Pourquoi jouez-vous aux Livres dont Vous êtes le héros ?
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Waa salut Gwalchmei, ça fait une paye !

Ta réflexion est très intéressante, élargissons ! élargissons ; si l'on pose en parallèle le livre-jeu traditionnel et les bouquins papiers, en opposition commune aux nouveaux supports électroniques de l'information, de la connaissance et du jeu, alors on peut raisonner par analogie.

Je m'explique : on annonçait la mort du livre, du papier, en général. Or pour l'instant, à l'approche de l'an de grâce 2014, nous pouvons constater que c'est encore faux et que rien ne présage d'un changement des mœurs à court terme. Pourquoi le support électronique ne détrône-t-il pas le support papier ? Parce qu'un objet matériel, palpable, préhensible, accessible et pérenne, c'est bien utile, d'une part. Et d'autre part parce que, comme tu l'expliques si bien, l'imprimé a des avantages culturels à faire valoir face à la concurrence des nouvelles technologies, qu'il s'agisse de nostalgie ou de la conformation mentale au sein de sociétés successives de plus en plus fondées sur l'écrit. Il en faudrait, des siècles, pour inverser une telle tendance ! Car en effet on peut lire de temps à autre des articles qui expliquent que lire sur papier et surfer sur le net, c'est très différent. Au final on en arrive à cette conclusion que, peu ou prou, les deux supports ne jouent pas vraiment dans la même cour et ne sont pas réellement concurrents.

L'analogie avec le livre-jeu, c'est donc qu'il doit miser à fond sur la lecture et l'aspect littéraire s'il est sur papier, tandis qu'il est judicieux de profiter de l'informatique pour explorer de nouvelles façons de jouer (exemple : Quand souffle la tempête ou bien Le Mélange des signes). Cela n'est d'ailleurs pas nouveau, car quand j'étais marmot je me souviens que l'on trouvait gratuitement sur l'Internet des AVH qui misaient pour leur part sur la participation de tous à leur rédaction (et étaient donc en perpétuelle évolution). Elles employaient aussi des photos et parfois des animations, et pour les énigmes pouvaient recourir à des saisies de la part du joueur. Il y avait donc déjà une adaptation au support et peut-être en revanche pas de distinction de la part du public entre livre-jeu et jeu vidéo. D'ailleurs à une époque très archaïque il a même existé dans le commerce des livres-jeux sur ordinateur et aujourd'hui existent encore des amateurs pour faire vivre la fiction interactive. Au passage, la distinction entre ce genre et les AVH est parfois très floue.

Pour revenir à nos moutons, tout n'est cependant pas rose pour les AVH. Elles ont une place dans la littérature, elles ont le droit de prétendre à la publication papier... mais leur place dans le commerce de l'édition est beaucoup plus douteuse ! Question de rentabilité je suppose. Il n'y a qu'à voir la dernière publication de Livingston : j'ai l'impression que pour vendre son bouquin, on a tout misé (non sans succès) sur la nostalgie d'une communauté d'adultes qui ne se renouvelle pas. Cela, donc, condamnerait à terme les LDVELH, du moins selon le point de vue des maisons d'édition. Puisque ce sont elles qui détiennent les clefs du marché du livre, les nouveaux auteurs comme ceux de ce forum se rabattent sur l'auto-édition et ne peuvent donc bénéficier des campagnes publicitaires nécessaires au lancement d'un livre. Au final des AVH de qualité demeurent en version électronique : pour se consoler, on peut se dire qu'en tant que lecteur on y gagne la gratuité que l'on "ne retrouve pas (ou à moindre échelle) dans les JDR traditionnels (Heroïc-fantasy ou autres) sur ordinateur, jeux en ligne, jeux de plateau". Et je suis sûr que le nombre de personnes qui ont ainsi accès aux AVH, qui peut-être même découvrent le genre, est plus conséquent que ce qu'il y paraît. Simplement, il n'y a pas de reconnaissance sociale du statut d'auteur d'AVH. Mais de ce que pensent les autres, on s'en fiche : du point de vue d'un lecteur, Littéraction est un petit paradis très propice à faire éclore quelques vocations et pourvoira ainsi à la perpétuation du genre. La seule chose, c'est qu'il faut garder ce caractère littéraire (qui, je le concède, n'était pas forcément présent aux origines) parce que c'est la particularité des LDVELH qui justifie leur distinction de la fiction interactive (née de l'informatique) tout comme des autres jeux vidéo mais aussi du jeu de rôle. Seule cette distinction peut légitimer leur existence, et comme on peut le voir c'est un genre qui a déjà évolué car au départ l'aspect littéraire était vraiment mince. Cela a déjà été discuté ailleurs sur ce forum : le genre a mûri en même temps que ses lecteurs parce qu'ils ont pris la plume. C'est pourquoi je suis tout à fait d'accord avec toi, Gwalchmei, quand tu dis qu'il n'y a pas eu d'âge d'or du livre-jeu. Il est encore à venir !

Après, concernant le roleplay, je vois ce que vous voulez dire. D'abord, j'ai compris ça comme le fait de jouer un rôle face à un public, en l'occurrence nos compères autour d'une table de JdR, ce qui n'est pas vraiment compatible avec une lecture solitaire. Mais vous me faites comprendre que par roleplay vous désignez en fait le respect d'une logique propre à un personnage dont on se distingue y compris lorsque l'on joue seul, ce qui concrètement amènerait le lecteur à adopter des décisions parce qu'elles lui paraissent en accord avec ce qu'il imagine du héros et non parce qu'elles seraient les plus efficaces. On a tout à fait le droit de s'y essayer, mais comme l'a deviné dAlth, ça ne me paraît pas central. Après tout, ne dit-on pas Livre dont VOUS êtes le héros ? Et au final, la curiosité ne nous pousse-t-elle pas à explorer toutes les options à grand renfort de doigts intercalés entre les pages ? La capacité à immerger le lecteur n'est-elle pas une qualité vantée sans relâche en ces lieux-mêmes ? Le jeu ne réside-t-il pas dans le défi et le défi ne s'adresse-t-il pas directement au joueur ? J'en reviens à mon idée première : si la lecture plaît tant, c'est parce qu'elle laisse la part belle à l'imagination, comme l'évoque VIC. Une bonne histoire transperce tous les mannequins que peut dresser pour se défendre un lecteur et vient le frapper au cœur ! Tel le carreau d'arbalète qui vient épingler celle que l'on aime dans les Sabres d'Asguenn ! Comme ce maudit crapaud volant qui dévore notre seul ami, vous savez, le gros marchand, là ! Bref...
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RE: Pourquoi jouez-vous aux Livres dont Vous êtes le héros ? - par Lucius - 24/12/2013, 19:26



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