[m-yaz 2024] La machine à rêves de M. Higans
#12
La première chose qui frappe quand on lit une AVH de Flam c'est qualité de la présentation de son PDF.
Cette AVH ne déroge pas à la règle. L'image de couverture générée par l'IA est belle et il y a un beau travail de mise en page, une typographie originale (le L du titre, belle trouvaille !), des cabochons élégants et une utilisation astucieuse de la couleur (pour les clés). Bref, c'est vraiment très soigné (comme d'ahbitude è), très pro, et cela dispose favorablement le lecteur.

Autre point fort des AVH de Flam : le style très sûr de l'auteur, qui le place parmi les meilleures plumes de RDV1. Un style ultra maîtrisé (sans jamais un mot de trop ou de travers), créatif et poétique (qui fait "trembler le sens" pour citer Roland Barthes), puissamment suggestif. Ici son style atteint des sommets et arrive à donner une consistance palpable à cette longue suite ininterrompue de cauchemars.

Dernier point fort de Flam, c'est l'imagination de l'auteur. Là aussi, Flam a imaginé un nombre incroyable de scénettes et de tableaux bougrement variés et terriblement tangibles. On ne cesse de basculer entre le monde du réel et celui de l’imaginaire, et parfois l'imaginaire semble plus réel que le réel. Avec pas mal de scènes volontairement perturbantes, voire dérangeantes.

Pour autant, l'AVH souffre à mon sens de quelques petits handicaps, qui peuvent rebuter le lecteur ou le désinvestir de l'histoire.

Tout d'abord, l'absence d'un fil conducteur fort pendant tout le récit. L'introduction et la conclusion bien que drôlement bien imaginées et foutrement bien écrites sont un peu décorrélés de la partie centrale (les 50 paragraphes). Cela s'explique bien sûr par le fait que les textes de ces deux parties sont sensé avoir été écrits après la mort du PJ, mais cela transforme celui-ci en objet d'étude, plutôt qu'en acteur. Et empêche donc l'identification par le lecteur.

D'ailleurs, il est difficile de s'identifier au PJ : on sait qu'il est déjà mort et qu'il a fini fou. ça fait pas très envie. Alors qu'avec "Anoki" et "Dans le brouillard" par exemple, on s'identifie facilement à la destiné du personnage, là la mise à distance est plus importante.

Enfin, on subit souvent les événements plus qu'on ne les initie, ce qui est frustrant pour un lecteur de livre-jeu qui en général veut avoir le sentiment de pouvoir choisir son destin.

En résumé, je dirais que c'est sans doute l'AVH de Flam la plus foisonnante et la plus ambitieuse (car la plus expérimentale) et peut être la plus personnelle, mais aussi sans doute la moins accessible, pour les raisons narratives évoquées précédemment.
Cela ne veut pas dire à l'auteur qu'il ne faut pas persister dans cette voie. Cela veut juste que le lecteur doit davantage s'accrocher. Et ça en vaut la peine !

Une remarque au passage :
- D'un point de vue narratif, il manque peut-être un paragraphe d'échec (PFA) vers lequel on serait redirigé quand notre score d'équilibre atteint zéro, ou qu'on a obtenu deux fois le code Choc, pour conclure le récit sur une note d'échec. Là c'est un peu abrupt : Tu as 0 en équilibre? La partie s'arrête. Point.
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Messages dans ce sujet
La machine à rêves de M. Higans - par Flam - 17/04/2024, 00:31
RE: La machine à rêves de M. Higans - par grattepapier - 24/04/2024, 23:18



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