[m-yaz 2024] La Foire aux monstres

[Lady V]

Hello,

Une nouvelle AVH pour le concours !

http://litteraction.fr/livre-jeu/la-foire-aux-monstres

Bon, la couverture est pourrie... Alors si vous aimez cette AVH et qu'à vos heures perdues vous savez faire de chouettes illustrations grâce à votre IA préférée, je suis preneuse !

[Flam]

Cool, je lis ça et je pourrai toujours te proposer quelques trucs si j'arrive à faire une image potable.

[Lady V]

Cool bis, parce qu'en général j’aime bien tes couvertures... Mais te sens pas obligé, hein !

[grattepapier]

ATTENTION, SPOILERS !!! Ne lisez pas cette critique, avant de jouer à l'AVH qui ne vous voulez pas vous gâcher le plaisir de sa découverte.
J'avais beaucoup aimé "Elcielo Inferno" de lady V. Cette nouvelle AVH me semble encore meilleure. Comme dans sa précédente AVH, son auteure a réussi le tour de force de faire cohabiter harmonieusement des influences très disparates (ici, les film "Freaks" et "Blade runner", le livre "Les Robots" d'Isaac Asimov, Agatha Christie, Zola...) dans une AVH à la fois cohérente et totalement imprévisible (même si le prologue avec ses Trois lois de Vaucanson peut nous mettre la puce à l'oreille, le titre de l'AVH brouille judicieusement les cartes). En seulement 50 paragraphes, l'AVH multiplie de façon machiavélique les fausses pistes, les chausse-trappes et les retournements de situation. On passe tour à tour d'une description naturiste de la faune interlope du milieu forain (séquence du condamné à mort) et de ses mœurs dissolues (scène de la femme infidèle), à une enquête policière façon "whodunnit" d'Agatha Christie, puis on évoque la magie du vaudou et la traite négrière, ensuite on croise une victime perverse et une "Monstrueuse parade" rappelant terriblement le film "Freaks" de Tod Browning, ensuite on bifurque sans crier gare au cycle des Robots d'Isaac Asimov et à ses lois de la robotique avec les dilemmes insolubles qu'elles peuvent générer, pour finir sur une réflexion philosophique et un twist final à la "Blade runner"... Le tout sans que cela doit indigeste. On a au contraire l'impression d'une grande cohérence. Un autre point que j'ai particulièrement apprécié, c'est que l'auteur ne s'interdit rien. Il y a du vice, de la cruauté, et aussi des idées complètement folles : on avait la terre plate dans "Elcielo Inferno". Ici on a une résurrection et la dernière phrase du paragraphe 14, tellement imprévisible qu'elle vous met KO d'un terrible mouvement de ju-jitsu. Dernier point fort : les personnages secondaires sont très bien campés, et on a là une belle galerie de vrais suspects, faux coupables et personnages plus ou moins monstrueux (les plus monstrueux n'étant pas forcément les monstres). Si on devait absolument trouver des bémols on pourrait dire que la profusion de personnages fait qu'il est parfois difficile de mémoriser qui est qui, et qu'il est impossible de deviner les bons choix par la réflexion : on ne peut progresser que par l'échec. Cela reste néanmoins une très bonne surprise que cette AVH qu'on peut estampiller "steampunk" (mais qui est tellement plus que cela) et qui est pile poil dans le thème du mini-Yaz. Un grand bravo à Lady V.

[Lady V]

Merci pour ton retour, Grattepapier !

la dernière phrase du paragraphe 14, tellement imprévisible qu'elle vous met KO d'un terrible mouvement de ju-jitsu.

Je m'étais demandé si ce n'était pas "too much". A priori, non !

on ne peut progresser que par l'échec.

Je l'écris dans l'intro : Trompez-vous ! Perdez ! Mourez !
J'avais envie d'essayer ce petit concept : amener le lecteur à découvrir toutes les facettes de l'histoire pour en saisir totalement les tenants et les aboutissants, ce qui pour une AVH de 50 paragraphes ne me paraissait pas d'une exigence rebutante.

[grattepapier]

Je m'étais demandé si ce n'était pas "too much". A priori, non !

