[YAZ 2024] L'Esprit de la Ruche
#16
Une aventure ambitieuse et réussie qui repose sur deux thèmes forts. L'un très connu, mais toujours aussi efficace : la quête d'identité en fil directeur. En toile de fond, celui de l'anticipation côté sombre. 
J'ai fait huit tentatives en recommençant à chaque fois au début, ce qui est forcément le signe que ça m'a plu. Je n'en attendais pas moins après ce que tu nous avais déjà proposé dans le Mini-Yaz, Véro. Perso, j'apprécie que ça t'ait donné envie de passer à la "grosse" AVH. J'ai besoin de temps pour m'immerger et apprécier la substance d'un récit.

L'écriture est plaisante. Je l'ai trouvée plus nerveuse, plus concise que dans mon souvenir avec les mini-AVH, mais ça colle bien avec la société stressee et superficielle qui est douloureusement dépeinte. Les personnages font réel, les dialogues sonnent juste, les intériorisations du héros sont crédibles. Aucun problème donc pour l'immersion.
Le scénario propose son lot de surprises entre les digressions vidéo-ludiques (ça m'a beaucoup fait penser au Problème à Trois Corps, tu as lu?) et les nombreux chemins de traverse inattendus. L'objectif à atteindre se révèle peu à peu, attrapant le lecteur pour le serrer fort dans sa poigne. On a envie d'en savoir toujours plus! Entre ses douleurs physiologiques, ses troubles de mémoire et ses bouffées d'angoisse, le héros est également humain et attachant.
Et surtout, il y a ce tableau de la France du proche futur, qui n'est qu'une version redoutée et démultipliée de la période Covid et de ses mesures sécuritaires, sans oublier la dérive autoritaire et totalitaire des pouvoirs publics. Lois liberticides, pensée unique, délation et contrôle des masses au programme : pas vraiment de quoi se régaler.
Quant au jeu, il repose sur l'aspect labyrinthique avec des codes indispensables à avoir et un beau nombre de PFA - parfois brutaux - à éviter. La liberté d'action est grande même si on revient toujours aux noeuds indispensables. Chaque situation s'étoile en une multitude de chemins différents. D'un côté c'est super pour les relectures avec toujours des choses nouvelles à tenter et découvrir. De l'autre, ça rend la victoire difficile. De nombreuses voies sont des leurres tandis que les bonnes ne se trouvent qu'après une succession de choix pertinents... mais pas toujours évidents à deviner. Un peu comme un Nils Jacket, en light quand même. Mais ça a un côté addictif avec une vraie sensation de progrès à chaque tentative.

Mon principal regret sur cette aventure serait une forme de frustration sur plusieurs étages. Frustration parfois dans les choix proposés. J'ai eu à certains moments l'envie de faire autre chose que dans les possibilités données. Le pire étant avec Léa. Première fois au ciné : OK pour la repousser d'office, c'est vrai qu'elle est rapide la bougresse. Deuxième fois par contre, j'aurais préféré quoi qu'il en coûte lui donner satisfaction de manière "simple" plutôt que d'aller me tripoter aux toilettes à côté d'elle! Eek ! LOL 
Bon je mets cet exemple précis pour le fun, mais ça m'a un peu soufflé de ne pas avoir le choix qui me paraissait le plus évident. OK, j'ai imaginé que notre perso avait une mentalité "clean" un peu particulière, mais comme on nous donnait plus de latitude sur sa psychologie avant, ça m'a vraiment décontenancé. Ce n'est qu'avec le temps et les relectures que j'ai compris après coup pourquoi ce non-choix.
Frustration aussi par la ou les bonnes fins. Le scénario donne une impression d'ampleur. Une société décrite en profondeur, des personnages autour de nous avec qui on a beaucoup d'interactions, des mots de code difficiles à acquérir, le sentiment qu'on nous cache beaucoup de choses. J'avais l'agréable sensation de me trouver au croisement de Matrix et Total Recall, et d'imaginer que j'avais un rôle central à jouer, qu'il était capital à plus d'un titre que je m'affranchisse et que je découvre la vérité. J'allais jusqu'à penser que

