Hier, 11:37
(Modification du message : Hier, 11:40 par MerlinPinPin.)
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Esprit de la Ruche ne m'a pas laissé indifférent. J'ai, au fil de l'aventure (et dès les premières lignes), alterné entre un enthousiasme admiratif et de la frustration voire une certaine forme d'agacement.
Je vais commencer par ce qui est, objectivement et subjectivement, positif, avant de tenter d'expliquer pourquoi je n'ai que partiellement adhéré à l'histoire, au projet, au texte.
Tout d'abord, l'idée d'élaborer une dystopie très contemporaine, dénonçant presque sans aucun fard les dérives de notre société de plus en plus fondée sur le contrôle des masses (et donc des individus) me semble absolument louable. Ce qui frappe, d'ailleurs, c'est la radicalité du propos qui, si elle n'est pas si surprenante par les temps qui courent (on trouve des points communs avec Au coeur des rouages par exemple), demeure audacieuse et je dirais... salutaire !
Donc, un grand bravo pour le projet et pour sa réalisation.
Ensuite, plein de choses fonctionnent bien, voire même très bien.
L'écriture est efficace. Le système des mots-clés et des changements de paragraphe me paraît très bien rodé. On reste vigilant à la lecture : cela n'a que des vertus.
J'ai adoré les annexes, notamment la page du manuel scolaire, absolument réjouissante !!
Le fichage S exerce une pression constante sur le joueur, ce qui traduit dans le gameplay le ressenti du personnage. Idem pour le premier bloc du quatrième jour, logique et efficace.
L'histoire est semée de petits pièges (des énigmes bizarres, des situations où le mauvais choix entraîne un PFA) et globalement, à travers les descriptions ou certains choix, on voit constamment que l'autrice joue avec nous, qu'elle veut nous transmettre sa vision du monde. Cela donne beaucoup de personnalité à l'AVH !
Sur le fond, également, certaines situations font mouche (notamment tout ce qui a trait à la surveillance et à la pression sociale) et les bribes de réflexion finales sur la révolution (avec l'exemple de Napoléon) se permettent un habile pas de côté par rapport à des récits plus simplistes. La reconstitution de l'histoire du personnage (qui est en quelque sorte l'enjeu de l'aventure) n'est pas facile : le challenge exige plusieurs tentatives. On ne s'ennuie pas !
Peut-être également que le personnage manque un peu d'ancrage dans la présent (et d'immersion sensorielle, sensitive et émotionnelle excepté les angoisses) ?
Bien qu'impliqué dans la recherche des souvenirs, je me suis également senti assez peu motivé par les actions de mon personnage. A bien y réfléchir, je pense qu'il s'agit surtout d'un problème avec les embranchements proposés. Je me suis souvent retrouvé à accomplir des actions qui n'auraient pas forcément été les miennes, suite à des choix pourtant anodins (les deux séquences avec Léa), ou prisonnier de mes compétences (Observateur qui me mène tout droit à un fichage S à l'EHPAD...), ce qui n'est guère agréable.
D'autres fois, j'ai eu du mal à comprendre pourquoi un choix plutôt qu'un autre avait des conséquences aussi différentes (la fuite après avoir récupéré le coffret). Ou encore je me suis retrouvé dans l'incapacité de passer par Lyon malgré mes tentatives (accident assuré), et malgré un faisceau d'indices - mais dans ce dernier cas, c'est sans doute dû au fait que j'ai manqué quelque chose (?)
Je n'ai pas compris à quoi servaient toutes les références au sport (ou alors c'est un leurre mais je ne vois pas très bien l'intérêt ?)
La construction globale des passages dans le MMORPG est intéressante (avec leurs conséquences dans le monde réel) mais je n'ai pas été trop convaincu par ces séquences (je n'ai d'ailleurs pas eu la motivation pour tenir les feuilles de personnage). Ces moments ont peut-être un peu contribué aussi à me détacher de mon personnage (et m'a fait terriblement - trop - penser au Problème à trois corps, d'autant que l'intérêt des séquences n'est pas comparable).
Enfin, mais ça c'est extrêmement subjectif, je n'adhère pas totalement à la vision dystopique qui me semble parfois manquer encore un peu de recul (l'obligation du port du masque, par exemple, fait référence à des événements très récents, et je ne pense pas partager l'analyse de l'autrice à ce sujet - sauf que ça n'aurait pas dû se voir ni poser problème... si la référence avait été "digérée"). J'aurais préféré quelque chose de moins brutalement ancré dans le présent : je crois que le texte aurait gagné en universalité, et dans mon cas, en poids.
Pour conclure, je trouve que l'Esprit de la Ruche est une très bonne AVH, sincère, audacieuse par la radicalité de son thème et de son traitement, et très bien conçue.
Je regrette un certain manque d'identification au personnage, en raison notamment d'un relatif manque de contrôle sur les choix et sur le déroulement des événements, qui affaiblit peut-être un peu l'intensité émotionnelle du patchwork des révélations finales.
Mais globalement, j'y ai quand même passé pas mal de temps et j'ai lu encore de nombreux passages avec intérêt même après avoir fini plusieurs fois... ce qui montre bien que l'AVH est une réussite !
EDIT : ah, en lisant les autres retours je me rends compte que j'ai oublié de dire que j'avais beaucoup aimé aussi l'idée de la boucle post-45, totalement adaptée
*
Je vais commencer par ce qui est, objectivement et subjectivement, positif, avant de tenter d'expliquer pourquoi je n'ai que partiellement adhéré à l'histoire, au projet, au texte.
