Épouvante 3 - La Malédiction des Baskerville (dagonides)
#61
J'avais lu en PDF il y a très longtemps la partie Sherlock Holmes. Là j'ai acheté la version auto-éditée pour 6,50 €. Un bel objet en format A5, souple mais résistant, avec les bien chouettes, nombreuses et variées illustrations de Linflas. Quant au contenu, tant niveau ludique que littéraire, c'est du bon. Vous pouvez vous jeter dessus, ce serait dommage de s'en priver.

J'ai commencé par la partie où l'on interprète le chien... chien-démon plutôt avec l'intelligence qui va avec, heureusement pour nous. Même s'il y a sans doute moyen de faire quelque chose de sympa avec un canidé standard (Alendir nous avait bien mis dans la carapace d'une fourmi, VIC dans celle d'un morpion), ça offre plus de possibilités pour les réflexions et interactions subtiles.  Gauthier / Dagonides joue sur le vocabulaire spécifique à un tel rôle et nous nous en amusons avec lui. Le scénario est du coup moins enquête et plus survie (les ninjas!) mais n'empêche pas les nombreuses rencontres loufoques, marque de fabrique de Brennan dont l'auteur ici se revendique. N'oublions pas qu'il s'agit du 3ème tome de la série Epouvante en quelque sorte.
Mention aux trois moines du cercle de pierres et au "méchant" de cette histoire, lord Baskerville, bien charismatique et agaçant.

Le challenge est facile car j'ai réussi à terminer cette partie dès le premier essai. Relativisons : mon total de points de Vie est descendu bien bas, surtout face aux ninjas. J'ai dû jongler avec les sorts et les remèdes pour m'en sortir, la preuve que le gameplay est bien pensé. De plus, aucune frustration d'avoir réussi sans un seul échec car la liberté d'action est très grande. J'avais visité au moins une fois chaque lieu important, parcouru une bonne partie de l'aventure, eu le sentiment d'avoir fait de bons choix et donc mérité mon "triomphe".

Par contre, la partie Sherlock est bien plus retorse. J'ai atteint le combat final à la troisième lecture et y ai perdu la vie. Point de 4ème tentative car j'avais alors déjà défloré presque tous les secrets, j'ai lu sans remords la conclusion. Les interactions humaines y sont évidemment plus nombreuses et le nombre de moments truculents croît en conséquence. Le manoir avec son seigneur ubique, les CRS SS du village... Beaucoup plus d'énigmes et de codes aussi. A bien se triturer le cerveau mais heureusement résolvables, même pour un mauvais comme moi en la matière. On se sent plus fragile, plus en danger qu'avec le chien avec notre pauvre condition de mortel.

Mais surtout, quel que soit le rôle endossé, la qualité première de ce LDVELH est d'égaler le modèle (la série Epouvante) en terme d'humour et de style. L'ambiance loufoque ne se relâche jamais, que ce soit par des réflexions personnelles caustiques à souhait (pauvre Watson), des jeux de mots percutants ou des trouvailles aberrantes que ne renierait pas Brennan (la corde d'escalade en Yellow Scotch de police, le mange-rails...). Un régal pour les fans du genre.
Cerise sur le pudding, le jeu est bien meilleur, débarrassé des règles complexes ou inutiles qui ternissent tant la qualité de Quête du Graal, Epouvante ou Loup*Ardent. Le système de combat plutôt bof est toujours le même à la base, mais les ajouts tels que les caractéristiques ou la magie sont bien plus pertinents. Ajouter une vraie dimension tactique à ce livre-jeu fait qu'objectivement, il est bien plus réussi que tous ceux auparavant publiés pour Brennan.

Au rayon des défauts, je n'en vois qu'un, d'ordre structurel. Je n'aime pas trop la liberté d'exploration qui permet de fouiller de fond en combles un même lieu. Ici, on peut presque toujours le faire. On a bien quelques variantes si on repasse une 2ème fois dans un même endroit mais globalement, on peut explorer de manière méthodique. Cela diminue la tension quand on sait que l'on pourra choisir ensuite la deuxième option. Je préfère les chemins exclusifs qui obligent à faire plusieurs lectures pour découvrir de nouveaux passages, qui imposent une plus grande prise de risque. Donc là on parle d'une préférence personnelle mais vraiment, on frôle presque les "faux choix" quand dans la tour romaine on peut à loisir fouiller les décombres, puis le rez-de-chaussée, puis le sommet dans l'ordre qu'on veut. Heureusement ce n'est pas tout le temps comme ça.

