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08/06/2017, 22:22
(Modification du message : 08/06/2017, 22:28 par tholdur.)
Pour éviter le hors-sujet sur le "féminin" d'auteur (fin d'article):
http://www.academie-francaise.fr/actualites/feminisation-des-noms-de-metiers-fonctions-grades-et-titres
Qu'on le veuille ou non, c'est l'Académie, certes essentiellement masculine (actuellement 5 femmes sur 36 membres), qui fait la loi sur ce sujet. Auteur vaut donc pour le masculin comme pour le féminin et il n'est pas question de remplacer à tout bout de champ par auteure ou autrice. C'est le "genre non marqué", peu importe si l'auteur est un homme ou une femme, ou même soit dit en en passant du troisième genre (qui n'est pas reconnu en France).
Il reste possible de militer pour que l'Académie (re)modifie la langue comme elle l'a déjà souvent fait. Mais en attendant, il n'y a pas d'auteure ou d'autrice qui tienne. Et puis ce n'est pas comme si on n'avait pas d'autres mots à mettre à la place: j'ai déjà parlé de romancière ou nouvelliste, qui ont en plus l'avantage d'être plus précis que auteur!
Notez que je suis plus modéré dans mes propos que l'Académie, qui pour autrice dit que "l’oreille autant que l’intelligence grammaticale devraient prévenir contre de telles aberrations lexicales."
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Citation :"L’oreille autant que l’intelligence grammaticale devraient prévenir contre de telles aberrations lexicales."
Je les imagine bien, la main sur le pommeau de l'épée, faire mine de dégainer.
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09/06/2017, 13:02
(Modification du message : 09/06/2017, 13:09 par tholdur.)
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Que certains mots n'aient qu'un genre n'est pas gênant.
Un auteur, homme ou femme.
Une sentinelle, homme ou femme.
Faudra-t-il dire un sentinel ?
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http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?42;s=3108426030;r=2;nat=;sol=0; (il est possible que ce soit une session périmée, il suffit de chercher "auteur" dans le tlif)
Citation :L'ex. suiv. est une résurgence isolée de l'anc. lang. qui employait le fém. autrice (cf. aussi auteuresse, authoresse)
http://www.gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=17487398
Citation :écrivaine n. f.
auteur n. m. ou f.
auteure n. f.
autrice n. f.
En Europe francophone, on utilise surtout le féminin une auteure, mais on emploie aussi une auteur.
Le féminin une autrice est moins fréquent que les autres féminins. Il est davantage utilisé en Europe, notamment en Suisse.
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Marrant, j'ai toujours cru qu'on disait "un auteur" et "une hauteur"
сыграем !
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14/06/2017, 12:15
(Modification du message : 14/06/2017, 12:17 par tholdur.)
Et moi je croyais que c'était en cours d'Histoire qu'on parlait d'autrice: qui ne connaît pas l'Autrice Hongrie?
Avant de sortir moi aussi (pour aller de ce pas prévenir nos "Immortels" des pratiques hérétiques de nos cousins outre-Atlantique ), j'indique juste que j'ai un peu de mal à comprendre l'insistance globale qu'ont parfois certaines personnes à user de néologismes, alors qu'il existe pourtant dans de nombreux cas des mots à disposition qui ne soulèvent aucune polémique (cf. romancière dans le cas qui nous occupe). On sent bien que derrière il y a des démarches plus militantes, une volonté de passage en force pour imposer un usage une fois qu'il est trop répandu, plutôt que des réflexions apaisées sur une manière consensuelle de faire évoluer la langue française.
Il est dommage que ceux qui veulent imposer des réformes de l'orthographe et de la grammaire "à la hussarde" ne soient pas des spécialistes du domaine, et surtout qu'ils aillent à l'encontre des avis émis par ces spécialistes! Du moment qu'un avis est justifié par une règle on doit en tenir compte. Ou alors il faut demander le changement de la règle...
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Je n'ai pas envie de me lancer dans un débat interminable ici.
Je me contenterai donc de dire que les arguments que tu avances étaient à peu près les mêmes que ceux employés par les défenseurs du mot nigger dans les années 60. Les activistes noirs refusaient eux ce mot et tout ce qu'il représentait, et lui préféraient le quasi-néologisme (car alors très peu usité) de black.
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J'ai un peu de mal de considérer comme néologisme un mot indiqué par le TLFi comme « résurgence de l'ancienne langue », de même que j'ai un peu de mal à considérer que l'on pourrait inventer des mots pour désigner des choses nouvelles (comme ordinateur on Internet), mais que l'on ne pourrait pas en créer pour désigner une nouvelle manière de voir des choses anciennes.
