[Le Vrai Chemin] Big-bang à Astrahal
#1
Une chose est sûre : ma première impression ne fut pas excellente! Une couverture surprenante, façon pulp, mais à la réalisation pas très pro. Où l'on découvre ensuite que l'écrivain en est le propre auteur, tout comme l'ensemble des illustrations intérieures. Elles ont quelque chose, du caractère, et ont sûrement demandé du travail car avec pas mal de détails. Mais elles ont un côté brouillon, surtout les arrière-plans, auquel on n'est pas habitué dans des LDVELH édités. Ceci dit, l'avantage quand la même personne écrit et dessine, c'est que les illustrations collent parfaitement au texte. Et surtout, c'est déjà difficile de savoir correctement dessiner. Savoir écrire n'est pas évident non plus. Alors je suis admiratif de celui capable de conjuguer les deux.

Passé le premier ressenti esthétique, l'introduction ne m'a pas vraiment plu. Je la trouve plutôt ratée. Elle résume une catastrophe dans un univers médiéval, impliquant failles dimensionnelles et attaque massive de démons et morts-vivants sur un royaume. Puis zoom sur un souverain tyrannique et alcoolique sur le point de se faire assassiner, avec pas mal de noms propres balancés pêle-mêle. Quant au paragraphe 1 qui nous concerne, on ne sait pas qui on est ni ce qu'on fait devant le corps du roi fraichement tué... Une présentation un peu fouillie où la narration très second degré déstabilise encore plus.

Finalement, petit à petit, j'ai commencé à apprécier l'originalité du bouquin. Car on peut lui reprocher pas mal de choses, mais certainement pas de manquer d'ambition ni d'innovation. Un parti pris curieux de mettre tous les noms propres en majuscules par exemple. Mais surtout, ceux-ci sont l'occasion de calembours ou de références incessantes à la pop culture. On peut ainsi rencontrer LE CANNIBALE MASQUE, le borgne SERPENT PLISSECOUANE, le guerrier solitaire MATT MATS et j'en passe des dizaines. L'humour est omniprésent, tant dans la narration très cynique (nous pouvons commettre des actes très égoïstes voire violents sans problème) que dans l'absurde savoureux des situations (j'ai adoré pouvoir faire exploser toute une ville par accident). Brennan ne renierait pas cette atmosphère loufoque et aventureuse à la fois. D'autant plus que c'est agréable à lire, le style est bon dans le sens où toutes les descriptions sont utiles, sans chichi pour broder mais suffisamment étoffées pour bien se représenter les lieux. Les personnages sont peut-être un peu moins bien décrits, mais les nombreux dessins compensent. Un autre détail original, amusant, et qui a même son intérêt pour le jeu, quelques termes de vocabulaire inhérents à ce monde imaginaire sont expliqués en bas de page par un petit renvoi, genre lexique encyclopédique. Ces informations sur les peuples, la flore ou la faune locale seront toujours utiles à mémoriser pour la suite...

L'aventure est dense, vaste et peu linéaire. 600 sections au programme, qui permettent de visiter moult endroits. Dommage que la carte au début ne soit pas plus claire ni plus complète car l'aspect géographique est important, on voyage beaucoup. Tout un monde a été créé pour cette longue histoire et l'on en apprend sur son compte à chaque lecture.
Car des tentatives, il y en aura si vous jouez à la loyale. J'en ai mis une douzaine pour ma part avant d'atteindre le 600. C'est donc difficile, mais je suis assez client des gros LDVELH quand il y a du challenge et que c'est bien écrit, donc j'ai insisté. D'autant plus que certaines morts se soldent par un retour à une sauvegarde plus en amont. D'autres morts ramènent au 1. J'ai aimé cette alternance qui empêche l'utilisation systématique de la sauvegarde, tout en l'appréciant de temps à autres.
Au niveau ludique, c'est peut-être le meilleur tome de la collection Le Vrai Chemin que j'ai lu jusqu'à présent. Car encore une innovation, des épreuves existent et en grand nombre. Là où on doit lancer des dés ou faire un test de chance dans un autre LDVELH, on nous pose ici une devinette à deux solutions. Une question qui n'a rien à voir avec la scène en cours, plutôt une colle sur la botanique, l'Histoire ou la zoologie de cet univers. La réponse, peut-être qu'on la connaît si on a fait auparavant un choix nous livrant l'information dans le texte. Sinon, on choisit à l'intuition! Une manière très élégante et efficace pour ajouter le piment des épreuves de réussite (qui manquent à la plupart des autres livres de la collection). Attention car l'échec conduit souvent à la mort. Un peu trop de PFA, susceptibles de décourager les malheureux.

J'ai quand même regretté l'absence de mots codes à plusieurs occasions car au milieu d'une si longue aventure qui offre beaucoup de possibilités d'exploration, il est parfois difficile de se rappeler si l'on a fait telle ou telle action précédemment. Le pire étant avant la séquence finale, un passage obligatoire où on nous demande si on a vu une certaine statue. J'ai répondu négatif, ne me rappelant plus que je l'avais en fait bien croisée avant. Cela m'a valu 4 ou 5 tentatives supplémentaires alors que si j'avais gagné un code en voyant la fameuse statue, je serais passé et aurais terminé l'aventure plus tôt. Ceci dit, ce n'est pas un drame car chaque relecture permet de découvrir de nouveaux pans inexplorés de l'aventure.

Après ce florilège de péripéties loufoques et mémorables (sacré match de foot avec les goules), la fin est d'ailleurs un peu décevante, moins épique que le reste. En conclusion, ce LDVELH est iconoclaste, très différent de ce à quoi l'on est habitué, capable de repousser rapidement le curieux mais de distraire pendant un très long moment celui qui accrochera au concept et au langage utilisé. Les fans de la Quête du Graal y trouveront sûrement leur compte, les autres sans doute un peu ou beaucoup moins. Il y a un vrai côté n'importe nawak assumé.
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#2
Je la trouve sympa moi la couverture, mais peut-être que ce n'est pas la même version?
https://lacabanedeludo.com/produit/big-bang-a-astrahal/

Un côté Evil dead 3 pour l'inspiration?

Je vois très bien qui sont SERPENT PLISSECOUANE et MATT MATS, mais j'ai un doute pour LE CANNIBALE MASQUE? S'agit-il de Hannibal Lecter? Ce serait LE CANNIBALE LECTEUR je n'aurai pas douté mais bon...

Est-ce aussi portnawak que le Justicier de l'Univers? Mais plus jouable?
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#3
Pense plutôt à la compagnie créole. Eh oui, l'auteur ne recule devant rien !

L'idée et le montage de la couv' sont sympas, c'est plutôt le style graphique que je ne trouve pas à niveau. Mais si tu apprécies, c'est seulement une question de goût de ma part.
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#4
Ah, ce n'est donc pas un personnage contrairement aux deux autres.

Le roi OLDRACH je ne saisis pas la référence...
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#5
Celui-là, je l'avais tenté à l'époque de Walrus. Je n'avais pas adhéré à l'humour et aux multiples références à la culture populaire. Je l'ai donc arrêté assez vite. Dans le côté déjanté, dans la même série, j'avais plus adhéré à la Bibliothèque Infernale (non réédité en papier), malgré des défauts de structure plus importants.
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