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(15/11/2013, 13:31)H.d.V a écrit : Pourtant, ça a fonctionné comme ça jusqu'au milieu/fin des années 90. Si tu voulais écouter un CD, bah tu l'achetais ou tu allais dans une médiathèque, ou tu te le faisais prêter. J'ai l'impression que le piratage à grande échelle a fait perdre conscience des notions mêmes de propriété (ce n'est pas parce qu'un bien est devenu immatériel qu'il appartient à tout le monde).
C'est une question de point de vue, je pourrai tout aussi bien dire que le piratage a permis de relativiser ces notions de propriétés dans le domaine de la propriété intellectuelle et de réaliser que quelque chose n'allait pas ...
(15/11/2013, 13:31)H.d.V a écrit : J'espère que les gens se rendent quand même compte que télécharger c'est, comme le disait Cdang, spolier un artiste (et tous ceux qui sont impliqués dans le processus de création/promotion) d'une juste rémunération. Ne t'inquiète pas, avec tous les messages 'le téléchargement c'est du vol' qui nous sont matraqués à tout bout de champs, tous le monde à bien compris que le téléchargement "illégal" ça déplaisait à certaines personnes. C'est prendre un certain recul vis-à-vis de ces discours qui me semble un peu plus compliqué.
De toute façon, cette histoire touche le rapport un peu trop personnel que nous avons chacun sur la culture et la notion de propriété privée, donc personne ne convaincra qui que ce soit. J'ai l'impression que nous sommes d'accord que l'arrivée d'internet change la donne et implique l’apparition de "nouveaux" fonctionnements afin de financer la culture, donc si la discussion doit continuer ça serait plutôt dans ce sens là.
Il y a donc la piste de la licence globale, qui ne répond pas à la question de comment on répartit les sous, et la piste du "mécénat" qui par contre implique un public éduqué et pas trop pauvre. Il se trouve que ce public existe aujourd'hui. L'interview du créateur de jeux indés que j'ai donné au précédent pose bien les choses. Ainsi on ne paye pas à l'utilisation parce qu'on considère utiliser la propriété d'autrui, mais bien selon ce que j’apprécie et que j'aimerais voir continuer d'exister et se faire connaitre d'encore plus de monde (et je trouve ça beaucoup plus sain). Je précise que je donne pas mal d'argent dans les domaines qui me plaisent dans la mesure où mon pouvoir d'achat le permet.
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juste une mise au point...
Cdang tu dis : « en vendant 10 000 livres à 5 EUR, la personne qui me fait rêver aura gagné 5000 EUR pour un an de travail »
>>> En gros l'auteur est un pauvre esclave spolié par le méchant éditeur ?
Si c'est ce que tu veux dire, tu te trompes, sur un livre (et me revoici au point de départ du thread) chaque intermédiaires gagnent autant (minus les frais et les risques).
Pour être clair, utilisons ton exemple : (en simplifiant, et bien sûr il peut y avoir des différences)
10.000 X 5€ = 50.000€
qui gagne quoi :
état : 0.30 x 10.000 = 3000€ en tva - aucun risque pour l'état, du cash qui tombe.
imprimeur : 0.70 x 10.000 = 7000€ - peu de risque, mais frais importants (l'éditeur peut parfois fournir le papier).
distributeur : 1.00 x 10.000 = 10000€ - risque modéré mais gros frais de fonctionnement.
libraire : 1.70 x 10.000 = 17000€ - risque important et gros frais de fonctionnement.
auteur : 0.50 x 10.000 = 5000€ - aucun risque, pas de frais de fonctionnement.
éditeur : 0.80 x 10.000 = 8000€ - risque important et frais de fonctionnement important.
Alors cessons de pleurer les auteurs, sur un livre tout le monde touche sa petite part, quasi identique pour tous.
Tu veux gagner le gâteau en entier ? Alors en plus d'être auteur, il va falloir devenir éditeur, distributeur, gestionnaire, imprimeur, libraire,...
Mais la marge de l'auteur (égale à 100% tout de même, diminuée des quelques centimes qu'il dépense dans le courant pour faire tourner son ordi) n'a rien à envier aux autres intermédiaires.
Le libraire et son énorme pourcentage gagnera en fait quelques centimes, et au final marge beaucoup beaucoup moins que l'auteur.
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15/11/2013, 14:45
(Modification du message : 15/11/2013, 15:01 par Zyx.)
