Jeu de rôle ou fake news ?
#1
Je partage ici avec vous un article de l'Humanité sur le phénomène #Qanon et sa possible origine dans un roman d'un collectif anonyme
http://www.humaginaire.net/post/Tous-dan...-complot-!

Je ne connaissais pas #Qanon avant de lire l'article mais j'ai vite fait le lien avec un certain nombre de messages que j'ai vus parlant des satanistes. Un exemple avec cette video partagée sur un forum social:

https://www.youtube.com/watch?v=qPW-P5OZDI8

Outre que la diffusion virale de ce genre d'idées fait peur, je trouve intéressant l'analogie faite dans l'article avec les jeux de rôle, et le moment où le canular échappe à leurs auteurs !
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#2
Merci pour le partage, l’article est très intéressant.

Je doute que les révélations dont il parle ouvrent les yeux des complotistes de tout poil, mais j’espère me tromper… Ça fait du bien de voir que certains ne baissent pas les bras devant l’obscurantisme, quoi qu’il en soit.

Je n’ai pas bien compris de quoi traitait la vidéo dont tu as posté le lien, en revanche, mais je n’ai pas cherché très longtemps, il faut dire.
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#3
Intéressant, dommage que l'article ne donne pas d'exemples concrets.

Pour résumer (si j'ai bien compris, reprenez moi sinon), des forums comme 4chan ou reddit sont le théâtre, depuis la campagne présidentielle américaine, d'un compte se nommant 'Q' affirmant tout un tas d'histoires non prouvées, voire avérées fausses, concernant Trump et ses adversaires démocrates. Le cas le plus notable étant la théorie comme quoi les élites du parti démocrate et leurs soutiens financiers seraient impliqués dans un réseau pédophile et sataniste. Tout cela sans la moindre preuve, ce qui n’empêche en rien d'avoir des conséquences, vu qu'une partie de l'électorat Républicain adhère à ces théories aveuglement.

Or, il y a une vingtaine d'années, un collectif d'altermondialistes italiens, du nom Wu Ming, a écrit un roman, ayant pour titre Q en vo, traduit en français sous le titre L’Œil de Carafa, dont les situations présentées sont plus que similaires à celles décrites par le 'Q' des réseaux trumpistes. Les auteurs n'ont a priori aucun doute là dessus, et pensent donc à un canular, dont ils nient totalement être les instigateurs, canular visant soit à décrédibiliser le camps pro-trump, soit à nuire à ses adversaires.

Ce qu'il manque à l'article, ce sont des exemples concrets, de situations issues du romans qu'on retrouve dans les messages de l'affaire Q (autre que la lettre Q qui désigne à la fois le roman et le pseudo). On doit juste se satisfaire de ça :

Citation :Pour les Wu Ming, auteurs de Q, sous le pseudonyme de Luther Blissett, les analogies ne sont pas toutes des coïncidences, évidemment : l’émetteur des messages porte le même nom ; dans QAnon, tout renvoie à des réseaux pédophiles ou satanistes, alors que les Italiens ont, eux, tourné en dérision les emballements médiatiques sur le sujet en organisant des canulars extrêmement sophistiqués il y a une vingtaine d’années. Tout en récusant l’idée d’une farce qu’ils auraient eux-mêmes fomentée aujourd’hui, ils sont déterminés à venir répandre, contre le venin de QAnon, le contre-poison d’une littérature autrement plus riche et stimulante. Théorie du complot «Q» contre roman Q : la situation est périlleuse, mais la littérature n’a peut-être pas perdu.

Si vous avez des liens je suis preneur.



Citation :Je n’ai pas bien compris de quoi traitait la vidéo dont tu as posté le lien, en revanche, mais je n’ai pas cherché très longtemps, il faut dire.

