La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...)
#87
@gynogege : bon, je constate qu'on a les mêmes livres de chevet :-) J'admire aussi ces auteurs américains qui ont, en effet, insufflés quelque chose de neuf et de vibrant dans leur roman. On parlait sur un autre post de Steinbeck qui pour moi arrive à faire la synthèse entre les descriptions évocatrices, les dialogues rythmés et l'approche psychologique incroyable des personnages. Il y a une histoire de musicalité aussi, de rythme et puis un rapport plus décomplexé à la littérature (alors que nous devons faire avec un héritage classique, parfois pesant et assez sentencieux).
Tu as peut-être lu (je le conseille vraiment) "L’Homme qui marchait sur la lune" de Howard McCord, livre déroutant, au style ciselé, épuré même. Et cela rejoint l'extraordinaire "Demande à la poussière", le genre de bouquin qui parait se diffuser en vous, vous imprégner littéralement, vous marquer d'une empreinte indélébile.
J'y vois là un véritable tour de force. Réussir à saisir l'essentiel par les mots choisis, transmettre quelque chose d'incroyablement dense, puissant et universel sans emphase. Une sorte de poésie simple, originelle, primitive presque et qui se suffit à elle même.
Je pense aussi que c'est très compliqué à faire et ça demande un énorme travail de parcimonie, de justesse. En tant que musicien, je sais qu'il est facile de jouer l’esbroufe et d'épater la galerie par des plans alambiqués, des phrasés techniques, rapides (souvent appris et travaillés mécaniquement) qui ne servent la plupart du temps à rien d'autre que créer une barrière artificielle, au mieux, se cacher derrière un paravent factice. Mais faire naitre l'émotion avec quelques notes, se restreindre à cet effort, prendre le risque de la nudité ou de la frugalité demande une maitrise parfaite et une sorte d'équilibre, d'harmonie, d'acceptation. C'est une prise de risque aussi, c'est se découvrir souvent. Steve Lukather (le guitariste de Toto) a dit un truc du genre : "pour arrêter de vouloir jouer au virtuose, il faut l'avoir été". Ça signifie que ces auteurs (dont John Fante, mais j'ai aussi envie d'y inclure Jack London, surtout dans Martin Eden), possédaient je crois un très gros bagage technique (et une culture littéraire complète) mais avaient digéré tout ça pour parvenir à débroussailler le superflu, ne conserver que l'émotion pure.
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RE: La fin de l'éditeur Walrus - par gynogege - 23/09/2018, 15:10
RE: La fin de l'éditeur Walrus - par gynogege - 23/09/2018, 17:26
RE: La fin de l'éditeur Walrus - par Skarn - 23/09/2018, 18:33
RE: La fin de l'éditeur Walrus - par gynogege - 24/09/2018, 10:57
RE: La fin de l'éditeur Walrus - par Skarn - 24/09/2018, 17:06
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RE: La fin de l'éditeur Walrus - par Salla - 24/09/2018, 23:17
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RE: La fin de l'éditeur Walrus - par Skarn - 25/09/2018, 10:49
RE: La fin de l'éditeur Walrus - par gynogege - 26/09/2018, 11:18
RE: La fin des éditeurs de littérature interactive (Walrus, etc...) - par Gwalchmei - 01/04/2022, 17:57



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