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Ca fait un bon moment que je réfléchis à la question, en espérant que par la même mon exemple sera d"utilité publique et ouvrira le débat.
J'ai un gros problème avec l'écriture d'avh. Non pas que les idées me manquent ou que l'envie d'y revenir me fasse défaut, je suis régulièrement pris de cette inspiration soudaine qui nous pousse à marteler notre clavier pour écrire quelque chose, seulement et à l'instant même où j'écris, je deviens tellement obnubilé par la forme que tout mon plaisir disparaît.
D'un côté j'ai envie d'éviter le style creux et trop convenu à force d'usage des LDVH types, de l'autre, quand j'essaie de bien écrire, c'est encore pire et je sors d'autant moins satisfait.
Dans le premier cas le problème est facile à identifier, le style archétypale des LDVH n'en est pas vraiment un, c'est une convention, un chemin mille fois emprunté, s'il peut nous aider à prendre nos marques (j'ai failli écrire masques) il a ceci d'étouffant et d'incapacitant qu'il ne permet pas vraiment de se dire "ça c'est vraiment moi !"
Dans l'autre, le cas est plus subtil (en tout cas pour moi), à vouloir bien écrire, c'est un peu comme si je m'"objetisais", c'est-à-dire que cette exigeance me fait partir du postulat que je n'écris pas bien de moi-même (sans quoi je ne chercherais pas à bien écrire), et que pour ce faire, je dois faire un effort constant d'attention. Le résultat est qu'évidemment j'en perds tout mon naturel, c'est un peu comme se dire "je dois bien parler" avant un passage à l'oral : c'est le meilleur moyen d'être mauvais et de balbutier de peur de commettre un impair. Ou pire, c'est le meilleur moyen d'être comme certains de mes profs, affublé d'une praxis oratoire parfaitement rôdée certes mais chiante comme la mort, avec une absente quasi totale de ce je ne sais quoi de fluide et spontané qui permet de scotcher l'auditoire.
Bref, vous voyez où je veux en venir. J'en suis venu à la conclusion que pour sortir de ce problème, je dois arrêter de me soucier du style, autrement dit et quadrature du cercle oblige: pour améliorer son style il faut oublier les questions de style et de forme.
J'ai d'ailleurs trouvé un excellent article sur le net qui met bien cette intuition en valeur : http://ecriture-livres.fr/boite-outils-e...ure-auteur
Voilà, qu'en pensez-vous ?
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08/11/2012, 08:29
(Modification du message : 08/11/2012, 08:32 par sunkmanitu.)
Je vois ce que tu veux dire : ton style naturel reste trop proche du style "froid et classique" des ldvelh, dès que tu cherches à adopter un style "stylé" tu ponds des trucs qui te gonflent. Je dirais que c'est normal, pour la deuxième option en tout cas...
Lorsque j'ai commencé à écrire, il y a trois ans, ma première avh était truffée de fautes en tout genres ; orthographe, grammaire, conjugaison, tournures etc... après moult commentaires et critiques, certains points ont été rayés de mon esprit. Par contre d'autres choses sont apparues comme un trait redondant chez moi lors de la deuxième et troisième avh. Et là mon style "naturel" est apparu, sans vraiment que je le cherche.
Tu ne devrais pas t’inquiéter pour la naissance de ton style : entre "l'hospital" et "l'écume" il y a des signes qui reviennent. Ton humour glissé entre deux lignes sérieuses, le soin apporté à certaines descriptions, les parallèles (clins d'oeil, hommages) aux ldvelh, les attaques acides (Paul Vernon, Jacques Attali). Je dirais que ton personnage "Syphil" commence à se dessiner en tant qu'auteur.
Après, pourquoi tu sens tu obligé de forcer un style ? Faire de belles phrases longues, envolées, compliquées, où est l'intérêt si tu ne le maîtrise pas d'entrée ? (à moins que ce ne soit une volonté personnelle d'arriver à écrire avec CE style). Certains auteurs ici possèdent cette technique littéraire intéressante, heureusement ils sont peu nombreux (ce qui renforce l'effet génial que produisent leurs oeuvres). Chaque auteur a son style, ses forces et ses faiblesses, et tu verras après quelques temps de lecture d'avh que tu apercevras les styles propres à chacun.
