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04/11/2019, 17:11
(Modification du message : 04/11/2019, 17:11 par Voyageur Solitaire.)
J'ai trouvé ça :
Le hopepunk est donc devenu une tendance culturelle et narrative : déprogrammer les pensées établies qui font de notre société et de l’avenir un monde individualiste, sombre, cruel, pessimiste, voire pervers. Écrire un futur et un monde dans lequel on aimerait vivre. Privilégier la bienveillance, l’empathie et le respect de chacun.
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Anywhere out of the world
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04/11/2019, 19:30
(Modification du message : 04/11/2019, 19:33 par gynogege.)
La dystopie va être tout bêtement détrônée par la réalité... et comme le chemin que nous prenons est celui de l'horreur et du désespoir, il n'est pas illogique somme toute que l'utopie réinvestisse le champ de la fiction En tous cas c'est comme ça que je comprends le hopepunk, tel que vous le décrivez.
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04/11/2019, 19:44
(Modification du message : 04/11/2019, 19:45 par MerlinPinPin.)
Oui mais justement la dystopie est souvent une façon de parler du présent. Plus celui-ci devient insupportable et oppressant, plus nécessaires deviennent son décryptage et la mise en lumière de son inhumanité.
Soyons optimistes : les deux genres pourraient cohabiter à l'avenir (dans un monde littéraire utopique ^^)
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04/11/2019, 19:50
(Modification du message : 04/11/2019, 19:56 par gynogege.)
Je me souviens il y a longtemps avoir lu des textes sur le post-modernisme, Blade Runner étant considéré comme archétypal du post-modernisme. Ce film est aussi souvent évoqué comme emblématique de la dystopie. Pour moi il y a un genre de plus en plus répandu qui consiste à brosser un tableau "dystopique" mais qui en fait est extrêmement complaisant vis à vis de l'horreur de ce monde, avec une volonté à peine cachée d'habituer le spectateur à un monde en complète déréliction vu comme un fin inévitable (et presque souhaitable !)
Plus précisément, avant l'anticipation se lisait assez simplement sur un axe utopie/dystopie, aujourd'hui l'ancitipation intègre une dimension potentiellement prescriptive. Ca s'est déjà vu sur un plan esthétique où le design d'objets nouveaux peut être influencé par des mondes graphiques de SF, mais ça glisse parfois jusqu'à un angle moral... l'anticipation devient à prendre au sens littéral du terme, et je trouve ça un peu triste.
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04/11/2019, 23:05
(Modification du message : 04/11/2019, 23:06 par Dagonides.)
(04/11/2019, 19:50)gynogege a écrit : ...l'ancitipation intègre une dimension potentiellement prescriptive.... ça glisse parfois jusqu'à un angle moral...
Des exemples ?
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(04/11/2019, 23:05)Dagonides a écrit : (04/11/2019, 19:50)gynogege a écrit : ...l'ancitipation intègre une dimension potentiellement prescriptive.... ça glisse parfois jusqu'à un angle moral...
Des exemples ?
C'est rigolo parce que je me suis dit en écrivant ça "et si on me demande des exemples ?"
Du coup je vais donner celui qui me frappe le plus, même si on pourra me rétorquer qu'on est aux limites de l'anticipation: les films de type "zombie". Ca mériterait une thèse à part entière, mais vu de moi il y a un glissement du film de zombies "horreur" vers le film de zombies "anticipation" où l'émergence des zombies s'explique "scientifiquement" (en général un virus). Dans ces conditions on peut dire qu'on est dans une forme de dystopie (type effondrement). La plupart de ces films sont vus de moi aujourd'hui porteurs d'une prescription morale du type: "il y a un moment à partir duquel on doit décider que l'autre n'est plus un être humain, quand bien même c'est un proche ou quelqu'un qu'on connaît et on doit être prêt à l'éliminer pour le survie de soi-même et/ou une structure sociale qu'on assimile à la civilisation". Il y a à la fois une dénonciation de ce que peut devenir l'homme (une bête sauvage) mais aussi très souvent une sorte de complaisance par rapport à cette sauvagerie. C'est d'ailleurs pour ça que la plupart de ces films me gênent énormément, que ça soit walking dead ou par exemple "28 jours plus tard", un des premiers du genre.
Si on est plus dans l'aspect technologique, je citerais Gunm qui est une BD que j'adore. Le monde qui y est décrit est à la fois désepérant, mais d'une telle justesse dans le développement des technologies qu'on comprend bien que l'auteur y prend un malin plaisir. La plupart des technologies qu'il y décrit sont potentiellement réalisables et elles semblent inéluctables. Alors, même si en l'occurrence le terme prescriptif est peut-être un peu fort, il y a quand même pour moi l'idée de dire: "de toutes façons c'est vers ça qu'on va, alors autant s'y préparer". Il y a une forme de fatalisme dans le post-modernisme dont un des effets est de couper la volonté de s'opposer à certaines évolutions (que ce soit un effet conscient ou inconscient). L'autre caractéristique de ce fatalisme, c'est aussi le dépassement des valeurs morales par des conceptions utilitaristes.
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C'est vraiment pertinent ce que tu écris, bravo
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Grand amateurs de films de zombies, je ne peux que cautionner ce que tu dis ! Bravo pour cet exemple parfaitement illustré !
