquer (Pagnol ,Tolkien, Philip K. Dick, pour rester dans du récent). Sinon, la question de la durée post-mortem reste théorique.
(24/11/2013, 17:02)Shamutanti a écrit : Une fois mon diplôme d'ingénieur en poche, j'ai choisi de faire prof pour avoir plus de temps à consacrer à l'écriture. Mes parents ont halluciné. Au bout de 8 ans, j'arrive maintenant à me dégager pas mal de temps effectivement.
Je confirme, moi-même ingénieur, j'ai enseigné pendant quatre ans, et j'ai eu du mal à sortir la tête de l'eau. Pis j'ai craqué, chuis allé en bureau d'étude, c'est bien plus peinard.
(24/11/2013, 20:42)Zyx a écrit : Merci de partager Shamutanti. Tiens je rebondis un peu sur l'expression "aligner du signe"...
À mon tour.
Pour un rédacteur technique, aligner du signe, je sais ce que c'est. Et le travail préparatoire aussi. Pour une œuvre de fiction…
Pour en revenir à l'origine de la discussion : quand Smith et Thomson créent une œuvre dans un univers fictif pseudo-japonais, on peut s'imaginer qu'ils puisent dans leur culture et leur passion. C'est un truc qui a mûri plusieurs années, quand leur pensées divaguaient, je veux bien que ça passe à l'as.
Quand Doug Headline et compagnie écrivent La Saga du prêtre Jean, ils veulent s'ancrer dans un réalisme historique ('fin je suppose, d'après ce que j'ai lu des critiques, je ne les ai pas lu ; sinon, remplacer par n'importe quelle œuvre historique).
Ça veut dire un gros travail préparatoire — documentation, intégration de l'intrigue —, et ça, ça ne se compte pas en signe. Pour revenir à la remarque de Shamutanti, c'est un peu comme réduire le métier de prof aux heures de présence face aux élèves.
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25/11/2013, 23:49
(Modification du message : 25/11/2013, 23:52 par Shamutanti.)
(25/11/2013, 17:05)cdang a écrit : Pour revenir à la remarque de Shamutanti, c'est un peu comme réduire le métier de prof aux heures de présence face aux élèves. Hors-sujet sur le "plan prof" : Je continue à me demander si j'ai fait le bon choix.
moins : Je ramène du taf à la maison le soir et le WE
moins : Je dois écrire un bon livre, le vendre, toucher les droits d'auteur, devenir une star, pour compenser ma perte de salaire.
plus : J'ai des maxi vacances
L'équation n'est pas simple...
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26/11/2013, 10:48
(Modification du message : 26/11/2013, 10:50 par cdang.)
(25/11/2013, 23:49)Shamutanti a écrit : Hors-sujet sur le "plan prof" : Je continue à me demander si j'ai fait le bon choix.
Perso, j'ai loosé un max : j'étais dans un CFA privé, donc contrat 35 h : 5 semaines de congés payés + 3 semaines de RTT, env. 18 h de cours mais astreint à 37 h de présence (ça c'est pas plus mal, au moins je ne ramenais pas de taff à la maison, j'avais un bureau et un portable à dispo) ; avec les formations pour entreprises, ça pouvait en rajouter, j'ai des collègues qui montaient régulièrement à 35 h de présentiel !
Et 10 sections différentes (3 bac pro et 2 BTS, ×2 puisque c'était de l'alternance), donc un max de préparation (et en plus réforme des bac pro et des BTS en plein milieu)
Par contre, super expérience tant humaine que technique (mon bureau étant dans l'atelier, j'en ai profité pour me former au tournage et au fraisage conventionnels, et au traçage en chaudronnerie).
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