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, je développais un sentiment de paranoïa. Le jeu aussi laisse augurer quelque chose de massif avec ces quatre feuilles de personnages, cette longue échelle de temps, ces cases sport qui semblent si importantes. Et au final, quand on arrive à la "victoire", je me suis retrouvé avec beaucoup d'interrogations sans réponses. Par sur des points précis, mais un sentiment de frustration diffus du genre "tout ça pour ça". Un final un peu abrupt peut-être ou trop évasif à mon goût. Ce qui n'enlève rien à la beauté émouvante de la meilleure fin.
Enfin, frustration générée par la difficulté. Beaucoup de PFA peu évidents à éviter et un côté presque One-true-Path font que les échecs sont parfois difficiles à avaler. J'ai triché sur mon 8ème essai pour trouver la meilleur fin (même avec tes indications).

Au final, reste quand même le sentiment d'avoir vécu une aventure unique en son genre et palpitante. Malgré le tableau très sombre dans lequel on évolue, pas mal de scènes très bien senties m'ont fait sourire (la technique du poirier de Léa), glacé le sang (un PFA à Grenoble), fait réfléchir (la "boucle" du quotidien) ou attristé (nos rapports et réflexions sur ces pseudo-animaux). J'ai adoré le choix médecin ou urgences car avant même de le lire, j'avais presque deviné mot pour mot ce que me réservait celui du médecin. Sad 

Mais au-delà de toutes les qualités de cette AVH, ce qui m'a le plus impressionné est la dose de courage qu'elle renferme. C'est un cri de révolte teinté de désespoir. Un message d'alarme sous couvert d'une fiction. Et il ne faut pas avoir froid aux yeux pour aborder ces thèmes de manière si frontale.
Nous sommes dans une époque où Internet et les autres médias véhiculent des courants de pensées binaires et partisans, renforcés par une terminologie nouvelle et caricaturale.
S'il est gilet jaune, alors son QI ne bat pas des records et il a une tendance à l'alcoolisme.
Si elle ne veut pas se faire vacciner, alors c'est une ANTIVAX qui vote extrême droite.
Si j'aime aller au taf en vélo, alors je suis un bobo écolo qui n'aime pas ce qui est bon dans la vie.
Si tu accuses le gouvernement de lancer des décrets pour son intérêt au détriment du bien commun, alors tu es COMPLOTISTE.

Ce qui est décrit dans cette AVH m'a soufflé par son audace. Même si ce n'est que de la fiction, cela ne risque pas de plaire à tout le monde. Et pourtant tu l'as fait comme ça. C'est sévèrement burné comme dirait l'autre. Donc tout sauf un hasard si cela vient d'une auteure.
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#17
J'aimerais savoir, par rapport à la feuille d'aventure, si ça ne devrait pas être des journées au lieu de semaines dans la première colonne ? Dans le texte il est mentionné que les journées sont divisées en 4 blocs de temps. Aussi, si je suis toujours à la journée 1 (ou semaine 1), est-ce que je peux cocher un 2e bloc de sport, soit celui de la journée (ou semaine) à venir ?
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#18
Oups ! Tu as tout à fait raison, Flam. Merci d'avoir relevé l'erreur. Oui, tu peux cocher une case sport de plus.
J'ai fait les modifs et ajouté la précision dans une nouvelle version publiée.
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#19
Merci pour ton formidable retour, Fitz. Et désolée de t’avoir tant frustré ! LOL
Même s’il s’agit d’une dystopie, j’ai voulu rester dans une réalité possible et proche car, comme tu l’as très bien compris, c’est un message d’alarme sous couvert d’une fiction. Je ne voulais donc pas que le côté SF prenne le pas sur un futur plus que probable pour ne pas mettre le lecteur/joueur trop à distance. Les fins n’ont donc en effet rien d’extraordinaires et je n’avais pas pensé qu’elles seraient par conséquent frustrantes…

C’est ma première AVH longue. Je me suis posé beaucoup de questions, notamment sur la difficulté. Pas facile d’évaluer le nombre de PFA, où les mettre, avec quel « visibilité ». Je ne me suis pas rendu compte non plus de l’ampleur du projet, des paragraphes qui s’ajoutaient au fur et à mesure que je progressais dans l’écriture et à la fin, j’avoue, je saturais complètement. Ecrire une AVH, c’est terriblement chronophage.
Le point positif est que cette aventure conçue avant La foire aux monstres m’a permis de mieux comprendre comment une aventure pouvait être articulée et d’échafauder par la suite la structure de cette mini-AVH. Un vaste et long brouillon pour 50 (heureux) paragraphes !

