28/02/2020, 22:33
(Modification du message : 28/02/2020, 22:39 par Voyageur Solitaire.)
Mouvement relativement récent et encore méconnu, le Steamfunk se définit comme un univers Steampunk de culture majoritairement noire, où se retrouvent des éléments de la blackploitation, de la SF, de la culture et mythologie africaine. Le mouvement va plus loin qu'un simple "Steampunk noir", l'univers est souvent en rapport avec deux mondes précis : l'Afrique coloniale transposée dans le Steampunk ou le sud des Etats-Unis dans la période de la guerre de Sécession, genre Django Unchained, l'ensemble vu du point de vue de la communauté noire. Il s'agit donc d'une relecture du Steampunk, un Steampunk raconté et vécu sous une perspective aux racines africaines ou afro-américaines.
Pour beaucoup de ses auteurs et artistes, le Steamfunk serait une réaction à l'encontre d'un Steampunk majoritairement vu sous un angle "colonialiste" et "impérialiste" où la culture occidentale s'avère dominante. Ces auteurs noirs ont donc repris les schémas du Steampunk en les modifiant pour créer un nouveau genre où l'esprit, la culture et l'esthétisme "black" seraient prépondérants.
Parmi ces écrivains, citons Valjeanne Jeffers, Milton Davis, Maurice Broaddus, NK Jemisin, Malon Edwards ou encore Balogun. Ce dernier est un écrivain, scénariste et producteur, considéré comme l'un des fers de lance du mouvement. C'est d'ailleurs en tombant sur son site officiel (complètement au pif...) que j'ai découvert ce mouvement. On lui doit Moses :The Chronicles of Harriet Tubman, Once upon a time in Afrika (plus considéré comme Sword and Soul), des nouvelles sur les arts martiaux (dont notre homme est fervent adepte)...
Milton Davis a lui écrit Rite of passage et Ngolo.
Valjeanne Jeffers est quant à elle l'auteur de la saga Immortal qui comprend : Immortal, Immortal II: The Time of Legend, Immortal III: Stealer of Souls et Immortal IV: Collision of Worlds (tournés vers la SF)
Le mouvement semble encore largement "underground" et confidentiel (beaucoup de ces oeuvres se trouvent par le biais du Net) mais pourvu d'une vitalité incontestable. Citons enfin Charles Saunders, considéré comme un inspirateur du mouvement, étant le premier écrivain à avoir imposé un héros noir, Imaro (Il a d'ailleurs écrit la préface de Once upon a time in Afrika).
(image : reddit.com)
Après le Steamfunk , le continent africain se tourne vers l'avenir avec l'Afrofuturisme.
L'afrofuturisme est un courant, une esthétique, apparu dans la seconde moitié du XXème siècle. À travers la littérature, la musique, les arts visuels, le mouvement a redéfini la culture et la conception de la race noire en incluant des éléments de science-fiction, d'afrocentrisme et de réalisme magique dans un cadre non occidental. Le terme apparaît en 1993 dans un article écrit par le critique culturel Mark Dery.
Le mouvement se tourne vers la Science- Fiction, la découverte spatiale, la technologie, la culture et les arts mais sous le prisme de la culture noire, africaine et afro-américaine, pour rêver d'une Afrique qui aurait poursuivi son évolution sans l'intervention de l'homme blanc. Au passage, de façon sous-jacente, on trouve un aspect militant avec un continent qui n'aurait pas connu le colonialisme et l'esclavage.
Mais l'afrofuturisme va plus loin que cette utopie : il mêle étroitement passé et futur. Ce futur intègre mythologie, magie, chamanisme et traditions de l'Afrique "éternelle" pour imaginer une nouvelle société, tournée vers la liberté, la technologie, mais sans tourner le dos à ses racines. On retrouve également une forte présence de l'Egypte antique, considérée par beaucoup de ces artistes comme le berceau de la civilisation.
Le meilleur symbole de ce mouvement reste le personnage de la Panthère noire, créé pour accompagner le mouvement des Droits Civiques aux USA à l'époque. Un super-héros noir, souverain d'un puissant royaume très avancé technologiquement tout en gardant son mode de vie traditionnel et sans avoir jamais subi l'influence de l'homme blanc.
En littérature, Samuel R. Delany, afro-américain, est le premier à créer dans les années 1960 un univers de SF noire. Côté femmes, c'est Octavia Butler qui s'impose en décrivant et écrivant une société futuriste noire.
En musique, le mouvement est d'abord représenté par Sun Ra, un pianiste afro-américain qui s'est créé de toute pièce une philosophie mystique où il prétendait être un extraterrestre venu de Saturne pour répandre la paix sur le monde par sa musique. Au-delà de l'aspect anecdotique, l'artiste a proposé dans les années 1960-1970 une musique onirique, avant-gardiste et fortement spirituelle. Il est suivi dans les années 1970 par le collectif funk Parliament-Funkadelic qui mélange des thèmes spatiaux à ses compositions. Aujourd'hui, c'est Janelle Monae, auteur-compositeur-interprète de Soul Music américaine qui poursuit le mouvement, avec des noms d'album comme Metropolis, Androids ou Electric Lady. Un roman graphique a été tiré de Metropolis, mettant en scène un androïde messianique et muse, venant apporter la liberté à une minorité victime de ségrégation. Toujours en musique, on écoutera aussi Pierre Kwenders, artiste congolais qui mêle musique traditionnelle avec électro et synthétiseurs.
Au cinéma, on notera en 1974 le film The Brothers from another planet qui raconte l'évasion d'un esclave extraterrestre noir dont le vaisseau s'écrase sur Terre.
Entre utopie, dystopie et réalité alternative, l'afrofuturisme imagine un continent africain émancipé de l'Occident et ayant suivi librement sa destinée, sans rien renier de son passé.
Black to the future…
(image : pandaancha.mx)
Anywhere out of the world