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Fraîchement débarqué sur le forum, A Vendetta est la première création de Grattepapier que je lis. Eh ben quelle découverte ! La prose, bien que simple et efficace, réussit parfaitement à nous transporter dans la Corse du début du siècle passé. Mots de dialectes, réflexions des personnages, dictons populaires, descriptions immersives de paysages, tout concourt à nous transporter là-bas, et qui plus est sans faire perdre son élan à l'aventure. Cette fuite à bâtons rompus dans un cadre rustique très réussi est exaltante : les obstacles et les défis s'enchaînent vite et de manière fluide, et les différentes manières de les résoudre, bien que pas toujours évidentes, sont finalement toujours très logiques, et un lecteur attentif pourra se fier à son flair pour s'en tirer.
Mention spéciale pour le couple de Français en voiture :
SPOILER
Leur avouer son crime peut sembler de prime abord contre-intuitif, mais au vu du fait qu'il soit écrivain et que tous deux se pâment devant "le charme sauvage de la Corse", leur réaction positive fait tout à fait sens (et est très marrante)
FIN DU SPOILER
Il y a une certaine ironie dans l'objet même de la quête du personnage :
"Mais il faut que tu survives pour que ma lignée perdure", lui dit son père dans le prologue. "Sinon qui portera demain le nom de Rossi ?"
Marrant d'attacher autant d'importance au nom de Rossi, quand justement le plan est d'aller vivre en France sous une fausse identité. Cela souligne assez bien le dilemme moral qui sous-tend toute l'aventure : la vengeance ou le pardon ? Perdre son identité rime peut-être ici avec perdre une part de humanité ?
Concernant le dilemme moral, j'ai trouvé vraiment super cette intrusion du fantastique au milieu de l'histoire. Y étant allé totalement à l'aveugle à ma première lecture, je ne m'y attendais pas du tout. Ces êtres que l'on rencontre, sont-ils réels, ou bien sont-ils le fruit des tourments intérieurs de notre Ghjuvan Battista, qui surgissent sous la forme du folklore et des croyances dont il est pétri ? Sûrement un peu des deux, et c'est d'ailleurs plus intéressant que le doute demeure... (après, je n'ai pas encore exploré toutes les possibilités, donc peut-être qu'un embranchement particulier me donnera tort.)
Tout ceci étant dit, après 4 tentatives je n'ai pas encore réussi à atteindre la bonne fin. J'ai fini avec l'épilogue "Victime" à trois reprises, et "Remords à mon dernier essai.
SPOILER:
1ère fin : je me suis écroulé sur la route de Calvi après avoir croisé les automobilistes, car j'étais déjà Diminué et j'ai eu un coup de chaud.
2ème fin : je me suis retrouvé dans le cimetière, entouré de la procession de spectres et sans eau bénite. Après une nuit de tourments, mon petit coeur n'a pas supporté le choc.
3ème fin : je me suis fait larder par Filippu sur le bateau à la fin. J'avais réussi à blesser les deux autres frères, mais je n'avais pas de stylet pour me défendre...
4ème fin : j'ai réussi à trouver le stylet, et cette fois-là c'est moi qui ai lardé Filippu. Mais la vengeance avait un goût bien aigre...
FIN DU SPOILER
Bref, il me faut encore trouver le chemin de la meilleure fin, mais je peux d'ores et déjà dire que cette AVH m'a conquis !
(PS : quelqu'un m'explique comment on fait des bannières Spoiler ??)
Merdre.
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27/04/2024, 15:58
(Modification du message : 27/04/2024, 15:59 par grattepapier.)
(27/04/2024, 11:58)Père Ubu a écrit : Fraîchement débarqué sur le forum, A Vendetta est la première création de Grattepapier que je lis. Eh ben quelle découverte ! La prose, bien que simple et efficace, réussit parfaitement à nous transporter dans la Corse du début du siècle passé. Mots de dialectes, réflexions des personnages, dictons populaires, descriptions immersives de paysages, tout concourt à nous transporter là-bas, et qui plus est sans faire perdre son élan à l'aventure. Cette fuite à bâtons rompus dans un cadre rustique très réussi est exaltante : les obstacles et les défis s'enchaînent vite et de manière fluide, et les différentes manières de les résoudre, bien que pas toujours évidentes, sont finalement toujours très logiques, et un lecteur attentif pourra se fier à son flair pour s'en tirer.