Delarmgo, tu persistes à dire que l'auteur ne prend pas de risques et qu'il n'a pas de frais, mais je ne comprends pas ce que tu veux dire en fait.
Pour faire simple, disons qu'un livre c'est mille heures de travail.
Mille heures de travail, ce n'est pas rien.
A t'entendre on croirait que l'auteur a une machine à produire automatiquement des textes en un millième de seconde et qu'il se pointe juste pour toucher les sous quand les autres acteurs de la chaîne ont fini leur travail.
Mille heures, c'est six mois de travail à temps plein. C'est un manque à gagner, un sacrifice de temps, d'énergie, d'opportunités, etc. C'est du travail. Ce sont des frais de développement, qui te sont peut-être invisibles parce que l'auteur ne recevant pas de salaire, c'est lui qui absorbe directement les coûts. Dans d'autres cas de figure comme les boîtes de jeu vidéo, le coût est plus apparent parce que les développeurs reçoivent un salaire.
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C'est très simpliste comme vision des choses, mais pas totalement faux non plus.
http://www.pcinpact.com/news/84444-interview-le-realisateur-cedric-kahn-nous-parle-telechargement-illega.htm
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15/11/2013, 15:01
(Modification du message : 15/11/2013, 15:19 par Delarmgo.)
Je ne me place que du point de vue "financier", pas artistique.
La création prendra un temps très différent d'un auteur à l'autre. En 1h certains vont aligner 5000 signes là ou un autre en alignera 1000. En 1000h on arrive à un chiffre entre 1.000.000 et 5.000.000 de signes, ça commence à faire des beaux pavés là (autour de 400 pages, jusqu'à 2000 pages) !
À raison de 8h par jour, car c'est son métier, ça donne 4 mois de travail - si l'auteur est bon, si ça marche, il gagnera une belle somme pour 4 mois de taf, mais s'il a merdé, ça ne se vendra pas beaucoup, et il touchera en conséquence. Comme pour n'importe quel job, tu gagnes en fonction du résultat, de ce que tu as fais.
Tu as raison, il y a là un risque pour l'auteur, mais c'est son métier, et comme pour tout indépendant le risque est à gérer. Personne n'est obligé, ce sont des choix.
Si ce n'est pas son métier, il va sûrement mettre au moins 1 année pour produire autant, mais c'est son "hobby" il aime écrire, il le fait pour lui. Et si c'est publié, il touchera quelque chose pour un travail qui n'a généré aucun coût, sinon le plaisir d'écrire en le faisant...
Mais j'ai tout à fait conscience du temps que ca demande, que ce n'est pas automatique.
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Le temps que passera un libraire à faire tourner sa librairie et le salaire qu'il s'accorde n'est-il pas déduit du gain qu'il se fait ? Et l'imprimeur, le temps passé par ceux qui font tourner la machine (en fait le cout que ça implique) est-il déduit des gains là aussi ? Et pour les autres ? (je précise que ce sont de vrais questions)
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15/11/2013, 15:12
(Modification du message : 15/11/2013, 15:36 par Delarmgo.)
pour reprendre l'exemple de Cdang un livre à 5€, pas très gros, mettons 200.000 signes, autour de 100 pages.
Il a gagné 5000€ donc :
- il est pro : 200.000 signes ça lui a pris mettons 150 heures, donc 20 jours. Et un gain de 5000€
- il est amateur : autant de signes, mais ça lui a pris 3 mois. Et un gain de 5000€...
Le temps passé, la créativité, l'énergie, le travail, est bel et bien payé.
Et plus l'auteur est doué, créatif, rapide, mieux il est payé.
@Salla
Évidemment libraires, imprimeurs, éditeurs, distributeurs doivent déduire beaucoup de frais, des chiffres que j'indique.
Machines, encres, papier, salariés, pour l'imprimeur
Salariés, transports, logistiques, pour le distrib
Salariés, location espace de vente, achat des ouvrages, pour le libraire
Salariés, services externes (nombreux), pour l'éditeur
Ajoutons à ça les diverses taxes et autres impôts.
Pour l'auteur, le temps passé (recherches, écritures, corrections, ...)
