24/03/2010, 21:20
J'ai beaucoup plus apprécié cette aventure que l'enquête conter l'Agent X, et pas seulement parce que j'ai cette fois réussi à en lire la conclusion (avec tout de même un léger coup de pouce de JFM à la toute fin). Le premier volet était en quelque sorte un hommage aux vieux classiques du genre policier avec présentation en bloc des suspects, enquête sur chacun d'eux puis déduction finale genre Hercule Poirot qui monologue en se lissant la moustache. Ici, le scénario est bien plus haletant. Là où NJ contre l'Agent X pêchait par son manque de rythme, d'action et finalement, par le classicisme de l'enquête, Le Puzzle de l'Oubli accroche très vite grâce au cocktail "survie-action-ambiance".
Survie évidemment puisque dès le début de l'aventure et jusqu'à son terme on doit échapper aux flics, aux tueurs à gages, mais également à l'inanition puisque le dormir au chaud et le manger sont des problèmes récurrents. Action car entre les fuites à pied, tirs aux flingues et courses-poursuites en bagnoles, on est servi presque autant que dans une AVH plus conventionnelle (les règles de points de santé sont d'ailleurs un plus par rapport à NJ 1). Enfin Ambiance car le décor de Genève est vraiment bien rendu. La ville y est précisément décrite, les lieux sont variés et quelques anecdotes ou points de détail (l'honnêteté globale des Suisses avec le coup du journal en vente libre par exemple) nous rappellent qu'on ne se trouve pas dans un pays lambda mais dans une cité très particulière.
On retrouve de plus les qualités majeures de l'épisode précédent avec des personnages secondaires variés, crédibles et très détaillés ce qui parvient à les rendre attachants, inquiétants ou repoussants. Le style est toujours aussi bon avec des dialogues nombreux et animés, un souci du détail dans les descriptions sans en rajouter non plus. Quant au scénario, il est complexe à souhait sans être improbable. On ne peut qu'être émerveillé devant le travail qu'il y a derrière pour mettre en scène toute cette histoire étonnante et la quantité de paragraphes rédigés, chacun très long qui plus est.
Au cours de l'histoire, j'ai particulièrement bien aimé Bernie le Dingue, les passages avec Tess (même si le fait qu'elle cherche un "protecteur" la rende moins séduisante que l'espionne russe de NJ 1) et l'intrusion chez Baby Joe.
Cette AVH aurait donc pu être un chef d'oeuvre à mes yeux mais elle souffre de quelques défauts, le principal étant celui de l'extrême difficulté. Tu es ambitieux (dans le bon sens) JFM car tu veux proposer à la fois un casse-tête retors et une aventure prenante. Malheureusement, passé un certain stade à s'acharner sur l'aventure, on délaisse quelque peu le récit, les personnages et les rebondissements pour ne plus penser qu'en termes de logique et de déductions. Mes deux-trois premières lectures étaient jouissives à découvrir cette Genève hostile, à être en prise à la faim, à l'isolement et à la paranoïa tout en cherchant désespérément à prendre contact avec les gens de mon passé. C'était vraiment une expérience de lecture ludique très forte. Mais après m'être rendu compte que les journées allaient tout le temps défiler ainsi jusqu'à me faire assassiner par un sniper si je ne parvenais pas à trouver la piste (ou les pistes si tu préfères) "débloquante", je n'avais plus que cette idée en tête. Ainsi, le plaisir de découvrir ces fameuses voies d'issue est passé devant celui de m'imprégner des nouvelles rencontres. Ce n'est pas facile à exprimer mais en clair, j'aurais beaucoup plus savouré Tess, Nils Jacket, Bernie ou d'autres personnages qu'on a du mal à rencontrer du premier coup si je n'étais pas alors obsédé par l'idée de trouver enfin le chemin tordu vers la fin de l'AVH...