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05/11/2019, 17:40
(Modification du message : 05/11/2019, 17:41 par Skarn.)
C'est intéressant que tu cites The Walking Dead parce que la BD (pas regardé la série) incarne pour moi en elle-même toute cette évolution du zombie d'un miroir sociétal vers une excuse pour la loi des armes.
Comme souvent avec les zombies, TWD une œuvre centrée sur l'humain, avec une menace zombie pour ainsi dire métaphorique (on les voit surtout en décor, en toile de fond, et ils sont pas vraiment dangereux tant que l'on ne fait pas n'importe quoi) qui sert de révélateur aux travers des vivants.
Sauf qu'il y a un basculement assez étrange du message.
Au départ, le propos semble plutôt orienté vers l'importance de conserver sa moralité en dépit d'un contexte difficile. Quand Rick profite d'un accident pour perdre une de ses balles dans le dos d'un type qu'il estime dangereux, il est aussitôt exclu du commandement et mis à l'écart du groupe. Quand Michonne applique la loi du talion face au Gouverneur, elle enclenche une guerre civile qui provoque la fin de deux communautés.
Et puis plus la BD se prolonge, plus cette interprétation-là se désagrège de fait au profit de son exact opposé. Les « gentils » continuent à avoir une fâcheuse tendance à mourir, régulièrement et en masse, tandis que les Übermenschen, les gâchettes légères qui aiment à se dire qu'elles prennent et appliquent des décisions difficiles pour la survie du groupe (les types qui meurent au début de ma phrase, autant vous dire que leur logique est toute discutable), eux en réchappent systématiquement, même si avec des morceaux en moins. Et puis arrive Negan.
Negan est un caïd qui dont la bande rackette les communautés ayant réussi à se reconstruire. Les protagonistes tentent donc de s'en débarrasser, par le verbe et le fer. Encore. Et encore. Et encore. La BD s'enlise alors dans une structure répétitive, où quoi qu'il se passe Negan s'en tire systématiquement, souvent encore plus fort qu'avant à l'issue des événements.
J'ai décroché vers ce moment-là parce que le scénario semblait parti pour s'enliser durablement. Mais indépendamment de sa conclusion qui m'est inconnue, cet arc interminable, par sa structure, soutient là aussi l'idée du surhomme nietzschéen impossible à abattre tandis que les humains doués d'empathie se font faucher comme des blés, pouvant au mieux aspirer à la survie comme serviteurs des puissants.
Youpi.
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Tiens, pour la peine, une blague que j'aime beaucoup sur le cyberpunk.
Le cyberpunk, à la base, c'est la vision des années 80 d'un futur dystopique autant néo-libéral que néo-féodal, où les entreprises remplacent les pays, les PDG les rois, leurs employés les nobles (grands et petits) et le reste de la population des serviteurs subalternes.
Si vous êtes n'importe qui, c'est une vision d'horreur, un futur revenu à la barbarie, à la loi du plus fort, où votre vie peut être soufflée à tout moment parce que vous avez déplu à un de vos maîtres.
Si vous êtes Bezos, Zuckerberg, ou autre riche patron aspirant très fort à une couronne, c'est une feuille de route.
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Content de voir que ça vous parle ! Je suis tout à fait d'accord avec la dernière remarque de Skarn !
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(05/11/2019, 18:33)Skarn a écrit : Si vous êtes n'importe qui, c'est une vision d'horreur, un futur revenu à la barbarie, à la loi du plus fort, où votre vie peut être soufflée à tout moment parce que vous avez déplu à un de vos maîtres.
Si vous êtes Bezos, Zuckerberg, ou autre riche patron aspirant très fort à une couronne, c'est une feuille de route.
La blague marche aussi avec 1984 et le parti communiste chinois.
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07/11/2019, 09:23
(Modification du message : 07/11/2019, 09:29 par gynogege.)
Il y a une nuance tout de même. Dans 1984 ou le PC chinois il y a un aspect très impersonnel. Big Brother est un être fictif. Il y a des grands patrons en Chine, mais leur pouvoir n'est pas grand chose à côté de celui de Xi Jin Ping. Et Xi Jin Ping lui-même n'est là que sur décision du parti (par rapport à la Corée du Nord où on a vraiment une dynastie d'autocrates). Donc je ne rattacherais pas ça exactement au cyberpunk et son côté "loi du plus fort dans un monde néo-féodal". Il y a justement des analyses qui décryptent la différence d'application de l'IA dans un monde à la Google ou dans un monde "à la chinoise". Aucune des deux ne me paraît réjouissante (contrôle insidieux des vies par des super-corporations ou "score social" géré par l'Etat) mais l'esprit n'est pas le même.
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(07/11/2019, 09:23)gynogege a écrit : Aucune des deux ne me paraît réjouissante (contrôle insidieux des vies par des super-corporations ou "score social" géré par l'Etat) mais l'esprit n'est pas le même.
Ce n'est effectivement pas la même chose, mais on reste dans la dystopie et il y a des thèmes similaires (tels que l'usage de la technologie pour contrôler les gens).
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Vous ne me vendez pas vraiment du rêve, je l'avoue.
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