Je pense que l'important pour ne pas que tu perdes la foi lorsque tu écris ("obstiné par la forme au point d'en perdre la plaisir", citation) est que tu sois TOI. Écris ce que tu aimes, de la manière que tu aimes. Personnellement, j'aime beaucoup décrire la nature, ses beautés, ses dons. Dans toutes mes avh's j'essaie de glisser un truc qui a un rapport avec elle. J'aime aussi la violence graphique (John Woo m'a marqué à vie !), j'essaie de décrire certaines scènes violentes avec détails.
Essaie de trouver les points qui reviennent dans tes avh's et donc dans TON style naturel. Compare les thèmes, les descriptions de personnages, de lieux, de scènes d'action etc... Dresse une liste de points communs que tu aimes et de points communs qui te saoûlent. Pour les premiers garde-les en mémoire comme une partie de ta signature, pour les deuxièmes : tu as peut être trouver tes défauts les plus visibles...
Et Lire aussi. Des romans, des bd, tout. Je pense qu'en lisant beaucoup tu te fonds à chaque fois dans un univers et un forme d'écriture propre à un auteur. À force tu finis par faire ta propre cuisine avec les recettes des autres. tu vois par exemple, un truc que j'ai vu et qui me plaît beaucoup c'est ce genre de phrase :
" Il courait pour échapper à la menace. Sombre. Violente. Il le savait. Elle n'avait pas de pitié. Aucune. Jamais."
Phrases courtes, un seul adjectif parfois, je trouve que ça donne du rythme. Ce sont des formes comme ça que je m'amuse à relever lorsque je lis, et si elle me revient bien en tête je me sers de SA recette avec MES ingrédients pour envoyer ce style dans mon aventure.
À force je finis par forger un style composite ajouté à ce qui sors naturellement de moi.
Voilà ce que j'en pense, mais ce ne sont que des conseils de pote, amateur. Certains auteurs confirmés te donneront sûrement de sages et précieux conseils de meilleure qualité que ceux là !
lorsque chantent les cigales, sois sûr d'avoir des glaçons au congel... Proverbe provençal amateur de pastaga
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08/11/2012, 09:20
(Modification du message : 08/11/2012, 09:28 par tholdur.)
Ce n'est pas tant la qualité littéraire du texte que le le réalisme qui compte pour garantir une bonne immersion du lecteur.
Un texte magnifique mais où on sent qu'il n'existe pas vraiment de liant entre les événements, nuit pour moi à l'immersion. J'ai parfois lors de feedbacks d'AVH parlé d'effet patchwork. C'est le cas où j'ai un peu trop ressenti la "présence des coutures" pour relier le tout, c'est à dire quand les différents événements forment plus un empilement de situations relativement indépendantes qu'un véritable enchaînement où chaque action a une conséquence sur la suivante.
Quand j'ai le sentiment qu'on pourrait interchanger l'ordre des événements sans que l'AVH en soit véritablement bouleversée, c'est là que j'ai un peu plus de mal à rentrer dans l'histoire.
Par contre, quand je suis embarqué dans une histoire où tout s'enchaîne, un peu comme dans La Traversée Infernale, et même si on est moins libre d'aller où l'on veut, là je suis complètement immergé dans l'intrigue, même si le texte ne se démarque pas particulièrement des autres.
Je n'ai pas de formule toute faite pour créer ce liant, et d'ailleurs parfois une simple atmosphère, une ambiance globale suffit pour réunir en un tout des éléments qui sont pourtant interchangeables. Mon exemple ici est le Labyrinthe de la Mort: je suis complètement rentré dans l'histoire grâce au contexte du labyrinthe et de l'Epreuve, alors qu'il s'agit d'une successions de pièces et de monstres totalement "indépendants". J'ai par contre eu plus de mal avec le Sorcier de la Montagne de Feu, qui pourtant est presque un copier-coller dans la structure, mais moins cohérent pour moi du point de vue du scénario et de l'agencement du repaire du sorcier.
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(08/11/2012, 09:20)tholdur a écrit : Ce n'est pas tant la qualité littéraire du texte que le le réalisme qui compte pour garantir une bonne immersion du lecteur.