Tu soulèves un point intéressant et inhérent je pense aux AVH : les choix proposés par l’auteur qui ne correspondent pas à ce qu’aimerait faire le jouquineur. Je garde ça quelque part dans ma tête pour mes prochaines aventures.
Si tu es au FIJ de Cannes, je viendrai t’embêter pour discuter de vive voix avec toi sur d’autres points : la gestion du temps et du sport, du passeport citoyen, de la fiche S, etc.

Ce qui est décrit dans cette AVH m'a soufflé par son audace. Même si ce n'est que de la fiction, cela ne risque pas de plaire à tout le monde. Et pourtant tu l'as fait comme ça. C'est sévèrement burné comme dirait l'autre. Donc tout sauf un hasard si cela vient d'une auteure.
Oui, il existe les traditionnelles AVH « porte/monstre/trésor » et ses dérivées ou ses déclinaisons et qui ne sont absolument pas à dénigrer mais je pense qu’il existe un potentiel au niveau des AVH à développer. Un peu comme les jeux de plateau où il y a 30 ans les Colons de Catane était le must du jeu de société alors que maintenant les eurogames nous embarquent sur une tout autre planète. Alors je teste des trucs...

Oui, j’ai lu Le Problème à trois corps. Sacrée trilogie. Tu as vu la série ?
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#20
Je n'ai pas vu la série, la recommandes-tu?

Pour ce qui est des parties d'AVH qui grossissent de manière involontaire, je pense que nous connaissons tous ça. Perso, maintenant, une fois que j'ai identifier les grandes parties de mon AVH, je leur attribue à chacune un nombre approximatif de sections que je vais essayer de respecter autant que je peux. Puis à l'intérieur de ces parties, je fais souvent des sous-parties dont je fais un organigramme là aussi chiffré à l'avance. Après, c'est possible que ces limites auto-établies brident l'inventivité, que ça empêche de faire sortir des voies imprévues qui auraient pu sublimer l'idée originale.

Je n'ai pas prévu d'aller au FIJ de Cannes, même si j'adore y aller. Pourquoi pas, il reste encore un peu de temps. Ce serait avec plaisir de s'y rencontrer. J'y étais l'année dernière et on a pu picoler échanger en vrai avec d'autres membres du forum, ce qui est toujours trop bien. Mon principal problème est que j'en suis vraiment éloigné niveau transports. Il ne faut pas que je perde mon premier droit du passeport citoyen d'ici là! Wink
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#21
Atteint la meilleure fin, en trichant pas mal, parce que je voulais voir la fin. Mon avis recoupe les précédents, d'Oberon77 et de Fitz. D'un côté, c'est le genre de récit que je n'aime pas trop, car proposant une lecture assez désespérante de notre réalité. Je m'étais fait la même réflexion avec "Liens invalides" l'année dernière. Et je préfère les AVH proposant un minimum d'évasion. Là il n'y en a pas. Je ne suis pas un énorme fan d'enquête, en plus. Bref, je ne suis pas le bon client. De l'autre, il faut reconnaitre que c'est bien fait et que c'est ambitieux avec cette volonté de prendre l'époque à bras le corps, en abordant beaucoup de thèmes contemporains, : nos solitudes modernes, la routine de nos vies, l'abandon des ainés, l'Etat liberticide, le contrôle de masse via la technologie, le rapport utilitariste aux animaux, l'ultra violence, la tentation de la fuite dans la réalité virtuelle ou la médication... et j'en passe. J'ai également le même ressenti que Fitz sur les "scènes bien senties" qu'il a listées. Et les fins victorieuses sont belles et bien écrites. Donc, j'ai envie de dire "Bravo". J'ai néanmoins trouvé l'AVH assez punitive, dans un esprit "La Créature du Chaos" (encore une histoire de recherche d'identité, tiens !) dans le sens où derrière l'impression de grande liberté, il suffit de rater un embranchement pour se trouver dans une voie de garage, avec un PFA assuré. Merci pour le partage.
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#22
De mon côté, j'ai apprécié l'univers sombre dystopique. Faut dire que j'avais adoré 1984 donc... Pour ma part, c'est comme écouter un polar noir suédois, ça ne nuit pas à mon immersion, au contraire, parce qu'on y ressent quelque-chose, on peut y plonger.

