Cyclades (Fitz)
#16
C'est malin. Moi qui étais encore sur un nuage d'avoir achevé l'aventure, malgré les bugs en série qui ne cessent de s'accumuler, me voilà tout déprimé après ton post!
Plus sérieusement, j'espère que tu auras un jour l'envie de réessayer.

Pour ce départ en "in media res" (je ne connaissais pas l'expression), c'était évidemment pour proposer quelque chose de nouveau, changer de l'ordinaire. Ce tout début d'aventure aurait pu s'écrire très rapidement. En effet,


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J'ai donc tenté autre chose histoire d'intriguer le lecteur. Je me disais qu'avec de l'action dès le départ, précédant des explications plus longues, c'était un procédé pouvant titiller la curiosité. Je ne suis pas d'accord quand tu dis que c'est adapté à un roman, pas à un livre-jeu. Je pense tout simplement que je n'ai pas réussi mais qu'un autre pourrait très bien le faire plus élégamment.
Où je te suis à 100%, c'est dans l'écriture en détail des premières sections. En effet j'aurais dû parler de "coulée de lave" dans le 1 et les ellipses par la suite. C'est marrant car l'introduction et la conclusion sont les parties d'un récit que l'on doit le plus soigner, mais très souvent j'ai du mal à démarrer, à être bien dans le bain niveau style au tout départ. Après je sens bien en écrivant que c'est plus fluide, que ça coule plus naturellement.

Pour le PFA dès le départ, c'est un peu mon péché mignon depuis les BDVELH entre le chien dans Captive ou Olga dans Magica Tenebrae. Exactement comme tu le dis, je pense qu'à ce stade, le lecteur reprend au début sans même refaire sa fiche. Inutile, je ne sais pas. Comme expliqué juste avant, l'introduction n'est globalement pas dangereuse. Je pensais vraiment que peu de lecteurs tomberaient dedans. C'est un peu pour justifier les choix à faire en faisant comprendre qu'ils ne sont pas anodins. Aussi pour mettre une certaine pression sur le joueur en lui faisant croire que l'aventure est très mortifère et qu'il va devoir faire gaffe à ses décisions. Un peu comme dans le cinéma d'épouvante. Dans Halloween par exemple où on a droit dès le début à un meurtre choquant puis après presque rien pendant une heure mais c'est fait, la pression est installée.
Bref, c'est dur de me justifier du pourquoi, c'est un peu de tout ça. Dommage que ça ait eu un effet si agaçant au final.

Je me suis justement permis ces PFA expéditifs au tout départ pour ne plus en mettre ensuite. J'espère qu'on ne va pas trop me dire le contraire mais sincèrement, je ne me souviens pas de PFA expéditifs après à cause de mauvais choix. Enfin si il y en a. Mais pas des "gauche-droite" comme celui dans lequel tu es tombé au début ressemble.
Je m'excuse pour le sentiment de frustration.
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#17
(21/03/2018, 14:16)Fitz a écrit : Pour le PFA dès le départ, c'est un peu mon péché mignon depuis les BDVELH entre le chien dans Captive ou Olga dans Magica Tenebrae. Exactement comme tu le dis, je pense qu'à ce stade, le lecteur reprend au début sans même refaire sa fiche. Inutile, je ne sais pas. Comme expliqué juste avant, l'introduction n'est globalement pas dangereuse. Je pensais vraiment que peu de lecteurs tomberaient dedans. C'est un peu pour justifier les choix à faire en faisant comprendre qu'ils ne sont pas anodins. Aussi pour mettre une certaine pression sur le joueur en lui faisant croire que l'aventure est très mortifère et qu'il va devoir faire gaffe à ses décisions. Un peu comme dans le cinéma d'épouvante. Dans Halloween par exemple où on a droit dès le début à un meurtre choquant puis après presque rien pendant une heure mais c'est fait, la pression est installée.
Bref, c'est dur de me justifier du pourquoi, c'est un peu de tout ça. Dommage que ça ait eu un effet si agaçant au final
si même toi tu ne sais pas pourquoi c'est là, c'est grave lol (en plus, tu fais un PFA où tu penserais que personne irait, alors pourquoi le faire ? C'est ça le rabiot pour faire 666 section ? tss NoGreen ). ET cet argument de vouloir faire flipper le joueur ou lui mettre la pression, c'est juste n'importe quoi (Tholdur nous avait sorti la même avec son AVH à 4 choix dont 2 mortels d'entrée de jeu).
Une fois de plus, en tant qu'auteur, tu es là pour accompagner le lecteur dans une aventure dont il décide le déroulement (enfin, selon les stocks disponibles). Tu n'as pas à lui foutre les jetons contre les choix. Fous lui les jetons dans l'histoire, avec des poursuites haletantes, des conséquences plus ou moins agréables, voire handicapantes ; mais arrêtez de mettre des PFA débiles comme ça ! Ca n'amuse plus personne, c'est fini les années 80 avec les micro-choix à la con.