Je pense sincèrement que les aventures de Nils Jacket gagneraient en popularité si elles étaient moins difficiles, s'il fallait 10-15 tentatives à la loyale plutôt qu'une vingtaine avec plein de retour-arrières comme c'est le cas actuellement. Et par pitié, ne dis pas qu'il faut avoir l'esprit détective et qu'une intelligence vive et logique permet de gagner en seulement quelques tentatives! OK, je ne suis pas une référence en matière d'énigmes ni d'enquêtes policières mais je pense comme Outremer, à savoir qu'il s'agit bien plus d'acharnement et de volonté que de perspicacité dont on a besoin pour achever la lecture de tes AVH.
Du coup, le plaisir peut vite laisser place à la frustration, à l'énervement et au découragement. C'est vraiment dommage tant le récit en lui-même est pétri de qualités. Tout le monde n'a pas aimé jouer aux Rubik's kub et en plaçant la barre aussi haute, tu donnes l'impression de réserver ta série à une catégorie assez précise de lecteurs-joueurs.
Autres bémols mais cette fois-ci mineurs. Si le style est vraiment bon, si l'ensemble est très plaisant à lire, il y a de nombreux dialogues où est utilisé le passé simple et un vocabulaire châtié. Dans la narration j'aime beaucoup, mais pour les dialogues, le passé composé m'aurait paru plus naturel ; ça sonne faux et c'est dommage alors que le réalisme est sinon très poussé avec la quête permanente des toilettes par exemple. J'ai trouvé ce défaut particulièrement criant à la toute fin lorsque nous-même ou le coupable nous lançons dans de longs monologues particulièrement soignés.
Toujours concernant la fin de l'aventure, j'ai trouvé les réactions de l'Effaceur quelque peu caricaturales. Qu'il nous déballe toute son explication sur ses motivations, sur le déroulement des évènements alors qu'il se trouve en train d'essayer de sauver sa peau en prenant un otage m'a paru un peu abusé. Là encore c'est dommage car du point de vue psychologique, tous les personnages de l'histoire sont finement perçus par ailleurs.
Mais ces deux derniers points sont des reproches minimes. Globalement, j'ai beaucoup aimé cette AVH qui m'a fait passer de très bons moments. J'y ai passé un peu trop de temps d'ailleurs : ce que j'aurais mis pour lire 3 autres AVH ou LDVELH de difficulté et de longueur moyenne...
Survie évidemment puisque dès le début de l'aventure et jusqu'à son terme on doit échapper aux flics, aux tueurs à gages, mais également à l'inanition puisque le dormir au chaud et le manger sont des problèmes récurrents. Action car entre les fuites à pied, tirs aux flingues et courses-poursuites en bagnoles, on est servi presque autant que dans une AVH plus conventionnelle (les règles de points de santé sont d'ailleurs un plus par rapport à NJ 1). Enfin Ambiance car le décor de Genève est vraiment bien rendu. La ville y est précisément décrite, les lieux sont variés et quelques anecdotes ou points de détail (l'honnêteté globale des Suisses avec le coup du journal en vente libre par exemple) nous rappellent qu'on ne se trouve pas dans un pays lambda mais dans une cité très particulière.
On retrouve de plus les qualités majeures de l'épisode précédent avec des personnages secondaires variés, crédibles et très détaillés ce qui parvient à les rendre attachants, inquiétants ou repoussants. Le style est toujours aussi bon avec des dialogues nombreux et animés, un souci du détail dans les descriptions sans en rajouter non plus. Quant au scénario, il est complexe à souhait sans être improbable. On ne peut qu'être émerveillé devant le travail qu'il y a derrière pour mettre en scène toute cette histoire étonnante et la quantité de paragraphes rédigés, chacun très long qui plus est.
Au cours de l'histoire, j'ai particulièrement bien aimé Bernie le Dingue, les passages avec Tess (même si le fait qu'elle cherche un "protecteur" la rende moins séduisante que l'espionne russe de NJ 1) et l'intrusion chez Baby Joe.