Moi aussi le jeux virtuel m'a fait pensé au Problème à 3 corps Smile

Ce que j'ai aimé, c'est le texte, les paragraphes courts et nerveux, la rapidité d'action. L'histoire est intéressante, il y a un nombre assez hallucinant de choses à faire et à découvrir. C'est aussi soutenu avec des règles conséquentes, avec les cases fiché S, les droits, etc... À certains moments toutefois, j'étais un peu perdu par rapport au cases Sport, parce que je n'étais plus trop sûr quelle journée on était.

C'est vraiment pour les amateurs d'exploration, qui aiment fouiller et déterrer. On a envie d'en savoir plus, de comprendre. Cet aspect intéressant : on a envie de prendre des risques, en sachant pertinemment qu'à chaque fois qu'on s'écarte de la ligne le système risque de nous ''formater'', donc la tension est constante.

Sinon je l'ai trouvé difficile, trop difficile pour moi. On dirait que je n'ai plus la patiente de recommencer dix fois (la boucle du 45 m'a bien fait rire par contre c'était bien pensé). Ça m'a fait pensé à l'avh d'Outremer, Les neuf dernières de la nuit. Pour l'instant, je n'ai eu l'impression que de gratter la surface, d'être loin de la réussite, d'avoir passé à côté de beaucoup de choses (un peu frustrant donc).

En tout cas, c'est une aventure ambitieuse, complexe et originale, alors bravo !
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#23
Merci pour ton retour, Flam.
Les commentaires sont toujours intéressants et constructifs pour moi, ça m'aiguillonne pour mes prochaines AVH. Je réfléchis donc à des aventures moins punitives où les choix aboutiraient plutôt à des fins différentes...
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#24
L'appréciation de la difficulté est très subjective, aussi je suis trop paresseux pour faire un plan. J'étais proche de ''débourré'' je crois, alors je referrai un autre essai dans quelques temps. Pour l'instant je vais probablement tenter ''Sacrifice''.
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#25
J'ai trouvé cette AVH très facile. J'ai atteint sans aucune difficulté la boucle du 45, qui est forcément la meilleure fin. Non?
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#26
(03/11/2024, 00:04)Kraken a écrit : J'ai trouvé cette AVH très facile. J'ai atteint sans aucune difficulté la boucle du 45, qui est forcément la meilleure fin. Non?

J'adore !
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#27
Voici mon retour sur l'Esprit de la Ruche.


Pour résumer : j'ai à la fois aimé cette AVH mais je suis aussi restée sur ma faim. Je pense également que beaucoup de choses y sont perfectibles (de mon point de vu)

Tout d'abord, le thème m'a dans un premier temps refroidi. L'hiver n'étant pas la meilleure période pour mon moral, je n'avais pas forcément envie de lire quelque chose qui allait contribuer à encore plus défoncer mon humeur. Il faut dire que je pense que le point de vu de l'autrice n'est pas très éloigné du mien sur beaucoup de choses et je reconnais que cette société dystopique des années 2040 illustre de nombreux angoisses que j'ai quant à l'avenir. Moi aussi, je vois un avenir moins démocratique, moi aussi je vois une tentation à la généralisation de la surveillance des citoyens, moi aussi j'ai l'impression que l'on devient plus égoïste et j'ai aussi l'impression que l'on sacrifie l'humain sur l'autel de la performance et de l'efficacité. Pour autant, bien que je voulais au début plutôt fuir l'AVH, j'ai au final pris du plaisir à parcourir l'histoire, surtout à partir de la quête d'identité du héros que j'ai beaucoup appréciée.

