Microfictions, de Régis Jauffret
#1
"Microfictions" est une bible noire. Sous son nom plutôt neutre, le livre rengorge 500 histoires de deux pages. Rapides, courtes, effilées comme des rasoirs. Le côté nouvelle permet de lire rapidement, sur le quai d'un métro, dans la rue, en attendant un bus ou quelqu'un au café.
Chaque histoire parle de vices cachés, allant des plus médiatisés (pédophilie, folie meurtrière, échangisme, émasculation) à des plus surprenants. Jamais positifs, les 500 narrateurs sont fiers d'exposer leur fierté d'être dégoûtant. On finit par vouloir en vomir, et pour ce point j'applaudis Jauffret : il est rare que j'ai l'impression d'avoir un tas de boue puant dans mon sac à transporter toujours partout.

Le gros point négatif à mon humble avis, est le nombre de nouvelles. A cent, on commence à avoir le tournis, j'ignore si je terminerai les 500, même si ce n'est pas "compliqué". Autre point que je n'aime guère dans la forme, les petits bouts de dialogue, qui donne l'impression que l'individu interrogé sort de la source, le rend plus "humain" et "inhumain" donc. Quelquefois je me dis que j'aimerai rester dans la tête, quitte à avoir des doutes sur sa propre identité.

Vous vous retrouverez certainement dans l'un des portraits des Microfictions. Quant à savoir lequel...
Il ne faut pas attendre d'être heureux pour sourire... il faut sourire pour être heureux.
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#2
J'ai détesté ! Le bouquin n'est pas une Bible noire, ce qui suppose une certaine dimension et une certaine profondeur dans le Mal. Jauffret a sombré dans la facilité du glauque complaisant et se contente d'étaler les bassesses de l'humanité, sans ouvrir aucune porte sur les profondeurs de l'âme humaine. Le livre vire rapidement au grand guignol grotesque. Tout y est affligeant de médiocrité et de superficialité, même dans l'horreur. Sa courte notice d'introduction n'est en plus qu'un très faible écho, presque un mauvais plagiat, de celle du marquis de Sade justifiant au lecteur la longue litanie des malheurs de Justine... Seul un peu d'humour désabusé, qui paraît ça et là, sauve l'ensemble du naufrage complet mais il n'a rien de la férocité corrosive et iconoclaste pour laquelle ce livre a souvent été célébré. En fait, Microfictions, qui se présente comme une galerie de portraits brossés à grands traits introspectifs pour dépeindre la violence et l'abjection de la société moderne, apparaît comme une suite de caricatures par un auteur qui choisirait ses modèles à la rubrique des faits-divers. Et, pour finir, ce que je ne comprends vraiment pas, c'est pourquoi les critiques et les jurys littéraires ont encensé ce livre...
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