11/12/2024, 21:09
Il existe des LDVH (Les sceaux de la destruction, notoirement) où tu peux littéralement perdre dès ton premier choix. Fitz a inventé l'inverse ou presque : on peut réussir son AVH en seulement deux choix.
Comment faire, c'est bien simple. Premier choix, vous allez au 64. Deuxième choix, n'importe quoi sauf le 136. Et ça y est, vous avez gagné : vous pourrez aller passer vos vacances dans le Languedoc plutôt que d'entreprendre un voyage qui vous traumatisera pendant le reste de votre existence.
Cette AVH possède de grandes qualités et la première d'entre elles est qu'elle est originale. Fitz a écrit une histoire interactive qui ne ressemble vraiment à aucune autre AVH (ou aucun LDVH) que je connaisse. Ce genre d'innovations est essentiel pour un genre tel que la littérature interactive, qui a besoin pour vivre d'explorer des possibilités nouvelles, et il est d'autant plus appréciable lorsqu'il vient d'un auteur qui n'a depuis longtemps plus rien à prouver.
Faire preuve d'originalité signifie bien sûr prendre des risques. Il y a bien des fois où ça marche très bien dans cette aventure. Mais il y a deux points vis-à-vis desquels je trouve que le résultat est discutable (ce qui n'enlève rien au mérite d'avoir tenté quelque chose de neuf, il est très important de le noter).
Ma première critique est en rapport avec ce que j'évoque au début de ce commentaire : pourquoi est-ce qu'on déploie tellement d'efforts et de persévérance pour une entreprise qui ne commence pas sous les meilleurs auspices et n'en finit pas de prendre une tournure plus inquiétante une fois qu'on a laissé la civilisation derrière nous ? Mon homonyme est le plus grand boulet de tout le groupe, mais je n'ai pu m'empêcher d'être d'accord avec lui lorsqu'il commence à déclarer qu'il en a plein le dos de cette expédition. Les personnages sont en vacances, ils n'ont pas de raison forte de vouloir à tout prix atteindre cette pagode (ce n'est pas comme s'ils étaient des ethnologues en voyage de recherche ou quelque chose du genre) et il n'y a rien qui les empêche de faire demi-tour (ils ne sont pas perdus et aucun obstacle ne leur barre le chemin du retour). Le voyage à travers la jungle est relativement long et plus il durait, plus je me disais "Il est quand même pas follichon, ce voyage, il y aurait peut-être des coins moins déplaisants à visiter.". Après certains épisode - notamment la coulée de boue et le vol des portables - l'obstination à vouloir atteindre cette pagode (qui ne signifie rien pour la plupart des personnages) commence à sérieusement défier la prudence.
L'enchaînement des péripéties est très bien calibré. On commence par des difficultés appartenant à la vie ordinaire (mention spéciale au passage très réussi où on s'efforce de ne pas rater notre avion), puis on commence à se retrouver en terrain de moins en moins familier, et on se retrouve finalement en pleine nature sauvage, où les évènements vont commencer à se faire de plus en plus déplaisants/inquiétants/dangereux.
Les descriptions sont soignées, les dialogues expressifs et les diverses scènes très vivantes. On ne peut qu'admirer la flexibilité du style : il fonctionne aussi bien lorsqu'il nous montre cherchant à doubler un papi au volant de sa Lada que lorsqu'il détaille la forêt sauvage à travers laquelle on s'aventure. J'ai de plus beaucoup apprécié le fait que le style de narration varie selon le personnage dont le point de vue est employé.
Ce qui nous amène à la principale originalité du livre : les personnages et les relations entre eux. À ce sujet, mon opinion est double.
J'adore sincèrement l'idée de faire jouer un rôle si fréquent et important aux relations entre les personnages. Au départ, j'avoue qu'il me semblait trop ambitieux d'avoir des scores correspondant à onze relations différentes. Mais j'avais tort de me faire du souci : ça fonctionne mécaniquement très bien, ça contribue à l'atmosphère, ça met en valeur les différents personnages et c'est tout à fait intéressant.
L'aventure serait bien moins efficace si le groupe était moins nombreux. Mais - c'est là ma deuxième critique - je n'ai pas été convaincu par le fait que la narration soit à ce point éparpillée entre les points de vue de chacun d'entre eux. Compte tenu de son scénario, je pense que l'histoire aurait plus d'impact si elle avait un personnage principal bien identifié : l'immersion serait plus efficace et il pourrait y avoir un parallèle plus suivi entre les obstacles/périls extérieurs et l'évolution des émotions/pensées dudit personnage principal. À noter que je ne suggère pas forcément de limiter la narration au point de vue d'un unique personnage, mais je pense qu'il y en a un (probablement celui de Maëva ou de Kris) qui aurait dû être beaucoup plus souvent employé que les autres.
Voilà mes principales pensées concernant cette AVH. Pour résumer mon jugement : (1) elle a de grandes qualités, (2) il y a certains points sur lesquels elle aurait pu être meilleure, (3) ces points n'existent que parce que l'auteur a fait l'effort de l'originalité.
