14/09/2018, 13:52
Ce sera donc finalement Alshaya, volume II de ma trilogie sur Shamanka, que je vous proposerai bientôt.
A cette occasion, donc, introduction et premier paragraphe :
Vous reprenez lentement conscience, de manière confuse et incertaine. Comme si votre esprit remontait de gouffres lointains où il aurait erré indéfiniment. Les sensations vous reviennent en même temps que la conscience de votre propre existence, vos extrémités remuent doucement, vos membres s'animent, vos nerfs engourdis sortant du sommeil… Des sons, des couleurs, des formes confuses se détachent pour prendre progressivement des contours plus précis… Vous reposez, nu, sur un tapis de coussins. Des parois et un plafond de toile, la lueur sourde d'une lampe… Vous vous redressez lentement, encore engourdi, une sensation de soulagement au flanc, là où vous découvrez une large bande de linge maintenant un pansement de tissu. Un rabat s'écarte, dessinant un rectangle de lumière et laissant entrevoir un ciel bleu sombre empli d'étoiles.
- Oh, mais tu ne dois pas te lever, tu es encore trop faible ! Ta blessure va se rouvrir !
Une voix douce, des mains aux doigts frais sur votre peau enflammée, des bras qui vous repoussent doucement, vous forçant à vous rallonger.
- Où suis-je ? Que s'est-il passé ? murmurez-vous.
- Tu es au campement Osaman, non loin de la rivière Enedi. Je suis Yali, je te soigne et te veille depuis que nos hommes t'ont trouvé, à moitié mort, il y a plusieurs lunes. Tu ne te souviens pas ?
Les souvenirs remontent lentement dans votre esprit embrumé. Votre propre campement, quitté au lever du jour, le désert écrasé de soleil et vibrant de chaleur… Le Tanagra, le rite de passage… La dernière étape pour être admis parmi les guerriers au sein de votre peuple, les fiers nomades Bektis. Tuer le lion des sables, l'un des plus redoutables prédateurs du Désert de Talishan. Les souvenirs se font plus précis, se bousculent désormais : la chasse, la traque à travers les dunes, votre longue lance au poing, le bouclier rond au bras, la découverte du fauve près d'un point d'eau. Explosion de férocité animale, éclaboussures de sang, le choc quand votre lame a transpercé le large poitrail velu, votre bouclier volant en éclats… La douleur, fulgurante, quand les griffes ont déchiré votre flanc, lacérant la chair en une rouge brûlure… Le corps lourd et massif, encore chaud, vous clouant au sol, l'odeur écœurante du sang, le vôtre et celui de l'animal, la douleur… Et puis, les ténèbres.
Vous tournez lentement la tête vers celle qui baigne vos tempes avec un linge frais. Une jeune pousse d'à peine vingt printemps, gracieuse, le visage ouvert et souriant, sa peau mate luisant doucement dans la pénombre. Elle ne porte qu'une longue et ample robe bleu sombre, des bracelets de cuivre à ses chevilles tatouées, un turban de tissu rouge enserrant son visage à l'ovale délicat.
- Yali…
- Oui, c'est mon nom. Ne bouge pas, je vais nettoyer ta plaie et changer ton linge.
Alors que la jeune fille s'active avec des gestes précis, vous blêmissez à la vue de votre blessure : soigneusement recousue, elle présente une véritable balafre, boursouflée, la chair décolorée, tâchée de restes de pus, d'humeurs et de sang séché. La toile s'ouvre à nouveau pour laisser entrer un vieil homme, digne et encore droit, drapé dans sa longue robe, une canne à la main. Son visage veiné de bleu aux joues creuses, aux traits marqués, n'en est pas moins ouvert et souriant.
- Ah, notre invité reprend enfin ses esprits. Tu nous inquiétais à rester ainsi inconscient, brûlant de fièvre. Mais Yama n'a pas voulu ta mort, la divine chasseresse, maîtresse des animaux sauvages, t'a épargné. Et tu as tué le grand lion, nous avons trouvé son corps près du tien, ta lance plantée dans son cœur. Dieux, quel combat cela a dû être !
Appuyé sur un coude, vous remerciez le vieil homme (qui semble être le chef de ce camp inconnu) mais il secoue la tête et sourit :
- Nous sommes un peuple pacifique et l'invité qu'envoient les dieux est sacré. Repose-toi maintenant, il te faut reprendre des forces avant de pouvoir retourner chez les tiens. As-tu fini ma fille ? Alors viens, laissons-le dormir.
