Du bon usage de la langue de Molière...
#55
Nigger était un mot qui véhiculait avec lui, comme tu le dis, "tout ce qu'il représentait". On peut même dire véhicule, car les racistes l'utilisent sans doute encore. Confus On ne peut pas remplacer "nigger" par "black" car ils n'ont tout simplement pas le même sens.

Mais "auteur", lui, ne véhicule rien du tout! On ne peut donc pas comparer.

"Auteur" désigne juste une profession, et surtout sans véhiculer la moindre volonté de "suprématie masculine" (contrairement au "nigger" qui véhiculait l'idée d'une suprématie blanche). L'intention de le féminiser a pour origine un but louable, incontestable, qu'on ne peut qu'approuver, l'égalité homme-femme (ou femme-homme Wink ). Mais ce faisant, on fait preuve d'ignorance envers la langue française, où le masculin sert aussi à exprimer le fameux genre non marqué, lequel est le summum de cette égalité qu'on veut rechercher! Lorsqu'on veut féminiser, c'est qu'on pense que le masculin exprime toujours le masculin, et qu'il n'y a pas de place pour le féminin, qu'il faut donc "rétablir l'équilibre", mais le masculin sert aussi à exprimer le genre neutre, comme pour auteur (et n'est donc plus masculin dans ce cas).


Je reprends pour illustrer la fin de l'article de l'Académie que j'ai mis en lien:
(...) l’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché.

Cela me semble suffisant comme explication. Après, comme je l'ai déjà dit on peut toujours demander la remise en cause de cette règle (du masculin indiquant le genre non marqué), mais il faut d'abord être au courant de ce que cette règle signifie concrètement. Peut-être qu'alors, on peut envisager les choses autrement. Et si on veut vraiment changer cette règle, il faut être capable de proposer une alternative. Et là bon courage car c'est une refonte complète de la langue qui s'annonce...

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Pour la question du néologisme, il faut voir que les formes résurgentes que tu évoques n'ont pratiquement pas été employées, qu'elles ne se sont jamais vraiment répandues. Ce sont des tentatives de néologismes, mais avortées car elles n'ont pas perduré. Elles ressortent aujourd'hui dans une "nouvelle tentative" de perdurer dans la langue, et à ce moment-là vraiment gagner le statut de néologismes.

Créer de nouveaux mots pour désigner une nouvelle manière de voir des choses anciennes? Effectivement, mais pourquoi se cantonner au passé? Autant généraliser en englobant également le présent et le futur?
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RE: Du bon usage de la langue de Molière... - par tholdur - 15/06/2017, 08:15



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