Oui, c'est "too much", comme le coup de la terre plate, mais c'est ça qui est bon justement
Tu as raison d'oser, plutôt que de te censurer en disant "c'est pas réaliste /vraisemblable / crédible / justifiable"
Et en plus cela provoque une fin très ouverte, presque vertigineuse, ce qui est la meilleure façon selon moi de conclure un récit.

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Spoiler(NB : Cette fin propose aussi une morale assez proche de la nouvelle "La Preuve " d'Isaac Asimov parue dans "Les Robots", à savoir que le meilleur des hommes est... un robot, parce qu'il incarne l'idéal de l'homme, une humanité sans ses défauts... un peu comme le Mahatma Gandhi qui était un saint homme)

[The Odd Gallant]

Je m'étais demandé si ce n'était pas "too much". A priori, non !

Oui, c'est  "too much", comme le coup de la terre plate, mais c'est ça qui est bon justement
Tu as raison d'oser, plutôt que de te censurer en disant "c'est pas réaliste /vraisemblable / crédible / justifiable"
Et en plus cela provoque une fin très ouverte, presque vertigineuse, ce qui est la meilleure façon selon moi de conclure un récit.

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Spoiler

(NB : Cette fin propose aussi une morale assez proche de la nouvelle "La Preuve " d'Isaac Asimov parue dans "Les Robots", à savoir que le meilleur des hommes est... un robot, parce qu'il incarne l'idéal de l'homme, une humanité sans ses défauts... un peu comme le Mahatma Gandhi qui était un saint homme)

ça donne envie !!!

[Lady V]

Cool, je lis ça et je pourrai toujours te proposer quelques trucs si j'arrive à faire une image potable.

Couverture modifiée.
Encore merci Flam !

[Fitz]

Prenez du Freaks, mélangez-le à un Blade Runner (pour les classiques) ou à un Mars Express (pour les modernistes), ajoutez-y une pincée de Créature venue du Chaos et saupoudrez d'un peu d'Agathie Christie et vous obtiendrez la Foire aux Monstres.

C'est très réussi. On sent des objectifs initiés dès le départ par l'auteure et qui trouvent leur accomplissement grâce à une préparation méticuleuse et à une narration impeccable. 
La mise en garde sur les nombreuses morts est utile et se justifie. J'ai atteint la meilleure fin à la 7ème lecture, mais cette structure en PFA multiples "à l'ancienne" prend son sens dans une mini-AVH où on a de toute façon envie de parler à tout le monde et d'explorer toutes les pistes, vu que chacune propose une scénette inédite.
L'enquête initiale est finalement de la poudre aux yeux car au lieu d'être avec une loupe à quêter des indices, le lecteur se trouve plutôt sur un ring, à se prendre un uppercut à l'approche de la fin puis à se faire envoyer au tapis lors des derniers mots de l'histoire.
Le scénario est diablement original, tout en maîtrise et il se pique en plus d'une parabole philosophique.

Si je cherche du négatif, pas mal de choix n'ont aucune conséquence sur le déroulement de l'aventure. Mais ça, c'est quelque chose qui ne dérange pas tout le monde. Personnellement, j'aime quand tous les choix ou presque ont une incidence même minime (indice, perte, gain, mort, débouché sur des renvois moins faciles d'accès...). Ceci dit, comme chaque choix donne sur une séquence nouvelle et bien écrite, ça relativise beaucoup cette remarque.
Aussi, la première fois que j'ai obtenu LA révélation (l'uppercut), j'ai été estomaqué au début du paragraphe, puis vaguement plongé dans la confusion car le paragraphe s'étirait en longueur avec cette scène haletante aux dialogues courts digne du final de Le Bon, la Brute et le Truand / La Cité de la Peur (au choix). Peut-être qu'il aurait fallu couper après la révélation avec un choix à faire, histoire de respirer, d'avoir le temps de digérer cette surprise scénaristique.
Enfin, quand le prénom du meurtrier est prononcé à la fin, j'étais incapable de voir de qui il s'agissait. J'ai dû chercher dans l'intro.

Mais c'est tout ce que je trouve à redire. C'est une mini-AVH brillante.

