(30/10/2013, 17:15)Alana a écrit : J'ai la aussi des études qui montrent que le passage rapide d'une œuvre dans le domaine publique relance l’intérêt du publique pour l'auteur et pour ses œuvres (ce qui se traduit généralement par de l'argent derrière...) Bref, que la libération de l’œuvre est généralement bénéfique pour tout le monde.Cela m'intéresse.
Sinon, pour revenir à cette histoire que les oeuvres de l'esprit devraient être gratuites ou en tout cas rapidement gratuites... en tant que consommateur culturel extrêmement pauvre, je ne puis qu'être d'accord. Pour moi, c'est un crime que de freiner ou priver un être humain d'évolution culturelle, spirituelle, sentimentale, intellectuelle. Seulement, on parle là d'un monde idéal où tout serait juste.
Dans ce monde de rêve, un écrivain qui passe un an, 7 heures par jour, à écrire un livre, recevrait une rétribution au minimum équivalente à un salarié. En sachant que le salarié, on lui demande surtout d'etre une machine (exécuter une routine sans s'en écarter) et qu'il a une garantie et des protections. Tandis que l'écrivain n'a pas de garantie, il doit se décarcasser pour inventer quelque chose de nouveau et d'intéressant, et il serre la ceinture pendant un an. Donc ça ne me choquerait pas non plus qu'il gagne plus du smic dans son ratio heures travaillées / gain.
Seulement voilà, dans la réalité, l'artiste est maudit - si ce n'est un 0,01% qui rencontre la gloire. La société ne récompense pas l'écrivain. La société, ce n'est pas juste les intermédiaires ou "le système", ce aussi sont les consommateurs qui préfèrent donner de l'argent pour de la commodité matérielle ou des biens de positionnement social plutôt que pour des nourritures spirituelles. J'observe aussi qu'une partie de la population ne donnera jamais son argent en échange du fruit du travail d'autrui si elle peut obtenir la même chose en gratuit. C'est à dire qu'elle récompense par son vote monétaire les systèmes verrouillés qui la prennent en otage.
Tout ça pour dire que la situation me semble bien complexe, et que je n'adhère pas aux visions manichéennes, qui malgré leurs mérites théoriques, ne font pas avancer les choses en pratique.