Plus sérieusement, le mieux est d'en faire un PFA à retardement.
C'est quoi ça ? une section qui va pourrir la vie du joueur/héros de façon à ce que l'aventure devienne pratiquement infinissable sans le sortir du bouquin à coup de pied aux fesses.
Et comment on fait ? dans ton cas, il suffirait de décrire une grave brulûre handicapante en diminuant la santé de 1 niveau et en signalant que ce niveau devient le nouveau maximum (ça va devrat bien calmer, ça) ; puis raccorder la fin de la section avec la suite de l'aventure. Je ne pense pas que le joueur refera ce choix après s'être pris ce malus, mais au moins, il peut continuer à jouer.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le PFA écrit devient la fin du récit commencé. Par conséquent, il est préférable que le PFA finisse l'histoire correctement (mais pas forcément bien, on est d'accord).

Imagine que tu racontes une histoire à ton gamin avant la nuit :
- le chevalier courait après les voleurs à travers le bois. Il entendit les bruits des pas dans l'eau. Les vilains traversaient la rivière. Le héros rejoignit la rive à toute vitesse et s'engagea sur le gué. Lorsque son pied se posa sur une pierre recouverte de mousse glissante, il glissa soudain, le propulsant en avant. Il s'étala de tout son long dans l'eau froide et sa tête heurta une saillie rocheuse. Il mourra sur le coup pendant que les voleurs s'échappaient en riant de bon coeur.
- mais, c'est nul papa.
- ben non. en fait le chavalier, il a 17 en athlétisme et un bonus de +2 quand il poursuit les voleurs. Donc 17+2=19. Il suffisait juste que le D20 fasse pas 20... Ben il a fait 20. C'pas ma fôte.
- non, mais c'est nul. Et si on disait qu'il avait fait 19, le dé, c'est bon ?
- heuh, oui mais je dois recommencer l'histoire depuis le début alors.
- non, non, on disait qu'il avait réussi à traversé... Mrgreen
сыграем !
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#18
Bon, bah voilà. Fini, d'abord à la cool avec Euclès, puis à 100% avec Antianera.

De façon simpliste, ce livre est une Vengeance d'Althéos nettement améliorée. On y retrouve le cadre de la Grèce mythologique, les quêtes variées permettant d'acquérir des avantages pour un final costaud, l'ambiance théâtrale oscillant entre tragédie et comédie, la relation complexe aux dieux. Le tout avec une qualité d'écriture bien meilleure, moins de sadisme gratuit (cette fois, on peut avoir des indices sur comment réaliser le rite à Déméter), et saupoudré d'éléments modernes, comme la présence d'un mode sans hasard qui fonctionne plutôt bien.

C'est une aventure très très solide, et je suis sûr et certain que je l'aurais adorée à d'autres périodes.

Sauf qu'en ce moment précis, la magie ne prend pas. Je lis ça sans déplaisir, mais je ne suis pas transcendé par l'enthousiasme (comme cela a pu être le cas lorsque j'ai dévoré le mini-Yaz' 2017). Et je soupçonne très fortement que le problème ne se situe pas dans l'avh elle-même, mais dans le fait que je n'accroche juste plus à certaines structures du livre-jeu traditionnel.

Dans ce cas précis, je suis incapable de nommer un coupable. Peut-être les derniers sursauts du système de dés, qui m'obligent à revenir à ma feuille d'aventure, à modifier des chiffres, à vérifier manuellement de quels bonus je dispose ou non, me sortant de la poésie grecque de l'aventure ? Le fait que la plupart des quêtes n'aient pas vraiment de rapport avec la trame principale (la recherche d'Aphrodite) ? Le ton trop neutre employé dans certains passages en raison des trois héros possibles ?