Tout d'abord, l'idée d'élaborer une dystopie très contemporaine, dénonçant presque sans aucun fard les dérives de notre société de plus en plus fondée sur le contrôle des masses (et donc des individus) me semble absolument louable. Ce qui frappe, d'ailleurs, c'est la radicalité du propos qui, si elle n'est pas si surprenante par les temps qui courent (on trouve des points communs avec Au coeur des rouages par exemple), demeure audacieuse et je dirais... salutaire !
Donc, un grand bravo pour le projet et pour sa réalisation.
Ensuite, plein de choses fonctionnent bien, voire même très bien.
L'écriture est efficace. Le système des mots-clés et des changements de paragraphe me paraît très bien rodé. On reste vigilant à la lecture : cela n'a que des vertus.
J'ai adoré les annexes, notamment la page du manuel scolaire, absolument réjouissante !!
Le fichage S exerce une pression constante sur le joueur, ce qui traduit dans le gameplay le ressenti du personnage. Idem pour le premier bloc du quatrième jour, logique et efficace.
L'histoire est semée de petits pièges (des énigmes bizarres, des situations où le mauvais choix entraîne un PFA) et globalement, à travers les descriptions ou certains choix, on voit constamment que l'autrice joue avec nous, qu'elle veut nous transmettre sa vision du monde. Cela donne beaucoup de personnalité à l'AVH !
Sur le fond, également, certaines situations font mouche (notamment tout ce qui a trait à la surveillance et à la pression sociale) et les bribes de réflexion finales sur la révolution (avec l'exemple de Napoléon) se permettent un habile pas de côté par rapport à des récits plus simplistes. La reconstitution de l'histoire du personnage (qui est en quelque sorte l'enjeu de l'aventure) n'est pas facile : le challenge exige plusieurs tentatives. On ne s'ennuie pas !
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Au niveau des bémols, malgré les nombreuses références au passé du héros, je ne suis pas parvenu à m'identifier à lui, et donc à ressentir véritablement les tiraillements qui devraient être les siens. La faute, je pense, à une certaine nébulosité des informations que l'on peut obtenir. La manière chaotique dont on les récolte (tantôt via nos recherches, tantôt via des personnages qui surgissent, comme "Richard" et autres...) et le fait qu'il s'agisse à chaque fois de récits très parcellaires (en tous cas, lors de mes tentatives), peuvent expliquer cette relative indifférence. Peut-être également que le personnage manque un peu d'ancrage dans la présent (et d'immersion sensorielle, sensitive et émotionnelle excepté les angoisses) ?
Bien qu'impliqué dans la recherche des souvenirs, je me suis également senti assez peu motivé par les actions de mon personnage. A bien y réfléchir, je pense qu'il s'agit surtout d'un problème avec les embranchements proposés. Je me suis souvent retrouvé à accomplir des actions qui n'auraient pas forcément été les miennes, suite à des choix pourtant anodins (les deux séquences avec Léa), ou prisonnier de mes compétences (Observateur qui me mène tout droit à un fichage S à l'EHPAD...), ce qui n'est guère agréable.
D'autres fois, j'ai eu du mal à comprendre pourquoi un choix plutôt qu'un autre avait des conséquences aussi différentes (la fuite après avoir récupéré le coffret). Ou encore je me suis retrouvé dans l'incapacité de passer par Lyon malgré mes tentatives (accident assuré), et malgré un faisceau d'indices - mais dans ce dernier cas, c'est sans doute dû au fait que j'ai manqué quelque chose (?)
Je n'ai pas compris à quoi servaient toutes les références au sport (ou alors c'est un leurre mais je ne vois pas très bien l'intérêt ?)
La construction globale des passages dans le MMORPG est intéressante (avec leurs conséquences dans le monde réel) mais je n'ai pas été trop convaincu par ces séquences (je n'ai d'ailleurs pas eu la motivation pour tenir les feuilles de personnage). Ces moments ont peut-être un peu contribué aussi à me détacher de mon personnage (et m'a fait terriblement - trop - penser au Problème à trois corps, d'autant que l'intérêt des séquences n'est pas comparable).
Enfin, mais ça c'est extrêmement subjectif, je n'adhère pas totalement à la vision dystopique qui me semble parfois manquer encore un peu de recul (l'obligation du port du masque, par exemple, fait référence à des événements très récents, et je ne pense pas partager l'analyse de l'autrice à ce sujet - sauf que ça n'aurait pas dû se voir ni poser problème... si la référence avait été "digérée"). J'aurais préféré quelque chose de moins brutalement ancré dans le présent : je crois que le texte aurait gagné en universalité, et dans mon cas, en poids.
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Pour conclure, je trouve que l'Esprit de la Ruche est une très bonne AVH, sincère, audacieuse par la radicalité de son thème et de son traitement, et très bien conçue.
Je regrette un certain manque d'identification au personnage, en raison notamment d'un relatif manque de contrôle sur les choix et sur le déroulement des événements, qui affaiblit peut-être un peu l'intensité émotionnelle du patchwork des révélations finales.
Mais globalement, j'y ai quand même passé pas mal de temps et j'ai lu encore de nombreux passages avec intérêt même après avoir fini plusieurs fois... ce qui montre bien que l'AVH est une réussite !
EDIT : ah, en lisant les autres retours je me rends compte que j'ai oublié de dire que j'avais beaucoup aimé aussi l'idée de la boucle post-45, totalement adaptée