Parfaitement d'accord. Quand un lecteur habitué lit le premier paragraphe d'un Livre dont vous êtes le héros, il sait qu'il n'aura pas affaire à de la grande littérature. Il sait que le développement de l'histoire sera beaucoup moins riche que dans un roman. Car si l'auteur s'y essaie, en négligeant le côté jeu, le lecteur refermera le livre ou le finira à grande peine. Quand on ouvre un LDVELH, c'est pour l'aspect jeu, l'aspect challenge, les sueurs froide qui coulent dans les yeux, les énormes frustration d'être tombé dans un PFA... Même si il ne faut pas laisser sur le bord de la route l'aspect grammmaire, orthographique et toutes les règles de français et la cohérence entre les paragraphes (Citation déformée). Si les règles basiques sont laissé sur le côté, ça rend la lecture désagréable.
Le style froid et creux, qui est académique, est pratiquement toujours utlisé pour la simple raison qu'il est le plus simple à écrire. Si tu veux tracer un trait d'originalité dans ton AVH, ne te focalise pas sur le style d'écriture, ça serait... une erreur. (Regardez comment je monte sur mes grands chevaux ! )
Quand on pense à toutes les autres données qu'il y a dans un livre-jeu qui garantissent une bonne aventure.
N'y pense plus, écris ton AVH, attend les feed-back, écris en une autre, et ça roulera tout seul au niveau du style.
(En fait, je ne fais que répéter)
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(08/11/2012, 10:56)Maléfisse a écrit : Parfaitement d'accord. Quand un lecteur habitué lit le premier paragraphe d'un Livre dont vous êtes le héros, il sait qu'il n'aura pas affaire à de la grande littérature. Il sait que le développement de l'histoire sera beaucoup moins riche que dans un roman. Car si l'auteur s'y essaie, en négligeant le côté jeu, le lecteur refermera le livre ou le finira à grande peine. Quand on ouvre un LDVELH, c'est pour l'aspect jeu, l'aspect challenge, les sueurs froide qui coulent dans les yeux, les énormes frustration d'être tombé dans un PFA... Même si il ne faut pas laisser sur le bord de la route l'aspect grammmaire, orthographique et toutes les règles de français et la cohérence entre les paragraphes (Citation déformée). Si les règles basiques sont laissé sur le côté, ça rend la lecture désagréable. Il est clair que l'aspect jeu du livre-jeu dénature la structure classique d'un roman au niveau de l'oeuvre (intrigue, rythme, construction) ; par contre, je ne crois pas que la structure du livre-jeu ait vraiment un impact sur la qualité littéraire pure (j'entends : qualité du phrasé, longueur, diversité du vocabulaire, style proprement dit). Quand je lis quelques § de Gloire Postume ou de Rouge Sang, j'ai pas l'impression que le style subisse la moindre contrainte dû à l'aspect livre-jeu
сыграем !
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Qu'est-ce qu'un récit interactif ? Sur le fond, une histoire dans laquelle le lecteur peut décider de la suite à certains moments, en fonction des choix qui sont proposés. Sur la forme, le genre a été développé par quelques titres à succès, qui ont inspiré d'autres écrivains, et continuent à avoir une influence aujourd'hui auprès des lecteurs devenus auteurs.
C'est là que les choses coincent : la forme a été canonisée par quelques oeuvres, "imposant" dans l'esprit de tous des règles de style, comme le vouvoiement, la trame narrative, le paragraphe expliquant les choix disponibles. Il n'y a pourtant rien de figé dans le marbre. On pourrait tout aussi bien imaginer une histoire racontée à la première ou troisième personne, par exemple, avec une méthode narrative innovante, et une présentation des choix non conventionnelle.
Bref, n'imitez pas, innovez, comme disait la pub.
Ainsi passe la gloire du monde
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Merci pour vos observations, mais je suis étonné, j'ai l'impression d'être le seul à psychoter sur les questions formelles, ceci dit, ça a le mérite de me confirmer que je me prends trop la tête : /
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Le style a une vraie importance car il apporte un "plus", mais je crois que l'élément principal reste le scénario avec l'enchaînement des situations, l'élaboration des PNJ... et que c'est d'abord sur ce point qu'il faut se poser des questions.