Tous ces éléments ne sont pas des problèmes en eux-mêmes. Mais ils ne coïncident pas avec mon humeur du moment.

Pour donner un exemple, parce que ça m'évite de devoir chercher des mots pour expliquer des choses complexes, cette aventure, c'est un peu un Skyrim quand je suis dans ma période Undertale (ou The World Ends with You). Une œuvre riche et offrant une grande liberté, avec des qualités indéniables, mais ne s'accordant pas avec mon désir actuel de lire/jouer quelque chose qui se démarque fortement de la concurrence (et qui exploite réellement l'originalité de son univers).
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#19
Ah tiens je fais des émules, même syndrome de démotivation^^

Pour les pfa de début on peut imaginer les conserver parfois, dans le sens où le choix conduisant au pfa est visiblement un contresens flagrant (comme dans la forteresse du cauchemar si on refuse l'aide une fois fait prisonnier). Une manière de dire, effectivement, qu'il faut prendre l'aventure avec un minimum de sérieux: je suis d'avis que cela conditionne la suite, forçant le joueur à bien peser le pour et le contre avant de faire un choix, plutôt qu'il se lance dans l'aventure la fleur au fusil. C'est comme le coup du game over dans Alone in the Dark quand le plancher s'effondre: on se dit ensuite que tout peut arriver, et l'immersion s'en trouve immensément renforcée.

Et puis je ne trouve pas que ce soit si frustrant: on vient de démarrer, on peut très facilement redémarrer! Alors que le gnome - après que j'ai effectué tout un long parcours épique et périlleux, manquant vingt fois de périr - qui vient me dire qu'il me manque une §#%! de pierre précieuse pour passer l'épreuve finale, là ça me donne envie de fermer le bouquin sans recommencer (ou de tricher).
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#20
(21/03/2018, 17:20)tholdur a écrit : Pour les pfa de début on peut imaginer les conserver parfois, dans le sens où le choix conduisant au pfa est visiblement un contresens flagrant (comme dans la forteresse du cauchemar si on refuse l'aide une fois fait prisonnier). Une manière de dire, effectivement, qu'il faut prendre l'aventure avec un minimum de sérieux: je suis d'avis que cela conditionne la suite, forçant le joueur à bien peser le pour et le contre avant de faire un choix, plutôt qu'il se lance dans l'aventure la fleur au fusil. C'est comme le coup du game over dans Alone in the Dark quand le plancher s'effondre: on se dit ensuite que tout peut arriver, et l'immersion s'en trouve immensément renforcée.
Je te l'ai déjà dit : je peux très bien faire flipper un joueur et le motiver à peser ses choix sans pour autant lui chier un PFA débile (débile dans son sens étymologique = faible). Y'a tellement mieux à faire avec la mécanique de renvoi convergent combiné à un bon malus bien moisi qui va, en plus de "l'éduquer" comme vous dites si bien, lui en faire baver sans pour autant le renvoyer hors du livre. Le taf de l'auteur d'AVH n'est pas de "dresser" le lecteur, c'est lui raconter des histoires différentes avec le même synopsis.
Mais si c'est le sadisme qui reste votre kiff, créez plutôt un PNJ bien retord qui LUI en fera baver - au héros, et non au lecteur (voyez la subtilité Mrgreen) - et là, vous aurez tout bon ; car cette logique reste dans le jeu/récit et n'est plus métagame. Ca renforce l'immersion et sauvegarde la suspension d'incrédulité, et ça reste plus agréable quoi qu'on en dise.

Je maintiens donc qu'il s'agit d'une fausse excuse. Les choix que le lecteur prend sont ceux que le héros pourrait prendre au même moment. Ces choix se font à l'aune de ce que l'auteur donne comme informations. A "tuer" le lecteur pour le faire flipper va juste le frustrer et risque de l'emmener vers une nouvelle partie tellement prudente que le moindre choix "ouvrir un coffre" ou "une porte" pourrait être ignoré par peur d'un piège posé par l'auteur, et non d'un danger émanent naturellement de l'environnement décrit.
Le PFA qui tue sur un choix aveugle (car on a pas assez d'infos au moment du choix pour en mesurer un minimum la dangerosité, voire la mortalité) reste dans la dynamique auteur CONTRE lecteur (du punitif, donc). Perso, ce n'est pas/plus ce que j'attends d'une bonne AVH. Je veux des vrais choix, des conséquences cohérentes, un belle histoire paramétrable. La chute de nécropole pour un gauche/droite ou un choix mal informé, c'est d'la merde. C'est mon avis et vous avez parfaitement le droit de ne pas être d'accord. Mais à l'arrivée, on verra ce que ça donnera dans les commentaires Mrgreen (relisez Consomption, car il y a tout ma philosophie de la mécanique des choix dedans).

