25/09/2023, 12:19
(Modification du message : 25/09/2023, 16:26 par grattepapier.)
Une autre traduction de Salla (encore merci à lui !) avec une AVH que j'ai eu la chance de pouvoir tester en avant-première il y a 2 ans.
J'étais content de pouvoir la rejouer en essayant de la voir sous un oeil neuf. Finalement mon avis sur les qualités et les défauts de cette AVH n'a pas tellement évolué.
Les qualités d'abord :
- L'AVH se déroule dans un univers finalement très peu (voire pas du tout) exploité dans le livre-jeu : le milieu des la pègre américaine dans les années 50. On pense tout de suite à des films noirs comme "Asphalt Jungle", "L'Ultime razzia", "Les tueurs", "L'enfer est à lui"... Même si l'intrigue est très classique (pour le genre), le seul fait de changer complétement de milieu social et d'univers spatio-temporel est déjà très rafraichissant. Le côté presque prévisible de l'intrigue (quand on connait ses classiques) fait presque office de madeleine de Proust.
- Le style est bon. Très bon. Carrément brillant par moment. Par exemple : "Vous passez tous les trois les heures qui viennent avec des pelles, une carafe d’eau et cinq cadavres, à essayer de leur creuser une nouvelle demeure dans les collines du Kentucky." Les différents épilogues par exemple sont aussi de petits chefs d'oeuvre d'écriture (bravo à Salla pour la qualité de la traduction) : « Merci, mais j’ai de l’argent, je n’ai plus besoin de chance. » On pourrait aussi parler de la qualité des dialogues, qui sont excellents.
- Le gameplay est à la fois original (avec ce système de paris et d'enchères) et simple (le minimalisme c'est mieux !).
Les défauts maintenant :
L'histoire souffre d'une grande linéarité. Pour une première lecture, ce n'est pas un problème, mais la rejouabilité est faible (vous ne la jouerez pas 10 fois).
... Mais ce qui me dérange le plus c'est l'absence de corrélation entre le gameplay et l'histoire, et le côté un peu absurde et injuste de ce gameplay. Je m'explique :
- Sauf à la fin, la plupart des "paris" n'ont pas d'impact sur l'histoire. Ils permettent juste de glaner des points de fortune (et des points colorés, j'y reviendrai). Qu'on gagne ou qu'on perd le pari, l'histoire va se dérouler pareil. Cela donne le sentiment que nos choix n'ont pas d'impact sur l'histoire (ce qui est vrai !).
- L'influence du score de points colorés ne me semble pas logique : pourquoi le fait d'échouer à tel test va donner envie à untel de nous "doubler" et de tuer tous ses coéquipiers ? je ne comprends pas...
- Quand on comprend la mécanique probabiliste du jeu, on rentre dans une certaine routine basé sur les probabilités (miser le minimum quand on a 1 chance sur 2 ou moins de gagner, miser bien davantage quand on a 2 chances sur 3 ou quand la mise rapporte davantage)
- Notre niveau de réussite final se joue sur un ou deux coups de dés, où le hasard joue tout son rôle. Notamment le coup du vidage de coffre fort où l'on a 50% de chance d'échec. Or, si on veut vraiment remporter le jackpot à la fin (atteindre la meilleure fin), on est obligé de miser un maximum de points de fortune à cet endroit là. C'est vraiment "quitte ou double". On peut tout faire bien mais si on rate ce test final on finit miséreux.
- l’ambiguïté du terme Fortune : en quoi réussir un test de tir devrait nous rendre plus riche à la fin ? Je ne vois pas... Là aussi, il y un manque de corrélation entre l'histoire et le jeu.
Au final, une AVH un peu affaiblie par sa mécanique de jeu, trop illogique et trop injuste, séduisante par son originalité et sa simplicité mais peut-être trop pauvre, mais quand même très plaisante à lire, par l'univers peu exploité qu'elle propose et par sa qualité littéraire. Merci Salla pour le partage !
J'étais content de pouvoir la rejouer en essayant de la voir sous un oeil neuf. Finalement mon avis sur les qualités et les défauts de cette AVH n'a pas tellement évolué.
Les qualités d'abord :
- L'AVH se déroule dans un univers finalement très peu (voire pas du tout) exploité dans le livre-jeu : le milieu des la pègre américaine dans les années 50. On pense tout de suite à des films noirs comme "Asphalt Jungle", "L'Ultime razzia", "Les tueurs", "L'enfer est à lui"... Même si l'intrigue est très classique (pour le genre), le seul fait de changer complétement de milieu social et d'univers spatio-temporel est déjà très rafraichissant. Le côté presque prévisible de l'intrigue (quand on connait ses classiques) fait presque office de madeleine de Proust.
- Le style est bon. Très bon. Carrément brillant par moment. Par exemple : "Vous passez tous les trois les heures qui viennent avec des pelles, une carafe d’eau et cinq cadavres, à essayer de leur creuser une nouvelle demeure dans les collines du Kentucky." Les différents épilogues par exemple sont aussi de petits chefs d'oeuvre d'écriture (bravo à Salla pour la qualité de la traduction) : « Merci, mais j’ai de l’argent, je n’ai plus besoin de chance. » On pourrait aussi parler de la qualité des dialogues, qui sont excellents.
- Le gameplay est à la fois original (avec ce système de paris et d'enchères) et simple (le minimalisme c'est mieux !).
Les défauts maintenant :
L'histoire souffre d'une grande linéarité. Pour une première lecture, ce n'est pas un problème, mais la rejouabilité est faible (vous ne la jouerez pas 10 fois).
... Mais ce qui me dérange le plus c'est l'absence de corrélation entre le gameplay et l'histoire, et le côté un peu absurde et injuste de ce gameplay. Je m'explique :
- Sauf à la fin, la plupart des "paris" n'ont pas d'impact sur l'histoire. Ils permettent juste de glaner des points de fortune (et des points colorés, j'y reviendrai). Qu'on gagne ou qu'on perd le pari, l'histoire va se dérouler pareil. Cela donne le sentiment que nos choix n'ont pas d'impact sur l'histoire (ce qui est vrai !).
- L'influence du score de points colorés ne me semble pas logique : pourquoi le fait d'échouer à tel test va donner envie à untel de nous "doubler" et de tuer tous ses coéquipiers ? je ne comprends pas...
- Quand on comprend la mécanique probabiliste du jeu, on rentre dans une certaine routine basé sur les probabilités (miser le minimum quand on a 1 chance sur 2 ou moins de gagner, miser bien davantage quand on a 2 chances sur 3 ou quand la mise rapporte davantage)
- Notre niveau de réussite final se joue sur un ou deux coups de dés, où le hasard joue tout son rôle. Notamment le coup du vidage de coffre fort où l'on a 50% de chance d'échec. Or, si on veut vraiment remporter le jackpot à la fin (atteindre la meilleure fin), on est obligé de miser un maximum de points de fortune à cet endroit là. C'est vraiment "quitte ou double". On peut tout faire bien mais si on rate ce test final on finit miséreux.
- l’ambiguïté du terme Fortune : en quoi réussir un test de tir devrait nous rendre plus riche à la fin ? Je ne vois pas... Là aussi, il y un manque de corrélation entre l'histoire et le jeu.
Au final, une AVH un peu affaiblie par sa mécanique de jeu, trop illogique et trop injuste, séduisante par son originalité et sa simplicité mais peut-être trop pauvre, mais quand même très plaisante à lire, par l'univers peu exploité qu'elle propose et par sa qualité littéraire. Merci Salla pour le partage !