[Escape Book] Piège Arctique
#1
Piège Arctique

Un Escape Book aux éditions 404, par Gauthier Wendling, son sixième (si je me trompe pas) dans la série. Environs 200 équivalents de paragraphes, pas évident de compter Tongue  (46 lieux, avec chacun au moins 3 notes de bas de page, parfois 4, 2 épilogues et 26 conversations.).

Résumé
Cette nouvelle aventure du genre Escape nous fait suivre le professeur Jules Laîné, conservateur d’un grand musée canadien. Ce dernier, qui entretient une forme de rivalité et de jalousie avec son collègue John Young au profil d'aventurier médiatique, se voit offrir par une compagnie pétrolière étasunienne le financement d'une expédition dans le Nunavut, territoire inuit du Canada, sur la piste du Belargo, un navire britannique du XIXᵉ siècle, disparu dans la région il y a 150 ans. Avec comme piste initiale un message dans une bouteille à la mer rédigée par un certain Pip, matelot de ce navire. Pip deviendra le protagoniste pour lequel nous ferons des choix dans 2 des 5 chapitres du livre.

Les énigmes
Cet Escape Book est différent de la Marque de Cthulhu du même auteur, dans la même collection. Si on retrouve la même structure, nous avons ici une aventure bien moins linéaire, avec deux façons pour mener chacun des chapitres. Dans les chapitres de Pip, on visitera même différents lieux selon nos choix. Cette non-linéarité est une amélioration bienvenue. De même pour les énigmes, j’ai trouvé qu’on était moins enclin à ‘tricher’ à notre insu, même si ça peut arriver, notamment dans le tableau des objets. Les énigmes sont toujours bien pensées. Certaines mécaniques sont bien trouvées, par exemple le chronomètre lors de la course-poursuite du chapitre 2 est une bonne idée qui fonctionne bien pour nous angoisser. D’autre un peu moins, comme le labyrinthe du lieu 2 où j’ai deviné facilement la solution sans avoir vraiment déchiffré l’énigme.

Quand j’étais gosse, j’ai eu une période où je m’amusais avec un puzzle de tangram, avec une bonne centaine de puzzles à résoudre, et en retrouver un m’a rappelé de bons souvenirs, d’autant plus que les puzzles sont assez joliment intégrés dans la thématique du conte inuit avec les animaux. Comme je n’avais pas d’imprimante sous la main quand je lisais le chapitre 5, j’ai fini l’aventure avant de les résoudre et d'obtenir de simples indices pour l'énigme finale.
L’énigme des cubes a un petit problème : sur l’illustration, on ne voit pas la rigole sur le cube noir (ou très difficilement). J’ai eu de la chance en faisant le raisonnement suivant : la rigole n’étant pas visible, elle a dû être sculptée sur une face accessible du cube, donc sur la face avant, à l’horizontal. La solution devient simple : un coup vers la gauche, un coup vers l’avant. 2 mouvements, la même solution que ce qui était attendu. En lisant la solution qui disait le contraire, j’ai compris et en effet, avec un bon éclairage, on arrive à voir la rigole.

L'Histoire
Sinon, pour l’histoire, on est face à une aventure néo-pulp (je viens d’inventer le terme  mefiant ), avec une ambiance arctique glaciale. L’idée qu’on peut se faire de la banquise serait celle d’un lieu monotone, mais Dagonides fait preuve d’une grande créativité pour offrir une diversité de lieux et de rencontres, le tout dans un registre réaliste. Il nous fournit même une bibliographie en fin d’ouvrage pour nous donner toutes les références qui ont inspiré son récit. J’aime aussi le parti-pris d’avoir un ton un peu plus épique et moins humoristique et décalé, mais ça, c'est personnel, je comprends que d’autres peuvent avoir un avis contraire. Même si les motivations initiales un peu orgueilleuses du prof peuvent paraître risibles, j’ai adhéré au personnage, à son évolution. Les motivations de Pip, survivre et retrouver son compagnon, sont plus prosaïques, mais là aussi, j’ai apprécié suivre le personnage. Il y a quelques scènes très bien pensées, qui fonctionnent bien émotionnellement : mention pour la conclusion du chapitre 3, le personnage du lieu 34, et le lieu 38, où les deux protagonistes se rencontrent, pourrait-on dire. Et les illustrations David Chapoulet et cartes de Dago sont très réussies.

Conclusion : un excellent Escape Book, de la grande aventure, parfaitement narrée, aux énigmes qui tiennent la route.
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#2
Merci Salla pour ton retour, ton appréciation sur la rejouabilité... et l'étiquette néo-pulp !

Je n'avais jamais réfléchi à l'équivalence en nombre de paragraphes, mais ton calcul se tient : si on ajoute le descriptif plus détaillé de certains objets ou documents dans l'inventaire (la Feuille de Route, la Tabatière, le Message d'Aloys, etc.), qui dans un livre-jeu ordinaire figurerait dans une section numérotée, on approche 220 paragraphes.

Dans la bibliographie en dernière page, je n'ai pas fait figurer JH Brennan, disons que c'est évident : les plans numérotés, le double point de vue, le découpage pour faire du tangram, le nom d'un des héros, Pip... (c'est aussi le nom du mousse souffre-douleur dans Moby Dick).

Peupler la banquise pour éviter de tomber dans le même travers que Frankenstein le Maudit n'a pas été évident (image ci-dessous), mais il semble que le pari soit réussi à te lire. Merci d'avoir remarqué cela !

[Image: 20220910.jpg]

Dernière énigme : la rigole pas assez visible dans le flanc du cube noir, c'est hélas un aléa de l'impression. L'image numérique par David Chapoulet la montrait, mais l'encrage chez l'imprimeur n'avait pas autant de contraste. C'est ballot Redface On va dire que c'est une vengeance de l'univers pour avoir piqué l'énigme dans un livre-jeu des années 80 (les vrais savent).
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#3
Citation :Je n'avais jamais réfléchi à l'équivalence en nombre de paragraphes, mais ton calcul se tient : si on ajoute le descriptif plus détaillé de certains objets ou documents dans l'inventaire (la Feuille de Route, la Tabatière, le Message d'Aloys, etc.), qui dans un livre-jeu ordinaire figurerait dans une section numérotée, on approche 220 paragraphes.

On pourrait aussi rajouter un paragraphe pour chaque ligne des tableaux de combinaison d'objets, là, on dépasse largement les 300.

Citation :Peupler la banquise pour éviter de tomber dans le même travers que Frankenstein le Maudit n'a pas été évident (image ci-dessous), mais il semble que le pari soit réussi à te lire. Merci d'avoir remarqué cela !

Ce n'est pas tant le vide dont je me souviens de Frankenstein que le côté fantaisiste de lieux et de bestiaire. La banquise Brennan se compare plus aux Grottes de Kalte ou aux Pics de Glace de la Sorcière des Neiges qu'au véritable arctique. C'est plus dur lorsqu'on s'en tient à un registre réaliste sans yéti ni ruines antiques agéographiques.

Citation :(c'est aussi le nom du mousse souffre-douleur dans Moby Dick).

Ça me rappelle cette idée d'un Épouvante ! Akab vs. Moby Dick.
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#4
Pas évident de jouer Moby Dick...! Bon, j'ai déjà fait incarner un chien...
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