Mention spéciale pour le couple de Français en voiture
(...)
Concernant le dilemme moral, j'ai trouvé vraiment super cette intrusion du fantastique au milieu de l'histoire. Y étant allé totalement à l'aveugle à ma première lecture, je ne m'y attendais pas du tout. Ces êtres que l'on rencontre, sont-ils réels, ou bien sont-ils le fruit des tourments intérieurs de notre Ghjuvan Battista, qui surgissent sous la forme du folklore et des croyances dont il est pétri ? Sûrement un peu des deux, et c'est d'ailleurs plus intéressant que le doute demeure...
(...)
Tout ceci étant dit, après 4 tentatives je n'ai pas encore réussi à atteindre la bonne fin. J'ai fini avec l'épilogue "Victime" à trois reprises, et "Remords" à mon dernier essai.
(...)
Bref, il me faut encore trouver le chemin de la meilleure fin, mais je peux d'ores et déjà dire que cette AVH m'a conquis !
Salut Père Ubu (très chouette ce pseudo littéraire !). Merci pour ce retour enthousiaste et détaillé. Pour un auteur, c'est super de pouvoir connaitre le parcours des lecteurs et ce qu'ils ont apprécié dans l'histoire qu'on a imaginée ! Très content que cette AVH t'ai plu, et que tu ais été sensible à l'aspect fantastique de l'histoire, qui illustre comme tu l'as bien compris le dilemme moral du personnage principal. Tu n'es pas loin je pense de pouvoir atteindre le 50. La 5e tentative sera la bonne !
(27/04/2024, 11:58)Père Ubu a écrit : (PS : quelqu'un m'explique comment on fait des bannières Spoiler ??)
Alors, clique sur "Citer" puis sur "Citer ces messages maintenant", cela te permettra de voir la façon de rédiger une balise. Prend par exemple la balise QUOTE et remplace "quote" par "spolier". Il te faut une balise pour ouvrir et une autre pour fermer (la même que la précédente mais avec un hashtag en plus). Voilà !
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Hello.
Tout pareil que le Père Ubu ! (sur le nb d'essais + la scène dans le cimetière)
Par contre, je me suis fait la réflexion que : à la fois le rythme est parfois rapide par les enchainements de scènes, à la fois ça dynamise vraiment le récit et donne particulièrement envie de rejouer.
Bref, beau texte.
https://www.quefaitesvous.com
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• grattepapier
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(04/05/2024, 10:33)ledahu a écrit : Hello.
Tout pareil que le Père Ubu ! (sur le nb d'essais + la scène dans le cimetière)
Par contre, je me suis fait la réflexion que : à la fois le rythme est parfois rapide par les enchainements de scènes, à la fois ça dynamise vraiment le récit et donne particulièrement envie de rejouer.
Bref, beau texte.
Merci pour ton retour leadhu et content que cette AVH t'ait plu. On attend la tienne avec impatience
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15/05/2024, 10:44
(Modification du message : 15/05/2024, 10:46 par grattepapier.)
Mise en ligne d'une nouvelle version sur Litteraction, suite à une nouvelle correction orthographique sur Antidote (merci à Phi_Jai !).
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Avant de donner mon avis imminent sur cette AVH, une petite remarque : au 14, la sortie vers le 42 est inutile car inaccessible, compte tenu de l'impact de ce même paragraphe sur notre état de santé
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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23/05/2024, 09:18
(Modification du message : 23/05/2024, 09:20 par grattepapier.)
(23/05/2024, 01:06)Loi-Kymar a écrit : Avant de donner mon avis imminent sur cette AVH, une petite remarque : au 14, la sortie vers le 42 est inutile car inaccessible, compte tenu de l'impact de ce même paragraphe sur notre état de santé Bien vu Merci pour ta vigilance. Effectivement : au 14, Si on n'a qu'un des 2 codes, on ne peut aller qu'au 46. Il faudra que je corrige, même si ce n'est pas bien grave pour le lecteur. A noter que le même choix est proposé au 19 mais là cela à un sens puisse qu'on améliore pas son niveau de santé. Pour la petite histoire, c'est un héritage de la V1 où l'on avait 3 points de santé, et où du coup la question avait lieu d'être (on ne récupérerait qu'1 point de santé au 14 donc on pouvait être amené à devoir aller au 42 si on n'avait pas 3 points à la fin du paragraphe)
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• Loi-Kymar
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J'ai trouvé l'expérience plutôt chouette. L'aventure est riche ; l'atmosphère locale est fort bien rendue dans le souci des détails régionaux ; le cheminement géographique et intime de notre personnage, entre traque dans le maquis, affrontements secs et doute mystique, est remarquablement animé par la narration et les choix donnés, à la fois pertinents et aux conséquences toujours certaines sur l'aventure.