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(15/11/2013, 15:01)Delarmgo a écrit : Tu as raison, il y a là un risque pour l'auteur, mais c'est son métier, et comme pour tout indépendant le risque est à gérer. Personne n'est obligé, ce sont des choix. Tu appliques deux poids deux mesures. Il y a un risque pour l'auteur comme il y a un risque pour le libraire et l'éditeur, chacun a son métier, chacun fait ses choix, personne n'est obligé. Le même raisonnement s'applique, et je ne comprends pas pourquoi tu conclues que l'auteur ne prends pas de risques tandis que les deux autres si.
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Ce ne sont juste pas les mêmes risques, matériellement. cf. juste au dessus.
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15/11/2013, 15:47
(Modification du message : 15/11/2013, 16:03 par Zyx.)
(15/11/2013, 15:12)Delarmgo a écrit : - il est pro : 200.000 signes ça lui a pris mettons 150 heures, donc 20 jours. Et un gain de 5000€ Ce que tu dis me semble ahurissant. Combien d'auteurs sur la planète écrivent en 20 jours un livre vendu à 10 000 exemplaires? Même en supposant qu'il soit pro, cette opportunité doit se présenter une fois tous les cinq ans. Et puis, moi je vois plutôt que les pros mettent un an à écrire un bouquin, pas 20 jours - mais peut-être que nous ne parlons pas du même secteur.
Au final, si ce que tu fais n'est pas de la théorie mais décrit bien une réalité, cela représente quel pourcentage de la réalité des auteurs? Dans les 0,01%? (je demande honnêtement). Peut-être parles-tu d'auteurs qui font des manuels, des trucs à la demande, pas un effort créatif.
(15/11/2013, 15:35)Delarmgo a écrit : Ce ne sont juste pas les mêmes risques, matériellement. cf. juste au dessus. On peut établir une comparaison de type temps = argent, mais au final je ne vois pas en quoi cela change le raisonnement. Ce sont des risques, et ces risques justifient un pourcentage sur les bénéfices. Il n'y a pas lieu d'affirmer que les auteurs sont des privilégiés dans la chaîne éditoriale, du moins, tu ne m'as pas convaincu. Pas que je cherche à rester campé sur mes positions, hein, j'écoute juste tes arguments.
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15/11/2013, 16:06
(Modification du message : 15/11/2013, 16:09 par Delarmgo.)
Les auteurs dont c'est le métier travaillent généralement sur plusieurs livres en même temps. Et je crains que pas mal de best sellers n'aient pas pris plus d'un mois à écrire.
Quand je dis 20 jours c'est bêtement en comptant le rapport signes/temps passé.
Quelqu'un citait De Villiers il y a peu, voilà l'exemple même d'un auteur qui crache du signe, rapidement, et qui gagne en fonction.
Évidemment il faudrait prendre en compte de nombreuses autres variables, la célébrité de l'auteur, la comm. autour du livre, la chance, l'air du temps, etc. le succès, les ventes, dépendent de tellement de choses.
-Un auteur très connu sait qu'il vendra de très gros volumes, nul besoin pour lui de se presser, 1 livre par an est suffisant (et pourtant ces auteurs best sellers produisent souvent plus).
-Un auteur peu connu, s'il veut ne vivre que de ça, sait qu'il vendra de petits volumes, le seul moyen pour lui est donc d'aligner du signe, encore et encore. Et, pire, il doit espérer que ça va plaire, à l'éditeur, et ensuite aux lecteurs. (la position la plus difficile à mon avis)
- Un "amateur", qui bosse à côté, et écrit pour le plaisir, libre à lui de vouloir produire beaucoup ou très peu. Il y passe autant de temps qu'il le souhaite, et s'il commence à compter son temps, à vouloir le rentabiliser, alors il n'est plus "amateur", et il arrive dans la catégorie la moins sympathique.
Quelle était la question à l'origine du Thread ?
Comment mieux payer les auteurs, comment en tant que client donner une plus grande part à celui qui fait, à celui qui produit ? Comment en tant qu'auteurs, être mieux rétribué pour le temps passé ?
- les auteurs : faire partie des nombreux syndicats d'auteurs qui arrivent toujours à améliorer les conditions. Ou avoir le talent et l'énergie nécessaire à l'auto-édition.
- les clients : suivre "son" auteur en "consommant" ce qu'il produit, faire marcher le bouche à oreille. Lui envoyer un chèque ?
- l'éditeur : ne pas proposer des contrats à 5 ou 6% !
Et l'état ne va pas dans le bon sens pour les auteurs, la tva sur les droits d'auteur passe à 10% en janvier (+ les 10% pour l'agessa)
Par contre je ne dis pas que les auteurs sont privilégiés - juste que sur un livre tout le monde trouve son compte sur des ratios quasi identiques.