Sur ce, j'arrête de radoter et je ne reviendrai plus sur ces histoires de PFA-à-la-con (sauf si vous en redemandez) JeSors
сыграем !
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#21
Oui parfois un fpa est immérité,par arbitraire de l'auteur (rien de pire qu'un droite/gauche fatal en effet). Mais il y a d'autres cas ou c'est le contraire, c'est lecteur qui l'a bien cherché. Le pfa qui lui tombe sur le nez est alors totalement justifié, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même et pas à l'auteur. Je ne vois pas pourquoi un pfa de début d'aventure appartiendrait forcément à la première catégorie et pas à la seconde. Je ne sais pas ce qu'il en est pour celui de cette avh, mais quand bien même il serait arbitraire, il aurait toujours sa place en étant retravaillé pour que le lecteur qui tombe dessus ne se sente pas frustré, mais au contraire se dise: "franchement jai fait n'importe quoi."
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#22
Bravo Skarn, toujours le premier à feedbacker. Merci pour avoir exprimé ton ressenti général.

Si tu as atteint le méga succès, c'est que tu as presque disséqué l'aventure. J'espère donc qu'entre le non-déplaisir et le manque d'enthousiasme, tu n'as pas eu le sentiment d'avoir perdu ton temps mais quand même passé un bon moment.

Le ton trop neutre employé dans certains passages en raison des trois héros possibles ?
C'est en effet l'un des trois gros handicaps que je me suis volontairement collé avec cette AVH (le 2ème est que l'un des persos soit féminin, le 3ème le système d'errance). Je savais que je ne pourrais pas cette fois, comme dans Gloire Posthume ou Du Sang sous les Vignes, gagner en immersion avec un personnage très typé dont on lit dans le moindre détail les émotions et les sensations. Mais j'espérais que l'originalité des trois héros différents, poussé à un point assez avancé, compenserait ce manque. Surtout dans le cadre des relectures.

(et qui exploite réellement l'originalité de son univers)
Je vois ce que tu veux dire. La mythologie grecque est tellement riche en philosophie, en poésie et en dramatique qu'elle mériterait plus qu'un livre-JEU, une histoire plus complexe peut-être, plus profonde aussi. Même si en effet j'ai voulu plaire aussi aux amateurs de LDVELH old school, rapport aux règles et au scénario, j'ai quand même voulu proposer quelque chose de différent de ce qui avait été fait jusqu'à présent, avec des caractéristiques que j'espérais inédites, tout au moins par rapport à mes AVH précédentes. Dans l'écriture et la narration, pas seulement dans le jeu.
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#23
Grand passionné d'Antiquité et de mythologie, je ne pouvais manquer de faire un tour du côté de cette AVH... Certes, ma préférence et mes connaissances vont plutôt à la Rome des Césars et l'Egypte des Pharaons et je déteste l'ouzo... Mais depuis quand un séjour dans le cadre enchanteur des Cyclades serait-il une épreuve, hum ? Bon c'est vrai, manque de bol, cette fois ce sera une épreuve... (la mission, pas l'AVH)
Mais les petites îles blanches bordées de vignes et de pins, perdues entre le bleu du ciel et de la mer, sous le soleil d'un été brûlant au pays de la beauté et de la sagesse, ça ne se refuse pas...