Quant au débat sur la qualification à donner à l'épilogue "Remords" (succès mitigé ou échec ?), je dirais que cela gagne à être laissé à l'appréciation du jouquineur. Je trouve pour ma part que c'est une fin à la fois satisfaisante, au moins partiellement (on gagne ce qu'on désirait au départ : sa survie), et logique (on ne sort pas si facilement de cycles de violence, a fortiori institutionnalisés à ce point). Reste qu'atteindre le meilleur épilogue reste un objectif aussi difficile à atteindre (système de renvois antitriche à l'appui) que passionnant à suivre.
Les deux réserves que je pourrais formuler sur cette AVH sont parfaitement personnelles et subjectives : - Le folklore corse tel que popularisé sur "le continent", avec ses vendettas et ses bandits d'honneur, n'est pas celui qui me séduit le plus. Peut-être relire la nouvelle "Colomba" de Mérimée me permettrait-il d'évoluer sur ce point...
- L'emploi simultané de la première personne et du passé composé a rendu ma lecture un petit peu... distante. Surtout le temps employé, alors que première personne et passé simple dans, par exemple, la trilogie Gloire posthume de Fitz ont mieux marché sur moi. Ce récit au passé composé m'a semble mieux fonctionner pour un texte linéaire que pour une aventure à choix.
Souris ! Tu ne peux pas tous les tuer...
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• grattepapier, Gil Jugnot
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26/05/2024, 22:31
(Modification du message : 05/06/2024, 10:34 par grattepapier.)
(25/05/2024, 23:49)Loi-Kymar a écrit : J'ai trouvé l'expérience plutôt chouette. L'aventure est riche ; l'atmosphère locale est fort bien rendue dans le souci des détails régionaux ; le cheminement géographique et intime de notre personnage, entre traque dans le maquis, affrontements secs et doute mystique, est remarquablement animé par la narration et les choix donnés, à la fois pertinents et aux conséquences toujours certaines sur l'aventure.
Merci pour ton retour Loi-Kymar ! Content que l'atmosphère et la narration t'aient plu ! Doubler le cheminement géographique du personnage d'un cheminement intime, voire mystique, était quelque chose qui me tenait à cœur. Je suis heureux si cela fonctionne et si cela t'a plu.
(25/05/2024, 23:49)Loi-Kymar a écrit : Quant au débat sur la qualification à donner à l'épilogue "Remords" (succès mitigé ou échec ?), je dirais que cela gagne à être laissé à l'appréciation du jouquineur. Je trouve pour ma part que c'est une fin à la fois satisfaisante, au moins partiellement (on gagne ce qu'on désirait au départ : sa survie), et logique (on ne sort pas si facilement de cycles de violence, a fortiori institutionnalisés à ce point). Reste qu'atteindre le meilleur épilogue reste un objectif aussi difficile à atteindre (système de renvois antitriche à l'appui) que passionnant à suivre.
Effectivement, le 49 peut être considéré comme une réussite partielle (la vie sauve sans la rédemption morale). C'est une fin douce-amère, et on est libre de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ! Même au 50, il y a une forme de tristesse, lié à l'exil avec la perte des liens familiaux que cela implique.
(25/05/2024, 23:49)Loi-Kymar a écrit : - Le folklore corse tel que popularisé sur "le continent", avec ses vendettas et ses bandits d'honneur, n'est pas celui qui me séduit le plus. Peut-être relire la nouvelle "Colomba" de Mérimée me permettrait-il d'évoluer sur ce point...
C'est vrai que le sillon a été creusé par mal d'auteurs déjà (Mérimée, Maupassant, Alexandre Dumas...), même si cela correspond à une certaine réalité (qui a beaucoup frappé les contemporains). J'avais un temps envisagé une AVH autour de la figure historique de Sampiero Corso mais c'était aussi une histoire de vengeance sanglante... Une AVH consacrée à 100% au folklore fantastique corse (comme "Tan Noz" de Gwalchmei peut l'être pour la Bretagne) aurait pu peut-être plus originale mais elle n'aurait pas collée au thème du mini-Yaz.