Je trouve cependant que l'AVh en fait parfois trop dans la dénonciation du contexte et grossit tellement les traits que l'on pourrait au final la trouver caricaturale. J'ai peur que cela amoindrisse au final la portée de son message. En fait, c'est surtout le fait que les personnages portent tous les mêmes prénoms et un numéro de série qui m'a fait tiquer. Je trouve ça un peu irréaliste pour seulement 15 ans dans le futur... Je pense que j'y aurait davantage cru  si c'était 25 ou 30 ans plus tard. Pourtant, le reste, comme l'omniprésence des drones, la surveillance par un bracelet de comptage de l'effort physique, l'invitation qui n'en est une que de nom d'avoir une application de localisation des proches, la délation et le refus d'écouter toute dénonciation du système et de ceux qui en profitent car ce serait du complotisme (et le complotisme existe effectivement), sonnent juste. Dommage que l'IA ne soit pas évoquée mais je pense que c'est peut-être car la rédaction de l'AVH aurait commencé avant que l'IA fasse une sacré percée dans le monde économique et médiatique. J'ai aussi l'impression que le système décrit a été mis en place d'un coup alors qu'a mon avis, cela se serait plutôt fait subtilement et dans le temps long. Donc, d'un côté j'ai beaucoup apprécié qu'une AVH ait le courage de dénoncer certaines dérives de nos sociétés actuelles et d'un autre, je n'arrivais pas tout le temps à croire complètement à cet avenir là.

J'ai bien aimé la quête d'identité du héros. J'aime beaucoup tout ce qui est enquête et en plus ça permettait de mieux explorer la société mis en place par l'AVH. J'ai aussi bien aimé Wooden Sword, le MMo qui permet aux humains de fuir un peu leur quotidien mais qui n'est au final qu'une illusion de liberté, et, de ce fait contribue à renforcer le système en place. J'ai trouvé que ce MMo présentait une expérience différente de l'univers de cette AVH et était donc rafraichissant. J'ai aussi beaucoup aimé l'une des fins négatives que j'ai trouvée vraiment audacieuse et, au final, proche de notre réalité (le cycle 45) Vraiment une idée géniale ! Bravo !
Je regrette en revanche que l'aventure soit aussi difficile. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai du me faire rééduquer. Je comprend que cette difficulté est là pour montrer que ce monde qui se veut très policé est en fait absolument impitoyable. Malheureusement, cette difficulté m'a découragée et sortie de l'histoire. J'ai arrêté de jouer dés que je suis arrivée à une fin pas trop négative mais qui est au final loin de répondre à toutes mes questions. C'est pour ça que je suis restée sur ma fin, mais je n'avais pas le courage de recommencer car je n'avais pas le moindre indice sur ce que je devais faire de différent pour obtenir la meilleure fin. Je pense qu'il aurait été bien de donner un nom à la meilleure fin et de donner des indices à ceux qui échouaient trop souvent à l'obtenir. Si j'avais eu un indice, je pense que j'aurais recommencé pour tenter de l'obtenir.
Enfin, dernier point où je vais râler un peu, je trouve que parfois, même quand on prend la décision la plus logique, on se ramasse une dénonciation. Par exemple, je fais du footing avec un autre Lucas, un drone nous "demande" d'aller dans un parc, j’obéis en imaginant que c'est le moins risqué pour moi et pourtant je me fais encore dénoncer car mon personnage a fait des remarques imprudentes que le joueur ne contrôlaient pas. D'un côté, je trouve que c'est un excellent moyen de montrer que cette société est absolument arbitraire et cela contribue à faire monter l'angoisse et à rejeter d'autant plus ce système, mais malheureusement je trouve que la difficulté est du coup trop haute pour moi. Certains PFA me paraissaient aussi pas très justes.