Comment faire, c'est bien simple. Premier choix, vous allez au 64. Deuxième choix, n'importe quoi sauf le 136. Et ça y est, vous avez gagné : vous pourrez aller passer vos vacances dans le Languedoc plutôt que d'entreprendre un voyage qui vous traumatisera pendant le reste de votre existence.
Cette AVH possède de grandes qualités et la première d'entre elles est qu'elle est originale. Fitz a écrit une histoire interactive qui ne ressemble vraiment à aucune autre AVH (ou aucun LDVH) que je connaisse. Ce genre d'innovations est essentiel pour un genre tel que la littérature interactive, qui a besoin pour vivre d'explorer des possibilités nouvelles, et il est d'autant plus appréciable lorsqu'il vient d'un auteur qui n'a depuis longtemps plus rien à prouver.
Faire preuve d'originalité signifie bien sûr prendre des risques. Il y a bien des fois où ça marche très bien dans cette aventure. Mais il y a deux points vis-à-vis desquels je trouve que le résultat est discutable (ce qui n'enlève rien au mérite d'avoir tenté quelque chose de neuf, il est très important de le noter).
Ma première critique est en rapport avec ce que j'évoque au début de ce commentaire : pourquoi est-ce qu'on déploie tellement d'efforts et de persévérance pour une entreprise qui ne commence pas sous les meilleurs auspices et n'en finit pas de prendre une tournure plus inquiétante une fois qu'on a laissé la civilisation derrière nous ? Mon homonyme est le plus grand boulet de tout le groupe, mais je n'ai pu m'empêcher d'être d'accord avec lui lorsqu'il commence à déclarer qu'il en a plein le dos de cette expédition. Les personnages sont en vacances, ils n'ont pas de raison forte de vouloir à tout prix atteindre cette pagode (ce n'est pas comme s'ils étaient des ethnologues en voyage de recherche ou quelque chose du genre) et il n'y a rien qui les empêche de faire demi-tour (ils ne sont pas perdus et aucun obstacle ne leur barre le chemin du retour). Le voyage à travers la jungle est relativement long et plus il durait, plus je me disais "Il est quand même pas follichon, ce voyage, il y aurait peut-être des coins moins déplaisants à visiter.". Après certains épisode - notamment la coulée de boue et le vol des portables - l'obstination à vouloir atteindre cette pagode (qui ne signifie rien pour la plupart des personnages) commence à sérieusement défier la prudence.
L'enchaînement des péripéties est très bien calibré. On commence par des difficultés appartenant à la vie ordinaire (mention spéciale au passage très réussi où on s'efforce de ne pas rater notre avion), puis on commence à se retrouver en terrain de moins en moins familier, et on se retrouve finalement en pleine nature sauvage, où les évènements vont commencer à se faire de plus en plus déplaisants/inquiétants/dangereux.
Les descriptions sont soignées, les dialogues expressifs et les diverses scènes très vivantes. On ne peut qu'admirer la flexibilité du style : il fonctionne aussi bien lorsqu'il nous montre cherchant à doubler un papi au volant de sa Lada que lorsqu'il détaille la forêt sauvage à travers laquelle on s'aventure. J'ai de plus beaucoup apprécié le fait que le style de narration varie selon le personnage dont le point de vue est employé.
Ce qui nous amène à la principale originalité du livre : les personnages et les relations entre eux. À ce sujet, mon opinion est double.
J'adore sincèrement l'idée de faire jouer un rôle si fréquent et important aux relations entre les personnages. Au départ, j'avoue qu'il me semblait trop ambitieux d'avoir des scores correspondant à onze relations différentes. Mais j'avais tort de me faire du souci : ça fonctionne mécaniquement très bien, ça contribue à l'atmosphère, ça met en valeur les différents personnages et c'est tout à fait intéressant.
L'aventure serait bien moins efficace si le groupe était moins nombreux. Mais - c'est là ma deuxième critique - je n'ai pas été convaincu par le fait que la narration soit à ce point éparpillée entre les points de vue de chacun d'entre eux. Compte tenu de son scénario, je pense que l'histoire aurait plus d'impact si elle avait un personnage principal bien identifié : l'immersion serait plus efficace et il pourrait y avoir un parallèle plus suivi entre les obstacles/périls extérieurs et l'évolution des émotions/pensées dudit personnage principal. À noter que je ne suggère pas forcément de limiter la narration au point de vue d'un unique personnage, mais je pense qu'il y en a un (probablement celui de Maëva ou de Kris) qui aurait dû être beaucoup plus souvent employé que les autres.
Voilà mes principales pensées concernant cette AVH. Pour résumer mon jugement : (1) elle a de grandes qualités, (2) il y a certains points sur lesquels elle aurait pu être meilleure, (3) ces points n'existent que parce que l'auteur a fait l'effort de l'originalité.