17/07/2024, 21:46
Que voilà une histoire inattendue, jouer l’éveil d’une automate et tenter de survivre à cet éveil. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit et je vais simplement tenter, à mon niveau, d’approfondir deux ou trois éléments.
La première idée qui surgit spontanément à l’esprit à la lecture de L’Androïde d’Albert le Grand, c’est le mythe de Prométhée, suivi de l’un de ses corollaires les plus célèbres, la créature de Frankenstein.
Pourtant, assez rapidement, Feldo s’éloigne de ces figures d'un créateur démiurge pour s’en aller lorgner du côté des robots d’Isaac Asimov, en ce sens qu’il n’y a pas de raison pour qu’une de nos inventions se retourne contre nous (dans la Préface à Les Robots) – même si un paragraphe de cette AVH me contredit.
Mais de fait, ce n’est pas là non plus la vraie problématique qui se fait jour au fur et à mesure de la lecture, mais plutôt celle relative à une vaste question philosophique : comment définir la vie ? Parmi les références que l’on pourrait convoquer, il m’en vient une, frappante de parallélisme, celle provenant de la série Star Trek Nouvelle Génération, saison 2, épisode 9, « The Measure Of A Man », où l’androïde Data doit, via un procès, non pas déterminer qu’il est intelligent, mais bel et bien qu’il est une créature vivante. La juge responsable de ce procès se permet de soliloquer de la sorte : « Data a-t-il une âme ? Je l'ignore, mais je dois lui laisser une chance d'approfondir et répondre à cette question par lui-même. ». Et de s’interroger sur ce qu’est la vie, sur le droit des uns à dominer les autres, à les envahir, à faire d’eux des esclaves car ils n’auraient pas d’âme… Et c’est ici cette même problématique qui est questionnée, sous forme non d’un tribunal, mais d’un dialogue – qui a toutes les apparence du procès – et, contexte oblige, portant sur le religieux et la foi, loin en amont de ce que sera plus tard le débat entre Data et ses détracteurs.
Bref, du lourd, et ça, c’est un bonheur à lire, loin des gobelins dans leurs donjons.
Dans la forme, il y aurait bien quelques remarques à faire ici ou là, mais en regard de la haute tenu de ce manuscrit ^^, ce serait du chipotage.
Trois observations tout de même.
1/ Les règles sont peut-être expliquées de manière inutilement compliquée (cf. Skarn) ;
2/ Au paragraphe 32, la fin du texte n’est pas clair : « Si ton parchemin personnel, pour 3 Eau, tu peux en appeler aux principes stoïciens. Rends-toi au 30. » ;
3/ Enfin, peut-être essayer d’éviter de mettre une série de choix à cheval sur deux pages. Comme c’est un pdf, on s’arrête naturellement en bas de page et on ne pense pas à aller lire la suivante. C’est ainsi que pour le paragraphe 1, je me suis arrêté au bas de la page 9. Comme il y avait déjà deux choix, je n’ai pas pensé que d’autres pouvaient se trouver page suivante et je ne les ai donc pas lus. Je ne les ai finalement repérés que parce que je fais un décompte des paragraphes lus.
J’ai trouvé notre Antoine le Grand assez timoré, surtout face à son disciple, comme un enfant pris la main dans le sac, alors qu’il s’agit d’un génie absolu. J’en comprends l’utilité puisqu’il ne faut pas que le débat passe de Thomas et nous à Thomas et Albert. Mais j’ai eu peine à m’imaginer un tel homme pusillanime.
Le thème est très bien respecté, sur tous les niveaux, et au vu de la difficulté qu’il engendre, c’est à saluer.
C’est aussi là où je ne rejoins pas forcément mes camarades du forum. Car contrairement à tout ce que l’on veut imaginer ou dire, la lecture interactive n’est jamais libre, mais toujours contrainte. Un auteur peut parvenir à donner une impression de liberté. Mais à partir du moment où les options sont restreintes, le choix est forcément contraint.
Comme je me suis amusé à interpréter telle ou telle androïde, je me suis servi du système qui, grosso modo nous permet de répartir 3/4 points où l’on veut. Il est là notre choix. On peut dès lors avoir une androïde dans l’action ou la réflexion, ce que rend compte nos valeurs, comme dans tout jeu de rôle où si je veux jouer une intellectuelle, je vais privilégier telle caractéristique, et telle autre si je la veux impétueuse. Cela me rappelle un peu le jeu de rôle Simulacres avec ses 4 Composantes : Corps, Instinct, Cœur et Esprit. Si je mets beaucoup en Corps et Instinct, ce sera soit une tête brûlée, soit un individu à la spiritualité particulière. Les jetons de fortune (deniers) ne sont justement rien d’autres que des adaptateurs permettant, pour une fois, d’interpréter son personnage autrement. Ici, je dirais donc que ce qu’il faudrait peut-être envisager, si l’on veut donner la main au joueur, c’est de le laisser libre de gérer ses points au départ … ce que les règles suggèrent d’ailleurs.
Les déesses gréco-latines rajoutent encore plus de liberté d’interprétation et si elles sont ici anecdotiques, gageons qu’elles ne le seront plus sur un jeu plus étoffé.
Seul bémol, ces fameux deniers qui, je trouve, s’intègrent mal dans le récit de la création de notre personnage. Mais sur une histoire de 49 paragraphes, ils font très bien ce pour quoi Feldo les a proposés.
Au final, j’ai vraiment beaucoup aimé et je regrette qu’une telle histoire n’ai pas l’envergure nécessaire pour déployer toutes ses possibilités tant en terme de questionnement que de gestion opératoire des composantes (les règles).