L'aspect général m'a beaucoup plu : blanc et bleu, quelques symboles grecs, c'est sobre, net et harmonieux comme la façade d'un temple aux proportions impeccables et à la symétrie parfaite. Et puis, une carte tirée du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce de Jean-Jacques Bartélemy, voilà qui pose notre histoire. L'ami Fitz connaît ses classiques. Bon, quittons les salons parisiens prérévolutionnaires pour retrouver les îles grecques.
Les règles m'ont paru complexes, voire rebutantes au premier abord. Mais tout le monde sait que je suis aussi doué dans ce domaine que Zeus est fidèle à sa divine sœur et épouse, donc c'est normal et après une relecture attentive, ça va mieux.
Le fait d'avoir le choix entre trois héros m'a beaucoup plu. J'ai tout de suite écarté le gros bourrin spartiate, trop rude pour l'esthète que je suis, surtout au pays des philosophes. J'ai penché pour la belle amazone, l'idée d'incarner une femme me plaisant beaucoup. C'est finalement le troisième qui a eu ma préférence pourtant : beau, sensuel et hédoniste, aussi habile à buter du cyclope que se prélasser avec langueur sur la plage d'une crique abandonnée, c'est tout moi.
Les points d'errance sont une bonne trouvaille, un moyen original de prendre en compte le temps qui passe, assez loin du décompte habituel du genre :"40 jours, il ne vous reste que 40 jours Loup Solitaire..." (qu'est-ce qu'il fout là lui ?)
Un nombre élevé de paragraphes, bon point là aussi : on a très vite envie de recommencer pour découvrir les autres îles qu'on a pas abordé.

L'écriture ? J'aime aussi. Le vocabulaire est soigneusement (et bien) choisi, avec un petit côté littéraire parfois, ce qui renforce l'idée de rester dans "les classiques". Non seulement l'ami Fitz sait de quoi il parle mais il en parle bien.

Vite, très vite, je me suis pourtant demandé si je n'étais pas dans une suite du Voyage de l'effroi... Car on a bien ici et là un humour inattendu qui donne furieusement l'impression d'avoir Merlin à nos côtés... Et notre navigation prend parfois un petit côté de Navigation à la berlue qui rappelle des souvenirs... Mais ça passe tout seul et le divin Héphaïstos en prend même des allures de nounours sympa et bonhomme, loin des divinités hiératiques qui se font chier dans leur éternité.

Bien que refroidi (pardon, consumé) par un jet de lave en pleine tronche qui a très vite mis fin à ma première tentative, j'ai recommencé avec plus de bol cette fois-ci.
Direction Amorgos donc : l'île où a été tourné Le grand bleu et où j'ai visité le monastère Chozoviotissa agrippé à sa falaise, ça ne se refuse pas.
Bien qu'ayant terminé la seconde tentative un peu plus loin comme l'infortuné Actéon (transformé en cerf et dévoré par les chiens d'Artémis pour avoir osé surprendre la divine chasseresse nue- elle ne peut pas choisir une plage naturiste comme tout le monde pour bronzer à poil non ?-) j'ai persévéré.

Alors, au final ? 
Au final, c'est incontestablement original et dépaysant. Les règles ne sont complexes que pour les feignasses comme moi qui privilégient l'histoire et se contentent du minimum dans ce domaine. Les points d'errance sont bien trouvés, le fait de devoir tenir compte des nuits et accoster pour trouver un abri aussi. L'écriture est soignée, littéraire sans être chiante avec un vocabulaire choisi. On a des dieux terriblement humains, attrayants ou énervants, loin des divinités éthérées et impersonnelles auxquelles on a trop souvent droit.

Niveau bémol, je reprocherais (comme à beaucoup) un manque de "sensorialité" : la majeure partie des descriptions restent visuelles, pas vraiment d'odeurs, de parfums, de sons et sensations... Excepté au début, dans le repaire volcanique du divin forgeron. J'aurais aimé sentir l'odeur du sel, de la terre chauffée de soleil, des fleurs sauvages, j'aurais aimé entendre le bourdonnement des insectes, le bruit de la mer, le clapotis des vagues ou le craquement de notre esquif touchant la grève... Sentir le sable chaud sous nos pieds nus... Les Cyclades sont très sensorielles comme environnement et il m'a un peu manqué cet aspect.
J'ai trouvé parfois que l'écriture manquait de fluidité, j'aurais rattaché certaines phrases par des conjonctions de coordination par exemple. 