Le second bémol est là par contre purement subjectif. J'aime bien Brennan mais sans plus car son atmosphère loufdingue réduit drastiquement les sentiments de stress ou de triomphe que procurent les LDVELH. Et si j'aime toujours les livres-jeux, c'est en priorité pour ces sensations : la prise de risques calculée, l'angoisse face au hasard qu'on ne maîtrise pas, la satisfaction d'éviter un piège tendu par l'auteur, le soulagement d'échapper de peu à la mort (ou l'échec)... Dans un LDVELH humoristique, je perds une partie de ce plaisir.
Mais c'est une critique toutes proportions gardées. Grâce au bon système de jeu, cette aventure propose un jeu intéressant en plus d'un récit frais et coloré.
Répondre
#62
Merci du retour fort détaillé, c'est vivifiant de voir ce que devient la partie Chien. Je ne l'avais pas pensée comme un mode facile, mais tu es le 2ème à le dire, dont acte. Je ne suis pas toujours bon juge des difficultés. J'avais cru dégonfler la partie Sherlock de ses énigmes, mais apparemment il en reste encore assez pour marquer les esprits (un mot fléché, deux codes et une énigme visuelle, me semble-t-il).

Tu es bien gentil avec l'objet-livre : la qualité d'impression des couv' ne rend pas honneur au travail de Linflas, et il était impossible de travailler la tranche ou la 4ème (pas de wraparound ni d'effet sympa). Et je n'ai pas dû boire que du lait le jour où j'ai décidé de mettre un corps de caractères aussi énorme.

Le bémol quant à la structure m'a bien fait moudre du grain. C'est vrai qu'on peut "essorer" les lieux assez vite, l'explo est pensée en termes géographiques et non suivant une ligne d'actions et des résultantes différentes. Ça vient de ma manière de jouer : j'aime les AVH et LDVEH "cartes sur tables", sans (trop) de chinoiseries (disons juste ce qu'il faut), une lecture ou deux pouvant épuiser l'essentiel de l'oeuvre, quitte à chercher ensuite les pépites en feuilletant (comme l'illustration de Naked Girls VS Dinosaurs dans Captive, je n'ai vu ça qu'après coup, j'étais comme ça :  Eek ! !  puis comme ça :  Lool  et ensuite j'ai cherché maniaquement où diable se cachait le lien vers ce magazine). Pour une éventuelle future AVH, du fait de ton comm et de diverses choses que je lis au fil des deux forums, je ferai peut-être un peu différemment. Sans aller totalement contre ma nature... Scorpion, grenouille, fleuve, on connaît la fable.

Ça m'a fait plaisir que tu prennes plaisir à incarner ces deux personnages en tout cas Smile
Répondre
#63
Voilà, j'ai enfin lu La Malédiction des Baskerville. Lue en version Megara : un objet très classe, très bien mis en page et illustré, une reliure solide.

J'ai vraiment beaucoup aimé ! Big Grin
Je trouve que le livre va plus loin que l'hommage à Brennan : c'est une véritable poursuite de l'œuvre. J'ai vraiment eu l'impression de lire Epouvante 3, et ce simple fait m'a procuré un grand plaisir. J'y ai retrouvé l'ambiance, le style.
Cela va même plus loin encore : je trouve que cette série est la moins bonne de Brennan (je ne connais pas les Défis de l'Histoire, faut dire). Là, la façon dont Dagonides a construit le livre est vraiment une réussite et surpasse largement les constructions de Brennan. Moi qui ne suis justement pas fan des plans numérotés, là, j'ai vraiment apprécié.
Bref, c'est une réussite.

J'ai joué la version Sherlock en premier, c'est la partie que j'ai préférée, aussi bien en raison de l'humour que des rebondissements, et de la révélation finale permise par une enquête intelligemment pensée.
Comme Brennan, le style reprend l'ambiance des livres et des films de la Hammer et s'en affranchit avec humour mais respect. Bel hommage aussi à sir Christopher Lee.

J'appréhendais la partie chien, qui finalement est très bien aussi. Je suis tombé sur la conclusion un peu par hasard, une bonne idée en soi mais c'est peut-être aussi la seule faiblesse que j'ai trouvée, car je ne sais pas si tout le monde aura intuitivement cette idée. 

Le livre est facile, il se termine vite, mais pour ce style humoristique, ce n'est pas gênant, je trouve.

Un ouvrage que je recommande, même à ceux qui n'aimaient pas plus que ça la série Epouvante.

Dagonides, si tu continues de faire dans les films de la Hammer, le tome 4 logique serait La Momie, non ? Wink
Répondre
#64
Merci de ce retour JFM ! J'ai un peu honte, je n'ai toujours pas attaqué le Nils Jacket 1 version Lulu...

[Image: giphy.gif]

Pour la fin Chien, hé hé, je suis spécialiste des retournements scélérats, les lecteurs de Cthulhu n'ont semble-t-il pas fini d'être traumatisés par le Mur Twisted 

J'avais entamé un tome 4 avec le... Monstre du Loch Ness, mais le projet est retourné au fond du tiroir depuis une bonne quantité de lurettes...

Merci !
Répondre
#65
Le monstre du Loch Ness est une idée intéressante, mais je serais curieux de lire ce que donnerait la partie "Nessie".
Répondre




Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 10 visiteur(s)