Une fois seul, vous regardez autour de vous. Un plateau contenant des tranches de pain, de la viande froide et un flacon de vin de palme a été posé non loin, une odeur de camphre et d'encens flotte dans l'air tiède, vaguement écœurante. Dehors, un luth joue en sourdine et des éclats de voix vous parviennent. Près de votre couche, un miroir à main est posé et vous le prenez, scrutant votre reflet avec avidité. Dieux, est-ce bien vous ? Ces joues creuses, ces yeux bordés d'un cerne mauve, ce corps amaigri, fébrile… Vous semblez avoir fondu, ne laissant apparaître que des muscles nerveux et secs. Vos tatouages rituels eux-mêmes semblent n'être plus que des traînées sales sur votre peau. Ces braves gens ont eu de la chance de ne pas vous croire mort à votre vue. Avec un soupir, vous vous rallongez doucement et ne tardez pas à vous rendormir comme une lampe que l'on souffle.
Et maintenant, rendez-vous au 1.
Les jours qui suivent ressemblent presque à une renaissance. Vous voilà reprenant force et appétit, bientôt capable de vous lever et sortir. L'occasion pour vous de découvrir le campement Osaman : bien moins grand que le vôtre, constitué de petites tentes disposées en cercle autour d'un vaste espace où brûle un feu la nuit venue. Une ceinture de broussailles et d'épineux entoure l'ensemble, destinée à le protéger des serpents et des chacals, un enclos où sont parquées quelques chèvres… Vous n'avez pas rencontré de guerriers jusqu'ici, ces gens semblent pacifiques, menant une vie simple et tranquille. Mais leurs enfants ont de bonnes joues, leurs femmes sont coquettes et tous vous saluent d'un sourire alors que vous déambulez parmi eux. Au loin, vibrant dans la lumière, se découpe la masse impressionnante des Montagnes Rouges, gigantesques falaises barrant l'horizon et vous isolant de Shamanka, les Royaumes Noirs, plus au nord. Un monde de brousse et de savane où vivent les peuples noirs et où vont et viennent éléphants, gazelles et buffles. Un monde où se dresse l'ancienne cité de Méroé, bâtie autrefois par une civilisation mystérieuse aujourd'hui disparue. Tout cela, vous le savez de manière assez floue, étant bien trop jeune encore pour y avoir mis les pieds. Mais vous savez que le monde ne se limite pas à ce désert qui se déploie jusqu'à la mer, loin, très loin au sud. Une mer que vous n'avez jamais vu d'ailleurs. Très vite cependant, la réalité vous revient... Le Tanagra... Comment prouver aux sages de votre peuple que vous avez réussi à tuer le lion car vous ne pourrez ramener son corps, sans doute déjà dévoré par les charognards... Une angoisse diffuse vous creuse le ventre alors que vous observez en silence les dunes déployées sous le soleil ardent. Peut-être même les vôtres vous croient-ils mort ? Vous pouvez certes rentrer chez vous mais, faute de preuves, vous ne serez pas reconnu comme ayant réussi l'épreuve, vous ne serez pas reconnu comme un guerrier. Vous ne pourrez pas arborer le symbole rituel sur votre front ni le voile bleu réservé aux hommes libres. Quelle honte pour votre père et vos ancêtres...
Vous refusez néanmoins de céder au désespoir et, porté par l'enthousiasme de la jeunesse, vous prenez soin de vous dans les jours qui suivent, recouvrant force et vigueur. Ce petit matin, la chaleur est encore supportable bien que le soleil soit déjà haut dans le ciel. Un groupe de jeunes filles se prépare à aller chercher de l'eau, leurs calebasses sous le bras, escortées par quelques hommes portant le couteau d'obsidienne au flanc et le bâton au poing. Parmi elles se trouve Yali, la fille du chef, qui vous a soigné et veillé avec patience. Vous la saluez d'un hochement de tête et elle vous sourit timidement avant de rejoindre ses compagnes d'une démarche gracile. Vous vous sentez bien ce matin, presque rétabli, malgré ce grain de sable qui crisse à la place de votre coeur. L'inaction de ces derniers jours vous pèse cependant et vous regardez autour de vous depuis le seuil de votre tente...
Vous pouvez vous joindre au groupe des jeunes filles et les accompagner si vous le désirez. Dans ce cas, rendez-vous au 26.
Vos hôtes ont également ramené votre arme, votre grande lance brisée en deux, lorsqu'ils vous ont amené ici. Vous pourriez aller voir le forgeron du camp, peut-être pourrait-il vous la réparer ? Car qu'est-ce qu'un Bektis sans arme ? Rendez-vous au 102.
Enfin, vous pouvez aller consulter le prêtre dans sa tente, peut-être saura-t-il vous aider et apaiser votre tourment ? Rendez-vous au 393.