Si j'ai du mal à écrire, ce n'est pas parce mes phrases ne me conviennent pas: même si je modifie souvent mon texte, je ne bute jamais bien longtemps sur une tournure qui me gêne. L'écriture "pure" n'est donc pas un élément qui me bloque dans la rédaction des AVH.
Par contre, là où je stagne c'est au niveau des détails du scénario, avec l'imbrication des situations dont je parlais dans le post précédent, l'équilibrage des différents chemins possibles...
Il faudrait peut-être que je fasse comme un organigramme synthétique d'ensemble, mais je ne suis pas du tout doué pour ça!
Mon cas est un peu extrême, car je me prends sans doute autant la tête sur ce point que toi pour le style! Mais je pense vraiment qu'il vaut mieux se consacrer à pinailler plutôt sur les détails du fond que sur ceux de la forme.
En tout cas je préfèrerai toujours une AVH avec un bon scénario et un style moyen, qu'une AVH avec un scénario moyen et un bon style. Car dans le deuxième cas je resterai un peu sur ma faim...
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(09/11/2012, 14:41)tholdur a écrit : En tout cas je préfèrerai toujours une AVH avec un bon scénario et un style moyen, qu'une AVH avec un scénario moyen et un bon style. Car dans le deuxième cas je resterai un peu sur ma faim...
Idem, c'est sûrement un point qui fait l'unanimité ici.
Si demain Fitz ou Oiseau sortaient une avh avec un scénario bancal et un gameplay franchement à la ramasse, je pense pas qu'ils seraient épargnés dans les feedbacks.
Ceci dit, moi ce ne sont pas vraiment les tournures de phrase ou formules qui me posent problème. C'est plutôt les connecteurs qui permettent d'articuler les unités de temps entre elles, je parle des "soudain, alors, tout à coup, vous finissez, vous continuez, vous arrivez etc..." à outrance qui me donnent le sentiment de me répéter, je sens vachement l'influence des LDVH pour le coup.
Mine de rien le présent me semble un peu plus difficile à articuler que le passé simple dans les récits par exemple (déjà c'est moins joli, et puis le vouvoiement ne sonne pas super.) En ce moment je relis mes San Antonio vu que je me suis dernièrement aperçu qu'ils étaient tous narrés au présent, Dard a une façon d'articuler les événements sans fioriture diablement efficace si on fait exception de ses boutades.
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Justement le présent permet de laisser planer les secondes et de les étirer comme des heures ! Pour décrire un paysage, une ville où brosser le portrait de quelqu'un, je ne vois pas de différence entre l'emploi du passé ou du présent. Par contre pour les scènes d'action quoi de mieux que le présent ?! tu lis ce que tu vis en temps réel, et grâce au vous du ldvelh et pas au il du roman, tu assiste et ressens encore plus la scène, à mon avis en tout cas.
J'ai en mémoire un roman policier que j'ai lu il y a quelque temps où l'auteur raconte son histoire au passé simple, puis lorsque l'action pointe le bout de son nez et lorsque les balles pleuvent, il passe au présent. Effet Garanti ! Pourquoi ne pas essayer avec une avh ?
Écrire au passé et réserver le présent pour l'action, ou en opposition, écrire l'histoire au présent et donner un sens dramatique en écrivant les scènes d'action au passé. Ça peut aussi fonctionner...
Lâche-toi !
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(09/11/2012, 15:40)Syphil a écrit : C'est plutôt les connecteurs qui permettent d'articuler les unités de temps entre elles, je parle des "soudain, alors, tout à coup, vous finissez, vous continuez, vous arrivez etc..." à outrance qui me donnent le sentiment de me répéter, je sens vachement l'influence des LDVH pour le coup.
Les "soudain, tout à coup" peuvent en général très facilement être enlevé.
ex: "Vous avancez le long du couloir quand soudain un garde surgit et vous prend au dépourvu!" Le soudain est de trop, le verbe surgir implique déjà la notion de surprise, d'immédiateté.
"Vous avancez le long du couloir quand un garde surgit et vous prend au dépourvu!" suffit.