Mais je chipote. Cette AVH reste fortement dépaysante et attrayante, bien trouvée et avec des règles originales. Pas de fioritures, de grandes envolées lyriques et baroques, de splendeur barbare et païenne et de mondes fantastiques dans mon style : non, c'est sobre et impeccable comme un théorème de Pythagore, plutôt équilibré et harmonieux comme une colonnade dorique.
J'ai passé un bien bon moment au cours de ce voyage entre les îles grecques et j'invite nos amis aventuriers à troquer cotte de mailles et épée à deux mains contre tunique et sandales, à emporter quelques pensées de Socrate et pièces d'Aristophane, quelques feuilles de vignes farcies et un flacon de vin dans leur besace pour tenter l'expérience.
Merci Fitz et bonne continuation !
Anywhere out of the world
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#24
Surmontant mon antipathie viscérale pour les Spartiates, j'ai donné sa chance à Brasidas pour ma troisième partie. Mais il ne s'en est pas vraiment tiré mieux que les autres. Il a même eu de la chance que je lui ai fait emporter l'outre de Dionysos, sans quoi il n'aurait pas fait long feu (le coup de bôme lui a fait perdre 2 niveaux de santé malgré le point d'héroïsme que j'avais dépensé). Ses deux avantages n'ont pas duré longtemps : il a perdu son niveau de santé supplémentaire dès l'introduction et ses 10 points d'héroïsme ont fondu à très grande vitesse. Il est tout de même parvenu jusqu'à l'extrémité nord des Cyclades, mais seulement pour s'y faire bouffer par un lynx.

Dans l'ensemble, même si la narration est essentiellement la même pour les trois héros, je trouve que les passages individualisés qu'on rencontre ici et là permettent de les différencier de façon appréciable.

Jusqu'à présent, je dois dire que j'ai plutôt préféré Euclès (et que c'est sans doute avec lui que je vais rejouer le plus souvent). J'aime bien son côté roublard et ses gros bonus aux épreuves compensent largement son faible total d'Héroïsme.


Petite erreur au 630, semble-t-il : le gars réagit comme si on l'avait battu au combat, alors qu'il est possible d'arriver là en lui proposant simplement d'acheter l'objet.
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#25
Rolleyes 
@ VS : merci pour ton joli retour et très heureux que tu aies passé un bon moment. Surtout que malgré ce que tu en dis, tu as l'air de bien connaître le chapitre Grèce antique. 

C'est pas gentil de le penser mais content aussi que tu sois tombé dans le PFA de la biche, je m'étais amusé à l'écrire celui-là. Quant à celui au début, il semble bien que tu aies trouvé le 2ème dont je parlais avec Caïthness. L'introduction est plus mortifère que je le pensais!
Par contre, dommage que Brasidas soit dédaigné par tous. C'est vrai que je l'ai présenté comme un bourrin mais c'est finalement le plus sensible des trois. 

Ta remarque sur l'humour m'intéresse beaucoup. Je ne sais pas si c'est du comique de situation involontaire dont tu parles, des pensées parfois sarcastiques des héros ou si tu as repéré les allitérations et quelques jeux de mots que j'ai placé de temps à autres. Avec du recul, je trouve la plupart de mes précédents écrits très/trop sérieux, très dramatiques sans grand chose pour les alléger. Bien sûr, c'est parfois un "plus" pour rendre une atmosphère plus noire ou pour ressentir les affres des héros. Mais j'avais envie de proposer autre chose cette fois, qui se prenne légèrement moins au sérieux. C'est cool si jamais c'est ce que tu as ressenti.

Concernant le style, j'avais au départ le souci de cette "sensorialité" dont tu parles. Une des qualités de la Vengeance d'Althéos est d'évoquer ces images d'oliviers, ce chant de cigales, de glisser dans l'esprit du lecteur ces images d'une Grèce chaude, ensoleillée et parfumée de lavande (images qui correspondent d'ailleurs à une réalité ; pour avoir visité plusieurs fois le pays quand j'étais en Bulgarie, ce ne sont pas que des images d'Epinal). J'avais donc l'intention de soigner aussi cette atmosphère pour les Cyclades.
Si je n'ai pas assez respecté à ton goût cette belle intention de départ, il a peut-être deux raisons. Mais ce n'est qu'une hypothèse, je me dédouane peut-être un peu vite d'efforts de style non réalisés...
La première est une volonté de ne pas alourdir la lecture, de maintenir un certain rythme à l'aventure. Je vois bien ce que Linflas veut dire quand il reproche à certaines AVH d'être trop indigestes à cause de sections trop longues. J'ai en tête plusieurs aventures de qualité, bien voire très bien écrites, mais qui ont perdu en intérêt par rapport à d'autres plus "nerveuses" à cause de sections et de descriptions trop longues. Dans un livre-jeu, je trouve ça bien d'avoir régulièrement des choix, de ne pas se retrouver trop souvent face à de longs passages où le joueur n'est pas sollicité pour prendre une décision. Comme je me retrouvais ici avec toujours beaucoup de choses à écrire pour chaque section, entre autres parce que je devais très souvent décrire de nouveaux environnements et de nouveaux personnages du fait du grand nombre d'îles, j'ai préféré équilibrer en n'insistant pas trop sur les perceptions et l'environnement.
La seconde raison est due à la règle d'Errance. Elle permet au héros de se retrouver dans un lieu aussi bien au petit matin qu'au crépuscule. Parfois même la nuit. C'était une vraie contrainte, très frustrante. Je devais dans ces sections-là m'interdire de parler du ciel, de la luminosité, adapter les activités humaines en conséquence, lisser en quelque sorte le style pour ne pas créer de "bug". Je me suis plus lâché dès que j'avais des sections temporellement fixes, mais elles sont minoritaires.