A cette occasion, donc, introduction et premier paragraphe :
Vous reprenez lentement conscience, de manière confuse et incertaine. Comme si votre esprit remontait de gouffres lointains où il aurait erré indéfiniment. Les sensations vous reviennent en même temps que la conscience de votre propre existence, vos extrémités remuent doucement, vos membres s'animent, vos nerfs engourdis sortant du sommeil… Des sons, des couleurs, des formes confuses se détachent pour prendre progressivement des contours plus précis… Vous reposez, nu, sur un tapis de coussins. Des parois et un plafond de toile, la lueur sourde d'une lampe… Vous vous redressez lentement, encore engourdi, une sensation de soulagement au flanc, là où vous découvrez une large bande de linge maintenant un pansement de tissu. Un rabat s'écarte, dessinant un rectangle de lumière et laissant entrevoir un ciel bleu sombre empli d'étoiles.
- Oh, mais tu ne dois pas te lever, tu es encore trop faible ! Ta blessure va se rouvrir !
Une voix douce, des mains aux doigts frais sur votre peau enflammée, des bras qui vous repoussent doucement, vous forçant à vous rallonger.
- Où suis-je ? Que s'est-il passé ? murmurez-vous.
- Tu es au campement Osaman, non loin de la rivière Enedi. Je suis Yali, je te soigne et te veille depuis que nos hommes t'ont trouvé, à moitié mort, il y a plusieurs lunes. Tu ne te souviens pas ?
Les souvenirs remontent lentement dans votre esprit embrumé. Votre propre campement, quitté au lever du jour, le désert écrasé de soleil et vibrant de chaleur… Le Tanagra, le rite de passage… La dernière étape pour être admis parmi les guerriers au sein de votre peuple, les fiers nomades Bektis. Tuer le lion des sables, l'un des plus redoutables prédateurs du Désert de Talishan. Les souvenirs se font plus précis, se bousculent désormais : la chasse, la traque à travers les dunes, votre longue lance au poing, le bouclier rond au bras, la découverte du fauve près d'un point d'eau. Explosion de férocité animale, éclaboussures de sang, le choc quand votre lame a transpercé le large poitrail velu, votre bouclier volant en éclats… La douleur, fulgurante, quand les griffes ont déchiré votre flanc, lacérant la chair en une rouge brûlure… Le corps lourd et massif, encore chaud, vous clouant au sol, l'odeur écœurante du sang, le vôtre et celui de l'animal, la douleur… Et puis, les ténèbres.
Vous tournez lentement la tête vers celle qui baigne vos tempes avec un linge frais. Une jeune pousse d'à peine vingt printemps, gracieuse, le visage ouvert et souriant, sa peau mate luisant doucement dans la pénombre. Elle ne porte qu'une longue et ample robe bleu sombre, des bracelets de cuivre à ses chevilles tatouées, un turban de tissu rouge enserrant son visage à l'ovale délicat.
- Yali…
- Oui, c'est mon nom. Ne bouge pas, je vais nettoyer ta plaie et changer ton linge.
Alors que la jeune fille s'active avec des gestes précis, vous blêmissez à la vue de votre blessure : soigneusement recousue, elle présente une véritable balafre, boursouflée, la chair décolorée, tâchée de restes de pus, d'humeurs et de sang séché. La toile s'ouvre à nouveau pour laisser entrer un vieil homme, digne et encore droit, drapé dans sa longue robe, une canne à la main. Son visage veiné de bleu aux joues creuses, aux traits marqués, n'en est pas moins ouvert et souriant.
- Ah, notre invité reprend enfin ses esprits. Tu nous inquiétais à rester ainsi inconscient, brûlant de fièvre. Mais Yama n'a pas voulu ta mort, la divine chasseresse, maîtresse des animaux sauvages, t'a épargné. Et tu as tué le grand lion, nous avons trouvé son corps près du tien, ta lance plantée dans son cœur. Dieux, quel combat cela a dû être !
Appuyé sur un coude, vous remerciez le vieil homme (qui semble être le chef de ce camp inconnu) mais il secoue la tête et sourit :
- Nous sommes un peuple pacifique et l'invité qu'envoient les dieux est sacré. Repose-toi maintenant, il te faut reprendre des forces avant de pouvoir retourner chez les tiens. As-tu fini ma fille ? Alors viens, laissons-le dormir.