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15/11/2013, 16:11
(Modification du message : 15/11/2013, 16:17 par H.d.V.)
(15/11/2013, 14:22)Salla a écrit : C'est une question de point de vue, je pourrai tout aussi bien dire que le piratage a permis de relativiser ces notions de propriétés dans le domaine de la propriété intellectuelle et de réaliser que quelque chose n'allait pas ...
Là où le libéral et le libertaire se rejoignent... Mais si quelqu'un te pique ta voiture, qu'en déduiras-tu quant à ce qui ne va pas dans notre bas monde ?
Après tout, c'est son droit de penser que les voitures appartiennent à tout le monde. Une licence globale pour l'utilisation de la voiture ce serait cool.
Tout ça pour dire que la propriété matérielle est le symétrique de la propriété intellectuelle. C'est pour ça que je suis revenu à des notions fondamentales de droit dans mes précédents posts. Les mécanismes sont les mêmes : tu ne peux pas logiquement en prendre un (parce que ça t'arrange) et nier l'autre.
Les seuls qui seraient cohérents avec une telle posture seraient les habitants d'une communauté où tout se partage.
(15/11/2013, 14:22)Salla a écrit : Il y a donc la piste de la licence globale, qui ne répond pas à la question de comment on répartit les sous, et la piste du "mécénat" qui par contre implique un public éduqué et pas trop pauvre. Il se trouve que ce public existe aujourd'hui. L'interview du créateur de jeux indés que j'ai donné au précédent pose bien les choses. Ainsi on ne paye pas à l'utilisation parce qu'on considère utiliser la propriété d'autrui, mais bien selon ce que j’apprécie et que j'aimerais voir continuer d'exister et se faire connaitre d'encore plus de monde (et je trouve ça beaucoup plus sain). Je précise que je donne pas mal d'argent dans les domaines qui me plaisent dans la mesure où mon pouvoir d'achat le permet.
Le premier mécénat est l'argent que tu donnes aux artistes en achetant leurs productions. Parfois j'achète tous les CD présents sur le stand si le groupe m'a plu : c'est une façon de le soutenir.
J'aime bien l'interview postée par Alana, mais il faut noter que l'industrie du cinéma est sans doute un peu moins touchée que l'industrie musicale, car l'expérience au cinéma n'est pas équivalente à la vision d'un film chez soi, dans une qualité aléatoire. UGC ouvre de nouveaux complexes à Paris, où les Virgin ont dans le même temps fermé.
En ce qui concerne l'édition, on va voir se qui va se passer quand on pourra télécharger les livres et que l'usage de la tablette de lecture sera généralisé. Le progrès technique est là encore le cheval de Troie d'une future anarchie dans le domaine.
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15/11/2013, 18:13
(Modification du message : 15/11/2013, 18:24 par cdang.)
(15/11/2013, 14:27)Delarmgo a écrit : Cdang tu dis : « en vendant 10 000 livres à 5 EUR, la personne qui me fait rêver aura gagné 5000 EUR pour un an de travail »
>>> En gros l'auteur est un pauvre esclave spolié par le méchant éditeur ?
Si c'est ce que tu veux dire,
Non, c'est juste une constatation. N'étant pas du métier, je n'avais pas d'ordre de grandeur.
(15/11/2013, 16:06)Delarmgo a écrit : À raison de 8h par jour, car c'est son métier, ça donne 4 mois de travail - si l'auteur est bon, si ça marche, il gagnera une belle somme pour 4 mois de taf
5000 EUR/4 = 1250 EUR/mois, on est autour du smic (brut à 1 400, net à 1 120). Correct, mais je n'appellerai pas ça une belle somme.
(15/11/2013, 16:06)Delarmgo a écrit : Quelle était la question à l'origine du Thread ?
Ce n'était pas une question mais une remarque : selon Alana, une œuvre devrait tomber dans le domaine public et être disponible en téléchargement gratuit au bout de 14 ans.
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Vous êtes mort.
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(15/11/2013, 18:13)cdang a écrit : Ce n'était pas une question mais une remarque : selon Alana, une œuvre devrait tomber dans le domaine public et être disponible en téléchargement gratuit au bout de 14 ans.
C'était pas 14 heures ?
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14 minutes !
Cdang, c'est juste, ce n'est pas une "belle" somme.
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