Idem en début de phrase:
"Vous avancez le long du couloir. Soudain un garde surgit et vous prend au dépourvu!"
peut devenir
"Vous avancez le long du couloir. Un garde qui surgit vous prend au dépourvu!".
ou
"Vous avancez le long du couloir. Comble de malchance, un garde surgit et vous prend au dépourvu!"
Pour les "continuez, finissez, arrivez" je pense que c'est lié à un parcours (ex "vous continuez vers le nord" ou "Vous arrivez à un croisement...").
Dans ce cas prendre le point de vue du chemin parcouru:
"Le couloir/la route/etc. se poursuit/se déroule/etc. vers le nord.", "Le chemin se termine par/débouche sur un croisement".
"Vous arrivez devant une montagne".
"Une montagne se dresse sur votre route/devant vous/bloque le passage"
Il y a toujours plein de moyens d'éviter les répétitions...
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Vous touchez exactement le point qui me fait stagner dans ma 1ere AVH. J'ai tellement envie d'éviter ce genres de tournures que je n'arrive pas à avancer. Je n'ai pondu qu'une trentaine de paragraphes et passe mon temps à revenir dessus.
Concernant le vouvoiement, je crois qu'on peut difficilement l'éviter : le genre nous y oblige. Le "je" de Fitz dans Gloire Posthume est plaisant mais impose naturellement de parler au passé ainsi qu'une tournure à la Loup*Ardent lors les choix.
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(09/11/2012, 16:15)sunkmanitu a écrit : Justement le présent permet de laisser planer les secondes et de les étirer comme des heures !
Ecrire un roman au présent, c'est l'idéal et c'est le meilleur des temps mise à part le passé simple. Mais quand on écrit une AVH, il est impensable de ne pas l'utiliser. Parce que le présent a la facultée de remplir la tâche d'une description de deux pages d'un lieu visité, ce qui prend quelques heures, mais il peut également servir pour l'action rapide, par exemple au moment où vous évitez le couteau qui vous rentre lentement dans la gorge. Ce qui dure approximativement quelques secondes, à moins que vous réussissiez votre test d'Agilité .
(je me demande ce que j'ai rajouté par rapport à ce qu'a dit sunk, au fait...)
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C'est un peu l'éternel problème entre technique et créativité. Est que l'une bride d'autre ou se nourrissent-elles mutuellement ? Sont-elles complémentaires, indissociables ?
Pour moi, le parallèle est évident avec la musique, puisque c'est la chose que je pratique le plus.
Tu as beau avoir des inspirations soudaines, une sensibilité exacerbée, une inventivité débordante, si tu ne maitrises pas un minimum la technique, tu ne pourras pas explorer le potentiel de ta créativité ni exprimer vraiment ce que tu veux. D'où les gammes, les exercices, l'apprentissage.
Contraignant, fastidieux mais nécessaire. Après le piège est de devenir prisonnier de sa technique, d'enfermer son imaginaire dans un carcan de règles et principes abscons étouffant la flamme plutôt que de l'attiser. Le piège c'est surement de se regarder écrire, comme certains s'écoutent jouer.
Mais l'étude est à mon sens essentielle. Combien de fois, je me dis "Tiens je vais décrire un château médiéval avec des soldats arpentant le chemin de ronde en plein hiver" Ok, mais il me manque le bon vocabulaire, les tournures de phrases rendant compte de la tempête, du froid que ressentent les hommes emmitouflés dans leurs capes étreignant leurs flambeaux vacillant de leurs doigts gourds, l'architecture du château. La scène je la vois, mais soudain alors que je l'écris, elle m'échappe, elle perd de sa substance, de sa force, elle s'affadit.
Par rapport au début de mon propos, je crois vraiment que la technique et la créativité se nourrissent mutuellement et nous aident à évoluer. Une meilleure technique te permettra de satisfaire ton envie créatrice, comme lorsqu'on improvise à la guitare et que l'on se dit "ouai, c'est ça que je voulais exprimer, faire passer comme message". Et non pas d'être frustré de ne pas pouvoir exploiter cette énergie créatrice qui nous habite plus ou moins longtemps, parfois comme une fulgurance.