(25/05/2024, 23:49)Loi-Kymar a écrit : L'emploi simultané de la première personne et du passé composé a rendu ma lecture un petit peu... distante. Surtout le temps employé, alors que première personne et passé simple dans, par exemple, la trilogie Gloire posthume de Fitz ont mieux marché sur moi. Ce récit au passé composé m'a semble mieux fonctionner pour un texte linéaire que pour une aventure à choix.
Je reconnais que c'est plutôt un choix inhabituel pour une AVH ou un LDVELH. J'avais envie que le lecteur sente qu'il s'agit d'un récit raconté des années après les faits, permettant ainsi des réflexions du narrateur montrant sa prise de recul par rapport aux événements vécus. J'avais aussi beaucoup aimé "Anoki et le dieu ours" de Flam qui employait aussi le passé composé, et je pense que cela m'a conforté dans ce choix. Mais je conçois que cela peut créer une forme de distance avec le lecteur qui nuit (peut-être) à l’identification
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• Loi-Kymar
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Mise en ligne d'une nouvelle version sur Litteraction suite au retour de Loi-Kymar (merci à lui !)
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• Loi-Kymar
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Comme toujours, le style est impeccable et l'aventure bien construite. Du coup, ce n'est pas un problème de recommencer l'aventure pour trouver la bonne fin. Tout est lié, la mécanique est bien huilée. Une AVH vraiment plaisante à lire.
Le seul bémol pour ma part (je rejoins Loi-Kymar) est la forme de narration choisie qui induit une certaine "neutralité". J'aurais préféré du présent avec plus d'émotion, de la peur, du doute, des choix cornéliens, etc. non pas décrits mais vécus.
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• grattepapier
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10/06/2024, 12:17
(Modification du message : 10/06/2024, 13:42 par grattepapier.)
(09/06/2024, 20:07)Lady V a écrit : Comme toujours, le style est impeccable et l'aventure bien construite. Du coup, ce n'est pas un problème de recommencer l'aventure pour trouver la bonne fin. Tout est lié, la mécanique est bien huilée. Une AVH vraiment plaisante à lire.
Le seul bémol pour ma part (je rejoins Loi-Kymar) est la forme de narration choisie qui induit une certaine "neutralité". J'aurais préféré du présent avec plus d'émotion, de la peur, du doute, des choix cornéliens, etc. non pas décrits mais vécus.
Merci pour ton retour Lady V et content que tu ais apprécié cette aventure. Je comprends ton ressenti par rapport à ce choix de narration inhabituel pour une AVH. Ceci dit j'avais envie de me renouveler un peu, et de ne pas toujours utiliser les mêmes ficelles (du type, le fameux "Allez-vous... ?" que j'avais déjà employé dans mes 3 précédentes histoires).
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18/06/2024, 13:23
(Modification du message : 18/06/2024, 13:30 par grattepapier.)
Pour ceux qui n'ont pas encore lu cette AVH ou qui souhaite prolonger l'expérience, je vous partage deux suggestions musicales, qui sont aussi deux chansons que j'aime beaucoup, que j'avais intégrées initialement dans ma première version de "A vendetta" et que j'avais retirées du PDF pour ne pas risquer de sortir le lecteur de l'histoire :
Avant de commencer la lecture, vous pouvez, pour vous mettre dans l'ambiance, écouter "Dio vi salvi Regina", un chant religieux dédié à la Vierge Marie qui est devenu l'hymne national corse : https://www.youtube.com/watch?v=5EDXgUducfo
Pour conclure l'histoire, vous pouvez écouter "Le Porte Croix" d'Antoine Ciosi, une chanson qui parle de regrets, de rémission des péchés et de rédemption : https://www.youtube.com/watch?v=Pb5BBXg4iqA
Bonne écoute !
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14/07/2024, 23:13
(Modification du message : 17/07/2024, 08:45 par Astre*Solitaire.)
Voici une petite AVH dépaysante qui nous emmène en Corse au début du XXe siècle. Nous incarnons un jeune homme qui, en raison des traditions de l’île, se voit contraint d’exercer une justice privée à l’encontre du meurtrier de son frère… S’ensuit une course-poursuite dans les paysages montagneux de l’Île de Beauté.