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15/06/2017, 08:15
(Modification du message : 15/06/2017, 08:21 par tholdur.)
Nigger était un mot qui véhiculait avec lui, comme tu le dis, "tout ce qu'il représentait". On peut même dire véhicule, car les racistes l'utilisent sans doute encore. On ne peut pas remplacer "nigger" par "black" car ils n'ont tout simplement pas le même sens.
Mais "auteur", lui, ne véhicule rien du tout! On ne peut donc pas comparer.
"Auteur" désigne juste une profession, et surtout sans véhiculer la moindre volonté de "suprématie masculine" (contrairement au "nigger" qui véhiculait l'idée d'une suprématie blanche). L'intention de le féminiser a pour origine un but louable, incontestable, qu'on ne peut qu'approuver, l'égalité homme-femme (ou femme-homme ). Mais ce faisant, on fait preuve d'ignorance envers la langue française, où le masculin sert aussi à exprimer le fameux genre non marqué, lequel est le summum de cette égalité qu'on veut rechercher! Lorsqu'on veut féminiser, c'est qu'on pense que le masculin exprime toujours le masculin, et qu'il n'y a pas de place pour le féminin, qu'il faut donc "rétablir l'équilibre", mais le masculin sert aussi à exprimer le genre neutre, comme pour auteur (et n'est donc plus masculin dans ce cas).
Je reprends pour illustrer la fin de l'article de l'Académie que j'ai mis en lien:
(...) l’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché.
Cela me semble suffisant comme explication. Après, comme je l'ai déjà dit on peut toujours demander la remise en cause de cette règle (du masculin indiquant le genre non marqué), mais il faut d'abord être au courant de ce que cette règle signifie concrètement. Peut-être qu'alors, on peut envisager les choses autrement. Et si on veut vraiment changer cette règle, il faut être capable de proposer une alternative. Et là bon courage car c'est une refonte complète de la langue qui s'annonce...
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Pour la question du néologisme, il faut voir que les formes résurgentes que tu évoques n'ont pratiquement pas été employées, qu'elles ne se sont jamais vraiment répandues. Ce sont des tentatives de néologismes, mais avortées car elles n'ont pas perduré. Elles ressortent aujourd'hui dans une "nouvelle tentative" de perdurer dans la langue, et à ce moment-là vraiment gagner le statut de néologismes.
Créer de nouveaux mots pour désigner une nouvelle manière de voir des choses anciennes? Effectivement, mais pourquoi se cantonner au passé? Autant généraliser en englobant également le présent et le futur?
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Justement, dans le cas qui nous occupe, c'est bien cette "nouvelle manière de voir des choses anciennes" qui pose problème !
Il existait trois genres en latin. En français, le neutre a disparu, le masculin récupérant la fonction de genre non marqué. De ce fait découlent les règles telles que "le masculin l'emporte sur le féminin" ou "les noms de fonction sont au masculin". Il suffirait de changer la dénomination de ces genres pour que le débat gagne en simplicité, pour que l'on cesse d'y transporter des causes qui ont tout à perdre à se dévoyer de la sorte. Personnellement, je préfèrerais que l'on se batte pour l'égalité de salaire entre les hommes et les femmes, par exemple, ou contre le travail de nuit des femmes que Sarkozy a rétabli, mais puisque cela contreviendrait à la sacro-sainte réduction du "coût du travail", ceux qui en profitent ont tout intérêt à allumer des contre-feux. C'est malhonnête.
En l'occurrence, le fait que beaucoup de noms de fonctions ne connaissent qu'une forme, celle au genre non marqué, se justifiait par un principe qui date lui aussi d'une ancienne manière de voir les choses, idée que reflète la vieille langue, à savoir que le collectif prime sur l'individuel. Cela est très sain en démocratie : peu importe l'individu qui occupe une charge publique, il s'agit de remplir les devoirs de sa charge, pas plus, pas moins. Dans ce cadre, on se moque bien du sexe de l'intéressé. Le fait que cette opinion s'efface au profit d'une personnalisation des fonctions, y compris publiques, joint à une récupération hypocrite de tout un pan du combat pour l'égalité entre les hommes qui se traduit grotesquement par la tentative d'imposer une féminisation de tous les mots, constitue à mes yeux un problème de nature surtout politique.
Il me semblait donc utile de rappeler les tenants de ce débat sur la féminisation des noms de métiers, parce qu'autrement, vous savez, l'usage, ça n'a jamais rien de définitif.