EDIT : tu essaies de mettre un peu d'originalité dans ton feedback et ce damné Grattepapier qui critique plus vite que son ombre réduit tes efforts à néant. 

[Skarn]

Moi aussi je voulais citer Freaks pour faire mon cinéphile... mais je l'ai pas vu en fait.

Donc je vais plutôt évoquer Porcelaine, une très bonne BD sur le thème des :

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automates auxquels on a insufflé l'âme d'un mort.

Voilà, j'ai balancé ma référence élitiste ultra-obscure, je peux continuer.

Alors, j'ai trouvé qu'il y avait plein de bonnes idées, mais que ça partait encore beaucoup dans tous les sens. C'est d'ailleurs un paradoxe assez intéressant : même si techniquement en tant que lecteur on décide du parcours, en pratique on est quand même catapulté d'un concept à l'autre sans voir le coup venir.

Le mélange des genres n'est clairement pas inintéressant. En revanche, je dirais que la cuisson de la soupe a quelques ratés. C'est-à-dire qu'on a encore des gros grumeaux assez distincts, Asimov, les freaks, le steampunk, la nécromancie, des ingrédients variés, qui par moments se marient bien et à d'autres se contentent de coexister côte à côte.

Bref, un peu comme Olympik, je classerais cette avh dans la catégorie des prototypes intéressants, et à voir ce que ça donnerait dans une version retravaillée. Pas forcément avec plus de sections au total d'ailleurs dans ce cas, mais plutôt avec un resserrement de l'intrigue. Par exemple le passage d'Annie Jones fait un peu doublé de celui d'Hella Harper, et retirer l'une de l'histoire permettrait de développer l'autre ou de s'étendre sur totalement autre chose.

[Lady V]

Et Westworld ? Quoi ? Personne ne cite Westworld ? (la saison 1, hein, pas la suite)

[Fitz]

Moi aussi je voulais citer Freaks pour faire mon cinéphile... mais je l'ai pas vu en fait.

Tu peux y consacrer l'heure qu'il dure. C'est vertigineux de se dire que ça a été réalisé il y a presque cent ans... et ce n'est même pas chiant.

[Lady V]

Fitz et Scarn, vous m'avez inspiré un sous-titre :

La Foire aux Monstres

Une aventure où vous ne jouez pas mais où on se joue de vous 

[The Odd Gallant]

Moi aussi je voulais citer Freaks pour faire mon cinéphile... mais je l'ai pas vu en fait.

Tu peux y consacrer l'heure qu'il dure. C'est vertigineux de se dire que ça a été réalisé il y a presque cent ans... et ce n'est même pas chiant.

Ouais, FREAKS, ça vaut vraiment le coup de le voir. Le final est surpuissant.

Sinon, en terme de références, il y a aussi l'excellente et trop peu connue série "Carnivale" (la Caravane de l'Étrange) produit sur HBO.

[Skarn]

Et Westworld ? Quoi ? Personne ne cite Westworld ? (la saison 1, hein, pas la suite)

C'est là toute l'astuce : en-dehors du socle commun d'une poignée de livres-jeux qui pourraient être qualifiés de classiques (et encore, je ne suis pas certain de qui rentre dans cette définition au crépuscule du premier quart du 21ème siècle) et de quelques oeuvres disposant de la force de frappe commerciale pour prétendre à l'hégémonie (Star Wars 4-5-6 par exemple), chaque auteur vit dans sa bulle culturelle personnelle, et ce qui est une référence incourtounable pour l'un sera au mieux connu de nom de l'autre.

Il y a les cinéphiles, les bédéphiles, les sériephiles... et encore, ces catégories sont beaucoup trop larges, on tend en plus à être spécialisés dans des genres à l'intérieur du medium.

Faut nous entendre discuter quand on se croise entre collègues de littérature interactive à des salons ou des événements similaires : dès qu'on quitte le domaine bien précis des livres-jeux, ça vire très vite au dialogue de sourds.

Mais c'est ça qu'est cool aussi, que l'écriture permette de faire découvrir, par le petit bout de la lorgnette, tout un pan de la culture qui nous serait sinon totalement passé à côté.