Avant toute chose, j’ai apprécié cette histoire bien croquée par Grattepapier. Et ce n’était pas gagné. Ghjuvan Battista Rossi m’a été relativement vite antipathique – comme à peu près tous les personnages de ce récit – parce que la violence qui est présentée et l’attitude générale des individus croisés en regard de cette dernière m’est odieuse. Néanmoins, s’il n’y a pas vraiment de prise de position directe de l’auteur en regard des exactions des uns et des autres, une légère forme de morale couplée aux conséquences absurdes de la vendetta viennent un peu rééquilibrer le tout. Surtout, on sent la volonté de présenter un récit authentique – réaliste quand à la société de l’époque, ça, je ne le sais pas et ne m'y aventurerai pas –, et ce parti pris d'essayer d'être crédible a emporté mon adhésion.
Mais justement, puisque c’est censé être une aventure avec un cadre réaliste (merveilleux inclus), plusieurs points m’ont fait froncer les sourcils.
On trouve tout d'abord des problèmes d’accord de temps – notamment dans leurs valeurs aspectuelles (accompli/inaccompli) – qui perturbent un peu la lecture. Il est parfois difficile de faire coïncider le déroulé d'une histoire avec un temps au passé composé car leurs formes aspectuelles s'opposent. C'est d'ailleurs pour cela que le passé simple demeure pertinent (car non sécant et inaccompli). Puis il y a les classiques répétitions de sections qui deviennent un peu lourdes à lire lorsque l'on fait l'aventure dans son entier (le passage des trois cavaliers, l’affrontement sur le quai). Comme il n’y a que 50 sections, j’avoue apprécier des textes systématiquement différents, même si c’est pour dire la même chose. À l’inverse, je tire mon chapeau pour l’excellente recherche sur les vocables corses, très immersifs, tout en n’étant pas envahissant. J’ai particulièrement apprécié le folklore merveilleux.
Ensuite, à quelques endroits, il me semble que la vraisemblance est prise en défaut.
En effet, au début de notre histoire, le jeune héros va devoir s’enfoncer dans le maquis montagneux avec des tueurs à ses trousses et, évidemment, il pense à emporter une blague à tabac et une fiole d’eau bénite. Vraiment ?
De plus, il ne peut prendre que deux objets… Pourquoi que deux ? Une fois nantie de la blague et de la fiole, n’a-t-il plus assez de place pour la pièce de 10 francs ? Ses parents, qu’il ne reverra plus jamais, seraient-ils trop pingres pour la lui donner ? Alors que part la suite, il n’aura aucun problème pour transporter une bible ou un stylet. Je suis un peu taquin, là. Pardon. Et effectivement, en terme de mécanique de jeu, on comprend bien le pourquoi du comment. Je dirais même que l'on y est habitué. Trop peut-être, car c'est le vraisemblable qui dès lors en pâtit.
Pour parvenir à la dernière des fins, je crois que la meilleure option est de prendre la corde et la blague à tabac. Je dirais : « pourquoi pas ». Mais est-ce bien le choix que nous ferions si une alternative pareille un jour nous échoit ?
Dans le même ordre d’idée, au paragraphe 46, il est écrit que : « Il y a eu un bruit sec quand sa tête a cogné le pavé du quai, et la silhouette n’a plus bougé ». Un frère de moins ! On affronte l’autre au paragraphe 5 et « avec leur aide [des marins], nous avons dissimulé le cadavre de Filippu ». Et donc, l'autre cadavre, lui, on le laisse sur le quai ? Un léger oubli, probablement (ou alors il y a quelque chose que j'ai ratée).
Enfin, il y existe des choix particuliers à réaliser pour atteindre la dernière fin ; et ils semblent vraiment contre-intuitifs au vu de la situation – comme d’aller faire un détour auprès de sa belle – ou qui nous sont faussement présentés. C'est notamment le cas du paragraphe 10 : « Mais où m’abriter ? Sous un arbre [...] ? C’était le meilleur moyen de mourir foudroyé, ou assommé par une branche cassée. Sous un rocher [...] ? Des fleuves de boue dévalaient des hauteurs, trempant tout sur leur passage, rendant illusoire la possibilité de rester au sec. ». Tout ici nous incite à prendre l’autre solution (ne pas s’abriter). C’est pourtant une erreur : il faut chercher à s'abriter. Idem au paragraphe 23 : « Je pouvais : soit opter pour une stratégie défensive pour surtout ne pas être blessé (rendez-vous au 47) ». Et au 47 : vous êtes blessé (et en l’occurrence mort puisque j’étais déjà diminué). Je ne dis pas qu’il ne faut pas l’écrire ; mais il faut alors y laisser voir une possibilité – « dans l’espoir de n’être pas blessé » – et non une certitude.