Je crois que ça fait référence à une rumeur diffusée sur les réseaux sociaux francophones comme quoi une récente loi du gouvernement légaliserait la pédophilie, ce qui est faux. Article du Monde traitant du sujet.
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#4
oui, et ladite rumeur reprend très clairement les thèmes évoqués dans l'article: pédophilie + satanisme. Pour résumer, les satanistes sont à l'origine de la décadence morale de l'occident, que ça soit à travers le rock, la consommation, d'alcool, de drogues, la nudité à la télé...
Tout ça pour signaler que ce "virus" Q a visiblement un pendant français. Quant à savoir à qui ça "profite", c'est effectivement nébuleux. Les thèmes sont clairement ceux de l'extrême-droite. Mais ce qui me frappe, à titre personnel, c'est que ça permet aussi de comprendre comment un monstre comme Daech a pu émerger dans le monde moderne. On sait que c'est un groupe qui utilise à fond les réseaux sociaux, internet, etc... et au final les thèmes sont étrangement similaires. Expliquer que les adversaires que l'on combat sont des envoyés du diable est une mécanique assez classique pour désinhiber la violence chez des personnes qui sont déjà fragilisées dans leur vie quotidienne.
Bref, c'est inquiétant.
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#5
Je remonte ce thread, car je viens de lire récemment L'Oeil de Carafa, le livre dont il est question dans l'article posté par Gynogege, et qui serait l'inspiration du canular QAnon, visiblement toujours pris au premier degrés par certains américains. Confus

Le livre en question est assez surprenant. Il aborde une époque historique que je connaissais peu, si ce n'est que de vagues souvenirs de cours d'Histoire au lycée, à savoir la réforme luthérienne et ses conséquences entre 1520 et 1550 environs, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie. Le roman suit un même personnage, le narrateur dont on ne connaitra jamais le vrai nom, qui adopte plusieurs identités à travers plusieurs épisodes de cette époque, comme les révoltes paysannes dirigées par Thomas Müntzer, ou encore la ville de Münster lors de l'épisode anabaptiste.

Le roman présente ces mouvements comme des actes d'émancipation populaire, qui se retrouvent systématiquement pourris par l'entremise d'un personnage qu'on connait sous le nom de Q, un serviteur du cardinal Carafa, à la tête de l'inquisition romaine, et futur pape sous le nom de Paul IV. Régulièrement le récit du narrateur est entrecoupé de missives de Q adressées à son maître, où il décrit la vision qu'il a du monde et ses machinations pour servir la cause de son maître.

Les deux personnages principaux, le narrateur et Q, se croisent sans se rencontrer lors de ces décennies, chacun devinant progressivement l'entremise de l’autre dans ce qu'il vit. La narration alterne des passages d'actions, de batailles, de romances, le tout entrecoupé de considérations politiques et religieuses.

J'ai bien aimé le roman, suffisamment pour venir à bout de ce pavé. La narration est parfois assez décousues, probablement dû au fait qu'on est face à une œuvre collective. Bien souvent, on aura affaire à de courts chapitres, entrecoupés d’ellipse de plusieurs mois. L'intrigue générale, la confrontation des deux personnages centraux, n'occupe finalement qu'une petite partie de l'histoire, et constitue surtout un fil rouge entre les trois parties. Elle reste néanmoins l'aspect le plus accrocheur de l'histoire, qui nous permet de passer à travers de nombreux épisodes d’intérêts variables, mais globalement plutôt intéressants mais assez courts, à la façon des séries TV.

Bien que le caractère historique soit intéressant, il reste que c'est un roman publié en 2001, qui semble vouloir autant nous parler de notre époque que de son cadre historique. Les mouvements insurrectionnels décrits font échos à ceux contemporains. Quant au lien avec la théorie QAnon, il semblerait se trouver dans la similitude de forme entre les missives du personnages Q du roman, et du QAnon de 4chan. Ayant lu le livre en traduction française et les messages de QAnon étant en anglais, je ne saurais confirmé moi-même cette similitude. Quoiqu'il en soit, ce phénomène semble empirer, l'affaire Epstein ayant remis une pièce dans la machine.
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