J'ai passé un très bon moment sur l'Esprit de la Ruche et j'en recommande la lecture même si je sais que cette AVH ne plaira pas à tout le monde. J'applaudis l'auteure pour avoir eu le courage de dénoncer tant de chose même si elle risquait ainsi de braquer une partie du lectorat. Cependant, la difficulté et une part d'arbitraire m'ont empêchée d'en profiter pleinement. Je suis également un peu frustrée de ne pas avoir eu de réponses à toutes mes questions.
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#28
Merci Fifine pour ton retour détaillé. C'est la première longue AVH que j'écris et les retours des forumers me sont précieux.
Quel est le numéro de la fin où tu es arrivée ?
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#29
Je suis désolée, mais je ne me rappelle plus du numéro de cette fin.
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#30
Une AVH très atmosphérique et créative.

L'anticipation est un genre qui est d'autant plus percutant qu'il paraît proche de nous. Il est utilisé de façon très directe et efficace dans cette AVH. Si j'avais une suggestion, ce serait simplement que situer l'aventure en 2040 paraît un peu proche pour de telles transformations sociales : c'est dans 16 ans, c'est-à-dire pas plus éloigné de nous que l'année 2008. Il aurait peut-être été préférable de situer ça de façon moins précise vers le milieu du XXIème siècle.

Les personnages que l'on rencontre, les lieux par lesquels on passe, les situations auxquelles on est confronté, tout ça est très vivant et soigné. On a tout à fait l'impression d'évoluer dans un monde complexe et crédible. L'oppression constante à laquelle sont soumis les citoyens est adroitement mise en valeur. De manière générale, j'ai beaucoup apprécié le fait que le texte ne se limite jamais au nécessaire et inclut dans la majorité des paragraphes des détails, des évènements ou des répliques qui ont pour but principal de rendre l'histoire plus expressive et atmosphérique. Il y a même des paragraphes "inutiles" qui sont en réalité employés à bon escient pour contribuer au ton de l'aventure : par exemple, les paragraphes 85 et 435 où on cherche vainement à appeler notre médecin ou les urgences auraient très bien pu être résumés en 3-4 lignes, mais le fait d'en faire deux paragraphes distincts donne plus de poids à leur contenu.

Je n'ai pas eu l'impression que le fait de permettre au héros d'être Observateur, Charmeur ou Rusé apportait quelque chose de très utile à l'aventure. Ce n'est pas exactement un défaut (le système de jeu reste fort léger), mais cela aurait facilement pu être retiré.

La difficulté est assez élevée, sans être abusive. Le PFA sur lequel je suis tombé à ma première tentative est celui où on se retrouve coincé dans une boucle à mener une existence répétitive, ce que j'ai trouvé très original et approprié. Par la suite, il m'est arrivé à plusieurs reprises de tomber sur des PFA plus brutaux, où le héros se fait vraiment tuer. Certains sont peut-être un peu injustes : celui du 195, par exemple, résulte d'un choix qui n'est pas manifestement pire que l'autre option et dans un contexte où on a peu de raisons de penser qu'on risque de perdre la vie.

468 paragraphes (plutôt étoffés en moyenne), ça laisse présager initialement une aventure avec une longue durée de jeu. En fait, il s'agit plutôt d'une aventure "large", qui permet très tôt de suivre des pistes diverses dans un ordre flexible, et qui offre beaucoup d'options possibles concernant notre comportement. Cela met très bien en valeur les concepts essentiels de l'histoire : d'une part les différents aspects du cadre dystopique, d'autre part les incertitudes du héros qui ne sait pas du tout où il trouvera des réponses à ses questions.

La deuxième moitié de l'AVH (qu'on peut déclencher à partir du moment où on a trois souvenirs) risque parfois de se montrer un peu courte par rapport à la première. Lorsque je suis pour la première fois parvenu à une bonne fin, la rapidité avec laquelle j'ai traversé cette deuxième moitié m'a un peu interloqué :

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Le fait que les bonnes fins possèdent un caractère plutôt ouvert me semble en revanche tout à fait pour le mieux. Considérant la situation du monde et du héros, il aurait été moins crédible et marquant de parvenir à une fin où la plupart des choses se trouvent résolues et on a une idée précise de ce qui va se passer ensuite.
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