Enfin, concernant le manque de fluidité, oui c'est un de mes travers. J'y travaille, je m'efforce entre autres à des phrases plus courtes.

@ Outremer : J'aime beaucoup tes rapports d'aventures, ils me permettent de visualiser ton itinéraire, tes péripéties... et surtout tes choix! Si j'ai bien compris, Brasidas a tapé de l'hybride puis fait du commerce international sur Tinos. Et deux outres, en outre. Merci pour le signalement du bug du 630, c'en est bien un.
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#26
Pour cette fameuse "sensorialité", je prêche pour ma paroisse mon temple : j'y attache de l'importance parce que je trouve que ça renforce l'immersion mais chacun son style et dans le cas de ton AVH, je m'y suis senti "dedans" quand-même. Pareil pour les phrases et paragraphes longs. J'aime bien me faire plaisir dans ce domaine, surtout dans Les Tambours de Shamanka, bien que là, c'était voulu afin de renforcer le côté flamboyant, sauvage et passionné de l'univers et des personnages. Un style sobre convient ici très bien, on est en Grèce, pays de la beauté et de l'équilibre, loin de tout faste baroque ou splendeur barbare. Le tout est de trouver les mots justes. Je reste persuadé cependant qu'un peu plus d'immersion au niveau de la mer aurait été bienvenue, parfum du sel, bruit ou clapotis des vagues... Les grecs sont un peuple de marins et encore plus dans un archipel, la présence de la mer doit être ressentie.

J'ai beaucoup apprécié certaines îles "gratuites" comme Milos, c'est à dire où l'on passe un bon moment sans forcément dégotter the objet ou the renseignement capital. Me promener au marché et me régaler de pieuvre à la purée de pois-chiches dans une taverne m'a beaucoup plu. Sans parler de ta façon originale d'expliquer le sort réservé à la Vénus de Milo ! Là franchement, j'ai ri, c'est bien plus distrayant que la théorie voulant que la statue ait été détériorée lors d'un accrochage entre les habitants et les soldats de Néron venus réquisitionner les œuvres d'art de la Grèce pour alimenter les collections personnelles du sixième César...
J'ai bien aimé aussi rencontrer la belle Danaé, surtout que je me suis revu il y a peu Le choc des Titans (non, pas la merde de 2010 mais le chef-d'oeuvre de 1981) et c'était donc bien agréable de rencontrer la belle aimée de Zeus et le futur Persée, fruit inattendu de l'union d'une pluie d'or et d'une trop belle princesse. Par contre, se taper la Gorgone à la place du fils, moins cool...

Oui, j'ai bien aimé cette touche d'humour, surtout sensible dans les dialogues. Surtout avec Ephaïstos qui en prend des allures de franc gaillard colérique et enjoué, voire de daddy ombrageux pour éphèbe en mal de câlins (comparaison osée mais bon, on est en Grèce après tout et là, c'est moi qui fait de l'humour). Sans oublier l'infortuné Apollon, bien loin de l'esthète élancé et poseur sculpté par des générations d'artistes, de Praxitèle à Phidias. Le voir là, en piteux état, la mèche décolorée tombante et la moue boudeuse était assez jouissif. Et courir comme un taré pour échapper aux flammes, se surpasser mais sans avoir de public ou de témoins au final, là aussi, j'ai trouvé ça poilant.