Une fois seul, vous regardez autour de vous. Un plateau contenant des tranches de pain, de la viande froide et un flacon de vin de palme a été posé non loin, une odeur de camphre et d'encens flotte dans l'air tiède, vaguement écœurante. Dehors, un luth joue en sourdine et des éclats de voix vous parviennent. Près de votre couche, un miroir à main est posé et vous le prenez, scrutant votre reflet avec avidité. Dieux, est-ce bien vous ? Ces joues creuses, ces yeux bordés d'un cerne mauve, ce corps amaigri, fébrile… Vous semblez avoir fondu, ne laissant apparaître que des muscles nerveux et secs. Vos tatouages rituels eux-mêmes semblent n'être plus que des traînées sales sur votre peau. Ces braves gens ont eu de la chance de ne pas vous croire mort à votre vue. Avec un soupir, vous vous rallongez doucement et ne tardez pas à vous rendormir comme une lampe que l'on souffle.
Et maintenant, rendez-vous au 1.
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Les jours qui suivent ressemblent presque à une renaissance. Vous voilà reprenant force et appétit, bientôt capable de vous lever et sortir. L'occasion pour vous de découvrir le campement Osaman : bien moins grand que le vôtre, constitué de petites tentes disposées en cercle autour d'un vaste espace où brûle un feu la nuit venue. Une ceinture de broussailles et d'épineux entoure l'ensemble, destinée à le protéger des serpents et des chacals, un enclos où sont parquées quelques chèvres… Vous n'avez pas rencontré de guerriers jusqu'ici, ces gens semblent pacifiques, menant une vie simple et tranquille. Mais leurs enfants ont de bonnes joues, leurs femmes sont coquettes et tous vous saluent d'un sourire alors que vous déambulez parmi eux. Au loin, vibrant dans la lumière, se découpe la masse impressionnante des Montagnes Rouges, gigantesques falaises barrant l'horizon et vous isolant de Shamanka, les Royaumes Noirs, plus au nord. Un monde de brousse et de savane où vivent les peuples noirs et où vont et viennent éléphants, gazelles et buffles. Un monde où se dresse l'ancienne cité de Méroé, bâtie autrefois par une civilisation mystérieuse aujourd'hui disparue. Tout cela, vous le savez de manière assez floue, étant bien trop jeune encore pour y avoir mis les pieds. Mais vous savez que le monde ne se limite pas à ce désert qui se déploie jusqu'à la mer, loin, très loin au sud. Une mer que vous n'avez jamais vu d'ailleurs. Très vite cependant, la réalité vous revient... Le Tanagra... Comment prouver aux sages de votre peuple que vous avez réussi à tuer le lion car vous ne pourrez ramener son corps, sans doute déjà dévoré par les charognards... Une angoisse diffuse vous creuse le ventre alors que vous observez en silence les dunes déployées sous le soleil ardent. Peut-être même les vôtres vous croient-ils mort ? Vous pouvez certes rentrer chez vous mais, faute de preuves, vous ne serez pas reconnu comme ayant réussi l'épreuve, vous ne serez pas reconnu comme un guerrier. Vous ne pourrez pas arborer le symbole rituel sur votre front ni le voile bleu réservé aux hommes libres. Quelle honte pour votre père et vos ancêtres...
Vous refusez néanmoins de céder au désespoir et, porté par l'enthousiasme de la jeunesse, vous prenez soin de vous dans les jours qui suivent, recouvrant force et vigueur. Ce petit matin, la chaleur est encore supportable bien que le soleil soit déjà haut dans le ciel. Un groupe de jeunes filles se prépare à aller chercher de l'eau, leurs calebasses sous le bras, escortées par quelques hommes portant le couteau d'obsidienne au flanc et le bâton au poing. Parmi elles se trouve Yali, la fille du chef, qui vous a soigné et veillé avec patience. Vous la saluez d'un hochement de tête et elle vous sourit timidement avant de rejoindre ses compagnes d'une démarche gracile. Vous vous sentez bien ce matin, presque rétabli, malgré ce grain de sable qui crisse à la place de votre coeur. L'inaction de ces derniers jours vous pèse cependant et vous regardez autour de vous depuis le seuil de votre tente...
Vous pouvez vous joindre au groupe des jeunes filles et les accompagner si vous le désirez. Dans ce cas, rendez-vous au 26.
Vos hôtes ont également ramené votre arme, votre grande lance brisée en deux, lorsqu'ils vous ont amené ici. Vous pourriez aller voir le forgeron du camp, peut-être pourrait-il vous la réparer ? Car qu'est-ce qu'un Bektis sans arme ? Rendez-vous au 102.
Enfin, vous pouvez aller consulter le prêtre dans sa tente, peut-être saura-t-il vous aider et apaiser votre tourment ? Rendez-vous au 393.
Anywhere out of the world