Après on peut se dire, Est-ce que j'ai vraiment besoin de décrire chaque créneau de mon chemin de ronde, chaque échauguette pour faire passer le message au lecteur ?
C'est une nouvelle étape "Est-ce que j'ai besoin d'autant de sémantique, autant de technique pour exprimer ce que je ressens vraiment ? Est-ce que je ne dénature pas mon propos pour coller à une exigence complètement arbitraire ?". Et c'est à partir de là je pense que l'on commence à s'écouter et à proposer un message vraiment personnel.
J'imagine que l'on se sent comme Forest Gump qui arrête de courir ^^ Une sorte d'accomplissement, tout au moins d'acceptation. On est alors en accord avec soi-même. J'espère désespérément en être arrivé là en musique. Ce que je fais me satisfait à peu près, je ne ressens nulle envie de prouver quoi que se soit, juste de jouer et canaliser une énergie intemporelle en quelques notes en guise de partage. Je ne remporterais pas la course à la technique. Je n'en ai plus le temps, ni le talent, ni l'opportunité, ni l'envie, mais qu'importe, je ne me pose plus la question.
Pour l'écriture, je crois que c'est un bien long chemin ! Entre technique et créativité, on peut débattre à loisir, et c'est même l'essence de l'art. Combien de peintres évoluent dans leur style pour passer d'un réalisme édifiant en début de carrière à une simplification extrême en bout de course, touchant du doigt la substantifique moelle des choses ??
En quelques mots, dire avec plus de force les hurlements de mille autres.
Exemple :
L'Océan sonore
Palpite sous l'oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore.
Tandis qu'un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D'un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu'au firmament,
Où l'ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Je reste à chaque fois scotché devant la puissance d'une telle poésie. Et pourtant, c'est épuré (Verlaine - Marine). J'ai l'impression de ressentir au plus profond de moi ce que décris le poète en quelques vers ciselés.
Steve Lukather à dit (je crois que je l'ai déjà mentionné dans un post). Pour ne plus jouer comme un virtuose, il faut l'avoir été (un truc comme ça). En gros, il est plus facile de se débarrasser de la technique superflue pour une fois les principes acquis, pouvoir s'exprimer sans freins et sans heurts, dans un style personnel et abouti que de chercher à bruler les étapes.
Un de mes profs de gratte me disait aussi qu'une gamme s'est fait pour être répétée encore et encore jusqu'à ce qu'elle fasse partie instinctivement de son jeu, diluée en fait dans son expression, naturellement, jusqu'à en faire une source d'inspiration. La travailler jusqu'à l'oublier et se l’approprier pour mieux s'en jouer et en jouer ^^
Sur ce je vais prendre une aspirine
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Pour ma part, j'attache une grande importance à l'immersion, à l'atmosphère et le style est forcément important. Je pense que l'essentiel est de trouver le mot juste, l'adjectif, le verbe qui fait "ressentir" l'atmosphère, que ce soit le froid dans un paysage de neige, la chaleur d'un désert brûlant ou la peur dans un couloir obscur. Par chance, la langue française ne manque pas de synonymes et d'adjectifs.
Mais ce n'est pas le plus important. Le plus important pour moi, c'est le réalisme, comme l'a écrit Tholdur. L'important, c'est un scénario solide, des situations crédibles, des PNJ qui ont une raison pour être là, pour agir ainsi. Il faut que le joueur ait l'impression que les conséquences de son choix soient logiques, que même un PFA paraisse normal ou logique et pas gratuit. Et j'oserai dire que le style devient alors accessoire.
Je préfère une histoire un peu sèche, à la narration basique, mais crédible et solide plutôt qu'une histoire trés bien écrite mais décousue et où l'on finit par ne plus comprendre ce qu'on fout là. Le pire, ce sont ces DF avec des PNJ surgis de nulle part (un marchand installé dans un labyrinthe) ou des indices à la con (en passant devant le mur, vous voyez le numéro 250 dessiné à la craie, notez cet indice)...
Le style vient avec la pratique, un jour ou l'autre, on finit toujours par se découvrir même si ça prend du temps. Et puis surtout, ne pas oublier qu'écrire une avh, ça doit rester un plaisir...
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