À côté de cela, certaines descriptions emportent tout à fait l’adhésion, les personnages sont remarquables de vie, d’authenticité, mérite à saluer d’autant plus qu’ils sont nombreux et systématiquement crédibles. J’ai bien aimé l’introduction du merveilleux (à mon sens plus que du fantastique en raison de la scène dans le village abandonné) qui donne une patine supplémentaire bien intégrée au reste du récit.
L’ambiance est très bonne et j’ai tout à fait ressenti la course-poursuite, l’urgence, la nature. Seule peut-être l’évocation des remords m’a semblé plus artificielle. Mais sur un texte aussi court, c’est difficile à travailler.
Les règles sont très simples et on peut à peu près y jouer sans prendre de note. Il y a un bon équilibre, je trouve, entre l’échec (12 fois), la semi-réussite (3 fois) et la réussite (2 fois). Ce qui permet une excellente ludicité – j’ai dû faire 35/40 sections pour parvenir à trouver les trois fins. Équilibre est donc le mot qui revient, entre architecture maîtrisée et difficulté bien gérée – ni trop facile (je suis mort dès le début), ni trop complexe (les choix obligatoires pour parvenir au 50).
Trois derniers points.
L’action rédemptrice de fin est toute de même difficile à justifier après tout ce qui vient de se passer. Le personnage a tué trois des quatre frères en 72 heures, dont un dans le dos. Qui va croire à son petit laïus de fin ? Probablement pas beaucoup de monde et certainement pas le dernier frère qui, happé par son environnement culturel, s’en ira certainement sur le continent pour nous faire la peau. L’idée est bonne en soi, mais elle est compliquée à mettre en place sur seulement 50 sections.
L’emploi de la première personne du singulier est probablement là pour permettre cette immersion dans ce personnage, ressentir son trouble et donc mieux faire accepter cette fin. Tout en étant assez original – utilisation qu’il faudrait creuser si cela n’a pas déjà été fait – c’est tout le travail d’embrayeurs de sens qu’il faudrait revoir et approfondir. Attention, le texte est bon et bien écrit. Mais il manque quelque chose, ou plutôt, le niveau de ressenti est trop faible. Il est présent, comme lorsque la météo vient souligner l’état émotionnel du personnage, mais cela demeure encore trop à la surface, comme si le rythme de la narration ne permettait pas tant d’appesantissement. Et ainsi que l'a relevé Loi-Kymar, le passé composé n'aide pas.
Enfin j’ai le sentiment que le thème n’y est pas. C’est une histoire de sang, de vengeance, de course-poursuite, éventuellement de rédemption, en Corse. Mais le lien avec l’engrenage est pour moi trop ténu. Il aurait trouvé sa justification si l’on avait incarné plusieurs membres de la famille Rossi sur de nombreuses générations. Là l’engrenage infernal de la vengeance aurait pu être mis en avant. Ici, il est au mieux un vague cadre d’arrière-plan.
J’espère, Grattepapier, que mes remarques ne te sembleront pas trop sévères, car j’ai vraiment passé un excellent moment à me carapater au sein du maquis corse et je prends toujours beaucoup de plaisir à lire tes AVH. Merci à toi.
Goburlicheur de chrastymèles
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• grattepapier
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(14/07/2024, 23:13)Astre*Solitaire a écrit : Voici une petite AVH dépaysante qui nous emmène en Corse au début du XXe siècle. Nous incarnons un jeune homme qui, en raison des traditions de l’île, se voit contraint d’exercer une justice privée à l’encontre du meurtrier de son frère… S’ensuit une course-poursuite dans les paysages montagneux de l’Île de Beauté.
(...)
J’espère, Grattepapier, que mes remarques ne te sembleront pas trop sévères, car j’ai vraiment passé un excellent moment à me carapater au sein du maquis corse et je prends toujours beaucoup de plaisir à lire tes AVH. Merci à toi.
Un grand merci Astre* Solitaire pour le temps que tu as pris pour parcourir en profondeur mon AVH et pour me faire un retour aussi complet et argumenté. Content que cette histoire t'ait plu malgré ses imperfections. Certaines de tes remarques appellent une réponse ou une précision. Dès que j'ai davantage de temps je te répondrai plus en détail.
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