Quant au pauvre Brasidas, il semble pâtir de la réputation des spartiates (qui avaient quand-même des mérites, principalement celui d'être un peu moins misogynes que les autres grecs, laissant leurs femmes relever leurs jupes et s'ébattre dans l'air pur de la campagne, voire même "courir et lutter en compagnie des hommes, les cuisses nues et la tunique relevée" comme l'a noté Euripide). Mais bon, je préfère quand-même l'Athènes de Solon ou celle de Périclès (la grande peste exceptée pour cette dernière, brrrr...)
Anywhere out of the world
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#27
(26/03/2018, 16:59)Voyageur Solitaire a écrit : J'ai beaucoup apprécié certaines îles "gratuites" comme Milos, c'est à dire où l'on passe un bon moment sans forcément dégotter the objet ou the renseignement capital. Me promener au marché et me régaler de pieuvre à la purée de pois-chiches dans une taverne m'a beaucoup plu. Sans parler de ta façon originale d'expliquer le sort réservé à la Vénus de Milo ! Là franchement, j'ai ri, c'est bien plus distrayant que la théorie voulant que la statue ait été détériorée lors d'un accrochage entre les habitants et les soldats de Néron venus réquisitionner les œuvres d'art de la Grèce pour alimenter les collections personnelles du sixième César...

Super, je suis vraiment heureux que tu aies apprécié ce genre de clin d'oeil.


J'ai bien aimé aussi rencontrer la belle Danaé, surtout que je me suis revu il y a peu Le choc des Titans (non, pas la merde de 2010 mais le chef-d'oeuvre de 1981) et c'était donc bien agréable de rencontrer la belle aimée de Zeus et le futur Persée, fruit inattendu de l'union d'une pluie d'or et d'une trop belle princesse. Par contre, se taper la Gorgone à la place du fils, moins cool...

Moi qui aime tant les films des années 80, je ne connais pas ce Choc des Titans (je n'ai pas vu le nouveau non plus, au vu des mauvaises critiques). Je le mets sur ma to watch liste.
Tu voulais te taper le fils? Non, désolé. Par contre sur Andros avec Euclès, tu peux t'en taper un autre. Confus


Quant au pauvre Brasidas, il semble pâtir de la réputation des spartiates (qui avaient quand-même des mérites, principalement celui d'être un peu moins misogynes que les autres grecs, laissant leurs femmes relever leurs jupes et s'ébattre dans l'air pur de la campagne, voire même "courir et lutter en compagnie des hommes, les cuisses nues et la tunique relevée" comme l'a noté Euripide). Mais bon, je préfère quand-même l'Athènes de Solon ou celle de Périclès (la grande peste exceptée pour cette dernière, brrrr...)

Dommage alors car c'est avec lui qu'on peut atteindre ma fin préférée. J'aurais du lui donner plus de relief dans la présentation. Ou un coup spécial comme ça a été suggéré.
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#28
Non, non, je voulais dire : combattre la Gorgone en lieu et place du fils ! (rires)
J'aurais pas dû employer "se taper", lol !
Anywhere out of the world
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#29
Salutations !
Voici mon analyse pour Cyclades. Bonne lecture !
What changes the nature of a man ?
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#30
Elles en jettent tes analyses mises ainsi en forme, Aronaar. C'est un honneur d'en bénéficier à mon tour.

J'ai particulièrement apprécié que tu aies senti le souci de se mettre à la place du lecteur/joueur, c'est pour moi un magnifique compliment. Plaisant aussi de voir que l'assaut des nékropaïs t'ait plu. J'avais en tête avant même de commencer l'écriture de l'AVH l'envie de caser une séquence à la Fort Alamo mais j'ignorais si au final c'était efficace.

En effet l'enquête n'en est pas vraiment une. J'aurais dans l'absolu voulu plus d'indices, plus de progression dans la traque d'Aphrodite mais j'ai préféré donné la priorité à la liberté de navigation. Peut-être existait-il de meilleures solutions pour concilier ces deux aspects. Tu as en tout cas parfaitement relevé la problématique.

Dans les règles tu parles de "égal ou inférieur" alors que c'est "égal ou supérieur". Je pense que c'est juste une étourderie, j'espère que tu n'avais pas compris ainsi les règles en jouant...

Merci beaucoup pour cette critique, je suis ravi que tu aies apprécié l'aventure.
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