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Muchado about nothing. Sinon, on peut peut-être laisser chacun faire comme il veut tant que ça ne nuit pas à la compréhension. Non ? Dans le même ordre d'idée, j'invite à lire le billet qui suit :
http://www.tartofrez.com/cest-lhistoire-dune-joueuse/
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(Modification du message : 16/06/2017, 08:16 par tholdur.)
Ce qu'il faudrait surtout c'est que chacun (chacune^^) ait au départ un minimum de connaissance des règles, plutôt que d'utiliser des mots juste parce qu'on les trouve mieux adaptés, alors qu'on ne peut pas justifier qu'ils le sont puisqu'on ne connaît pas les règles!
On ne décide pas de passer outre un règlement, quand bien même il ne s'agit "que d'orthographe" et pas de quelque chose de plus important comme le code de la route.
Ceci étant il est possible d'enrichir la langue par des ajouts, cela s'est toujours fait, et de modifier la règle également, sinon on "parloyraist y écrivoyraist ainsy"^^ (désolé pour ma méconnaissance de "l'ancien François"). Mais il faut proposer en argumentant que ces changements sont une évolution positive de la règle, et attendre la validation de ceux qui sont les tenants de cette règle, aussi "sclérosés" qu'ils puissent paraître dans l'esprit des gens. Et quand ils ont un avis contraire, la moindre des choses serait d'en tenir compte, quitte à revenir à la charge pour tenter de les convaincre à nouveau.
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18/06/2017, 14:58
(Modification du message : 18/06/2017, 14:59 par cdang.)
Tiens, justement, lors du colloque sur le JdR il y avait un juriste qui a fait une intervention en comparant les règles de droit et les règles de JdR. Et d'un point de vue conceptuel, on peut aussi comparer les règles d'utilisation de la langue. En particularité quelle est leur légitimité.
Je rappellerai juste à toutes fins utiles que si l'Académie française joue un rôle important dans l'unité de la langue, ce qui permet à tous de se comprendre, en revanche tous les linguistes considèrent que c'est l'usage qui fait la langue et pas les dicos. Que c'est l'usage qui a fait que l'argot de l'argent a conservé l'ancienne valeur lors du passage au franc lourd (1 bâton c'était 1 000 000 de francs anciens et c'est devenu 10 000 nouveaux francs) et qu'il a changé de valeur lors du passage à l'euro (1 balle c'était 1 nouveau franc et c'est devenu 1 euro et non pas 0,15).
Et qu'enfin il n'y a pas d'autorité normative ni régulatrice de la langue en France, qu'il n'est pas illégal de dire ni d'écrire « téma le darron » et que les auteurs de fantasy et de s.-f. (dont ceux des LDVELH) sont quand même un peu obligés de torturer la langue (non, un nain de Pont-de-Pierre n'est pas un humain atteint d'achondroplasie).
Et qu'il ne s'agit pas de convaincre qui que ce soit mais simplement de laisser les gens vivre leur vie.
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18/06/2017, 15:12
(Modification du message : 18/06/2017, 15:28 par tholdur.)
eaukey den se k fo pa membété si jécri kom sa à partire deux mintenan^^ (uzage SMS venkra!)
Il n'y a pas d'autorité, effectivement, donc la réforme de l'orthographe faite par les politiques n'a vraiment pas lieu d'être. A mon avis le plus sage reste de suivre en priorité les plus légitimes des propositions, donc plutôt celles de l'Académie Française. Sans fermer la porte aux nouveautés. On tourne en rond. Il ne faut pas non plus que sous prétexte de l'usage ce soit la porte ouverte à tout et n'importe quoi.
S'il n'y a pas d'avis "faisant loi", on finira par ne plus parler et écrire la même langue.
C'est comme pour comprendre le monde, l'enseignement de l'Histoire est indispensable. Pour comprendre le Français, il faudrait un étude de son passé, et donc en partie du latin, comprendre l'origine des mots permettrait sans doute de ne pas se fourvoyer. La langue, c'est une évolution, avec en plus des apports de mots nouveaux. Mais je reste persuadé qu'il ne faut pas tout prendre sous prétexte que l'usage "fait loi". Car c'est de cette manière qu'on fragilise la langue, en faisant fi de règles qui sont fondamentales. Ajouter liker ou kiffer, c'est quelque part un enrichissement avec de nouvelles manières de dire aimer. Mais les verbes ainsi formés suivent les règles de conjugaison! Autrice ou auteure bafoue les règles de construction. Donc il faut quand même faire un minimum de tri pour éviter de faire évoluer la langue n'importe comment.
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