La première idée qui surgit spontanément à l’esprit à la lecture de L’Androïde d’Albert le Grand, c’est le mythe de Prométhée, suivi de l’un de ses corollaires les plus célèbres, la créature de Frankenstein.
Pourtant, assez rapidement, Feldo s’éloigne de ces figures d'un créateur démiurge pour s’en aller lorgner du côté des robots d’Isaac Asimov, en ce sens qu’il n’y a pas de raison pour qu’une de nos inventions se retourne contre nous (dans la Préface à Les Robots) – même si un paragraphe de cette AVH me contredit.
Mais de fait, ce n’est pas là non plus la vraie problématique qui se fait jour au fur et à mesure de la lecture, mais plutôt celle relative à une vaste question philosophique : comment définir la vie ? Parmi les références que l’on pourrait convoquer, il m’en vient une, frappante de parallélisme, celle provenant de la série Star Trek Nouvelle Génération, saison 2, épisode 9, « The Measure Of A Man », où l’androïde Data doit, via un procès, non pas déterminer qu’il est intelligent, mais bel et bien qu’il est une créature vivante. La juge responsable de ce procès se permet de soliloquer de la sorte : « Data a-t-il une âme ? Je l'ignore, mais je dois lui laisser une chance d'approfondir et répondre à cette question par lui-même. ». Et de s’interroger sur ce qu’est la vie, sur le droit des uns à dominer les autres, à les envahir, à faire d’eux des esclaves car ils n’auraient pas d’âme… Et c’est ici cette même problématique qui est questionnée, sous forme non d’un tribunal, mais d’un dialogue – qui a toutes les apparence du procès – et, contexte oblige, portant sur le religieux et la foi, loin en amont de ce que sera plus tard le débat entre Data et ses détracteurs.
Bref, du lourd, et ça, c’est un bonheur à lire, loin des gobelins dans leurs donjons.
Dans la forme, il y aurait bien quelques remarques à faire ici ou là, mais en regard de la haute tenu de ce manuscrit ^^, ce serait du chipotage.
Trois observations tout de même.
1/ Les règles sont peut-être expliquées de manière inutilement compliquée (cf. Skarn) ;
2/ Au paragraphe 32, la fin du texte n’est pas clair : « Si ton parchemin personnel, pour 3 Eau, tu peux en appeler aux principes stoïciens. Rends-toi au 30. » ;
3/ Enfin, peut-être essayer d’éviter de mettre une série de choix à cheval sur deux pages. Comme c’est un pdf, on s’arrête naturellement en bas de page et on ne pense pas à aller lire la suivante. C’est ainsi que pour le paragraphe 1, je me suis arrêté au bas de la page 9. Comme il y avait déjà deux choix, je n’ai pas pensé que d’autres pouvaient se trouver page suivante et je ne les ai donc pas lus. Je ne les ai finalement repérés que parce que je fais un décompte des paragraphes lus.
J’ai trouvé notre Antoine le Grand assez timoré, surtout face à son disciple, comme un enfant pris la main dans le sac, alors qu’il s’agit d’un génie absolu. J’en comprends l’utilité puisqu’il ne faut pas que le débat passe de Thomas et nous à Thomas et Albert. Mais j’ai eu peine à m’imaginer un tel homme pusillanime.
Le thème est très bien respecté, sur tous les niveaux, et au vu de la difficulté qu’il engendre, c’est à saluer.
C’est aussi là où je ne rejoins pas forcément mes camarades du forum. Car contrairement à tout ce que l’on veut imaginer ou dire, la lecture interactive n’est jamais libre, mais toujours contrainte. Un auteur peut parvenir à donner une impression de liberté. Mais à partir du moment où les options sont restreintes, le choix est forcément contraint.
Comme je me suis amusé à interpréter telle ou telle androïde, je me suis servi du système qui, grosso modo nous permet de répartir 3/4 points où l’on veut. Il est là notre choix. On peut dès lors avoir une androïde dans l’action ou la réflexion, ce que rend compte nos valeurs, comme dans tout jeu de rôle où si je veux jouer une intellectuelle, je vais privilégier telle caractéristique, et telle autre si je la veux impétueuse. Cela me rappelle un peu le jeu de rôle Simulacres avec ses 4 Composantes : Corps, Instinct, Cœur et Esprit. Si je mets beaucoup en Corps et Instinct, ce sera soit une tête brûlée, soit un individu à la spiritualité particulière. Les jetons de fortune (deniers) ne sont justement rien d’autres que des adaptateurs permettant, pour une fois, d’interpréter son personnage autrement. Ici, je dirais donc que ce qu’il faudrait peut-être envisager, si l’on veut donner la main au joueur, c’est de le laisser libre de gérer ses points au départ … ce que les règles suggèrent d’ailleurs.
Les déesses gréco-latines rajoutent encore plus de liberté d’interprétation et si elles sont ici anecdotiques, gageons qu’elles ne le seront plus sur un jeu plus étoffé.
Seul bémol, ces fameux deniers qui, je trouve, s’intègrent mal dans le récit de la création de notre personnage. Mais sur une histoire de 49 paragraphes, ils font très bien ce pour quoi Feldo les a proposés.
Au final, j’ai vraiment beaucoup aimé et je regrette qu’une telle histoire n’ai pas l’envergure nécessaire pour déployer toutes ses possibilités tant en terme de questionnement que de gestion opératoire des composantes (les règles).
Goburlicheur de chrastymèles