Cette AVH aurait donc pu être un chef d'oeuvre à mes yeux mais elle souffre de quelques défauts, le principal étant celui de l'extrême difficulté. Tu es ambitieux (dans le bon sens) JFM car tu veux proposer à la fois un casse-tête retors et une aventure prenante. Malheureusement, passé un certain stade à s'acharner sur l'aventure, on délaisse quelque peu le récit, les personnages et les rebondissements pour ne plus penser qu'en termes de logique et de déductions. Mes deux-trois premières lectures étaient jouissives à découvrir cette Genève hostile, à être en prise à la faim, à l'isolement et à la paranoïa tout en cherchant désespérément à prendre contact avec les gens de mon passé. C'était vraiment une expérience de lecture ludique très forte. Mais après m'être rendu compte que les journées allaient tout le temps défiler ainsi jusqu'à me faire assassiner par un sniper si je ne parvenais pas à trouver la piste (ou les pistes si tu préfères) "débloquante", je n'avais plus que cette idée en tête. Ainsi, le plaisir de découvrir ces fameuses voies d'issue est passé devant celui de m'imprégner des nouvelles rencontres. Ce n'est pas facile à exprimer mais en clair, j'aurais beaucoup plus savouré Tess, Nils Jacket, Bernie ou d'autres personnages qu'on a du mal à rencontrer du premier coup si je n'étais pas alors obsédé par l'idée de trouver enfin le chemin tordu vers la fin de l'AVH...
Je pense sincèrement que les aventures de Nils Jacket gagneraient en popularité si elles étaient moins difficiles, s'il fallait 10-15 tentatives à la loyale plutôt qu'une vingtaine avec plein de retour-arrières comme c'est le cas actuellement. Et par pitié, ne dis pas qu'il faut avoir l'esprit détective et qu'une intelligence vive et logique permet de gagner en seulement quelques tentatives! OK, je ne suis pas une référence en matière d'énigmes ni d'enquêtes policières mais je pense comme Outremer, à savoir qu'il s'agit bien plus d'acharnement et de volonté que de perspicacité dont on a besoin pour achever la lecture de tes AVH.
Du coup, le plaisir peut vite laisser place à la frustration, à l'énervement et au découragement. C'est vraiment dommage tant le récit en lui-même est pétri de qualités. Tout le monde n'a pas aimé jouer aux Rubik's kub et en plaçant la barre aussi haute, tu donnes l'impression de réserver ta série à une catégorie assez précise de lecteurs-joueurs.
Autres bémols mais cette fois-ci mineurs. Si le style est vraiment bon, si l'ensemble est très plaisant à lire, il y a de nombreux dialogues où est utilisé le passé simple et un vocabulaire châtié. Dans la narration j'aime beaucoup, mais pour les dialogues, le passé composé m'aurait paru plus naturel ; ça sonne faux et c'est dommage alors que le réalisme est sinon très poussé avec la quête permanente des toilettes par exemple. J'ai trouvé ce défaut particulièrement criant à la toute fin lorsque nous-même ou le coupable nous lançons dans de longs monologues particulièrement soignés.
Toujours concernant la fin de l'aventure, j'ai trouvé les réactions de l'Effaceur quelque peu caricaturales. Qu'il nous déballe toute son explication sur ses motivations, sur le déroulement des évènements alors qu'il se trouve en train d'essayer de sauver sa peau en prenant un otage m'a paru un peu abusé. Là encore c'est dommage car du point de vue psychologique, tous les personnages de l'histoire sont finement perçus par ailleurs.
Mais ces deux derniers points sont des reproches minimes. Globalement, j'ai beaucoup aimé cette AVH qui m'a fait passer de très bons moments. J'y ai passé un peu trop de temps d'ailleurs : ce que j'aurais mis pour lire 3 autres AVH ou LDVELH de difficulté et de longueur moyenne...